Différences entre les versions de « 1905-2005 100 ans de laïcité, 100 ans de Grand Orient... »

De Christ-Roi
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* Une '''injustice blasphématoire contre la vérité qui ne doit pas régner sur la société''' pour la vivifier, l'améliorer, la christianiser.
 
* Une '''injustice blasphématoire contre la vérité qui ne doit pas régner sur la société''' pour la vivifier, l'améliorer, la christianiser.
  
* Une atteinte à la vraie liberté religieuse : '''l'homme est contraint de force à NE PAS manifester sa foi au public''', ce qui constitue un vrai '''déchirement de la conscience et une violation diabolique de l'âme'''.
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* Une atteinte à la vraie liberté religieuse : '''l'homme est contraint, de force, à NE PAS manifester sa foi au public''', ce qui constitue un vrai '''déchirement de la conscience et une violation diabolique de l'âme'''.
  
 
* Un '''totalitarisme étatique''': l'Etat est la valeur suprême, la fin dernière pour l'homme qui doit placer sa religion après l'Etat: "l'Etat premier servi!"  
 
* Un '''totalitarisme étatique''': l'Etat est la valeur suprême, la fin dernière pour l'homme qui doit placer sa religion après l'Etat: "l'Etat premier servi!"  

Version du 3 novembre 2005 à 00:20

Chacun a-t-il le droit le plus absolu de manifester son appartenance à une religion au nom de la liberté de religion voire de la liberté tout court, ou bien la laïcité exige-t-elle une limitation de cette manifestation ?

GODF referendum 2005.JPG

Le Grand Orient se targue de son oeuvre d'apostasie nationale : 1905-2005 100 ans de laïcité . L'affiche est visible sur la page d'accueil du site du G.O.D.F. [1]. Elle le sera probablement toute l'année...

Autrefois, la Secte se cachait, à présent elle opère au grand jour et à la vue de tous.

Et qu'est-ce que la laïcité?

"Prôner la séparation de l’ Eglise et de l’Etat, prôner la séparation du spirituel du temporel, c’est de la propagande, c’est l’esprit de l’antichrist à l’œuvre..., car "dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus, et n'est pas le Dieu des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu, dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est finalement dire que Christ n'est pas divin..., dire que l'Eglise est juge de la morale privée et n'a rien à voir avec la morale publique, c'est dire finalement qu'elle n'est pas divine..." (Cardinal Pie).

Laïcité: une "vertu" ambigüe

Source: centredeformation.net [2]

Aux armes, citoyens ! La patrie est en danger... pardon, beaucoup plus grave, la laïcité est en danger ! Véritable pierre d'achoppement des vertus démocratiques, il semblerait que cette délicate et fragile conquête de la République soit aujourd'hui remise en cause à la fois par les effets pervers de son propre fonctionnement, et par l'acharnement de dame nature...

Les disciples les plus dévots du culte laïcard ne s'y sont pas trompés. D'inquiètants signes avant-coureurs laisseraient pressentir que d'aucuns, mal intentionnés au demeurant, adopteraient un comportement politique allant à l'encontre de la loi fondamentale de la République.

Laïcité : les angoisses...

Et même parmi "les meilleurs !" Ainsi François Mitterrand qui, sans se soucier du qu'en dira-t-on, s'en va se faire absoudre, comme un vulgaire roi de France, sous les ogives de Notre-Dame de Paris. "En enterrant François Mitterrand, la République aura du même coup enterré un de ses principes fondateurs: la séparation de l'Eglise et de l'Etat"..., sanglotte Danièle Sallenave dans "Le Monde" du 19 janvier dernier.....

Le pasteur Jacques Stewart, président de la Fédération Protestante de France, estime pour sa part que "le cadre laïque de la République est écorné" par l'hommage religieux rendu au président Mitterrand. "Dans la mesure où cet hommage a lieu le même jour et à la même heure que les obsèques religieuses à Jarnac, je perçois mal la légitimité d'une messe solennelle à Notre-Dame", a-t-il précisé dans les colonnes du "Figaro" (27-28 janvier 1996).

"Les funérailles de François Mitterrand, s'indigne de son côté Robert Solé dans "Le Monde" du 13 janvier 1996, ont choqué plus d'un militant de la gauche laïque. Certes De Gaulle et Pompidou avaient eu droit, eux aussi, à un hommage national à Notre Dame de Paris et à des obsèques religieuses privées. Mais c'était deux catholiques pratiquants, alors que l'ancien leader socialiste passait pour agnostique malgré son éducation chrétienne et ses interrogations insistantes sur l'au-delà. La messe de Jarnac ne regarde que lui et sa famille. Et si Michel Charasse a préféré rester à la porte de l'église, c'est aussi son affaire... La messe solennelle à Notre Dame est d'une autre nature et pose d'autres questions. Serait-elle devenue un rituel républicain ?".

Elle est surtout, et d'abord, depuis des siècles, un rituel français, qui veut que la nation couche celui qui l'a gouvernée, au jour du dépouillement de la mort, sous le regard très doux du Christ, "Roi des Francs" ! Même renégate, apostate et républicaine, la nation française se souvient des gestes ancestraux, puisés dans l'humilité de sa foi et la gloire de son histoire ! Elle ne connaît pas d'autre manière, à la fois substantielle et symbolique, d'exprimer le respect devant la mort et la majesté de l'Etat.

Mais la substance historique et humaine des rituels français est en grande partie inconnue de nos tenants de la laïcité obligatoire, trop mobilisés qu'ils sont par leur vision idéologique de la nation... Et chaque manifestation de cet être profond de la France, qui est en opposition avec leur vision du monde, leur fait redouter que l'entêtement des faits n'ait raison de leur utopie.

De ce point de vue, 1996 est vraiment une mauvaise année ! Car il n'y a pas que le "requiem in pace" de Notre-Dame..... "Après les obsèques religieuses du président Mitterrand et la visite d'Etat de son successeur au Vatican, la commémoration du baptême de Clovis ravive les débats sur la laïcité. (...) L'engagement de la République dans la célébration d'un anniversaire fort catholique suscite les polémiques", constate le journal "La Croix" du 22 mars 1996.

Pour sa part, Odon Vallet se lamente dans "Le Monde" du 11 mai 1996 sur le fait que "dans la discrétion générale, la France est en train d'abandonner l'un des principes majeurs de sa tradition républicaine, celui de la laïcité... [Ahahaha, j'ai envie de rire!] Cette année 1996, qui verra célébrer avec faste le XVè centenaire du baptême de Clovis, a commencé par la visite d'Etat de Jacques Chirac au Vatican. A cette occasion, le président de la République a souhaité "resserrer les liens millénaires" qui se sont tissés "entre la France et le trône de Pierre".

Pour rassurer les angoisses "métaphysiques" de nos amis laïcards, la France serait-elle obligée de fermer boutique pour cause de fondation, d'histoire et de passé chrétiens ? Ainsi que s'en inquiète Marceau Long, président du Comité pour la commémoration du XVè centenaire, à qui l'on demandait si cette commération ne serait pas une atteinte à la laïcité : "Le baptême de Clovis fait partie des "trente jours qui ont fait la France": cet événement religieux appartient aussi au patrimoine fondateur de notre pays. D'ailleurs en ce temps-là, tout avait un aspect religieux : ne pourrait-on donc rien commémorer ? Enfin, à notre époque de quête de repères, il me paraîtrait absurde de se priver d'un fait majeur de notre histoire" ("La Croix" du 22 mars 1996).

... et les échecs

D'autant que les angoisses de nos amis ne sont pas uniquement "métaphysiques", elles sont aussi existentielles... Le bilan de la laïcité au pouvoir ne plaide pas en sa faveur.....

Après un siècle de règne absolu, et de chasse aux sorcières anti-catholique, elle se retrouve seule maître à bord d'un navire républicain incapable de résoudre les problèmes de l'heure:

  • l'inculture foncière d'une jeunesse qui, faute de repères et de la simple connaissance de son identité, patauge dans le chômage, le désespoir, la drogue et le suicide.
  • La jeunesse française ne sait pas ce qu'elle a de française.....
  • D'une certaine façon, elle est confrontée aux même problèmes d'intégration à la communauté nationale que ses concitoyens fraîchement immigrés..... [Pourquoi voudrait-on qu’un non-catholique ait le désir de joindre son histoire personnelle à une communauté nationale qui vit dans le remords perpétuel et la honte de soi ? On ne bâtit rien sur du sable..... Ce n’est pas en oubliant la France que l’on fabriquera des Français...]
  • Par "neutralité", le contenu de l'enseignement de l'Education nationale a vidé la France de ses composantes chrétiennes, soit des 90% de son patrimoine.....
  • Comment aimer et s'intégrer à une famille dont on ignore 90% de la personnalité des ancêtres et dont les actuels représentants refusent de vous raconter l'histoire ? .....
  • L'ignorance du christianisme rend la France incompréhensible. "Il y a contradiction à se plaindre de l'inculture religieuse des jeunes - à l'occasion d'une visite de musée ou de la fréquentation d'un auteur - et à soutenir que l'enseignement des religions n'a pas sa place dans l'école de la République. La France est le seul pays d'Europe où aucun "créneau" n'est réservé, dans les programmes officiels à un enseignement d'histoire ou de culture des religions", souligne Henri Tincq dans "Le Monde" du 19-20 mai 1996.

[...] une réalité : "La rétrospective Nicolas Poussin au Grand Palais en 1994 a servi de déclencheur (...), la plupart des visiteurs étaient incapables de déchiffrer le sens premier des oeuvres de l'auteur des "Quatre saisons". Passe encore qu'ils n'identifient pas la figure d'Apollon, mais qu'ils ne reconnaissent pas la Vierge montrait une accélération de la dégradation de connaissances bibliques (et picturales) qui étaient encore à la portée de tous il y a deux générations. Fait nouveau : ce manque n'était plus ressenti comme religieux mais comme culturel, au sens large. Au-delà de Poussin, la compréhension des oeuvres majeures de notre société paraissait affectée.

(...) Dans ce contexte, les textes de Dante, Joyce, Racine, Claudel, Rabelais ou Lautréamont, pétris de christianité, seraient devenus largement incompréhensibles à nos contemporains", (Jean-Louis Périer, "Le Monde" du 11 mai 1996). [ahahaha, qu'est-ce qu'on rigole...]

Et cette réalité scandaleuse est à la source et au coeur de notre perte d'identité nationale, dont la jeunesse est la première victime....

  • une difficulté supplémentaire pour la problématique intégration de la communauté musulmane à une nation française qui ne lui propose aucune personnalité sociale et nationale à laquelle adhérer... Par mariage de raison ou par coup de foudre amoureux, un maghrébin peut imaginer épouser la France, "fille des arts, des armes et des lois" dont il connaît la geste historique au service du "Très doux nom de Jésus", mais il lui est impossible de vivre, même en concubinage ou en "contrat d'union sociale", avec la neutralité de la laïcité républicaine, dont il ne comprend pas ce qu'elle peut bien être ! "L'idée d'un pouvoir politique (temporel) distinct du pouvoir religieux (spirituel) est étrangère à l'Islam dans lequel l'autorité de l'Etat sur un individu a son fondement dans le caractère Islamique de l'Etat et de l'individu. S'il y a allégeance perpétuelle des ressortissants des pays islamiques à l'égard des Etats islamiques, c'est pour une raison de religion et non de politique. La souveraineté et la légitimité de l'Etat sont religieuses et non pas politiques" ("Immigration et nationalité", Edition ICTUS, p. 70).
  • le retour progressif à la loi de la jungle, c'est-à-dire au règne du plus fort, dans une société privée de toute référence morale transcendante, à qui la loi laïque, faute d'avoir un contenu substantiel, est incapable d'imposer ses règles. "La question est aujourd'hui posée un peu partout : y a-t-il et doit-il y avoir une morale laïque ? Sous cette forme, elle est récente et témoigne de notre désarroi contemporain. Elle n'avait aucun sens ni raison d'être pour Jules Ferry et ses amis. A leurs yeux seule existait la morale, celle de toujours, la même pour tous, qu'on soit croyant ou incroyant. (...) L'accord s'est défait sur cet essentiel de règles, respectées ou transgressées mais sanctionnées, dont l'obligation s'imposait sans discussion de manière absolue...

["Le plus grand malheur pour un peuple ou pour un pays, c'est l'abandon ou l'amoindrissement de la vérité. On peut se relever de tout le reste. On ne se relève jamais du sacrifice des principes..." (Mgr Freppel)]

Tel est le paradoxe de notre société laïque, invention sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Fondée sur le principe absolu d'une pleine liberté publiquement reconnue à tous et à chacun, elle a perdu la ressource d'en appeler à des impératifs moraux qui contreviendraient au jeu de ces libertés, tandis qu'elle garde la charge de leur régularisation sous peine de se désintégrer" (Emile Poulat, "La Croix" du 23 mars 1996).

L'on en voit aujourd'hui les résultats:

  • effondrement du civisme,
  • licence des moeurs,
  • éclatement de la famille...

Autant dire que par dissolution de sa jeunesse, et donc de son avenir,

  • incapacité à intégrer le flot des nouveaux venus,
  • et anarchie sociale, la République laïque signe, dans l'assentiment quasi-général, le constat de faillite de la société France.

L'invention de la laïcité

Mais nul, ou si peu, ne songe à lui en tenir rigueur. Car la "vertu" de laïcité semble être la chose au monde la mieux partagée...

A quelques voix près, c'est un véritable consensus qui se forme autour de la défense de ce bien si précieux...

Reste à savoir ce que chacun met réellement sous ce terme de laïcité. Le mot recouvrant plus d'une ambiguïté sur sa substance réelle, et fonctionnant un peu comme une auberge espagnole...

C'est le christianisme qui a inventé la notion même de laïcité

Il faut bien comprendre, avant d'envisager ensemble les différentes conceptions de la laïcité que se font de nos jours à la fois l'intelligentsia et la classe politique françaises, que c'est le christianisme qui a inventé la notion même de laïcité.

"Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Avant que ne soit prononcée cette phrase qui servira de socle à la construction de la Chrétienté, la plus totale confusion régnait entre le pouvoir de César et celui de Dieu.

Les sociétés antiques par expérience autant que par sagesse, savaient que tout ce qui gravite et vit en ce monde est issu du pouvoir des dieux. L'harmonie, l'agencement et le bon fonctionnement de l'univers dépendaient de toute évidence d'une intelligence divine, qui gérait en même temps les destinées individuelles et collectives de l'homme en ce bas monde. La survie de la cité ou du royaume, comme ses succès militaires ou l'abondance des moissons dépendaient entièrement du bon plaisir des dieux dont on essayait de s'attirer les bonnes grâces.

Ignorant des raisons de sa présence en ce monde, l'homme subissait totalement un destin qui lui était imposé par la volonté divine. Cette volonté s'exprimant au travers des prêtres (païens) qui étaient chargés de la servir, le pouvoir clérical (païen) était sans limite... et pesait considérablement sur la direction de la cité jusqu'à se confondre avec elle. Pharaon, roi, dictateur ou tyran, les dirigeants antiques portaient en eux une partie de la vie divine. Ils étaient moitié fils de dieux ou de déesses, divinisés de leur vivant, tant on était convaincu que le pouvoir, même politique, échappait à la volonté de l'homme qui n'avait aucune prise sur sa destinée. "L'Etat était une communauté religieuse, le roi un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte" (Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette 1967, p. 457).

Cette totale confusion du politique et du religieux, l'Empire romain, par l'intermédiaire d'Auguste, la portera à son sommet, en réalisant la fusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en la personne de l'Empereur. "César, à cette époque, était le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances, il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sacrée et divine" (Fustel de Coulanges, Ibid., p. 461.).

Avec la Bonne Nouvelle de l'Evangile, l'homme apprend qu'il a été créé à l'image de Dieu et par amour. C'est la grande révolution de l'histoire de l'humanité. A la suite de son maître, l'Eglise a donc engendré deux pouvoirs distincts, mais non séparés:

  • le pouvoir spirituel, qui est le domaine des clercs,
  • et le pouvoir temporel, qui est le domaine des laïcs, terme et notion que le monde ignorait avant le christianisme et dont il recommence aujourd'hui à méconnaître la réelle signification, au risque de replonger à nouveau l'humanité dans la confusion des pouvoirs et le totalitarisme qui s'ensuit.....

La révolte laïciste

Le terme de laïcité, substantif qui désigne ce qui ne relève pas directement de l'autorité spirituelle, est en effet actuellement employé avec une tout autre signification.

La laïcité s'est pervertie en devenant laïcisme qui est lui-même devenu, depuis le milieu du XIXè siècle, le terme générique d'un combat visant à éliminer toute influence chrétienne de la sphère publique.

A la distinction des pouvoirs, le combat laïciste entend substituer la séparation pure et simple de l'Eglise et de l'Etat.

Cette révolte laïciste qui, pour reprendre l'expression de Saint Louis, "guerroie Dieu avec ses dons", prend son départ avec la Révolution française; "en tranchant la tête du roi, les conventionnels entendaient trancher le lien, noué à Reims, entre la France et Dieu..." ("Courrier de Pierre Debray" du 16 février 1996).

"La grande rupture à partir de laquelle s'accélère la mise en place de la laïcité n'est pas 1905, mais bien la Révolution de 1789, qui opère une désacralisation de l'ordre social et une autonomie de l'Etat par rapport à l'Eglise. Elle aura un cadre juridique en 1905, avec la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat", souligne judicieusement Guy Coq (Guy Coq, dans une interview dans l'ensemble très sujette à caution, "La Vie" du 14 décembre 1995.) ("La Vie" du 14 décembre 1995).

Loi de 1905 qui fera de la France une République laïque, récusant toute référence chrétienne comme fondement de ses lois.

C'est là la tare essentielle de la démocratie à la française qui ne reconnaît d'autre justification de son système que le système lui-même.

"Depuis la Révolution de 1789, au nom d'une soi-disant "neutralité laïque", la France n'a cessé d'évacuer le religieux de la sphère publique, de nier les racines chrétiennes de la nation française, d'empêcher la transmission de l'héritage religieux en étouffant l'enseignement confessionnel...

Les mythes fondateurs de la République française sont fondamentalement antireligieux en général et anti-chrétiens en particulier.

Cette orientation a lourdement pesé sur la manière dont la démocratie a été pensée et vécue dans le pays", explique fort justement Hugues Rondeau dans son ouvrage "L'âme des démocraties" (Hugues Rondeau, L'âme des démocraties, éditions Téqui, p. 83).

"La religion ne structure plus l'espace politique, moral et culturel, renchérit Jean-Louis Schlegel (Dans un ouvrage pour le reste très contestable, Religions à la carte, chez Hachette, puisque ce directeur de l'hebdomadaire "La vie" n'hésite pas à y sommer son Eglise de se regarder au miroir de l'Evangile...) Tous les rouages de la vie sociale fonctionnent désormais comme si Dieu n'existait pas. C'est ce qu'on appelle la sécularisation. Ce phénomène est irréversible (M. Schlegel prend avec cette affirmation un risque considérable, il devrait savoir que rien n'est jamais définitif en politique !... mais inachevé....) On le constate aussi bien dans la pratique religieuse que dans les formes juridiques qui sanctionnent la séparation entre la politique et la religion" ("Le Monde" du 26 janvier 1996).

Séparer la politique et la religion ! La position est subtile. L'on n'a pas l'outrecuidance ou l'intolérance (ce qui serait pire de nos jours !) d'affirmer que Dieu n'existe pas, l'on prétend seulement le cantonner à la sphère de la vie privée, pour ne pas dire au secret de votre âme.....

Ce qui représente, en fait, une mutilation considérable de la nature humaine.

Les sociétés antiques le savaient bien qui maintenaient le culte public de la cité envers des dieux auxquels, au fond de leur coeur, les élites ne croyaient plus, afin de ne pas déstabiliser l'Etat.

Les révolutionnaires de 1789 eux-mêmes l'avaient également compris qui tentèrent de proposer des religions "de substitution" au christianisme qu'ils voulaient chasser de la vie publique :"La République tentera, mais en vain, de substituer au christianisme une autre religion: elle célébrera tour à tour la Déesse Raison, l'Etre Suprême et finalement le culte des grands hommes, transportés au Panthéon pour y jouir de "l'immortalité positive" promise par Auguste Comte" ("Courrier de Pierre Debray", 16 février 1996).

"Henri Madelin (Dans son ouvrage "Sous le soleil de Dieu", aux éditions Hachette, 1996) juge absurde et dangereuse la manière française de considérer la religion comme une affaire purement privée. Absurde car c'est ignorer la dimension religieuse de l'homme et se priver d'apports très utiles. Dangereuse car c'est glisser vers "une société aseptisée où règne l'indifférence mutuelle"", rapporte Robert Solé dans "Le Monde" du 26 janvier 1996.

Ce que confirme Pierre Debray : "L'émergence de l'homme est liée à l'apparition tout à la fois du langage, de l'art et de la religion. Plus qu'un "homo faber" l'homme est un "homo religiosus". S'il se détournait des religions ce n'était que pour adorer des idoles" ("Courrier de Pierre Debray", 12 janvier 1996).

Le professeur René Rémond (Eminent historien de la période contemporaine, ancien doyen de la Faculté de Nanterre, figure influente des intellectuels catholiques, il préside depuis 1981 aux destinées de la Fondation nationale des sciences politiques) montre pour sa part l'impossibilité de cantonner la foi dans le domaine privé:

"L'expérience a montré l'irréalisme de l'idée que les croyances religieuses étaient une affaire strictement privée: pour être effectivement ce qu'il y a de plus personnel, elles n'en ont pas moins une dimension sociale, parce que toute foi informe le reste des opinions et le comportement en société, et parce que toute religion se vit collectivement et donne naissance à des communautés qui ont leur mot à dire sur les affaires de la cité" ("Le Monde" du 15 juin 1993).

Et pourtant ...

"Notre Père qui êtes au Cieux, restez-y !". Cette boutade blasphématoire semble néanmoins aujourd'hui devenue ligne de conduite d'une certaine forme de "sagesse" politique.

"L'Eglise est devenue ce que Mgr Eyt, cardinal-archevêque de Bordeaux, définit comme une "offre spirituelle". Croyant ou non, un libéral n'a rien à redire à cela (Monsieur est trop bon !)... Tant que les chrétiens demeurent dans leur for intérieur, ils doivent être protégés (Monsieur est trop gentil !). Quand ils en sortent pour édicter leurs règles, ils doivent être discutés. C'est en ce sens qu'ils ont droit de cité", ne craint pas d'affirmer sans vergogne Antoine Cassan, qui ne signe que de ses initiales une telle sottise, dans "L'Esprit Libre" (mars 1996), revue libérale dont Guy Sorman était le directeur et qui vient de mettre la clé sous la porte...

Outre que l'on remerciera volontiers Monsieur Cassan de bien vouloir reconnaître aux chrétiens le droit de croire en Dieu dans le secret de leur coeur, on se demande bien en vertu de quelle autorité il s'arroge le droit de décider qui a droit de cité et qui ne l'a pas! D'autant que le libéralisme philosophique ne reconnaissant l'existence d'aucune vérité, il met toutes les opinions sur le même plan...

On ne voit pas bien dans ce cas pourquoi seuls les chrétiens seraient sommés de garder leurs opinions pour eux et de ne pas s'en faire les prosélytes !

Judas au service de la laïcité

Que les tenants du combat anti-catholique aient trouvé dans une conception volontairement erronée du "Rendez à César ce qui est à César..." une arme de choix à retourner contre le christianisme, on le conçoit assez bien et l'on peut constater tous les jours la redoutable efficacité de cette sécularisation.

Ce que l'on conçoit moins bien, ce qui pour tout dire est révoltant, c'est que les adversaires de la conception chrétienne de la vie sociale aient trouvé des alliés parmi les chrétiens eux-mêmes, complices conscients ou inconscients qui se font les instruments du rejet de leur Maître.

Pour le plus grand scandale de l'immense peuple des petits, Judas aujourd'hui est schizophrène!... Le voilà qui s'en va, de nos jours, réserver sa foi aux quelques heures de vie privée que lui concède notre mode de vie stressé, tandis qu'il s'affiche publiquement neutre, libre de toute allégeance confessionnelle, réservant son mépris pour les "fondamentalistes intégristes..." de tous poils qui se permettent de juger des choses de ce monde sous le regard de leur Dieu.....

Et Judas recrute aussi bien chez les clercs que chez les laïcs...

Chez les clercs, il se drape dans la tolérance : "Une volonté de consensus marque notre société : n'y aurait-il pas une "morale universelle" commune, valable à toute époque et dans toutes les cultures; une garantie contre tous les dérapages qui permettrait au plus grand nombre de s'orienter dans la vie ? Cet "espéranto" moral ne devrait-il pas s'affranchir de toute référence religieuse, transcendante, afin d'être le plus largement disponible ?..."

Là, on s'attendrait à ce que nos bons pères Jésuites, puisqu'il s'agit d'eux dans leur revue "Cahiers pour croire aujourd'hui" (15 janvier 1995), répondent à cette série d'interrogations pour affirmer que Notre Seigneur qui est "la voie, la vérité et la vie" est seul capable de combler ces attentes !...

Pas du tout ! Judas ricane et continue : "Au seuil de cette année de la tolérance, ne faut-il pas parler à nouveau d'une morale "laïque" qui, tout en prônant des exigences, s'affranchirait de tout fondement transcendant ? Faire le bien, mettre en oeuvre sa responsabilité, contribuer à la solidarité, respecter l'autre... Est-ce un chemin réservé aux seuls croyants ? Le devoir à l'égard de soi-même et des autres, doit-il s'enraciner dans la croyance en Dieu ou dans le divin, sous quelque forme que ce soit ? Beaucoup tiennent aujourd'hui ce discours et souhaitent que la "laïcité" le confirme et le nourrisse".

Chez les laïcs, Judas revêt l'habit passe-muraille des chrétiens honteux, à l'affût de toutes les justifications théoriques possibles de leur veule soumission à l'esprit du temps, et pour lesquels le Christ n'avait pas grande compassion : "celui qui m'aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les Cieux" (Luc, 12, 8-9).

Version dure de la laïcité

Dans la version "hard", l'on va jusqu'à nier l'évidence en prétendant détourner les paroles mêmes du Verbe de Dieu, histoire de Lui faire dire le contraire de ce qu'Il a dit : "Le Christ va opérer une rupture radicale du religieux avec le social ("Rendez à César..."). Le christianisme a pu être présenté par Marcel Gauchet comme la religion qui sortait la société de l'emprise de la religion", ose affirmer le professeur Coq dans "La Vie", ex-catholique, (14 décembre 1995), tenant ainsi pour nuls les mots adressés par le Christ à Pilate, qui affirment l'appartenance de César à Dieu : "Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir, s'il ne t'avait été donné d'En Haut" (Jn, 19,8).

Version douce

Dans la version "soft", on joue sur les mots, rendant confuse et ambiguë la pourtant très claire position de l'Eglise : "Au terme d'un siècle de séparation entre l'Eglise et l'Etat, il nous appartient de mieux comprendre la portée exacte de cette expression. A l'origine, elle avait une tonalité hostile, en rapport direct avec des relations conflictuelles. Nous n'en sommes heureusement plus là, même si quelques-uns sont toujours prêts à ouvrir de nouveaux fronts de lutte (...) Cette séparation renvoie en fait à la très classique distinction entre le spirituel et le temporel que le christianisme a tant contribué à imposer dans les esprits", bredouille benoîtement Gérard Leclerc dans "France catholique" du 26 janvier 1996...

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n'est-ce pas ? Monsieur Leclerc peut-il nous expliquer si, dans son esprit, c'est le mouvement laïciste du XIXè qui s'est trompé en employant le mot séparation, alors qu'il voulait dire simplement distinction.... ou si, à l'inverse, c'est l'Eglise qui s'est trompée en utilisant le mot distinction, alors qu'elle pensait séparation, comme vient de l'affirmer le professeur Coq dans "La Vie"...

Excusez-nous, Messieurs, nous les petits du rang, nous aimons les choses claires, les mots précis et le grand langage des faits !...

Judas fait de la politique

Or, les faits, les voici.

  • L'expulsion des congrégations,
  • l'appropriation par l'Etat des biens de l'Eglise,
  • la création artificielle d'un enseignement d'Etat,
  • la radicale séparation entre l'Eglise et l'Etat comme fondement de la République

ne sont pas une "tonalité plutôt hostile", ce sont des actes de guerre visant à chasser Dieu de la vie politique et de l'organisation de la cité des hommes.

Et, circonstances aggravantes, l'hostilité des institutions françaises envers le christianisme, dans leur fondement comme dans leur fonctionnement, est telle depuis le début du siècle que lorsqu'ils gouvernent, les hommes politiques chrétiens ne se comportent pas en chrétiens; ce qui, dans toutes les langues du monde, s'appelle une trahison.

Aucune argutie de vocabulaire n'y changera rien. Si vous n'êtes pas ce que vous dites, si vous n'agissez pas en conséquence, vous êtes un menteur et un traître !

Et les exemples pullulent.

Ainsi M. Valéry Giscard d'Estaing, apparemment sans aucune mauvaise conscience, déclarait : "Je suis catholique, mais je suis président de la République d'un Etat laïque... Je n'ai pas à imposer mes convictions personnelles à mes concitoyens, mais à veiller à ce que la loi corresponde à l'état réel de la société française, pour qu'elle soit respectée et puisse être appliquée" (Valéry Giscard d'Estaing, Le pouvoir et la vie, LGF, 1989 p. 267).

Ainsi, plus près de nous, M. François Bayrou, qui se déclare officiellement catholique pratiquant, considère que "la foi de l'homme public est de l'ordre du privé. C'est une exigence de la nécessaire laïcité de la vie publique. La foi est une dimension privée" (François Bayrou in La Croix, 28-29 novembre 1993); il n'hésite pas, passant par dessus la tête des parents, à imposer l'éducation sexuelle obligatoire dans l'enseignement français, transgressant en cela la vision catholique de la famille qui veut que seuls les parents soient maîtres de l'éducation (surtout intime) de leurs enfants !!

François Bayrou, encore lui, qui pour élargir l'audience, fort réduite au demeurant, de sa toute récente "Force Démocrate" (ex-CDS), "s'est fixé comme préalable indispensable à l'élargissement, l' aggiornamento idéologique de sa famille politique. La conséquence la plus immédiate en est l'abandon de la référence chrétienne et la laïcisation de la Force démocrate..." (Le Monde, 26-27 novembre 1995).

M. Douste-Blazy], pour sa part, nous offre une éclatante démonstration des comportements schizophrènes que nous dénoncions au départ. Il a tenu à préciser que "comme catholique pratiquant, il continue à communier, mais s'en abstient lorsqu'il assiste à la messe en tant que membre du gouvernement, par exemple lors de la cérémonie à la mémoire de François Mitterrand à Notre-Dame de Paris" ("Faits et Documents" du 15 mars 1996).

Autre étrange dédoublement de personnalité, que le cas de cette jeune femme catholique, Elizabeth Hubert pour ne pas la nommer, qui croit sans doute que Dieu est créateur et maître de toutes choses, mais qui en tant qu'"homme politique" ne redoute pas d'affirmer, à propos de la bioéthique : "Vouloir imposer à la collectivité une morale religieuse qui, par définition, ne s'applique qu'à l'individu, non seulement serait une erreur vis-à-vis de nos concitoyens, mais outrepasserait gravement le rôle du parlement" (Le Monde, 22-23 novembre 1992).

On peut honnêtement se demander, dans les cas que nous venons d'évoquer, s'il est vraiment utile de sacrifier des années de sa vie pour accéder au pouvoir afin d'y tenir le discours et appliquer les principes de nos adversaires...

Mais nous avons gardé le meilleur morceau pour la fin de ce bêtisier. Le professeur Jean-François Mattéi, député UDF des Bouches-du-Rhône, membre du Comité national consultatif d'éthique, à qui l'on demande s'il met beaucoup de sa foi chrétienne dans sa réflexion, n'hésite pas à répondre : "J'essaie d'appliquer un principe évangélique : rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Je pense qu'il faut rendre à la loi républicaine ce qui lui revient, c'est-à-dire les principes s'appliquant à une République laïque et pluraliste. Et, dans le même temps, rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c'est-à-dire à chaque conscience le soin de vivre selon sa foi. Mais je crois qu'il est absolument nécessaire, s'agissant de l'éthique, de rappeler le principe de séparation de l'Eglise et de l'Etat" (Le Monde, 12 octobre 1993).

L'ennui c'est qu'en France, la loi républicaine va parfois à l'encontre de la loi de Dieu... et nul ne peut pas servir deux maîtres, Monsieur le Professeur ! Si l'on sert l'un, on est fatalement amené à trahir l'autre : "Je suis amené, assez souvent, à faire des actes que je ne ferais pas de moi-même, notamment au travers du diagnostic prénatal et de l'IVG demandés par les couples. La clause de conscience m'aurait permis le confort du refus (sic). J'ai pensé que si je ne le faisais pas, d'autres le feraient à ma place, probablement dans des conditions différentes. J'ai donc décidé de séparer mes convictions du service que je pouvais rendre aux gens" (La Croix, 19 janvier 1994). On se demande sincèrement si, dans ces conditions, il est encore possible de parler de "convictions"... les mots ont un sens tout de même ! Quand mettez-vous donc en pratique vos "convictions", Monsieur le Professeur ?... pas en politique, pas dans votre profession, seulement dans votre vie privée ? Vous avez sans doute une façon très chrétienne de partir en week-end avec vos enfants et de déplier la toile de tente sur la plage !... Mais cela n'intéresse personne et ne représente en aucune manière un témoignage ni une mise en pratique de votre foi ! Croyez-vous sincèrement que Saint Louis, roi de France, fut déclaré saint parce que dans le secret de son coeur et en confidence privée avec sa mère il confessait la foi en Jésus Christ ? Non ! Il fut saint en même temps que roi, parce que toute sa vie il travailla à ce que les institutions, les coutumes et les habitudes communautaires du royaume de France contribuent à rendre le salut de ses sujets le plus aisé possible.

Devoir élémentaire des chrétiens en politique, ainsi que le formulera plus tard le pape Pie XII : "De la forme donnée à la société dépend le bien ou le mal des âmes" !

Devoir élémentaire qui, lorsqu'il n'est pas rempli, pour cause de soumission à l'esprit du temps et amour du pouvoir pour lui-même, vous fait tomber sous cette condamnation que le Pape Pie XI adressait au nazisme : "Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l'Etat ou la forme de l'Etat, ou les dépositaires du pouvoir, ou toute autre valeur fondamentale de la communauté humaine - toutes choses qui tiennent dans l'ordre terrestre une place nécessaire et honorable - quiconque prend ces notions pour les retirer de cette échelle de valeurs, même religieuses, et les divinise par un culte idolâtrique, celui-là renverse et fausse l'ordre des choses créé et ordonné par Dieu : celui-là est loin de la vraie foi en Dieu et d'une conception de la vie répondant à cette foi" (Pie XI, Mit brennender Sorge, mars 1937).

Tous nos Judas, consciemment ou inconsciemment, il ne nous appartient pas d'en juger, par le fait même qu'ils ne mettent pas leurs actes publics en accord avec leurs convictions religieuses, admettent de facto que l'Eglise catholique n'est qu'une autorité morale parmi d'autres..., toute aussi respectable..., mais pas plus, que les autres. Entre leurs mains, elle n'est plus, à l'image de son Maître, cette "pierre angulaire" du salut des nations. Jésus-Christ devient alors facultatif !...

L'impossible neutralité de l'Etat

Cette attitude est d'autant plus inadmissible, qu'elle suppose, pour sa pseudo-justification morale, l'absolue neutralité d'un Etat qu'elle place au-dessus de l'ensemble des convictions personnelles de chacun. Or cette neutralité de l'Etat n'est qu'une chimère !

Par définition, toute activité humaine tend vers une finalité, qui est fonction d'une certaine conception de l'homme et du monde.

Refuser d'adopter une conception de l'homme et du monde, c'est déjà en avoir une puisque cette attitude de refus laisse les choses en l'état sans tenter de les modifier.

C'est donc accepter d'être régi par le hasard et admettre au plan social la loi de la jungle...

Ce refus revient donc à entériner une certaine conception du monde et de l'homme...

Monsieur de La Palisse en aurait dit tout autant, ce raisonnement relevant du simple bon sens !

Pour ce qui est de la soi-disant "neutralité" de l'Etat en matière religieuse, la même logique fait aisément comprendre que si l'Etat n'accepte pas pour lui-même de référence religieuse, c'est qu'il considère que Dieu n'existe pas, ou qu'il est facultatif... autant dire qu'il n'est pas Dieu !

Cette affirmation de neutralité est d'autant plus mensongère que l'Etat s'est fait enseignant, en assumant par lui-même, "l'éducation nationale": "On se figure que le silence de l'instituteur sur la religion équivaut de sa part à un acte de neutralité: c'est là une pure chimère. Ne pas parler de Dieu à l'enfant de sept ans, alors qu'on l'instruit six heures par jour, c'est lui faire accroire positivement que Dieu n'existe pas, ou qu'on n'a nul besoin de s'occuper de lui (...).

En pareil cas, et de la part d'un instituteur, le silence équivaut à la négation", expliquait très simplement Mgr Freppel (Cité dans "La République n'éduquera plus", de Christian Nique et Claude Lelièvre, Edition Plon, 1993, p. 54).

"Renan définit la laïcité comme "l'Etat neutre entre les religions"... En fait, la neutralité est impossible. Personne, pas même l'Etat, ne peut se passer d'une référence à un certain nombre de valeurs. A moins d'être une huître ou un navet, il n'y a aucun moyen que l'intelligence ne se meuve pas dans une philosophie ou une idéologie. C'est un lieu commun que de le dire" (François Mégevand, "Les écoles catholiques doivent-elles être neutres ?", Document AFS).

Et même les tenants de la soi-disant neutralité de l'Etat en conviennent : "Il y a deux choses dans lesquelles l'Etat enseignant et surveillant ne peut pas être indifférent: c'est la morale et la politique, car en morale comme en politique, l'Etat est chez lui; c'est son domaine, et par conséquent sa responsabilité. Nous avons promis la neutralité religieuse, nous n'avons pas promis la neutralité philosophique, pas plus que la neutralité politique", affirme sans complexe Jules Ferry, devant le Sénat, le 31 mai 1883. Ce que confirmait Jean Jaurès, lorsqu'il s'écriait : "Il n'y a que le néant qui soit neutre !"..... [Terrible aveu!]

Lorsque l'on passe de la théorie à la pratique, ce qui par définition est le rôle de la politique, il est bien évident que le programme énoncé, l'action entreprise, la décision prise, le sont toujours en fonction d'une doctrine, d'une philosophie, d'une conception de la vie sociale.

L'action en soi n'existe pas, le gouvernement en soi n'existe pas davantage. Une décision de l'Etat est toujours fonction d'une certaine conception philosophique des rapports entre le citoyen et l'Etat. Par définition du reste, le mot gouvernement est synonyme de diriger, de conduire, c'est-à-dire d'imprimer une direction vers quelque chose..... Et même si l'on choisit d'aller vers l'abîme et la destruction de la société dont l'Etat a la charge, c'est encore une décision qui relève d'une certaine conception philosophique ou politique.

Il faut bien comprendre que si l'Etat n'agit pas, ne gouverne pas en fonction des principes chrétiens, c'est parce qu'il agit, c'est parce qu'il gouverne au service du libéralisme, du socialisme, du communisme, etc...

Il faut bien comprendre, par voie de conséquence, que ceux qui prétendent débarrasser l'Etat de toute référence chrétienne, ne le font pas pour le débarrasser de toute référence tout court, car cela est impossible, mais pour le soumettre à un autre type de référence. Autant dire que ceux qui s'acharnent à militer pour une soi-disant neutralité de l'Etat, ont une "idée derrière la tête" comme dit le bon peuple, ou s'ils n'en ont pas, sont les dupes des premiers.

Ainsi en est-il par exemple de la Franc-Maçonnerie qui se bat officiellement pour la totale neutralité de l'Etat à seule fin de substituer son autorité à celle que l'Eglise exerçait autrefois:

  • "L'Etat doit être au-dessus des choix individuels.
  • La laïcité doit être un espace de liberté (...).
  • La République ouverte à tous doit s'en tenir à la plus parfaite neutralité vis-à-vis des options individuelles",

affirme Jacques Lafouge, actuel Grand Maître du Grand Orient de France ("Le Figaro" du 25 janvier 1996).

Mais Jean Verdun, ancien Grand Maître de la Grande Loge de France, reconnaît comme une évidence que "chaque société a le besoin spirituel de nourrir en son sein une hiérarchie parallèle à la hiérarchie officielle, et susceptible de la mettre en cause. Longtemps, dans un pays comme la France, l'Eglise catholique a opposé (le mot opposé est ici impropre, il serait plus juste de dire qu'il y avait alliance entre ces deux pouvoirs distincts et autonomes (la "saine collaboration" dont parlait Jean-Paul II qu'était l'Alliance du Trône et de l'autel) sa propre hiérarchie à celle du royaume. Rois, princes, ducs et seigneurs trouvaient en face d'eux cardinaux, évêques et directeurs de conscience. La Franc-Maçonnerie a joué (et joue toujours), d'un certain point de vue, un rôle comparable sous la République, mais d'une manière moins apparente, même si elle s'est avérée à de nombreuses reprises tout aussi efficiente" (Jean Verdun, "La réalité maçonnique", Ed. Flammarion, 1992, p. 149).

Une arme de guerre

Cette impossible neutralité se révèle donc être, en fait, entre les mains de ses plus acharnés partisans une arme de guerre contre Dieu et la présence de sa loi au coeur de la cité des hommes.

"Donner à l'enfant des connaissances sans lui enseigner la foi, c'est la lui ôter. L'école sans Dieu est l'école contre Dieu. Nous n'y pouvons rien; c'est la force des choses", annonçait déjà en 1909 le pourtant très socialiste Marcel Sembat (Revue de l'enseignement primaire, 21 novembre 1909).

"Pour qui veut aller au fond des choses - et ce devrait être le cas de tout libre-penseur - se dire areligieux, c'est déjà être antireligieux. Ne pas reconnaître Dieu, c'est forcément combattre ceux qui prétendent le représenter et veulent être obéis en son nom", écrit Henry Bérenger dans "Action" du 12 novembre 1906 (Cité dans la "Revue d'Organisation et de Défense religieuse", tome 1, 1906, p. 621).

René Viviani, qui fut ministre de l'Instruction Publique de 1913 à 1914, est encore plus explicite: "La neutralité fut toujours un mensonge. Nous n'avons jamais eu d'autre dessein que de faire une université antireligieuse (...) de façon active, militante, belliqueuse".

L'ensemble de ces textes remontent au début du siècle. Ils ont fondé, dans leur hostilité à l'Eglise, une tradition de fonctionnement des institutions républicaines en France. L'histoire de la IIIè République s'explique en bonne partie par cette volonté de fonder une nouvelle pratique politique qui, éludant le problème des convictions religieuses, rendrait Dieu inutile à la marche de la société.

Avec la fondation de la IVè République, en 1946, la France devient constitutionnellement une République laïque. La Constitution de 1958, instituant la Vè République la définira de la même façon.

Cette guerre sourde contre l'Eglise "Mater et Magistra" en particulier et contre Dieu en général, s'est-elle apaisée pour autant ? Nous l'avons vu en commençant, il n'en n'est rien. Même au pouvoir, le laïcisme installé continue de sortir ses griffes, de peur de voir resurgir "l'infâme" (Voltaire) par tous les pores de la vie sociale.

Il est vrai que de la fin du Vè siècle à la fin du XIXè, le peuple de France ne s'est donné d'autre gouvernement qu'un Etat chrétien. Ses lois, ses coutumes, sa justice, ses administrations étaient chrétiennes, et son monarque fut pendant quinze siècles le "lieutenant de Jésus-Christ". Même après deux cents ans de combat acharné pour extirper cette référence majeure de nos comportements collectifs et politiques, cette allégeance au christianisme hurle sa présence dans toutes les fibres de notre patrimoine et par maints réflexes nationaux...

Vigilance laïciste

... Alors, en bons militants laïcistes, on scrute, on fait le guet, l'on se comporte en véritables "intégristes" de la laïcité.

"Dans nos démocraties, la collusion sourde et permanente entre les pouvoirs politique et l'Eglise romaine oblige les citoyens conscients et libres à s'engager sans attendre dans le combat laïque et républicain", rappelle à tout hasard André Dröm, dans la revue des francs-maçons du Grand Orient de France ("Humanisme" n° 224-225, de décembre 1995).

C'est dans cette même logique du refus du plus petit signe de faiblesse que s'inscrit le geste ostentatoire de Michel Charasse, alors Ministre du Budget, de refuser d'assister aux obsèques religieuses d'un fonctionnaire mort en service. "Les principes de laïcité et de neutralité de la République française ne permettent pas à un représentant du gouvernement de s'exprimer dans un lieu de culte, qui plus est es qualité" ("Le Figaro" du 17 février 1992), avait-il donné comme excuse à son attitude...

Dans cette même attitude de méfiance s'inscrit également la récente gué-guerre symbolique qui est faite aux malheureux crucifix demeurant encore accrochés sur quelques murs honorables des institutions républicaines.

A Vallet, en Loire Atlantique, le maire se trouve sommé, par un membre nouvellement élu du conseil municipal, "au nom du principe de laïcité comme de celui de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, d'enlever le crucifix et de le remplacer par le portrait du président de la République" ("Le Figaro" du 23 février 1996).

Même chose dans le Doubs, à Lièvremont, où le crucifix de l'école publique primaire n'a toujours pas été enlevé. Ici, c'est la CFDT qui brandit la bannière laïcarde : ""Au même titre que le voile ou la kippa, la croix est un signe ostentatoire de religion", soutient Sylviane Tavaglini, membre de la section départementale de la CFDT ("Le Figaro" du 22 septembre 1994).

Pour Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste de l'Essonne, les adversaires des foulards islamiques seraient cohérents avec eux-mêmes s'ils étaient prêts à "abolir le statut concordataire des écoles d'Alsace-Lorraine" et à "redistribuer les jours fériés dans le calendrier sans tenir compte des fêtes catholiques"" ("Valeurs Actuelles" du 6 novembre 1989).

Allant dans le même sens et avec la même logique, Fodé Sylla, l'actuel président de SOS-Racisme, précise : "La circulaire Bayrou doit être remplacée par une loi plus large et plus explicite où le voile ne serait pas désigné comme le seul signe ostentatoire de religion. Interdire les croix, les aumôneries et les kippas au même titre que le voile me semble indispensable (...). Les principes de la laïcité exigent que toutes les religions soient traitées de la même façon" ("Le Figaro" du 27 octobre 1994).

Il faut dire qu'à l'occasion des affaires répétées du port du voile dans les établissements scolaire, M. Bayrou (encore lui) nous avait fait une belle démonstration à la fois de trahison de ses propres principes, en tant que catholique en politique, et de totale incompréhension de la personnalité à la fois culturelle et historique de la nation française qu'il est censé administrer.

"Bayrou, à l'image du libéral type, croit que son adversaire - la gauche anticatholique - a raison! Devenu l'un des plus ardents défenseurs de la laïcité, le ministre déclare que son message "s'adresse à tous sans discrimination, aux juifs, aux chrétiens aussi", leur demandant de ne pas afficher une différence les séparant en communautés, en groupes sociaux. Dans son délire égalitaire, il oublie tout simplement l'identité culturelle de la France. S'il est vrai que la France n'est pas, comme dit Pierre Debray, un terrain vague où chaque culture pourrait venir camper et se frotter aux autres pour tenter de faire prévaloir publiquement et anarchiquement ses habitudes culturelles, c'est précisément parce qu'il y a une âme française à protéger et à défendre", affirme avec force raison Rémi Fontaine ("Présent", du 27 septembre 1994).

Protéger et défendre l'âme française, revient précisément à la charge de l'Etat, dont le rôle essentiel est, par définition, le maintien de la nation dans l'être, d'où son nom d'Etat.

La haine de Dieu

C'est en ce domaine que l'on peut objectivement constater que l'actuel Etat français joue contre la France qu'il a pour charge de protéger et de défendre.

Tout se passe comme si la République laïque qui est en charge de la nation voulait non pas la protéger mais la transformer artificiellement...

"Il a fallu briser, y compris dans sa dimension symbolique, l'hégémonie d'une Eglise sur la société française pour instaurer la République, et nous n'avons rien à renier de cette histoire (...). La laïcité, c'est une certaine conception de l'organisation sociale tout entière", nous avoue Yves Jouffa, président de la Ligue des Droits de l'Homme ("Le Monde" du 9 novembre 1989).

Idéologie laïciste, pour qui toute idée de Dieu est insupportable, et qui entend oeuvrer à faire de notre nation, par l'intermédiaire de son Etat, une communauté humaine athée.

"Il ne doit pas y avoir de transcendance au-dessus de la Cité, même si chaque individu peut croire en une transcendance ou ne pas croire. Etre laïque c'est donc refuser le principe d'autorité", confirme en mai 1992 Jean-Robert Ragache, alors Grand Maître du Grand Orient de France (Actes du colloque du 24 mai 1992, "Demain, la République", in "Humanisme" n° 205-206, septembre 1992).

"Avec la Révolution, le mouvement des Lumières aboutit à cette idée ahurissante : l'homme est l'auteur de l'homme. Il peut s'organiser sans Dieu (et par conséquent sans roi de droit divin). Mais non sans école, car l'humanité étant à la fois Histoire et Raison, le progrès des libertés dépend du progrès des connaissances et de l'assimilation réfléchie du passé. Si on n'apprend pas à croire, il faut toujours apprendre à penser. (...)

Les Etats qui ne mentionnent pas Dieu dans leur constitution sont une minorité en régression. Notre laïcité nous coule de source, ce qui fait de notre République la brebis noire de l'Occident (...). Dans la plupart des démocraties libérales, la liberté religieuse veut dire que chacun est libre de prier Dieu à sa façon et qu'il n'y a pas de religion officielle ou privilégiée. Chez nous, c'est l'Etat dans son principe qui s'est libéré de Dieu et personne n'a à décliner d'identité confessionnelle", explique Régis Débray qui nous donne ce commentaire :

"Se passer des transcendances révélées exige une autre sorte de transcendance, c'est peut-être là l'impensé de l'idée laïque" ("Le Monde", 11 juillet 1989).

Un "impensé" catastrophique puisqu'il débouche sur l'éclatement de notre société (sans Dieu), mais un "impensé volontaire" car ainsi que nous venons de le voir, le laïcisme, c'est la haine de Dieu.

C'est de cette façon que son histoire le révèle, et c'est ainsi que le présentaient ses précurseurs: "Nous nous sommes attachés dans le passé à une oeuvre d'irreligion; nous avons arraché la conscience humaine à la croyance (...). Ensemble, et d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus", expliquait René Viviani (Discours du 8 novembre 1906), en se plaçant délibérément sur le plan métaphysique.

Haine de Dieu que l'on retrouve encore plus clairement exprimée dans la fameuse formule de Jean Jaurès :

"Ce qu'il faut sauvegarder avant tout, ce qui est le bien inestimable conquis par l'homme à travers tous les préjugés, toutes les souffrances et tous les combats, c'est cette idée qu'il n'y a pas de vérité sacrée, c'est-à-dire interdite à la pleine investigation de l'homme, c'est que ce qu'il y a de plus grand dans le monde, c'est la liberté souveraine de l'esprit... c'est que toute la vérité qui ne vient pas de nous est un mensonge, c'est que, jusque dans les adhésions que nous donnons, notre sens critique doit rester toujours en éveil et qu'une révolte secrète doit se mêler à toutes nos affirmations et à toutes nos pensées, c'est que, si l'idéal même de Dieu se faisait visible, si Dieu lui-même se dressait devant les multitudes sous une forme palpable, le premier devoir de l'homme serait de refuser l'obéissance et le considérer comme l'égal avec qui l'on discute, non comme le maître que l'on subit. Voilà ce qu'est le sens et la grandeur et la beauté de l'enseignement laïque dans son principe" (Jean Jaurès, discours à la Chambre des Députés, le 18 février 1895).

C'est le "non serviam" de Satan.


Nicole BURON

Le pape s'en prend au modèle français de laïcité

Le pape s'en prend au modèle français de laïcité, jugé trop restrictif pour les religions

LE MONDE | 13.01.04 | 12h39 [3]

==="La laïcité n'est pas le laïcisme"=== souligne-t-il La laïcité n'est pas le laïcisme", souligne-t-il

Le pape a profité, lundi 12 janvier à Rome, de la traditionnelle présentation des vœux au corps diplomatique près le Saint-Siège – 174 Etats représentés – pour s'en prendre, sans le nommer, au projet français de légiférer sur les signes religieux.

Dans le droit-fil de l'attitude prise par l'épiscopat français à propos de la polémique sur le voile, il s'en est pris à une conception jugée trop étroite de la laïcité.

S'il n'a pas cité le nom de la France, tous les observateurs l'ont reconnue dans sa mise en cause de "certains pays d'Europe", dont l'attitude, a-t-il dit, "met en péril le respect effectif de la liberté de religion".

Son discours était prononcé en français, langue diplomatique, mais en raison de la fatigue et de l'élocution difficile du pape, il n'a pu être lu intégralement. Son sens était cependant clair: la laïcité ne doit pas être confondue avec le laïcisme.

"Le principe de laïcité est en soi légitime, s'il est compris comme la distinction entre la communauté politique et les religions."

Mais, poursuit Jean Paul II, "distinction ne veut pas dire ignorance ! La laïcité n'est pas le laïcisme. Elle n'est autre que le respect de toutes les croyances de la part de l'Etat, qui assure le libre exercice des activités cultuelles, spirituelles, culturelles et caritatives des communautés de croyants". Pour lui, la relation entre l'Eglise et l'Etat doit donner lieu "à un dialogue respectueux, porteur d'expériences et de valeurs fécondes pour l'avenir d'un pays".

RELECTURE DE L'HISTOIRE

Le pape polonais réfute la distinction entre la foi, qui relèverait de la sphère privée, et l'engagement public au nom de cette foi. Les croyants ont toute leur place, en tant que tels, dans le dialogue public, souligne-t-il. "Ils attendent légitimement de pouvoir y participer, mais, hélas, on doit observer qu'il n'en est pas toujours ainsi." C'était déjà le sens de son combat contre le système communiste en Pologne: toute religion a une visibilité et des effets sociaux et politiques qui lui sont propres et qu'il n'est pas possible à l'Etat d'ignorer. "Si tout le monde s'accorde à respecter le sentiment religieux des individus, a-t-il expliqué, on ne peut pas en dire autant du fait religieux, c'est-à-dire de la dimension sociale de la religion."

C'est la difficulté à accepter le fait religieux dans l'espace public qui, selon lui, explique les réticences politiques à inscrire dans le préambule de la future Constitution européenne une référence explicite aux racines chrétiennes de l'Europe.

"Sans sous-estimer les autres traditions religieuses, il est vrai que l'Europe s'est affirmée en même temps qu'elle s'est évangélisée", a encore une fois souligné le vieux pape devant les ambassadeurs, en regrettant une relecture de l'histoire "à travers le prisme d'idéologies réductrices, oubliant ce que le christianisme a apporté à la culture et aux institutions du continent". Il a rappelé l'action des chrétiens qui, "en promouvant la liberté et les droits de l'homme, ont contribué à la transformation pacifique de régimes autoritaires, ainsi qu'à la restauration de la démocratie en Europe centrale et orientale".

Henri Tincq

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 14.01.04

"La signification de la "séparation" de l'Eglise et de l'Etat n'est pas celle que les systèmes totalitaires veulent lui attribuer (Jean-Paul II)

"Dans la Constitution Gaudium et spes [4] nous lisons: "La communauté politique et l'Eglise sont indépendantes l'une de l'autre et autonomes... Mais toutes les deux,... pratiqueront une SAINE COLLABORATION... La signification que le Concile attribue au terme "séparation" de l'Eglise et de l'Etat est très loin de ce que les systèmes totalitaires veulent lui attribuer.

"Dans leur optique, le monde appartient exclusivement à l'Etat... La vision concilaire de l'Eglise rejette une telle interprétation... Le concile a posé résilument la question de l'apostolat des laïcs, c'est-à-dire de la présence active des chrétiens dans la vie sociale.

"Il n'est pas inutile de le rappeler, car aujourd'hui il y a des partis qui, en dépit du cadre "démocratique" assuré, ont de plus en plus tendance à interpréter les principes de la séparation de l'Eglise et de l'Etat selon la position qui était propre aux gouvernements communistes..." (Jean-Paul II, Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146).

"Les fidèles ne peuvent absolument pas renoncer à leur participation à la politique, à savoir à l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir organiquement et par les institutions, le bien commun." (Jean-Paul II, [5])

Le mal érigé en système s'est servi des structures étatiques

"Si Notre seigneur ne règne pas par les bienfaits de sa présence, Il règne néanmoins par les méfaits de son absence..." ( Cardinal Pie, cité in La royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ [6]

"Le mal du XXe siècle n'a pas été un mal à petite échelle... Il a été un mal aux proportions gigantesques, un mal qui s'est servi des structures étatiques pour accomplir son oeuvre néfaste, un mal érigé en système" (Jean-Paul II, ibid., p. 201).

C'est l'Etat totalitaire des Lumières. Un Etat qui prône une séparation absolue entre lui et l'Eglise: "l'Eglise a son domaine propre qui, pour ainsi dire, est au-delà des 'frontières' du monde..." (Jean-Paul II, ibid., p. 146).

Dès lors qu'on a chassé Dieu, il ne faut pas s'étonner des fléaux qui nous tombent dessus: "L'erreur dominante, le crime capital de ce siècle, c'est la prétention de soustraire la société publique au gouvernement et à la loi de Dieu" ( Cardinal Pie, La Royauté sociale de .S. Jésus-Christ, d'après le cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Jsut, O.M.C., Lecteur émérite en théologie, 1923, Éditions Saint-Rémi, p. 40-41).

"Les catholiques doivent croire fermement que Jésus-Christ doit régner sur les institutions sociales, les pénétrant de son esprit et rendant leur législation conforme aux lois de son Evangile et de son Eglise" ( Cardinal Pie, ibid., p. 80). C'est la saine collaboration dont parle Jean-Paul II.

"Dans un discours prononcé en 1848, Mgr Pie compare l'union qui doit exister entre l'Eglise et l'Etat à l'union de l'âme et du corps. Si les différentes formes du gouvernement ont péri en France, c'est qu'elles n'étaient pas unies à l'Eglise [la "saine collaboration"], comme le corps doit être uni à l'âme. "Or,... un corps sans âme, c'est un cadavre, et le propre d'un cadavre est de tomber bientôt en dissolution... L'âme de toute société humaine, c'est la croyance, c'est la doctrine, c'est la religion, c'est Dieu" ( Cardinal Pie, ibid., p. 116).

"Lors donc que j'entends certains bruits qui montent, certains aphorismes (séparation de l'Eglise et de l'Etat) qui prévalent de jour en jour, et qui introduisent au coeur des sociétés, le dissolvant sous l'action duquel doit périr le monde, je jette ce cri d'alarme: Prenez garde à l'antéchrist: Unum moneo, cavete antichristum" ( Cardinal Pie, instruction pastorale sur cette paroled e saint Jean: Et il y a déjà beaucoup d'antéchrists", (Carême 1863), cité in ibid., p. 119).

La crise de l'Europe est due au développement d'une culture "qui, de façon inconnue jusqu'ici, exclut Dieu de la conscience publique" (Cardinal Ratzinger)

"le Saint-Père a rappelé à la catholique Italie qu'une «saine laïcité de l'État, en vertu de laquelle les réalités temporelles sont régies selon leurs règles propres», ne doit cependant pas oublier «les références éthiques qui trouvent leurs fondements ultimes dans la religion». Quand la communauté civile écoute le message de l'Église, elle est «plus responsable», plus «attentive à l'exigence du bien commun».

Son dernier livre, L'Europe de Benoît dans la crise des cultures, a été présenté en grande pompe mardi (21 juin 2005) à Rome. C'est un recueil de trois conférences en italien – déjà publiées par ailleurs – données de 1992 à 2005 par celui qui était alors le «gardien de la doctrine de l'Église». On peut y lire que le futur pape estime que la crise de l'Europe est due au développement d'une culture «qui, de façon inconnue jusqu'ici, exclut Dieu de la conscience publique» (Cardinal Ratzinger).

Source:

Le Vatican : Hervé Yannou, Le Figaro, Benoît XVI veut réconcilier l'Europe autour des valeurs chrétiennes

[25 juin 2005]

La loi anti voile islamique émane directement de la franc-maçonnerie

Pourquoi, à partir du voile qui ne concernait que quelques musulmanes, faire une loi générale ? Réponse: parce que cette loi émane directement de la maçonnerie, la Secte qui dirige la France depuis deux siècles.

Preuves: articles du Monde.

«La Grande Loge féminine de France (GLFF) avec le GODF de Brandmeyer se rallient à la loi anti-voile»

LE MONDE | 16.01.04 | 13h05 [7]

La loi sur le voile à l'école divise le camp laïque

LE MONDE | 16.01.04 | 13h05 .... Les positions des dirigeants du Grand Orient ont du reste évolué, passant de l'hostilité à une loi risquant de stigmatiser les seuls musulmans à la "nécessité de légiférer", exprimée aujourd'hui par M. Brandmeyer. Il y a un an, le Grand Orient s'opposait à une loi portant exclusivement sur le voile. M. Bauer préférait mettre en avant l'application de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat et plaider pour son extension aux "territoires perdus de la République" : Mayotte, la Guyane et l'Alsace-Moselle, qui bénéficie d'un statut dérogatoire en matière d'organisation du culte.

La Grande Loge féminine de France (GLFF) a été la première à briser ce consensus lors des célébrations du 275e anniversaire de la franc-maçonnerie, célébrées à Lyon le 26 juin 2003. A cette occasion, la grande maîtresse, Marie-France Picart, a rejeté le port de tout signe distinctif à l'école. Lors de l'audition des obédiences maçonniques par la commission Stasi, Mme Picart a continué à défendre "la ligne de notre culture axée sur la liberté et l'égalité des femmes", proposant même de distinguer la question du voile de celle des autres signes religieux. "Il ne fallait pas banaliser l'enfermement des femmes dans le voile", commente-t-elle aujourd'hui. En octobre, reçue avec dix autres obédiences par la mission d'information parlementaire sur les signes religieux à l'école, conduite par le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, Marie-Françoise Blanchet, grande maîtresse de la GLFF depuis le 14 septembre 2003, sera encore la seule à demander "un texte fort".

La plupart des autres obédiences, le GODF en tête, finiront par se rallier, au cours de l'automne, à l'idée d'une loi.

Le texte proposé répond-il aux attentes de tous les maçons ? M. Bauer reste dubitatif. S'il est "assez d'accord" avec le rapport Stasi, il ajoute qu'"on avait le choix entre un tout petit texte et une grande loi" et qu'"on a opté pour une loi intermédiaire. Pour l'instant, on en reste à un niveau incantatoire et à un texte qui ne résout pas grand-chose".

Nicolas Weill

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 17.01.04

Autre article du Monde plus intéressant:

"Trois questions à Bernard Brandmeyer"

LE MONDE | 16.01.04 | 13h05 [8]

Vous êtes le grand maître du Grand Orient de France (GODF). Le projet de loi portant sur l'interdiction des signes ostensibles à l'école satisfait-il les revendications de votre obédience ? C'est une très bonne avancée, qui reflète l'opinion du Grand Orient de France et aussi celle des cinq obédiences maçonniques consultées par la commission Stasi -la Grande Loge de France, la Grande Loge nationale française, le Droit humain et la Grande Loge féminine de France-. Celles-ci sont parvenues à une position commune - la nécessité de légiférer - sans s'être concertées. Il faut préciser que nous n'étions pas partisans d'une loi contre le voile mais contre tous les signes religieux. J'aurais cependant préféré que l'on aille encore plus loin. Comment faudrait-il, à votre avis, aller plus loin ? En remettant à l'honneur la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 ? La laïcité, ce n'est assurément pas une affaire réglée. Le contexte de la France de 1905 est différent de 2005, d'où la nécessité de proposer une nouvelle loi. Il convient également d'être ferme sur le refus de la référence à Dieu et à l'héritage spirituel de l'Europe dans la future Constitution européenne. Sur ce point, le président de la République, lors des consultations que nous avons eues avec lui, a été très net et nous a assuré que la position de la France ne changerait pas d'un iota ! En ce qui concerne le Concordat, qui s'applique encore aux départements d'Alsace-Moselle, je souhaite évidemment que l'on n'abolisse pas ce qu'il y a de progressiste, notamment en matière sociale, dans le statut d'exception qui régit ces territoires depuis 1918. En revanche, il ne faut plus que les familles soient obligées de demander une dérogation quand elles ne veulent pas envoyer leurs enfants au catéchisme. J'ai enfin regretté qu'au cours du débat autour du rapport de la commission Stasi on ait beaucoup plus parlé des écoles que des services publics. La franc-maçonnerie et le GODF ont eu tendance à s'ouvrir davantage au cours des derniers mois et à s'investir à nouveau dans les affaires publiques. Entendez-vous continuer dans cette voie ? Le GODF est une société initiatique et progressiste dans la mesure où sa vocation est de s'engager dans la cité. L'œuvre qui a été celle d'Alain Bauer au GODF et de Michel Barat à la Grande Loge de France continue - au travers notamment de la Maçonnerie française, qui regroupe plusieurs obédiences. Les grands maîtres actuels ont compris que l'heure n'était plus aux querelles et que nous ne sommes jamais aussi écoutés que lorsque nous sommes unis.

Propos recueillis par Nicolas Weill

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 17.01.04

Un amendement anti-maçonnique rejeté....

Laïcité: vers un vote massif du texte par les députés

NOUVELOBS.COM | 06.02.04 | 16:47 [9]

L'Assemblée a rejeté une série d'amendements visant à étendre l'interdiction aux signes maçonniques et aux signes politiques.

Un amendement pour l’interdiction des signes maçonniques à l’école rejeté

Source: civitas-institut.com [10]

Jean-Marie LAGARDE, le 11/02/2004

Un amendement pour l’interdiction des signes maçonniques à l’école vient d’être rejeté. Nous apprenons dans le numéro 167 de Faits et Documents que «sans doute totalement inconscients de leur acte, deux députés UMP, Daniel Garrigue (Dordogne) et Marc Le Fur (Côtes d’Armor), ont déposé un amendement anti-maçonnique lors de la discussion par la Commission des Lois du projet de loi sur la laïcité (foulard islamique): ils demandaient en effet que soient généralement prohibés dans les écoles «les signes maçonniques».

Cet amendement a bien entendu été rejeté à l’unanimité de la Commission des Lois» (Faits et Documents, BP 254-09, 75424 Paris Cedex 09)

France: Le texte sur la laïcité adopté en commission à l'Assemblée

28 janvier 21:20:11 liberation.com [11]

PARIS - La commission des Lois de l'Assemblée a adopté mercredi soir après l'avoir légèrement modifié le projet de loi sur la laïcité qui a été présenté à mi-journée en conseil des ministres et qui sera examiné en séance à partir du mardi 3 février par les députés.

La commission des Lois dont le président, Pascal Clément (UMP), était le rapporteur, a adopté un amendement de synthèse reprenant celui déposé par René Dosière (PS) et l'autre par Gérard Léonard (UMP). Les sept autres amendements déposés ont été rejetés.

L'amendement de synthèse, proposé par Pascal Clément et qui ajoute donc un nouvel article au texte, dispose que "préalablement à la mise en oeuvre d'une procédure de sanction, le chef d'établissement invite l'intéressé, par la voie du dialogue, à se conformer à la règle énoncée (...)" par la loi. "Le règlement intérieur en prévoit les modalités".

"La loi est une loi d'apaisement. Il faut encourager le dialogue au sein des établissements sur la base du principe posé par cette loi et privilégier la médiation avant toute procédure de sanction", a expliqué le président de la commission des Lois.

"C'est un petit geste", a dit René Dosière qui a précisé que les commissaires socialistes avaient réservé leur vote. "Nous attendons la fin des débats et quelle sera la tonalité générale pour nous prononcer", a-t-il déclaré à Reuters.

Les trois amendements socialistes visaient à changer le titre du texte, à remplacer le terme "ostensiblement" par celui de "visible", le dernier prévoyait que "sauf en cas de récidive, toute sanction doit être proportionnée et prise après que l'élève a été invité, après un temps suffisant de dialogue, à se conformer à ses obligations".

Quatre amendements UMP ont été repoussés.

  • Celui de Hervé Mariton qui proposait d'interdire également le port de signes ou tenues par lesquels les élèves "manifestent ostensiblement (...) un engagement politique",
  • celui de Daniel Garrigue et Marc Le Fur qui proposait d'interdire également le port "de signes maçonniques",
  • celui d'Edouard Balladur qui visait à interdire le port de signes dès lors qu'ils "sont de nature à troubler le bon ordre de l'établissement"
  • et celui de Claude Goasguen qui proposait l'étendre le dispositif "à tout signe susceptible d'entraîner des manifestations publiques hostiles".

Le texte est composé de trois articles auxquels il convient d'ajouter celui introduit par la commission des Lois. Le premier dispose que "dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit". L'article 3 -le 2 étant l'amendement de Pascal Clément- précise que la loi s'appliquera dans les îles Wallis et Futuna, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie dans les établissements publics d'enseignement du second degré relevant de la compétence de l'Etat.

L'article 4 précise que les dispositions de la loi "entrent en vigueur à compter de la rentrée de l'année scolaire qui suit sa publication".

La commission des Affaires sociales, qui avait été saisie pour avis et dont le président, Jean-Michel Dubernard (UMP), était le rapporteur du texte, avait auparavant adopté le texte sans l'avoir modifié après avoir rejeté les quatre amendements déposés, trois par le groupe socialiste, un par Martine Billard (Verts).

L'amendement de la députée écologiste proposait de mettre fin au statut scolaire local en vigueur dans les deux départements d'Alsace et celui de la Moselle. Les trois amendements socialistes étaient identiques à ceux déposés à la commission des Lois.

L'examen du texte est prévu sur trois jours, les 3, 4 et 5 février. Une centaine d'orateurs sont prévus. Le vote sur l'ensemble du projet de loi est prévu le mardi 10 février, après la séance de questions au gouvernement. Le Sénat l'examinera au printemps.


Après avoir obtenu un assouplissement, le PS pourrait voter le projet de loi sur la laïcité à l'école

LE MONDE | 29.01.04 | 13h12 [12]

La commission des lois de l'Assemblée a adopté, mercredi 28 janvier, un amendement commun à l'UMP et au Parti socialiste prévoyant un "dialogue" avant toute sanction à l'encontre d'un élève.

La voie est ouverte à un "concordat" entre l'UMP et le PS sur le projet de loi sur la laïcité à l'école, qui sera débattu au Palais-Bourbon à partir du 3 février. La commission des lois de l'Assemblée nationale a en effet adopté, mercredi 28 janvier, un amendement de "synthèse" encourageant le "dialogue" avant toute procédure de sanction à l'encontre d'un élève. Cet amendement est le produit d'un compromis entre celui déposé par Gérard Léonard (UMP, Meurthe-et-Moselle) et la proposition défendue par René Dosière (PS, Aisne).

L'amendement, signé par ces deux élus, sera présenté en séance par le président (UMP) de la commission des lois, Pascal Clément. Il devrait compléter l'article premier du texte de loi, qui interdit "le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse". Il est ainsi rédigé : "Préalablement à la mise en œuvre d'une procédure de sanction, le chef d'établissement invite l'intéressé, par la voie du dialogue, à se conformer à la règle énoncée à l'alinéa précédent. Le règlement intérieur en prévoit les modalités."

Le PS voit ainsi une des trois modifications qu'il proposait en passe d'être satisfaite. Les deux autres amendements déposés par le groupe socialiste portent sur l'interdiction du "port visible de tout signe d'appartenance religieuse" et sur l'intitulé du projet de loi. Au titre "laïcité dans les écoles, collèges et lycées publics", le PS souhaite substituer le "port de signes religieux dans les établissements publics d'enseignement". Ces deux amendements ont été rejetés par la commission.

En revanche, le groupe socialiste a renoncé à déposer un amendement portant sur l'extension de l'interdiction aux signes politiques, qui figurait dans la proposition de loi qu'il avait déposée le 18 novembre 2003 et dans les conclusions de la mission Debré qu'il avait approuvées. Dans l'après-midi, le président du groupe, Jean-Marc Ayrault, rappelait que la décision des socialistes sur le vote du projet de loi ne sera prise qu'à l'issue du débat et dépendra du sort réservé à leurs amendements. Il affirmait que cette "décision collective" s'appliquerait "à tous les députés du groupe", excluant la liberté de vote. "Ce n'est pas une question de conscience, c'est une question de principe, précisait M. Ayrault. Sur les principes, il ne peut pas y avoir d'états d'âme."

Le PS réservant pour l'instant sa décision, seuls les commissaires de l'UMP ont approuvé le texte de loi amendé en commission. Le président de la commission des affaires étrangères, Edouard Balladur (UMP, Paris), exceptionnellement présent, a vu son amendement portant sur la notion de "trouble au bon ordre de l'établissement" rejeté. De même pour Claude Goasguen (UMP, Paris) et Hervé Mariton (UMP, Drôme), qui avaient déposé des amendements étendant l'interdiction aux signes politiques, ou Daniel Garrigue (UMP, Dordogne) et Marc Le Fur (UMP, Côtes-d'Armor), visant les signes maçonniques.

Chirac demande à son parti politique de voter la loi

"SERVICE APRÈS-VOTE"

Le matin même, en conseil des ministres, la voix de Jacques Chirac avait éclipsé celle du ministre de l'éducation nationale, Luc Ferry. Le président de la République a prononcé un petit discours, transmis à la presse dans son intégralité, pour indiquer combien ce texte était "nécessaire" et à quel point "ne rien faire serait irresponsable". Il a ajouté: "Ce serait une faute." Voilà avertis les députés de la majorité qui auraient encore des réticences pour voter la loi.

M. Chirac estime, avant tout, que cette loi "protège notre école contre le communautarisme". Le projet du gouvernement, qui s'en tient strictement aux termes utilisés par le chef de l'Etat le 17 décembre 2003, "réaffirme avec clarté la neutralité des établissements scolaires publics", a-t-il dit. Soucieux, dans cette première phase, de cerner le problème qui se pose à l'école et de rassurer les musulmans, M. Chirac a souligné qu'il ne s'agit pas d'" interdire les signes d'appartenance religieuse dans la vie de tous les jours".

Le choix d'interdire les signes religieux "ostensibles" dans les écoles, collèges et lycées, est "respectueux de notre histoire, de nos usages et de nos valeurs", a assuré M. Chirac...

Aux enseignants et aux chefs d'établissement, ce texte propose désormais "un principe clair", qui leur permettra, selon lui, "de répondre aux problèmes concrets" auxquels ils sont confrontés. Les en priver reviendrait à "les laisser seuls face à des difficultés croissantes". Le chef de l'Etat a mis deux bémols à cette loi d'interdiction.

  • Il faudra toujours, a-t-il insisté, privilégier "la voie du dialogue".
  • Et la loi ne prendra tout son sens, a-t-il précisé, s'assignant en quelque sorte ce but à lui-même, "que si nous savons (...) lutter contre les discriminations et agir résolument pour l'intégration"...

C'est à cette mission qu'entendent se consacrer les parlementaires de l'UMP qui, autour d'Eric Raoult (Seine-Saint-Denis), ont créé une association dénommée Laïc Cités. "Il s'agit à présent d'assurer le service après-vote", prévient le maire du Raincy.

Béatrice Gurrey et Patrick Roger

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 30.01.04

Laïcité : Un siècle de combats

Source: Valeurs Actuelles n° 3556 paru le 21 Janvier 2005 [13]

La République va célébrer le centenaire de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Un texte qui, à l’époque, divisa la France, mais que plus personne ne conteste, ou presque. Enquête sur un pilier de nos institutions.

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

Un siècle après sa promulgation, la loi du 9 décembre 1905 continue de régir les relations entre les Églises et l’État. Le gouvernement a prévu de célébrer ce centenaire tout au long de l’année : la République mobilisera ses savants et ses préfets pour « rendre hommage à cette loi pionnière, devenue, selon Dominique de Villepin, un pilier de notre identité collective ».

Rares aujourd’hui sont ceux qui suggèrent, comme Nicolas Sarkozy, de la réviser au motif que l’islam, absent de la métropole en 1905, n’aurait pas assez de lieux de culte. Jacques Chirac en a rejeté l’idée plusieurs fois: «La loi de 1905 est au cœur du pacte républicain, a-t-il répété l’autre semaine. Tout ce qui devrait se faire autour ne devrait pas toucher à l’essentiel».

Ce consensus sur la loi de 1905, dont la gauche revendique à juste titre la paternité, n’en est pas moins surprenant au regard de l’Histoire. Un livre préfacé par Dominique de Villepin vient rappeler la violence des affrontements, rhétoriques et physiques, qui entourèrent son adoption: 1905, la Séparation des Églises et de l’État (Tempus). Y sont rassemblés les discours prononcés à cette occasion, où l’on voit deux France se dessiner, deux camps s’opposer à la Chambre et devant les églises: l’un se revendiquant de la Révolution, l’autre refusant de faire table rase des origines chrétiennes de la France (lire page 27). D’un côté, des républicains qui rêvent d’«organiser l’humanité sans roi et sans Dieu», comme l’affirmait Jules Ferry en 1885; de l’autre, des catholiques qui déplorent le reniement des “traditions séculaires de la France”, comme l’écrit le député de Mun, figure respectée du catholicisme social, après le vote de la Séparation.

"Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. L’élément décisif pour moi, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs" (Charles de Gaulle)

De Gaulle: “Mon pays est un pays chrétien”.

Nul ne peut nier que le destin de la France est intimement lié au catholicisme. «Pour moi, résumait le général de Gaulle, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. L’élément décisif pour moi, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs.»

Les liens entre l’Église et sa “fille aînée” sont si étroits que le pape Grégoire IX, cherchant l’appui de [Saint Louis|Saint Louis]] contre l’empereur Frédéric II, affirmera même, en 1239, que «le royaume de France a été placé par Dieu au-dessus de tous les peuples; Jésus-Christ l’a choisi comme exécuteur spécial des volontés divines».

Pour autant, il n’y eut jamais en France de confusion entre l’Église et l’État. Jacques Bainville souligne dans son Histoire de France que « l’Église savait bien que sa mission n’était pas d’exercer le pouvoir [On a ajamais en France l'Eglise exercé directement le pouvoir comme les califes dans les pays musulmans...]. Chez elle vivait une tradition, la distinction du temporel et du spirituel», fondée sur la réponse de Jésus aux pharisiens: «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.»

Cette distinction tournera souvent à la confrontation, le roi de France voulant affirmer son autorité sur le royaume et même sur l’Église de France. Les légistes de Philippe le Bel (Pierre Flote, Enguerrand de Marigny, Guillaume de Nogaret) s’y emploient contre le pape Boniface VIII.

La pragmatique sanction de Bourges promulguée par Charles VII, le Concordat de 1516, la Déclaration des quatre articles rédigée par Bossuet en 1682 confirment le gallicanisme royal. Le roi n’en demeure pas moins “très chrétien”: il ne s’agit pas de renier la foi mais de s’émanciper de la tutelle romaine.

Tout autre est le projet de la IIIe République. Ses fondateurs «professent une foi laïque qui leur paraît signe de progrès et tiennent l’Église pour une force rétrograde, obscurantiste, fondée sur l’ignorance et la superstition, et qui ne peut que disparaître avec les progrès des Lumières», écrit l’historien Serge Bernstein dans la IIIe République (MA Éditions).

Or, dès le début du XIXe siècle, passé le typhon révolutionnaire, le regain de piété a favorisé la reprise des vocations et le renouveau des congrégations. Jean Sévillia en tient une comptabilité précise dans Historiquement correct (Perrin): en 1870, la France compte 56 000 prêtres et 120 000 religieuses et religieux. Les congrégations entretiennent 13 000 écoles, 124 collèges et 2 universités. C’est sur ce terrain que les républicains engageront la bataille: Jules Ferry veut “arracher l’âme de la jeunesse française” aux congréganistes, accusés de fourbir la contre-révolution. Il faut donc d’abord “séparer l’école de l’Église”. C’est l’objet de la loi de 1882, qui rend l’école primaire obligatoire et laïque, puis de celle de 1886, qui laïcise le personnel des écoles publiques.

L’offensive anticléricale se poursuit par l’adoption, en 1901, de la loi sur les associations, votée à l’initiative de Waldeck-Rousseau qui dénonce “le milliard des congrégations” et stigmatise “les moines ligueurs et les moines d’affaires”. Cette loi, que le “petit père Combes” applique avec acharnement, prévoit la dissolution des congrégations non autorisées par l’État. Leurs biens sont confisqués et plus de 10 000 écoles congréganistes fermées. «Ne pouvant ni prêcher, ni se réunir, ni enseigner, les religieux prennent la route de l’exil», conclut Dominique Le Tourneau dans son excellent “Que sais-je ?” l’Église et l’État en France. Les relations diplomatiques avec le Vatican sont rompues en mai 1904.

C’est encore Émile Combes qui prépare la loi de séparation: «La République de 1870 a débarrassé la France de la dernière forme de la monarchie. Le ministère actuel entend que la République de nos jours l’affranchisse absolument de toute dépendance à l’égard du pouvoir religieux.» [çà au moins l'avantage d'être clair!..]

Par quel miracle cette loi, adoptée dans un climat de passions rarement atteint, est-elle acceptée par la plupart aujourd’hui ? C’est sans doute qu’«au terme des débats, les pacificateurs l’emportent sur les liquidateurs», dit Émile Poulat (lire page 28). Rapporteur du projet de loi, Aristide Briand ne plaidait pas, comme l’extrême gauche, pour la destruction de l’Église mais pour “la neutralité confessionnelle de l’État”.

[...]

Les nécessités politiques l’ont emporté sur les querelles historiques. Les rapports entre la République et l’Église se sont progressivement pacifiés. La guerre y a aidé : « Catholiques, protestants, israélites, socialistes, traditionalistes, soudain laissent tomber leurs griefs. (…) Le prêtre songe de l’instituteur et l’instituteur du prêtre : “Puissé-je m’être trompé, chaque fois que j’ai douté de celui qui m’a méconnu.” Et tout Français qui voit le fils de son adversaire monter dans le train et prendre le chemin de la frontière, forme dans son cœur des vœux pour le jeune soldat et salue ses parents », écrit Maurice Barrès en 1917 dans les Diverses Familles spirituelles de la France.

[La République a vampirisé les dernières forces vives de la nation, celles des catholiques qui sont morts pour la patrie en 1914-1918. Jean de Viguerie, Les deux patries].

Fabrice Madouas

La Laïcité dans tous ses états: le dernier livre de Rémi Fontaine

« La Laïcité dans tous ses états ». Christianisme et laïcisme en dix cas d’école. Par Rémi Fontaine. Préface de Dom Gérard.

Ce livre est très utile.

Daniel Raffard de Brienne dans «Renaissance Catholique» le recommande chaleureusement. Il écrit : «Le texte est sobre, élégant, et, surtout, clair…Voilà un livre que chacun doit lire attentivement».

Ce livre est publié aux éditions de Paris (134 rue saint Honoré, 78000 Versailles. Tel O6 79 17 38 08. Fax 01 45 53 06 79).

Il n’est pas très long 116 pages ni très coûteux : 16 euros franco de port.

Je vous donne ci-dessous une présentation du livre par Rémi Fontaine, l’auteur lui-même.

«LA LAICITE DANS TOUS SES DEBATS»

Cet essai sur la laïcité dans tous ses états et débats n'a pas de prétention exhaustive ou scientifique au sens historique ou juridique du terme. Abordant la question sous ses différents angles et sous ses différentes applications, il entend simplement montrer, du point de vue du sens commun, selon une approche à la fois journalistique et philosophique, les contradictions (les pièges) propres à un concept moderne, équivoque, dont on use et abuse aujourd'hui à la manière d'une arme par destination contre l'ordre naturel et chrétien.

La saine et légitime laïcité de l'Etat

Il y a une saine et légitime laïcité (définie par Pie XII) mais elle s'applique exclusivement à l'Etat pour justifier son autonomie temporelle par rapport au spirituel mais non point son insubordination: rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Cela revient essentiellement en politique à accepter le fait que César ne fonde, ni ne décrète, ni ne transforme la loi morale mais qu'il la reçoit et s'en inspire pour la loi civile, l'Eglise étant la gardienne de la morale. Contrairement aux théocraties antiques ou modernes du type islamique, il y a (dans le monde chrétien) double souveraineté, avec subordination du temporel pour ce qui touche à la foi et aux mœurs.

Une formule d'Anouilh résume cette distinction: «Il y a un aumônier sur chaque navire mais on ne lui demande pas de fixer la ration de vivres de l'équipage, ni de faire le point.»

Que César ou Créon aient toujours voulu empiéter sur l'ordre spirituel (et inversement) n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c'est qu'ils le dissimulent sous couvert de laïcité et de démocratie. La République se sert du concept chrétien de laïcité (comme arme par destination) pour imposer sa religion d'Etat qui est le culte de l'homme: prétendant séparer temporel et spirituel, elle les confond au vrai en une théocratie nouvelle, à l'envers, qui subordonne le spirituel au temporel [c'est-à-dire à l'Etat Tout-Puissant: vrai totalitarisme, une systématisation qui ne laisse aucune place à la Religion pour s'exprimer dans les instituions de la société]: «il faut rendre à César ce qui est à César et tout est à César» (Clemenceau). Elle ne retient politiquement du message du Christ que le «rendez à César ce qui est à César» , le «Rendez à Dieu ce qui est à Dieu» devenant simplement affaire privée ou affaire de religions subordonnées aux exigences laïcistes de l'Etat. Il n'y a plus alors double souveraineté mais souveraineté spirituelle du temporel.

Du laïcisme de stricte observance à la laïcité ouverte: l'aporie laïciste La prétendue (mais impossible) séparation du temporel et du spirituel (inédite dans l'histoire de l'humanité) oblige le laïcisme à une logique politique (scolaire ou étatique) du tout ou rien vis-à-vis du spirituel : soit rien n'est permis en matière religieuse (laïcisme de stricte observance) soit tout est permis à égalité (laïcité ouverte). En fait, les contraires étant du même genre, comme on l'enseigne en bonne logique, le laïcisme balance toujours entre ces deux extrémismes idéologiques: dissoudre ou coaguler. Quand tout se vaut, rien ne vaut...que l'impiété et l'irréligion qu'on tente d'imposer contre la pente naturelle des choses. Soit par autoritarisme (rien), soit par laxisme (tout)... Les deux attitudes procèdent du même culte de l'homme qui fait primer le mythe libertaire ou égalitaire sur la vérité.

Nous avons ici précisément les deux termes opposés de l'aporie laïciste, selon que les idéologues conjuguent laïcité avec (impossible) neutralité ou avec (fausse) liberté religieuse. C'est le déchirement classique entre les totalitaires du laïcisme de stricte observance et les libéraux de la laïcité ouverte, entre intolérants de la tolérance et tolérants de l'intolérance.

De la même manière, le laïcisme d'Etat peut osciller entre multiculturalisme (mettant toute les communautés sur pied d'égalité: reconnaissance des communautarismes) et jacobinisme (ignorant la plupart des communautés essentielles, intermédiaires entre l'individu et l'Etat).

Après avoir longtemps privilégié et imposé une laïcité négative, la laïcité par le silence (demander à ceux qui font des choix religieux différents de ne pas en parler et de ne pas le montrer pour ne point se diviser et mieux respecter prétendument la liberté des consciences), beaucoup proposent aujourd'hui de substituer à cette laïcité négative un laïcité positive, la laïcité [ouverte] par le débat (le fameux dialogue maçonnique) (une société de débat où chacun est respecté dans toutes les dimensions de sa vie religieuse mais où personne n'impose aux autres ses propres valeurs, convictions ou traditions).

Avec cette nouvelle laïcité, sous couvert de reconnaissance du «fait religieux» (ce que cherche à faire Sarkozy), le paradoxe est précisément de ne reconnaître aucun culte divin de préférence mais d'exiger de tous les cultes qu'ils se reconnaissent les uns les autres sous l'autorité tutélaire soi-disant bienveillante de la laïcité de l'Etat «neutre entre les religions, tolérant pour tous les cultes et forçant l'Eglise à lui obéir sur ce point capital» (Renan...).

La malsaine et illégitime laïcité de l'Eglise

Ce qui est nouveau également, c'est que l'Eglise consente à cette nouvelle laïcité sous couvert de liberté religieuse et de légitime autonomie du temporel. Par un glissement sémantique et topique la saine et légitime laïcité de l'Etat devient alors une malsaine et illégitime laïcité de l'Eglise qui confond la distinction entre temporel et spirituel avec la séparation de l'Eglise et de l'Etat, sous prétexte de pluralisme religieux, de laïcité ouverte et de distinction entre l'Etat et les religions. C'est le discours de nos évêques actuels – «ne pas se mettre en contradiction avec les grands principes de la République» (Mgr Ricard) – et de certains cardinaux comme Mgr Etchegaray.

L'erreur consiste à passer du fait (tolérable) du pluralisme religieux à son droit garanti et assumé spirituellement par l'Etat dans un mélange (intolérable) des genres.

L'Etat régente les religions, l'Eglise étant réduite à une banale association de droit humain, à un horizon purement séculier.

C'est une inversion architectonique.

Pourtant, me direz-vous, les évêques savent bien qu'elle est d'institution divine et que sa mission est divine (annoncer l'Evangile à toutes les nations). Oui mais (c'est comme l'histoire du fou soi-disant guéri de sa phobie du chien !) si les autres ne le savent pas, si on ne leur dit pas , ça ne sert à rien ! Et c'est précisément ce qui se passe. Avec ce que Jean Madiran appelle l'Eglise du silence.

Parce que l'Eglise accepte la fausse règle du jeu du laïcisme, du pacte laïc comme ils disent : — Défense à toute religion qui se dit supérieure d'entrer ici ! Autrement dit «l'Eglise catholique prend soin de s'adresser aux sociétés civiles en s'appuyant sur la loi naturelle et non sur la Révélation» (Mgr Rey). Au lieu d'un «Dieu le veut» adapté aussi bien à la menace laïciste qu'islamiste, l'Eglise de France, plutôt que de «se croiser», se laisse même le plus souvent à défendre des impératifs moraux par des considérations simplement sociologiques.

Une tentation sous l'apparence de bien

Comme face souriante du laïcisme (après la guerre anticléricale du début), la laïcité ouverte apparaît comme une tentation sous l'apparence de bien: un pacte laïc, une concorde sans concordat, un art de mieux vivre ensemble dans le respect de chacun, de chaque religion, où personne en somme ne fait à autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'on lui fasse, selon le principe élémentaire de la morale.

Dans une diversité de croyances, il s'agit, pour paraphraser Rousseau dans le Contrat social, de trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la religion et les biens de chaque religion associée et par laquelle chacune, s'unissant aux autres, n'obéisse pourtant qu'à elle même et reste aussi libre qu'auparavant...

Comme dans la tentation sous l'apparence de bien, le Malin sait perdre un peu pour gagner. Il suggère en effet des pensées bonnes et saintes, conformes à des dispositions vertueuses, avec l'intention d'attirer ensuite ses candidats dans ses pièges dissimulés, de les entraîner peu à peu à ses fins subversives, de les faire consentir à ses coupables desseins...

Il faut (re)lire alors les règles pour le discernement des esprits de saint Ignace de Loyola dans ses Exercices spirituels et particulièrement la cinquième: «Nous devons examiner avec grand soin la suite et la marche de nos pensées.» Si le début de la tentation commence bien, comme «le résultat d'une sagesse politique et d'un subtil équilibre qui n'oblige personne à sacrifier ses principes, mais qui propose à tous un nouvel art de vivre ensemble» ou «une solution élégante au problème d'une société irrémédiablement divisée», selon les formules d'Emile Poulat (dans Notre laïcité publique), on s'aperçoit très vite qu'à l'expérience, la réalité n'est pas aussi rose... Et que la laïcité de fait est inséparable d'une laïcité de droit occulte, qui la précède et l'inspire, et qui se vit comme une (contre)religion d'Etat à laquelle doivent sacrifier les religions en renonçant précisément à leurs principes.

Le pacte laïc: un pacte (d'aliénation) avec le diable!

Ce nouveau pacte laïc auquel doivent se rallier les religions et la vraie religion agit en effet à la manière du contrat social de Rousseau ou de Hobbes; comme une véritable aliénation ! Non pas des individus (passant de l'état de nature à l'état social) mais des religions elles-mêmes (qui passent de l'état sacré à l'état séculier). Pour paraphraser encore Jean-Jacques, il s'agit de changer pour ainsi dire la nature [divine] des religions; transformer chaque religion, qui par elle-même est un tout parfait et solitaire [se considérant comme uniquement vraie, révélée et supérieure], en partie d'un plus grand tout [laïc] dont cette religion reçoive en quelque sorte sa légitimité..., sa vie..., son être...; altérer la constitution de la religion... (CS, II, 7).

C'est le mythe moderne du faux œcuménisme sous le magistère étatique de la laïcité. La nature d'une religion révélée comme la religion chrétienne, d'institution divine, n'est évidemment pas de recevoir sa légitimité selon les principes et les limites politiques de l'Etat (laïque ou non) ni d'accepter un principe juridique, moral et religieux qui soit supérieur aux siens...

La laïcité est bien en effet une religion de substitution: la nouvelle religion d'Etat, le propre d'une religion étant de se considérer comme la seule vraie, les autres n'étant tolérables que dans la mesure où elles ne menacent pas sa vérité, en l'occurrence le primat de l'arbitraire collectif. Son fameux droit à la liberté religieuse n'est par exemple que le déguisement idéologique d'une tolérance concédée (dans des limites bien précises) par cette (contre) religion d'Etat, qui singe humainement le christianisme (grand praticien de la tolérance dont il a inventé la théorie, tout comme la distinction des pouvoirs).

Pour ne rester qu'un être de raison, purement chimérique, comme le funeste Contrat (social), le pacte laïc n'en devient pas moins le principe (idéaliste) dissolvant de notre religion et culture chrétiennes, l'agent actif du processus de sécularisation si souvent dénoncé par Jean-Paul II.

Nous ne disons pas que dans une société divisée religieusement, il soit facile de trouver politiquement une concorde. Nous disons que le laïcisme n'est pas la solution, qu'il est un leurre, une tentation sous l'apparence de bien, et qu'il est même une voie de perdition pour l'Eglise qui est chargée d'apporter la paix de Dieu qui n'est pas la paix selon les hommes.

«Jadis, écrit aussi Emile Poulat, l'homme était à la grâce de Dieu; désormais Dieu est à la décision de l'homme...» On comprend bien que les évêques ne peuvent et ne devraient pas accepter cela, même s'ils on d'abord été séduits par cette laïcité positive.

Ecoutons encore saint Ignace : «... Mais si dans la suite des pensées qui nous sont suggérées, il finit par s'y rencontrer quelque chose de mauvais ou de dissipant, ou de moins bon que ce que nous nous étions proposé de faire, ou si ces pensées affaiblissent notre âme, l'inquiètent, la troublent, en lui ôtant la paix, la tranquillité dont elle jouissait d'abord, c'est une marque évidente qu'elles procèdent du mauvais esprit, ennemi de notre avancement et de notre salut éternel.»

Comment des évêques peuvent-ils...: les applications de la laïcité de l'Eglise

Au lieu de rejeter cette tentation de la laïcité ouverte en jugeant l'arbre à ses fruits, les évêques s'y sont engouffrés toujours plus jusqu'à proposer dans la plupart des mouvement d'Eglise un catholicisme ouvert, tellement ouvert qu'il en devient de moins en moins confessionnel, selon la contradiction intrinsèque dans laquelle s'est enfermé par exemple l'Enseignement catholique ou le néo-scoutisme catholique (SDF).

C'est maintenant au sein des mouvements catholiques eux-même qu'il faut affirmer cette liberté des consciences et de la foi elle-même pour ne pas risquer de trop la brimer. La laïcité qu'on demande à l'Etat (loi de 1905) et à l'école publique comme une référence, on la réclame désormais partout dans la société civile aux autres corps intermédiaires, dans la vie culturelle et associative et jusqu'aux mouvements d'Eglise où l'on ne doit plus agir «en tant que chrétiens» mais à la rigueur «en chrétiens», selon le subtile distinction de Maritain.

Acquis à cette laïcisation mentale, ce sont nos évêques qui parlent maintenant de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat ou de la loi Debré comme d'un modèle! Et qui refusent incroyablement de reconnaître les écoles (hors contrat) ou les scoutismes traditionnels qui veulent agir en tant que catholiques. Parce que jugés trop catholiques. Ce n'est pas dit explicitement mais c'est véritablement la pensée de certains évêques (comme c'était celle des nazis qui ont condamné le bienheureux Marcel Callo de la JOC qui voulait refaire ses frères chrétiens !).

Exit la Royauté sociale de Notre Seigneur, clef de voûte et pierre angulaire de toute société

Le laïcisme doit donc toujours et partout primer le communautarisme chrétien: la structure temporelle proprement catholique devient comme obsolète. Exit la Royauté sociale de Notre Seigneur, clef de voûte de la doctrine sociale de l'Eglise ! Et c'est bien pour cela que Stasi ou Debré offre à l'islam cette Eglise du silence comme modèle d'intégration laïque.

Au terme de sa visite ad limina, le cardinal-archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, n'a pas caché sa désolation au Saint-Père: « J'ai été consterné du silence qui a entouré le vote de la nouvelle loi... Comment des députés catholiques peuvent-ils voter une telle loi ?» Il ne s'agissait pas de la loi sur la laïcité mais de la loi de bioéthique effectivement monstrueuse. «A l'inverse», soulignant l'agitation autour des questions qui touchent à la laïcité et «les opinions différentes et mêmes opposées» de l'ensemble de la communauté chrétienne – «opinions qui ne manquent pas de fondement ni de justesse d'analyse» –, le primat des Gaules a eu cette curieuse formule : «Dans un débat qui manque de sérénité, il est important qu'on perçoive à quel point les chrétiens sont engagés dans ce domaine et désireux de vivre en bonne intelligence et en paix avec les croyants des autres religions nombreux en notre pays. L'enjeu est aussi l'intégration de toutes les composantes sociales au sein de la nation. »

Ce qu'on refuse encore à la (fausse) liberté morale (bioéthique, avortement, mariage homosexuel), on le concède apparemment sans problème à la (fausse) liberté religieuse (laïcité) dans un silence religieux qui provoque notre propre consternation: — Comment des évêques catholiques peuvent-ils... ?

C'est l'interpellation que nous lançons essentiellement dans ce livre à travers des raisonnements de bon sens mais aussi des propositions et des pistes pour en sortir... (Rémi Fontaine

Conclusion

Chacun a-t-il ou non le droit le plus absolu de manifester son appartenance à une religion au nom de la liberté de religion voire de la liberté tout court, ou bien la laïcité exige-t-elle une limitation de cette manifestation ?

  • Les tenants laïcards de la pseudo laïcité façon 1905 ont répondu: non, chacun N'A PAS "le droit de manifester son appartenance à une religion au nom de la liberté de religion voire de la liberté tout court"; la laïcité façon loi de 1905 limite cette manifestation, limite la liberté; la religion doit rester une affaire privée, Dieu doit être cantonné dans le secret des coeurs".
  • Le "N'A PAS le droit" constitue une soustraction de droit.
  • Une telle vision de la laïcité n'est donc pas POSITIVE mais strictement NEGATIVE: elle enlève (de force, par voie légale contraignante) un droit.
  • Cette vision de la laïcité, façon loi de 1905 est une perversion de la laïcité: l'Etat est placé au-dessus du droit et de la liberté de chacun de vivre et manifester publiquement sa religion.
  • Il s'agit d' une atteinte inadmissible au (vrai) droit de l'homme et une dissection du droit naturel de l'homme à avoir et à manifester une vie spirituelle épanouie, au privé comme au public.
  • Une injustice blasphématoire contre la vérité qui ne doit pas régner sur la société pour la vivifier, l'améliorer, la christianiser.
  • Une atteinte à la vraie liberté religieuse : l'homme est contraint, de force, à NE PAS manifester sa foi au public, ce qui constitue un vrai déchirement de la conscience et une violation diabolique de l'âme.
  • Un totalitarisme étatique: l'Etat est la valeur suprême, la fin dernière pour l'homme qui doit placer sa religion après l'Etat: "l'Etat premier servi!"
  • Une systématisation de la société humaine en dehors de toute référence à la Religion doublé d'une dictature étatique sur la Religion catholique en particulier, et sur toutes les fausses religions en général: toutes les religions doivent être inféodées à l'Etat auto-divinisé.
  • Le "rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu" est éliminé. "Il faut rendre à César ce qui est à César et tout est à César..." (Clemenceau)
  • On nage en pleine tyrannie religieuse: une tyrannie de droit occulte maçonnique qui interdit à la vérité la première place.
  • La saine laïcité bi-millénaire (distinction des pouvoirs temporel et spirituel, mais "saine collaboration" entre eux), invention chrétienne, a été remplacée par une fausse laïcité qui l'a subvertit.
  • A la place de la Religion catholique, religion encore (malgré la dictature) largement majoritaire chez les Français, la Secte a instauré une nouvelle religion, un laïcisme humaniste-maçonnique universel, imprégnant tous les pans de la vie sociale jusque dans les institutions publiques: "LA REPUBLIQUE EST LAÏQUE" à la place de "la France est catholique"...
  • Ce qui est donc refusé à la Religion (le droit de vivre et de manifester sa Religion) est autorisé pour la tyrannie de droit occulte.
  • Une nouvelle fois, au sujet de la laïcité, les Révolutionnaires auront pratiqué l'inversion et la subversion du langage.