Différences entre les versions de « Exercices spirituels »

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Exercices Spirituels (1)
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Les Exercices Spirituels de [[Saint Ignace de Loyola|Saint Ignace de Loyola]] (1491 - 1556)
  
Les Exercices Spirituels
 
  
[[Saint Ignace de Loyola|Saint Ignace de Loyola]] (1491 - 1556)
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« retiré dans la grotte de Manarèse, Saint Ignace apprit de la Mère de Dieu Elle-même à combattre les combats du Seigneur. Ce fut comme de ses mains qu’il reçut ce Code si parfait (c’est le nom qu’en toute vérité nous pou­vons lui donner) dont tout bon soldat de Jésus-Christ doit faire usage. Nous vou­lons parler des Exercices Spiri­tuels qui, selon la tradition, furent donnés à saint Ignace. ». Pie XI “Meditantibus Nobis<ref>Sur le site du Vatican, nous n'avons trouvé que la [http://www.vatican.va/holy_father/pius_xi/apost_letters/documents/hf_p-xi_apl_19221203_meditantibus-nobis_it.html version italienne] de cette lettre apostolique, dont voici l'extrait: ''ritiratosi nella grotta di Manresa, apprese dalla stessa Madre di Dio l’arte di combattere le battaglie del Signore, e ricevette come dalle mani di Lei quel perfetto codice di leggi (che così in verità possiamo chiamarlo) di cui deve far uso ogni buon soldato di Gesù Cristo. Alludiamo agli Esercizi Spirituali che, secondo la tradizione, furono ispirati dal cielo ad Ignazio.''</ref>”
  
Exercices Spirituels, de Saint Ignace de Loyola :
 
  
Annotations propres à faciliter l'intelligence des Exercices spirituels qui suivent, utiles à celui qui doit les donner et à celui qui doit les recevoir :
 
  
1 ‹ Première annotation. ‹ Par ce mot, Exercices spirituels, on entend toute manière
 
d'examiner sa conscience, de méditer, de contempler, de prier vocalement et mentalement, et
 
les autres opérations spirituelles dont nous parlerons dans la suite.
 
  
En effet, comme se promener, marcher, courir, sont des exercices corporels, de même les
+
*[[Père Marziac: L'oeuvre|Les papes recommandent les exercices spirituels]]
différents modes de préparer et de disposer l'âme à se défaire de toutes ses affections
+
*[[Exercices spirituels (texte)| Le texte des exercices spirituels ]]
déréglées et, après s'en être défait, à chercher et à trouver la volonté de Dieu dans le
 
règlement de sa vie, en vue de son salut, s'appellent Exercices spirituels.
 
  
2 ‹ Deuxième annotation. ‹ Que celui qui explique à un autre le mode à tenir et l'ordre à
 
suivre dans la méditation ou dans la contemplation, lui raconte fidèlement l'histoire qui doit
 
faire le sujet de cette contemplation ou de cette méditation, se contentant d'en parcourir les
 
points avec une exposition sommaire. Parce que, si la personne qui fait la contemplation,
 
s'attachant au fond de la vérité historique, parvient, en raisonnant et en réfléchissant par
 
elle-même, à découvrir quelque chose qui lui fasse un peu plus connaître ou goûter son
 
sujet, soit par le raisonnement propre, soit par la lumière divine qui éclaire son
 
entendement, elle y trouvera plus de goût et plus de fruit spirituel que si celui qui donne les
 
Exercices lui eût développé fort au long tout ce que renfermait le sujet de sa méditation.
 
Car ce n'est pas l'abondance de la science qui rassasie l'âme et la satisfait, c'est le sentiment
 
et le goût intérieur des vérités qu'elle médite.
 
  
3 ‹ Troisième annotation. ‹ Comme dans tous les Exercices spirituels suivants nous faisons
 
usage des actes de l'entendement en employant le raisonnement et de ceux de la volonté en
 
excitant en nous des affections, il est à remarquer que, dans les actes de la volonté, lorsque
 
nous parlons vocalement ou mentalement à Dieu, notre Seigneur ou à ses saints, il faut de
 
notre part un plus grand respect que quand nous faisons usage de l'entendement par la
 
réflexion.
 
  
4 ‹ Quatrième annotation. ‹ Les Exercices suivants se divisent en quatre parties : la première
 
est la considération et la contemplation des péchés ; la seconde, la vie de Notre Seigneur
 
Jésus-Christ jusqu'au dimanche des Rameaux inclusivement ; la troisième, la Passion du
 
Sauveur ; la quatrième, sa Résurrection et son Ascension, avec les trois manières de prier.
 
Supposé que l'on y emploie quatre semaines, pour correspondre à cette division, il ne faut
 
pas croire que chaque semaine doive nécessairement se composer de sept ou de huit jours.
 
Car il arrive que dans la première semaine, les uns sont plus lents que les autres à trouver ce
 
qu'ils cherchent, c'est-à-dire la contrition, la douleur, des larmes pour leurs péchés, que
 
d'autres sont plus actifs et plus diligents ; que d'autres sont plus agités et plus éprouvés par
 
les mouvements des divers esprits ; d'où il résulte qu'il faut quelquefois abréger, et d'autres
 
fois prolonger cette semaine ; j'en dis autant des suivantes, cherchant toujours à retirer le
 
fruit propre de chacune d'elles. Mais ordinairement on terminera les Exercices en trente
 
jours environ.
 
  
5 ‹ Cinquième annotation. ‹ Celui qui reçoit les Exercices gagnera beaucoup à y entrer avec
+
==Notes==
un grand courage et une grande libéralité envers son Créateur et Seigneur, lui offrant toute
+
<references/>
sa volonté et toute sa liberté, afin que sa divine Majesté dispose de sa personne et de tout ce
 
qu'il a selon sa très sainte volonté.
 
 
 
6 ‹ Sixième annotation. ‹ Quand celui qui donne les Exercices s'aperçoit qu'il ne survient
 
dans l'âme de celui qui les reçoit aucun mouvement spirituel, soit de consolation, soit de
 
désolation, qu'il ne ressent aucune touche des divers esprits, il doit l'interroger avec soin sur
 
les exercices, lui demandant s'il les fait aux temps marqués et comment il s'en acquitte. Il
 
s'assurera de la même manière s'il observe exactement les additions, entrant dans des détails
 
sur chacun de ces points.
 
 
 
Il est parlé plus loin de la consolation et de la désolation (316) et aussi des additions(73).
 
 
 
7 ‹ Septième annotation. ‹ Si celui qui donne les Exercices voit que celui qui les reçoit est
 
désolé et tenté, qu'il ne se montre à son égard ni dur ni âpre, mais doux et suave ;
 
découvrant les ruses de l'ennemi de la nature humaine, et l'aidant à se préparer et à se
 
disposer à la consolation future.
 
 
 
8 ‹ Huitième annotation. ‹ Si celui qui donne les Exercices reconnaît dans celui qui les
 
reçoit le besoin d'être instruit sur les désolations et les ruses de l'ennemi, ainsi que sur les
 
consolations, il pourra lui expliquer, autant qu'il le jugera nécessaire, les règles de la
 
première et de la seconde Semaine, qui ont pour but de faire connaître les divers esprits
 
(313 et 328).
 
 
 
9 ‹ Neuvième annotation. ‹ Si celui qui s'exerce n'est point versé dans les choses spirituelles
 
et est tenté pendant les exercices de la première Semaine d'une manière grossière et évidente,
 
rencontrant, par exemple, dans la crainte du travail, dans la fausse honte et l'honneur selon
 
le monde, etc., des obstacles qui l'empêchent d'aller en avant dans le service de Dieu, notre
 
Seigneur ; que celui qui donne les Exercices ne lui explique pas les règles du discernement
 
des esprits de la Seconde semaine : car, autant celles de la première Semaine lui seront
 
utiles, autant celles de la seconde lui seront nuisibles, parce que la matière qu'elles traitent
 
est trop subtile et trop relevée pour qu'il la puisse comprendre.
 
 
 
10 ‹ Dixième annotation. ‹ Quand celui qui donne les Exercices remarque que celui qui les
 
reçoit est combattu et tenté sous l'apparence du bien, c'est alors le moment de lui expliquer
 
les règles de la seconde Semaine, dont nous avons déjà parlé ; parce que ordinairement,
 
l'ennemi de la nature humaine tente plus sous apparence de bien quand on s'exerce dans la
 
vie illuminative, qui correspond aux Exercices de la seconde Semaine, que lorsqu'on est
 
encore dans la vie purgative, qui correspond aux Exercices de la première Semaine.
 
 
 
11 ‹ Onzième annotation. ‹ Il est avantageux à celui qui fait les Exercices de ne rien savoir
 
dans la première Semaine de ce qu'il doit faire dans la seconde, et de travailler dans l'une à
 
obtenir la fin qu'il se propose, comme s'il ne devait rien trouver de bon dans l'autre.
 
 
 
12 ‹ Douzième annotation. ‹ Comme celui qui reçoit les Exercices doit employer une heure
 
à chacun des cinq exercices ou contemplations qui se font chaque jour, celui qui les donne
 
aura grand soin de l'avertir de faire toujours en sorte que son esprit trouve le repos dans la
 
pensée qu'il a consacré une heure entière à chaque exercice, et plutôt plus que moins ; car
 
l'ennemi a coutume de mettre en usage toute son industrie pour nous faire abréger le temps
 
que nous devons donner à la contemplation, à la méditation ou à l'oraison.
 
 
 
13 ‹ Treizième annotation. ‹ Il faut encore remarquer que si, dans le temps de la
 
consolation, c'est chose facile et légère de donner à la contemplation une heure pleine, dans
 
le temps de la désolation, au contraire, il est très difficile de l'achever. Pour cette raison,
 
celui qui s'exerce doit toujours, afin d'agir contre la désolation et de vaincre les tentations,
 
persévérer un peu au-delà de l'heure accomplie. Ainsi s'accoutumera-t-il, non seulement à
 
résister à l'ennemi, mais encore à le terrasser.
 
 
 
14 ‹ Quatorzième annotation. ‹ Si celui qui donne les Exercices voit que celui qui les reçoit
 
est dans la consolation et dans une grande ferveur, il doit l'avertir de ne faire aucune
 
promesse, aucun voeu indiscret et précipité ; et plus il reconnaîtra qu'il est d'un caractère
 
léger, plus il doit réitérer cet avertissement. Car, bien que l'on puisse avec raison porter
 
quelqu'un à entrer dans un ordre religieux où il a intention de faire les voeux de pauvreté, de
 
chasteté et d'obéissance, et bien qu'une bonne action faite en vertu d'un voeu soit plus
 
méritoire que celle que l'on fait sans voeu, on doit cependant considérer avec attention la
 
condition et les qualités personnelles du sujet, ainsi que la facilité ou la difficulté qu'il
 
pourra trouver à accomplir ce qu'il voudrait promettre.
 
 
 
15 ‹ Quinzième annotation. ‹ Celui qui donne les Exercices ne doit point porter celui qui les
 
reçoit à embrasser ou à promettre d'embrasser la pauvreté volontaire plutôt que l'état
 
contraire, ni à choisir un état de vie plutôt qu'un autre. Car, quoique nous puissions
 
licitement et méritoirement, hors du temps des Exercices, porter toutes les personnes qui
 
paraissent avoir les dispositions nécessaires à choisir la continence, la virginité, l'état
 
religieux et toute autre pratique de perfection évangélique ; néanmoins, dans le temps même
 
des Exercices, tandis que l'âme cherche la volonté divine, il est plus convenable et beaucoup
 
mieux que le Créateur et Seigneur se communique lui-même à cette âme qui est toute à lui,
 
l'attirant à son amour et à sa louange, et la disposant à suivre la voie dans laquelle elle
 
pourra mieux le servir dans la suite : de sorte que celui qui donne les Exercices ne doit ni
 
pencher, ni incliner d'un côté ou de l'autre ; mais, se tenant en équilibre comme la balance,
 
laisser agir immédiatement le Créateur avec la créature, et la créature avec son Créateur et
 
Seigneur.
 
 
 
16 ‹ Seizième annotation. ‹ A cette fin, c'est-à-dire pour que le Créateur et Seigneur opère
 
plus efficacement en sa créature, il est important, si cette âme, peut-être, se sent
 
affectionnée et portée à un objet d'une manière désordonnée, qu'elle emploie toutes ses
 
forces pour tâcher de parvenir à ce qui est l'opposé de son affection désordonnée. Que, si
 
par exemple, elle se sent portée à chercher et à posséder un emploi ou un bénéfice, non pour
 
l'honneur et la gloire de Dieu, notre Seigneur, ni pour le salut spirituel des âmes, mais pour
 
ses propres avantages et pour ses intérêts temporels, elle doit se porter à ce qui est contraire
 
et le demander à Dieu, notre Seigneur. Qu'elle fasse de vives instances dans ses prières et
 
dans ses autres exercices spirituels, protestant qu'elle ne veut ni cet emploi ou ce bénéfice,
 
ni aucune autre chose, à moins que Dieu, réglant ses désirs, ne change sa première affection
 
; en sorte que la raison de désirer ou de posséder une chose ou une autre soit uniquement le
 
service, l'honneur et la gloire de sa divine Majesté.
 
 
 
17 ‹ Dix-septième annotation. ‹ Il est très utile que celui qui donne les Exercices, sans
 
chercher à connaître les pensées et les péchés de celui qui les reçoit, soit fidèlement instruit
 
des pensées et des mouvements divers que les différents esprits excitent en lui ; afin que,
 
selon son avancement plus ou moins grand, il puisse lui donner quelques exercices
 
spirituels convenables et conformes à la nécessité de son âme agitée.
 
 
 
18 ‹ Dix-huitième annotation. ‹ Il faut adapter les Exercices spirituels à la disposition des
 
personnes qui veulent les faire, c'est-à-dire à leur âge, à leur science, à leur talent, et ne pas
 
donner à celui qui est ignorant ou d'une complexion faible, des choses qu'il ne puisse pas
 
supporter aisément, et dont il est incapable de profiter. On doit également consulter
 
l'intention du retraitant, et, selon le désir qu'il aura de s'avancer dans le service de Dieu, lui
 
donner ce qui est le plus convenable pour l'aider à obtenir le but qu'il se propose.
 
Par conséquent, s'il ne veut que s'instruire de ses devoirs et parvenir à un certain degré de
 
repos intérieur, on peut lui donner l'examen particulier (24), et ensuite l'examen général
 
(32). Il consacrera en même temps une demi-heure le matin à la première manière de prier,
 
sur les commandements et sur les péchés capitaux, etc (238). On lui recommandera aussi de
 
se confesser tous les huit jours, et, s'il le peut, de recevoir le sacrement de l'Eucharistie tous
 
les quinze jours, et mieux encore tous les huit jours, s'il en a la dévotion. Cette méthode
 
convient surtout aux personnes simples et sans études. On leur expliquera tous les
 
commandements de Dieu et de l'Eglise, les péchés capitaux, ce qui regarde les cinq sens
 
corporels et les oeuvres de miséricorde.
 
 
 
De même, si celui qui donne les Exercices reconnaît que celui qui les reçoit a peu de fond
 
ou de capacité naturelle, et qu'on ne peut pas espérer de lui beaucoup de fruits, il est plus
 
convenable de lui donner quelques-uns de ces exercices faciles, jusqu'à ce qu'il fasse la
 
confession de ses péchés. On lui donnera ensuite quelques méthodes d'examen de
 
conscience, et quelques règles à suivre pour se confesser plus souvent qu'il n'avait coutume
 
de le faire, afin de conserver les fruits qu'il aura recueillis ; mais on laissera de côté les
 
matières de l'élection et tous les exercices qui sont hors de la première Semaine ; surtout
 
quand on peut obtenir un plus grand fruit auprès d'autres personnes, et que le temps manque
 
pour toutes.
 
 
 
19 ‹ Dix-neuvième annotation. ‹ S'il s'agit d'un homme retenu par un emploi public ou par
 
des affaires auxquelles il ne peut se soustraire ; d'un homme qui ait de l'instruction, de
 
l'intelligence, et qui puisse prendre une heure et demie chaque jour pour faire les Exercices,
 
on lui expliquera d'abord pourquoi l'homme est créé (21) ; on pourra de même lui assigner
 
une demi-heure pour s'occuper de l'examen particulier, puis de l'examen général, de la
 
manière de se confesser et de recevoir le sacrement de l'Eucharistie. Il fera, durant trois
 
jours, tous les matins, pendant l'espace d'une heure, la méditation du premier, du second et
 
du troisième péché (45) ; et trois autres jours, à la même heure, la méditation sur les péchés
 
personnels (55) ; et trois autres jours encore, à la même heure, la méditation des peines dues
 
aux péchés (65). On lui donnera pour chacune de ces méditations les dix additions de la
 
première Semaine (73), et l'on conservera, pour la contemplation des mystères de
 
Notre Seigneur Jésus-Christ, la méthode qui est expliquée plus bas et au long dans le livre
 
même des Exercices.
 
 
 
20 ‹ Vingtième annotation. ‹ Mais, si quelqu'un est plus libre d'affaires, et désire retirer des
 
Exercices spirituels tout le fruit qu'il peut en recueillir, qu'on les lui donne tout entiers,
 
gardant exactement l'ordre dans lequel ils sont ici développés. Et ordinairement il en retirera
 
d'autant plus de profit qu'il sera plus séparé de ses amis, de ses proches et de toute
 
sollicitude terrestre, quittant, par exemple, son habitation ordinaire et choisissant une autre
 
maison ou une autre chambre pour y habiter le plus à l'écart qu'il pourra, de manière qu'il
 
soit en son pouvoir d'aller tous les jours à la messe et à vêpres sans crainte d'être dérangé
 
par personne.
 
 
 
Cette solitude lui procurera trois avantages spirituels, entre beaucoup d'autres.
 
Premièrement, la séparation de ses amis, de ses proches, ainsi que de beaucoup d'affaires
 
moins réglées, afin de mieux servir et louer Dieu, notre Seigneur, est d'un grand mérite
 
devant la Majesté divine.
 
 
 
Secondement, se trouvant ainsi seul avec lui-même, n'ayant plus l'esprit partagé entre
 
plusieurs objets, mais réunissant toute sa sollicitude en un seul, qui est de servir son
 
Créateur et d'être utile à son âme, il fait usage de ses puissances naturelles plus librement
 
pour chercher avec diligence ce qu'il désire avec tant d'ardeur.
 
 
 
Troisièmement, plus notre âme se trouve seule et séparée des créatures, plus elle se rend
 
apte à s'approcher de son Créateur et Seigneur et à s'unir à lui ; et plus elle s'approche
 
effectivement de lui, plus elle se dispose à recevoir les grâces et les dons de sa divine et
 
souveraine bonté.
 
 
 
Ame de Jésus-Christ, sanctifiez-moi.
 
Corps de Jésus-Christ, sauvez-moi.
 
Sang de Jésus-Christ, enivrez-moi.
 
Eau du côté de Jésus-Christ, purifiez-moi.
 
Passion de Jésus-Christ, fortifiez-moi.
 
O bon Jésus, exaucez-moi.
 
Dans vos plaies sacrées, cachez-moi.
 
Ne permettez pas que je me sépare de vous.
 
Contre l'esprit du mal défendez-moi.
 
A l'heure de ma mort appelez-moi.
 
Et commandez que je vienne à vous,
 
Afin qu'avec vos Saints je vous loue,
 
Dans tous les siècles des siècles.
 
Amen !
 
 
 
21 ‹ Exercices spirituels pour se vaincre soi-même et régler sa vie sans se déterminer par aucune affection désordonnée.
 
 
 
22 ‹ Supposition préalable :
 
 
 
Afin que celui qui donne les Exercices et celui qui les reçoit se prêtent un mutuel secours,
 
et retirent un plus grand profit spirituel, il faut présupposer que tout homme vraiment
 
chrétien doit être plus disposé à justifier une proposition obscure du prochain qu'à la
 
condamner. S'il ne peut la justifier, qu'il sache de lui comment il la comprend ; et s'il la
 
comprend mal, qu'il le corrige avec amour ; et si cela ne suffit pas, qu'il cherche tous les
 
moyens convenables pour le mettre dans la voie de la vérité et du salut.
 
 
 
23 ‹ Principe et Fondement :
 
 
 
L'homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, Notre Seigneur, et, par ce moyen, sauver son âme.
 
 
 
Et les autres choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l'homme et pour l'aider dans
 
la poursuite de la fin que Dieu lui a marquée en le créant. D'où il suit qu'il doit en faire
 
usage autant qu'elles le conduisent vers sa fin, et qu'il doit s'en dégager autant qu'elles l'en
 
détournent.
 
 
 
Pour cela, il est nécessaire de nous rendre indifférents à l'égard de tous les objets créés, en
 
tout ce qui est laissé au choix de notre libre arbitre et ne lui est pas défendu ; en sorte que,
 
de notre côté, nous ne voulions pas plus la santé que la maladie, les richesses que la
 
pauvreté, l'honneur que le mépris, une longue vie qu'une vie courte, et ainsi de tout le reste ;
 
désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle
 
nous sommes créés.
 
 
 
Examen particulier :
 
 
 
Il renferme trois temps et deux examens de conscience chaque jour.
 
 
 
24 ‹ Le premier temps est le matin. Aussitôt qu'on se lève, on doit se proposer de se tenir
 
soigneusement en garde contre le péché ou défaut particulier dont on veut se corriger et se
 
défaire.
 
 
 
25 ‹ Le second temps est après le dîner. On commencera par demander à Dieu, notre
 
Seigneur, ce que l'on désire, c'est-à-dire la grâce de se souvenir combien de fois on est
 
tombé dans ce péché ou défaut particulier et celle de s'en corriger à l'avenir ; puis on fera le
 
premier examen, en se demandant à soi-même un compte exact de ce point spécial, sur
 
lequel on a résolu de se corriger et de se réformer.
 
 
 
On parcourra donc chacune des heures de la matinée, que l'on peut aussi diviser en certains
 
espaces de temps, selon l'ordre des actions, en commençant depuis le moment du lever
 
jusqu'à celui de l'examen présent ; puis on marquera sur la première ligne de la lettre J (voir
 
n° 31) autant de points que l'on est tombé de fois dans ce péché ou défaut particulier.
 
Enfin, on prendra de nouveau la résolution de s'amender du premier au second examen.
 
 
 
26 ‹ Le troisième temps est après le souper. On fera le second examen, aussi d'heure en
 
heure, en commençant depuis le premier, puis on marquera sur la seconde ligne de la même
 
lettre J autant de points qu'on est tombé de fois dans le péché ou défaut particulier dont on
 
travaille à se corriger.
 
 
 
Quatre additions dont l'observation aidera à se corriger plus promptement du péché ou défaut de l'examen particulier :
 
 
 
27 ‹ Première addition. ‹ Elle consiste, chaque fois que l'on tombe dans le péché ou défaut
 
de l'examen particulier, à porter la main sur la poitrine en s'excitant intérieurement à la
 
douleur : ce que l'on peut faire, même en présence de plusieurs, sans être remarqué.
 
 
 
28 ‹ Deuxième addition. ‹ Comme la première ligne de la lettre J indique le premier
 
examen, et la seconde le second, on observera le soir, en comparant la première et la
 
seconde ligne, s'il y a amendement du premier au second examen.
 
 
 
29 ‹ Troisième addition. ‹ Comparer le second jour avec le premier, c'est-à-dire les deux
 
examens du jour présent avec les deux du jour précédent et voir si d'un jour à l'autre on s'est
 
corrigé.
 
 
 
30 ‹ Quatrième addition. ‹ Comparer également une semaine avec l'autre et voir si, dans la
 
semaine qui vient de s'écouler, le progrès a été plus notable que dans la semaine
 
précédente...
 
 
 
31 ‹ Il faut remarquer que, dans le tableau suivant, le premier J majuscule qui suit signifie
 
le dimanche ; le second, minuscule, le lundi ; le troisième, le mardi, et ainsi de suite.
 
examen général de conscience pour purifier l'âme et se mieux confesser.
 
 
 
32 ‹ Je suppose qu'il y a en moi trois sortes de pensées : les unes, proprement miennes,
 
naissent de ma volonté et de ma liberté ; les autres viennent du dehors, et ont pour principe
 
le bon ou le mauvais esprit.
 
 
 
I. ‹ De la pensée :
 
 
 
33 ‹ On peut mériter en deux manières lorsqu'une mauvaise pensée vient du dehors.
 
Premièrement, si, lorsque la pensée de commettre un péché mortel se présente, je lui résiste
 
aussitôt, et qu'ainsi j'en triomphe.
 
 
 
34 ‹ Secondement, si, d'abord repoussée, cette mauvaise pensée revient une ou plusieurs
 
fois et que je lui résiste toujours, jusqu'à ce que je la chasse entièrement. Cette seconde
 
manière est d'un plus grand mérite que la première.
 
 
 
35 ‹ On pèche véniellement, quand la pensée de pécher mortellement s'offrant à l'esprit, on
 
lui prête l'oreille en s'y arrêtant quelques instants, ou lorsqu'on en reçoit quelque délectation
 
sensuelle, ou lorsqu'on apporte quelque négligence à rejeter cette pensée.
 
 
 
36 ‹ On pèche mortellement en deux manières :
 
la première, lorsque l'on consent à la mauvaise pensée, avec l'intention de commettre
 
ensuite le péché dont la pensée se présente, ou avec le désir de le commettre, si on le
 
pouvait ;
 
 
 
37 ‹ La seconde, quand on commet extérieurement ce péché.
 
Or, le péché d'action est plus grave que le péché de pensée pour trois raisons :
 
premièrement, à cause de la durée qui est plus longue ; secondement à cause de l'affection
 
désordonnée qui est plus forte ; troisièmement à cause du dommage qui est plus grand pour
 
les deux personnes.
 
 
 
II. ‹ De la parole :
 
 
 
38 ‹ On ne doit jurer ni par le Créateur ni par la créature qu'avec vérité, respect et nécessité.
 
Il n'y a point nécessité d'affirmer avec serment toute vérité, mais celle-là seulement dont il
 
doit résulter un avantage de quelque importance pour l'âme, pour le corps ou pour les biens
 
temporels. On jure avec respect quand, en prononçant le nom de Dieu, Créateur et Seigneur
 
de toutes choses, on se rappelle l'honneur et le respect qui lui sont dus.
 
 
 
39 ‹ Encore que dans le jurement fait en vain le péché soit plus grave quand on jure par le
 
Créateur que quand on jure par la créature, il faut cependant remarquer qu'il est plus
 
difficile de jurer avec les conditions requises, c'est-à-dire avec vérité, nécessité et respect,
 
par la créature que par le Créateur, pour les raisons suivantes :
 
 
 
Premièrement. ‹ Lorsque nous voulons jurer par quelque créature, la pensée de nommer la
 
créature ne nous rend pas aussi attentifs ni aussi circonspects pour dire la vérité, ou pour
 
l'affirmer avec nécessité, que la pensée de nommer le Seigneur et Créateur de toutes choses.
 
Secondement. ‹ Il n'est pas aussi facile de rendre au Créateur un témoignage de vénération et
 
de respect en jurant par la créature, qu'en jurant par le Créateur et Seigneur lui-même et en
 
prononçant son saint Nom. En effet, la pensée de nommer Dieu, notre Seigneur, inspire par
 
elle-même plus de vénération et de respect que la pensée de nommer un objet créé. Il suit de
 
là qu'il est plus permis aux hommes parfaits qu'à ceux qui sont imparfaits de jurer par la
 
créature, parce que les premiers, éclairés par la lumière qu'ils reçoivent dans la
 
contemplation assidue des choses divines, peuvent plus facilement que les seconds méditer
 
et contempler que Dieu, notre Seigneur, est dans toutes les créatures par son essence, par sa
 
présence et par sa puissance ; et ainsi, en jurant par la créature, ils sont plus aptes et plus
 
disposés à rendre un témoignage de vénération et de respect à leur Créateur et Seigneur.
 
Troisièmement. ‹ En jurant fréquemment par les objets créés, les imparfaits sont plus
 
exposés à l'idolâtrie que les parfaits.
 
 
 
40 ‹ Il ne faut dire aucune parole oiseuse.
 
J'entends par parole oiseuse celle qui n'est utile ni à nous-mêmes ni au prochain, ou qui
 
n'est point dirigée à cette fin. Toutes les fois donc qu'il doit résulter, ou que nous avons
 
intention qu'il résulte de nos discours un avantage pour notre âme ou pour celle du
 
prochain, pour notre corps ou pour nos biens temporels, ce n'est point une parole oiseuse,
 
quand même nous parlerions de choses étrangères à notre profession : comme si, étant
 
religieux, nous parlions de guerre ou de commerce. Mais, en général, toute parole dite avec
 
une intention louable est méritoire et toute parole proférée avec une intention coupable, ou
 
seulement sans motif raisonnable, est un péché.
 
 
 
41 ‹ Gardez-vous de la détraction et des murmures.
 
Manifester un péché mortel qui n'est pas encore public, c'est un péché mortel ; si le péché
 
que vous révélez est véniel, vous commettez un péché véniel ; et si vous parlez des défauts
 
d'autrui, vous découvrez votre propre défaut.
 
 
 
Mais, supposé que vous ayez une intention droite, vous pouvez parler en deux circonstances
 
des péchés ou des fautes de votre prochain : premièrement, quand le péché est connu
 
publiquement, par exemple lorsqu'il s'agit d'une personne de mauvaise vie, ou d'une
 
sentence portée par un tribunal, ou d'une erreur publique qui empoisonne les âmes de ceux
 
parmi lesquels elle se propage ; secondement, quand le péché est secret et que vous le
 
révélez à une personne dans l'intention qu'elle aide celui qui l'a commis à sortir de son
 
mauvais état, pourvu toutefois que vous ayez des raisons suffisantes de penser qu'elle
 
pourra lui être utile.
 
 
 
III. ‹ De l'action :
 
 
 
42 ‹ On doit s'examiner sur les commandements de Dieu et de l'Eglise et sur les ordres de
 
ses supérieurs. Tout ce qui se fait contre quelqu'une de ces trois parties de nos obligations,
 
selon son importance plus ou moins grande, est un péché plus ou moins grave.
 
 
 
J'entends par ordres des supérieurs tout ce qui est revêtu de leur autorité, comme sont les
 
diplômes accordés par les souverains pontifes, dans l'intention d'obtenir de Dieu le triomphe
 
de l'Eglise sur les infidèles et la concorde entre les princes chrétiens, et autres concessions
 
d'indulgences attachées à l'accomplissement de certaines oeuvres, et surtout à la confession de
 
ses péchés et à la sainte communion. Car ce n'est pas un péché léger d'être cause que les
 
autres méprisent, ou de mépriser soi-même ces règlements et ces recommandations si
 
saintes de nos premiers pasteurs.
 
 
 
Manière de faire l'Examen général :
 
 
 
Il renferme cinq points :
 
 
 
43 ‹ Le premier point est de rendre grâces à Dieu, notre Seigneur, des bienfaits que nous
 
avons reçus.
 
 
 
Le deuxième, de demander la grâce de connaître nos péchés et de les bannir de notre coeur.
 
 
 
Le troisième, de demander à notre âme un compte exact de notre conduite depuis l'heure du
 
lever jusqu'au moment de l'examen, en parcourant successivement les heures de la journée,
 
ou certains espaces de temps déterminés par l'ordre de nos actions. On s'examinera
 
premièrement sur les pensées, puis sur les paroles, puis sur les actions selon l'ordre indiqué
 
dans l'examen particulier (25).
 
 
 
Le quatrième, de demander pardon de nos fautes à Dieu, notre Seigneur.
 
 
 
Le cinquième, de former la résolution de nous corriger avec le secours de sa grâce.
 
 
 
Terminer par l'Oraison dominicale.
 
 
 
Confession générale et Communion :
 
 
 
44 ‹ Celui qui voudrait, sans y être obligé, faire une confession générale, y trouvera pendant
 
les Exercices trois avantages entre beaucoup d'autres.
 
 
 
Premièrement. ‹ Il est certain que celui qui se confesse tous les ans avec les dispositions
 
requises n'est pas tenu à faire une confession générale dans le temps des Exercices ;
 
cependant, en la faisant, il retirera un plus grand profit et un plus grand mérite spirituels, à
 
cause de la douleur actuelle plus vive de tous les péchés et de tous les dérèglements de sa
 
vie.
 
 
 
Secondement. ‹ Durant le temps des Exercices, on acquiert de ses péchés et de leur malice
 
une connaissance plus intime que dans tout autre temps où l'on s'adonnait moins
 
sérieusement aux choses intérieures. Or, en obtenant alors cette connaissance plus claire et
 
une douleur plus grande, l'âme retirera plus de profit spirituel et de mérite qu'elle n'eût pu le
 
faire auparavant.
 
 
 
Troisièmement. ‹ Le retraitant, ayant apporté au tribunal de la pénitence des dispositions
 
plus parfaites, recevra par conséquent avec plus de fruit le très saint Sacrement de l'autel,
 
qui l'aidera non seulement à ne point retomber dans le péché, mais encore à conserver et à
 
augmenter la grâce qu'il a reçue.
 
 
 
Le temps le plus convenable pour faire la confession générale est immédiatement après les
 
exercices de la première Semaine.
 
 
 
Premier exercice :
 
 
 
45 ‹ Le premier exercice est la méditation selon les trois puissances de l'âme, sur le premier,
 
le second et le troisième péché. Il renferme, après l'oraison préparatoire et les deux préludes,
 
trois points principaux et un colloque.
 
 
 
46 ‹ L'oraison préparatoire consiste à demander à Dieu, notre Seigneur, que toutes mes
 
intentions, toutes mes actions et toutes mes opérations soient dirigées uniquement au
 
service et à la louange de sa divine Majesté.
 
 
 
47 ‹ Le premier prélude est la composition de lieu.
 
Il faut remarquer ici que si le sujet de la contemplation ou de la méditation est une chose
 
visible, comme dans la contemplation des mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ, ce
 
prélude consistera à me représenter, à l'aide de l'imagination, le lieu matériel où se trouve
 
l'objet que je veux contempler : par exemple le temple, la montagne où est Jésus-Christ, ou
 
Notre-Dame, selon le mystère que je choisis pour ma contemplation.
 
 
 
Si le sujet de la méditation est une chose invisible, comme sont ici les péchés, la
 
composition de lieu sera de voir des yeux de l'imagination et de considérer mon âme
 
emprisonnée dans ce corps mortel et moi-même, c'est-à-dire mon corps et mon âme, dans
 
cette vallée de larmes, comme exilé parmi les animaux privés de raison.
 
 
 
48 ‹ Le second prélude consiste à demander à Dieu notre Seigneur ce que je veux et ce que
 
je désire.
 
 
 
Cette demande doit être conforme au sujet de la méditation. Dans la contemplation de la
 
Résurrection, par exemple, je demanderai la grâce de participer à la joie ineffable de
 
Jésus-Christ glorieux ; dans celle de la Passion, je demanderai la douleur, les larmes, les
 
souffrances, avec Jésus-Christ dans les tourments.
 
 
 
Dans la méditation présente, je dois demander la honte et la confusion de moi-même, en
 
considérant combien est grand le nombre de ceux qui sont en enfer pour un seul péché
 
mortel et combien de fois j'ai mérité d'être damné éternellement pour mes péchés sans
 
nombre.
 
 
 
49 ‹ Avant chaque contemplation ou méditation, on doit faire exactement l'oraison
 
préparatoire, qui est toujours la même, et les deux préludes qui varient de fois à autre selon
 
le sujet.
 
 
 
50 ‹ Le premier point sera d'exercer la mémoire, en me rappelant le premier péché qui fut
 
celui des anges ; puis l'entendement, en réfléchissant sur le même péché ; puis enfin la
 
volonté, en m'efforçant de me rappeler et de comprendre vivement cette première rébellion
 
et ses suites, afin de me causer plus de honte et de confusion, en mettant mes péchés
 
innombrables en comparaison avec le péché unique des anges. Pour un seul péché ils ont été
 
précipités en enfer ; combien de fois l'ai-je mérité moi-même pour tous ceux que j'ai
 
commis ?
 
 
 
Cet exercice de la mémoire sur le péché des anges consiste donc à se remettre dans la pensée
 
comment ils furent créés dans l'état d'innocence ; comment ils refusèrent de se servir de leur
 
liberté pour rendre à leur Créateur et Seigneur l'hommage et l'obéissance qui lui étaient dus
 
; comment, l'orgueil venant à s'emparer de leur esprit, ils passèrent de l'état de grâce à un
 
état de malice, et furent précipités du ciel en enfer. Ensuite, l'entendement s'appliquera à
 
réfléchir plus en détail sur le même sujet ; et surtout, la volonté devra exciter en elle des
 
affections en conséquence.
 
 
 
51 ‹ Le second point sera d'exercer, comme dans le premier, les trois puissances de l'âme sur
 
le second péché, qui fut celui d'Adam et d'Eve, me rappelant à la mémoire comment, pour
 
ce péché, ils firent une si longue pénitence et quelle corruption il causa dans tout le genre
 
humain, tant de millions d'hommes se précipitant depuis ce moment dans les enfers !
 
 
 
Cet exercice de la mémoire sur le péché de nos premiers parents consiste donc à se rappeler
 
comment Adam ayant été créé dans la terre de Damas et placé dans le paradis terrestre, et
 
Eve formée d'une de ses côtes, Dieu leur défendit de manger du fruit de l'arbre de la science
 
; comment, en ayant mangé et s'étant ainsi rendus coupables, ils furent couverts de tuniques
 
de peau et chassés du paradis terrestre ; comment enfin, privés de la justice originelle qu'ils
 
avaient perdue, ils passèrent toute leur vie dans de pénibles travaux et dans un continuel
 
repentir. On réfléchira ensuite par le moyen de l'entendement, et l'on s'efforcera d'exercer la
 
volonté, comme il a été dit dans le premier point.
 
 
 
52 ‹ Le troisième point sera de méditer de la même manière sur le troisième péché, le péché
 
particulier d'un homme quelconque tombé en enfer pour ce seul péché mortel, considérant
 
que des âmes sans nombre sont maintenant damnées pour des péchés moins multipliés que
 
les miens.
 
 
 
Il faudra donc d'abord appliquer la mémoire à ce troisième péché particulier et se
 
représenter la gravité et la malice du péché commis par l'homme contre son Créateur et
 
Seigneur ; puis se convaincre, par le moyen de l'entendement, qu'ayant péché et s'étant
 
révolté contre la Bonté infinie, cet homme a justement été condamné pour toujours. Enfin
 
on terminera par les actes de la volonté, comme il a été dit plus haut.
 
 
 
53 ‹ Colloque. ‹ Me représentant Notre Seigneur Jésus-Christ en croix devant moi, je lui
 
demanderai dans un colloque comment, étant le Créateur de toutes choses, il en est venu
 
jusqu'à se faire homme ; comment, possédant la vie éternelle, il a daigné accepter une mort
 
temporelle et la subir réellement pour mes péchés.
 
 
 
Puis, me considérant moi-même, je me demanderai ce que j'ai fait pour Jésus-Christ, ce que
 
je fais pour Jésus-Christ, ce que je dois faire pour Jésus-Christ. Et, le voyant ainsi attaché à
 
la croix, je ferai les réflexions qui se présenteront à moi.
 
 
 
54 ‹ Le colloque est, à proprement parler, l'entretien d'un ami avec son ami, ou d'un esclave
 
avec son seigneur. Tantôt il lui demande quelque grâce, tantôt il s'accuse d'une mauvaise
 
action ; il lui communique ses propres affaires, il lui demande conseil.
 
Réciter en finissant : Notre Père, etc.
 
 
 
Deuxième exercice :
 
 
 
Le deuxième exercice est la méditation sur ses propres péchés. Il renferme, outre l'oraison
 
préparatoire et les deux préludes, cinq points et un colloque.
 
 
 
55 ‹ L'oraison préparatoire sera la même (46).
 
Le premier prélude sera la même composition de lieu.
 
Le second prélude consiste à demander ce que l'on veut obtenir. Dans cette méditation, je
 
demanderai une douleur intense et profonde et des larmes pour pleurer mes péchés.
 
 
 
56 ‹ Le premier point est comme une revue générale. Je tâcherai donc de me souvenir de
 
tous les péchés de ma vie, la repassant tout entière d'année en année, ou d'époque en époque.
 
Pour cela, il me sera très utile de me rappeler trois choses : premièrement, les lieux que j'ai
 
habités ; secondement, les relations que j'ai eues avec d'autres personnes ; troisièmement, les
 
emplois que j'ai exercés.
 
 
 
57 ‹ Dans le second point, je pèserai mes péchés : c'est-à-dire que je considérerai la laideur
 
et la malice intrinsèque de chaque péché mortel, supposé même qu'il ne soit pas défendu.
 
 
 
58 ‹ Dans le troisième, je considérerai qui je suis, en m'efforçant par diverses comparaisons
 
de paraître de plus en plus petit à mes yeux. Premièrement, que suis-je en comparaison de
 
tous les hommes ? Deuxièmement, que sont tous les hommes en comparaison de tous les
 
Anges et de tous les Saints du paradis ? Troisièmement, que sont toutes les créatures en
 
comparaison de Dieu ? Donc moi seul, enfin, que puis-je être ? Quatrièmement, je
 
considérerai toute la corruption et toute l'infection de mon corps. Cinquièmement, je me
 
regarderai comme un ulcère et un abcès d'où sont sortis tant de péchés, tant de crimes et tant
 
de souillures honteuses.
 
 
 
59 ‹ Dans le quatrième point, je m'appliquerai à connaître Dieu que j'ai offensé. Je m'aiderai
 
de la considération de ses attributs, que je comparerai aux défauts contraires qui sont en
 
moi : sa sagesse à mon ignorance, sa toute-puissance à ma faiblesse, sa justice à mon
 
iniquité, sa bonté à ma malice.
 
 
 
60 ‹ Le cinquième point sera le cri d'étonnement d'une âme profondément émue. Je
 
parcourrai toutes les créatures, leur demandant comment elles m'ont laissé la vie, comment
 
elles ont concouru à me la conserver.
 
 
 
Je demanderai aux Anges, qui sont le glaive de la justice divine, comment ils m'ont souffert
 
et gardé, comment ils ont même prié pour moi ; aux Saints, comment ils ont aussi intercédé
 
et prié pour moi. Je m'étonnerai que les cieux, le soleil, la lune, les étoiles et les éléments,
 
les fruits de la terre, les oiseaux, les poissons et les animaux, que toutes les créatures aient
 
continué à me servir et ne se soient point élevées contre moi ; que la terre ne se soit pas
 
entrouverte pour m'engloutir, creusant de nouveaux enfers où je devais brûler
 
éternellement.
 
 
 
61 ‹ Je terminerai par un colloque, dans lequel j'exalterai la miséricorde de mon Dieu ; je
 
lui rendrai grâces de m'avoir conservé la vie jusqu'à ce moment, et je prendrai la résolution
 
de me corriger avec le secours de sa grâce. Notre Père, etc.
 
 
 
Troisième exercice :
 
 
 
Le troisième exercice est la répétition du premier et du deuxième, terminée par trois
 
colloques.
 
 
 
62 ‹ Après l'oraison préparatoire et les deux préludes, je répéterai le premier exercice et le
 
deuxième, faisant une attention spéciale aux endroits qui m'auront fait éprouver plus de
 
consolation ou de désolation et que j'aurai médités avec plus de goût spirituel, m'y arrêtant
 
quelque temps. Je ferai ensuite les trois colloques de la manière suivante :
 
 
 
63 ‹ Le premier à Notre-Dame pour qu'elle m'obtienne de son Fils et Seigneur trois grâces :
 
la première, de connaître d'une connaissance intime mes péchés et d'en concevoir de
 
l'horreur ;
 
 
 
la deuxième, de sentir le désordre de mes actions, afin que, le détestant, je me corrige et je
 
règle ma conduite ;
 
 
 
la troisième, de connaître le monde, afin que l'ayant en horreur, je m'éloigne de tout ce qui
 
est vain et périssable.
 
 
 
Terminer ce premier colloque par la Salutation angélique.
 
 
 
Le second au Fils, lui demandant les mêmes grâces et le priant de me les obtenir de son Père
 
céleste.
 
 
 
Terminer par la prière : Ame de Jésus-Christ (p. 22).
 
 
 
Le troisième à Dieu le Père, lui demandant toujours les mêmes grâces et le suppliant de me
 
les accorder lui-même, lui qui est le Seigneur éternel de toutes choses.
 
 
 
Je réciterai l'Oraison dominicale.
 
 
 
Quatrième exercice :
 
 
 
Le quatrième exercice est un résumé du troisième.
 
 
 
64 ‹ Je dis un résumé, dans lequel l'entendement, sans s'égarer, réfléchit attentivement, en se
 
rappelant les vérités qu'il a contemplées dans les exercices précédents. On terminera en
 
faisant les trois mêmes colloques.
 
 
 
Cinquième exercice :
 
 
 
Le cinquième exercice est la méditation de l'enfer.
 
Il renferme, outre l'oraison préparatoire et les deux préludes, cinq points et un colloque.
 
 
 
65 ‹ L'oraison préparatoire, comme à l'ordinaire.
 
Le premier prélude est la composition de lieu, qui consiste, dans cette méditation, à voir des
 
yeux de l'imagination la longueur, la largeur et la profondeur de l'enfer.
 
 
 
Le second est la demande de la grâce que l'on veut obtenir. Ici je demanderai le sentiment
 
intérieur des peines que souffrent les damnés, afin que, si mes fautes me faisaient jamais
 
oublier l'amour du Seigneur éternel, du moins la crainte des peines m'aidât à ne point
 
tomber dans le péché.
 
 
 
66 ‹ Dans le premier point, je verrai des yeux de l'imagination ces feux immenses et les
 
âmes des réprouvés comme enfermées dans des corps de feu.
 
 
 
67 ‹ Dans le deuxième, j'entendrai, à l'aide de l'imagination, les gémissements, les cris, les
 
clameurs, les blasphèmes contre Jésus-Christ, Notre Seigneur et contre tous les Saints.
 
 
 
68 ‹ Dans le troisième, je me figurerai que je respire la fumée, le soufre, l'odeur d'une
 
sentine et de matières en putréfaction.
 
 
 
69 ‹ Dans le quatrième, je m'imaginerai goûter intérieurement des choses amères, comme
 
les larmes, la tristesse, le ver de la conscience.
 
 
 
70 ‹ Dans le cinquième, je toucherai ces flammes vengeresses, m'efforçant de comprendre
 
vivement comment elles environnent et brûlent les âmes des réprouvés.
 
 
 
71 ‹ Faisant un colloque avec Jésus-Christ Notre Seigneur, je me rappellerai combien
 
d'âmes sont en enfer, les unes parce qu'elles n'ont pas cru à la venue du Sauveur, les autres
 
parce qu'en y croyant elles n'ont pas agi selon ses commandements ; partageant ces âmes en
 
trois classes : la première, celles qui se sont perdues avant sa venue ; la deuxième, pendant
 
sa vie ; la troisième, après sa vie en ce monde.
 
 
 
Je lui rendrai grâces de ne m'avoir laissé tomber par la mort dans aucune de ces classes ; me
 
rappelant, au contraire, comment j'ai toujours été jusqu'ici l'objet de sa grande compassion
 
et de sa grande miséricorde.
 
 
 
Je terminerai en récitant l'Oraison dominicale.
 
 
 
72 ‹ Le premier exercice se fera au milieu de la nuit ; le deuxième, le matin, aussitôt après le
 
lever ; le troisième, avant ou après la Messe, mais toujours avant le dîner ; le quatrième, à
 
l'heure de vêpres ; le cinquième, une heure avant le souper.
 
 
 
Ce règlement, tel ou à peu près tel que nous venons de l'indiquer, est le même pour les
 
quatre semaines, autant que l'âge, la disposition et les forces de la personne qui fait les
 
Exercices lui permettront d'en faire cinq, ou l'obligeront d'en diminuer le nombre.
 
 
 
Additions à observer pour mieux faire les Exercices et trouver plus sûrement ce que l'on désire :
 
 
 
73 ‹ Première addition. ‹ Après m'être couché, et avant de m'endormir, je penserai à l'heure
 
à laquelle je dois me lever, et pour quelle fin, et je résumerai pendant l'espace d'un Ave
 
Maria l'exercice que je dois faire.
 
 
 
74 ‹ Deuxième addition. ‹ Lorsque je me réveillerai, j'éloignerai de mon esprit toute autre
 
pensée, pour m'occuper de suite du sujet que je dois méditer dans le premier exercice, qui se
 
fait au milieu de la nuit, m'excitant à la confusion de mes péchés, si grands et si nombreux ;
 
je me proposerai quelques comparaisons, par exemple celle d'un gentilhomme qui se
 
trouverait devant son roi et devant toute sa cour, honteux et confus d'avoir grandement
 
offensé celui dont il a d'abord reçu de nombreux bienfaits et des faveurs signalées.
 
 
 
De même, dans le second exercice, je me regarderai comme un grand pécheur, enchaîné, et
 
sur le point de comparaître devant le Juge suprême et éternel, m'aidant de la comparaison
 
d'un criminel digne de mort, que l'on conduit chargé de fers devant son juge temporel.
 
Et, dans ces pensées ou d'autres semblables, selon la matière de l'exercice, je prendrai mes
 
vêtements.
 
 
 
75 ‹ Troisième addition. ‹ Avant de commencer, je me tiendrai debout le temps de réciter
 
l'Oraison dominicale, à un ou deux pas de l'endroit où je dois méditer, l'esprit élevé vers le
 
ciel, et considérant comment Dieu, notre Seigneur, me regarde ; puis je me prosternerai en
 
m'humiliant devant lui.
 
 
 
76 ‹ Quatrième addition. ‹ Je commencerai ma contemplation, tantôt à genoux, tantôt
 
prosterné, tantôt étendu sur la terre, le visage vers le ciel, tantôt assis, tantôt debout ;
 
cherchant toujours à trouver ce que je désire.
 
 
 
Et en cela j'observerai deux choses : premièrement, si je trouve ce que je désire à genoux ou
 
prosterné, je ne chercherai pas une autre position ; secondement, si j'éprouve dans un point
 
de la méditation les sentiments que je voulais exciter en moi, je m'y arrêterai et m'y
 
reposerai sans me mettre en peine de passer outre, jusqu'à ce que mon âme soit pleinement
 
satisfaite.
 
 
 
77 ‹ Cinquième addition. ‹ L'exercice terminé, assis ou en me promenant, j'examinerai
 
pendant un quart d'heure quel en a été le succès : s'il n'a pas été heureux, j'en rechercherai
 
attentivement la cause et, l'ayant découverte, je m'exciterai au repentir, afin de me corriger
 
dans la suite ; s'il a été heureux, j'en rendrai grâces à Dieu, notre Seigneur, et me conduirai
 
une autre fois de la même manière.
 
 
 
78 ‹ Sixième addition. ‹ Je ne m'arrêterai volontairement à aucune pensée capable de me
 
causer du contentement ou de la joie, comme serait le souvenir du ciel ou de la résurrection
 
: car toute considération de cette nature m'empêcherait de ressentir de la peine et de la
 
douleur, et de verser des larmes sur mes péchés. Je tâcherai, au contraire, de conserver
 
toujours le désir d'éprouver de la douleur et du repentir, me rappelant plutôt à la mémoire la
 
mort et le jugement.
 
 
 
79 ‹ Septième addition. ‹ Pour la même raison, je me priverai entièrement de jour, fermant
 
les fenêtres et les portes de l'appartement que j'occupe, tout le temps où je m'y trouverai,
 
excepté lorsque je devrai réciter l'Office divin, lire et prendre mon repas.
 
 
 
80 ‹ Huitième addition. ‹ Je m'abstiendrai de rire et de proférer aucune parole qui puisse
 
porter à rire.
 
 
 
81 ‹ Neuvième addition. ‹ Je veillerai sur mes yeux et ne les lèverai sur personne, excepté
 
lorsqu'il me faudra parler à quelqu'un, en l'abordant ou en le quittant.
 
 
 
82 ‹ Dixième addition. ‹ La dixième addition regarde la pénitence, qui se divise en intérieure
 
et extérieure.
 
 
 
La pénitence intérieure consiste dans la douleur de ses péchés, accompagnée d'un ferme
 
propos de ne plus retomber dans ces mêmes péchés ni dans aucun autre.
 
 
 
La pénitence extérieure est un fruit de la première et consiste à se punir de ses fautes passées
 
; ce qui peut surtout se pratiquer en trois manières.
 
 
 
83 ‹ Premièrement, à l'égard de la nourriture. Sur quoi il faut remarquer que le
 
retranchement du superflu n'est pas pénitence, mais tempérance. Il n'y a pénitence que
 
lorsqu'on retranche quelque chose de ce que l'on pourrait prendre convenablement ; et dans
 
ce sens, plus nous parvenons à retrancher, plus la pénitence est grande et louable, pourvu
 
qu'elle n'aille pas jusqu'à ruiner les forces et qu'elle n'altère pas notablement la santé.
 
 
 
84 ‹ Deuxièmement, à l'égard du sommeil. Pour la manière de le prendre, remarquez encore
 
que ce n'est pas pénitence de retrancher ce qui ne servirait qu'à flatter notre délicatesse et
 
notre sensualité. Il n'y a pénitence que dans la privation d'une partie des objets dont nous
 
pourrions convenablement user ; et, dans ce sens, plus on parviendra à retrancher, mieux on
 
fera, pourvu qu'on n'altère point considérablement sa santé et qu'il ne s'ensuive pas une
 
infirmité notable. Quant au temps à donner au sommeil, il ne faut ordinairement rien
 
retrancher de ce qui est convenable, à moins qu'il ne s'agisse de corriger l'habitude vicieuse
 
de dormir trop et d'arriver à une juste mesure.
 
 
 
85 ‹ Troisièmement, à l'égard du corps. Elle consiste à lui faire souffrir une douleur
 
sensible en portant des cilices, des cordes, des chaînes de fer sur la chair ; en prenant des
 
disciplines, ou en se faisant des plaies et en pratiquant d'autres genres d'austérités.
 
 
 
86 ‹ Ce qui paraît le plus convenable et le moins dangereux en ce point, c'est que la douleur
 
ne soit sensible que dans la chair, et qu'elle ne pénètre pas jusqu'aux os : de sorte que la
 
pénitence cause de la douleur et non quelque infirmité. Aussi semble-t-il à propos de faire
 
usage de disciplines faites de petites cordes qui causent extérieurement de la douleur, plutôt
 
que d'employer un instrument qui puisse causer une infirmité notable.
 
 
 
87 ‹ Première remarque. ‹ Les pénitences extérieures se pratiquent principalement pour trois
 
fins :
 
 
 
la première pour la satisfaction des péchés que l'on a commis ;
 
 
 
la seconde, pour se vaincre soi-même, c'est-à-dire pour obliger la sensualité à obéir à la
 
raison, et la partie inférieure de l'âme à se soumettre, autant qu'il est possible, à la partie
 
supérieure ;
 
 
 
la troisième, pour obtenir de Dieu quelque grâce particulière que l'on désire, par exemple,
 
celle de ressentir intérieurement une vive douleur de ses péchés, de les pleurer amèrement,
 
ou de verser des larmes sur les douleurs et les souffrances que Notre Seigneur Jésus-Christ
 
endura dans sa passion, ou enfin la solution de quelque doute.
 
 
 
88 ‹ Deuxième remarque. ‹ La première et la deuxième addition ne regardent que les
 
exercices de la nuit et de l'aurore, et non ceux qui se font en d'autres temps. La quatrième
 
addition ne s'observera jamais dans l'église ou en présence d'autres personnes, mais
 
uniquement quand on est seul dans sa chambre ou ailleurs.
 
 
 
89 ‹ Troisième remarque. ‹ Quand celui qui fait les Exercices n'obtient pas ce qu'il désire,
 
comme des larmes, des consolations, etc., il est souvent avantageux qu'il fasse quelque
 
changement dans la nourriture, dans le coucher, ou dans le sommeil, et dans les autres
 
manières de faire pénitence ; qu'il modifie sa conduite, pratiquant des mortifications deux
 
ou trois jours de suite, et les suspendant les deux ou trois jours suivants. Car quelques-uns
 
ont besoin de faire plus de pénitences, et d'autres moins ; et aussi parce que souvent nous
 
omettons les pratiques extérieures de pénitence par amour des sens, et par un jugement
 
erroné qui nous fait croire faussement que nous ne pourrons les supporter sans causer à
 
notre santé un tort considérable. Quelquefois, au contraire, nous faisons trop, ne consultant
 
pas assez nos forces ; et, comme Dieu, notre Seigneur, connaît infiniment mieux notre
 
nature que nous ne la connaissons nous-mêmes, il daigne souvent, tandis que nous alternons
 
de la sorte, nous faire connaître clairement ce qui nous est convenable.
 
 
 
90 ‹ Quatrième remarque. ‹ On se proposera, dans l'examen particulier (24-31), de corriger
 
les défauts et les négligences commises, soit dans les exercices, soit dans l'observation des
 
additions. La matière de cet examen sera la même dans la seconde, la troisième et la
 
quatrième Semaine.
 
 
 
SECONDE SEMAINE
 
 
 
Considération :
 
 
 
L'appel d'un roi temporel pour aider à contempler la vie du Roi éternel.
 
 
 
91 ‹ L'oraison préparatoire est la même qu'à l'ordinaire (46).
 
 
 
Le premier prélude est la composition de lieu. Il consistera ici à voir, des yeux de
 
l'imagination, les synagogues, les bourgs et les villages que parcourait Notre Seigneur
 
Jésus-Christ en annonçant son Evangile.
 
 
 
Le second prélude consiste à demander la grâce que je veux obtenir. Ce sera ici de demander
 
à Notre Seigneur la grâce de n'être pas sourd à son appel, mais prompt et diligent à
 
accomplir sa très sainte volonté.
 
 
 
Première partie :
 
 
 
92 ‹ Premier point. ‹ Je me représenterai un roi que la main de Dieu a choisi, et à qui tous
 
les princes et tous les peuples chrétiens rendent respect et obéissance.
 
 
 
93 ‹ Second point. ‹ Je m'imaginerai entendre ce même roi parlant à tous ses sujets, et leur
 
disant : « Ma volonté est de conquérir tout le pays des infidèles. Que celui qui voudra me
 
suivre se contente de la même nourriture, de la même boisson, des mêmes vêtements que
 
moi. Qu'il travaille durant le jour, qu'il veille pendant la nuit, comme moi, afin de partager
 
un jour avec moi, selon la mesure de ses travaux, les fruits de la victoire. »
 
 
 
94 ‹ Troisième point. ‹ Je considérerai ce que devraient répondre de fidèles sujets à un roi si
 
généreux et si bon, et combien celui qui n'accepterait pas de telles offres serait digne du
 
mépris de tout le monde, et mériterait de passer pour le plus lâche des hommes.
 
 
 
Seconde partie :
 
 
 
95 ‹ La seconde partie de cet exercice consiste à appliquer à Jésus-Christ, notre Seigneur,
 
les trois points de la parabole précédente.
 
Et quant au premier point, si l'appel d'un roi de la terre à ses sujets fait impression sur nos
 
coeurs, combien plus vivement ne devons-nous pas être touchés de voir Jésus-Christ, notre
 
Seigneur, Roi éternel, et devant lui le monde entier, et chaque homme en particulier, qu'il
 
appelle en disant : « Ma volonté est de conquérir le monde entier, de soumettre tous mes
 
ennemis, et d'entrer ainsi dans la gloire de mon Père. Que celui qui veut venir avec moi
 
travaille avec moi ; qu'il me suive dans les fatigues, afin de me suivre aussi dans la gloire. »
 
 
 
96 ‹ Je considérerai, dans le second point, que tout homme qui fait usage de son jugement et
 
de sa raison ne peut pas balancer à s'offrir généreusement à tous les sacrifices et à tous les
 
travaux.
 
 
 
97 ‹ Je considérerai, dans le troisième point, que tous ceux qui voudront s'attacher plus
 
étroitement à Jésus-Christ, et se signaler au service de leur Roi éternel et Seigneur
 
universel, ne se contenteront pas de s'offrir à partager ses travaux ; mais, agissant contre leur
 
propre sensualité, contre l'amour de la chair et du monde, ils lui feront encore des offres
 
d'une plus haute importance et d'un plus grand prix, en disant :
 
 
 
98 ‹ « Roi éternel et souverain Seigneur de toutes choses, je viens vous présenter mon
 
offrande : aidé du secours de votre grâce, en présence de votre infinie bonté, sous les yeux
 
de votre glorieuse Mère et de tous les Saints et Saintes de la cour céleste, je proteste que je
 
désire, que je veux, et que c'est de ma part une détermination arrêtée, pourvu que tels soient
 
votre plus grand service et votre plus grande gloire, vous imiter en supportant les injures,
 
les opprobres, la pauvreté d'esprit et de coeur, et même la pauvreté réelle, si votre très sainte
 
Majesté veut me choisir et m'admettre à cet état de vie. »
 
 
 
99 ‹ On fera cet exercice deux fois dans la journée : le matin, en se levant, et une heure
 
avant le dîner ou le souper.
 
 
 
100 ‹ Pendant la seconde semaine et les suivantes, il sera très utile de lire de temps en temps
 
quelques passages de l'Imitation de Jésus-Christ, des Evangiles et de la vie des Saints.
 
 
 
Premier jour :
 
 
 
Première contemplation :
 
 
 
101‹ La première contemplation est celle de l'Incarnation :
 
elle renferme l'oraison préparatoire, trois préludes, trois points et un colloque.
 
L'oraison préparatoire ordinaire.
 
 
 
102 ‹ Le premier prélude consiste à se rappeler l'histoire du mystère que l'on doit
 
contempler. Ici, je me rappellerai comment les trois Personnes divines, contemplant la
 
surface de la terre couverte d'hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent,
 
dans leur éternité, que la seconde Personne de l'auguste Trinité se fasse homme pour sauver
 
le genre humain ; et comment ce mystère s'accomplit, lorsque dans la plénitude des temps
 
l'archange Gabriel fut envoyé à Marie. (Voir les Mystères, 262)
 
 
 
103 ‹ Le second prélude est la composition de lieu. Ici, je me représenterai l'immense
 
étendue de la terre, peuplée de tant de nations diverses ; puis je considérerai en particulier la
 
maison et la chambre de Notre-Dame dans la ville de Nazareth, en Galilée.
 
 
 
104 ‹ Le troisième prélude est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans la
 
contemplation présente, je demanderai la connaissance intime du Seigneur qui s'est fait
 
homme pour moi, afin de l'aimer avec plus d'ardeur et de le suivre avec plus de fidélité.
 
 
 
105 ‹ Il faut remarquer que l'oraison préparatoire doit se faire cette Semaine et les suivantes
 
telle qu'elle se trouve au commencement du premier exercice de la première Semaine (46),
 
sans y rien changer. On fera de même les trois préludes, mais en les modifiant selon le sujet
 
que l'on médite.
 
 
 
106 ‹ Dans le premier point, je verrai successivement les personnes. Premièrement, les
 
hommes qui sont sur la terre, si divers de costumes et de visages : les uns blancs, les autres
 
noirs ; les uns en paix, les autres en guerre ; les uns pleurant, les autres riant ; les uns sains,
 
les autres malades ; les uns naissant et les autres mourant. Secondement, je verrai et je
 
considérerai les trois Personnes de la sainte Trinité, assises sur le trône royal de la divine
 
Majesté ; comme elles regardent tout cet univers et les nations plongées dans un
 
aveuglement profond, et comme elles voient les hommes mourir et descendre en enfer.
 
Troisièmement, je verrai Notre-Dame et l'Ange qui la salue.
 
 
 
Puis je réfléchirai, afin de tirer de l'utilité de cette considération.
 
 
 
107 ‹ Dans le second point, j'écouterai les paroles : premièrement, des hommes qui sont sur
 
la terre, comment ils parlent les uns avec les autres, comment ils jurent et blasphèment, etc. ;
 
secondement, des Personnes divines, disant : « Opérons la rédemption du genre humain,
 
etc. » ; troisièmement, de l'Ange et de Notre-Dame.
 
 
 
Et je réfléchirai sur ces discours pour en tirer du profit.
 
 
 
108 ‹ Dans le troisième point, je considérerai les actions : premièrement, des hommes qui
 
sont sur la terre ; ils s'attaquent, ils s'entre-tuent, ils tombent dans les enfers, etc. ;
 
secondement, des trois Personnes divines, qui opèrent la très sainte Incarnation, etc. ;
 
troisièmement, de l'Ange et de Notre-Dame : l'Ange s'acquitte de l'ambassade céleste, Marie
 
s'humilie et rend grâces à la divine Majesté.
 
 
 
Ensuite je réfléchirai pour tirer quelque utilité de chacune de ces circonstances.
 
 
 
109 ‹ Enfin, je ferai le colloque, en pensant à ce que je dois dire aux trois Personnes
 
divines, au Verbe éternel incarné, à la Mère du Verbe et Notre-Dame ; et, selon le sentiment
 
que j'éprouverai en moi-même, je demanderai tout ce qui peut m'aider à suivre de plus près
 
et à imiter plus fidèlement Notre Seigneur, comme s'il venait de s'incarner pour moi.
 
Je terminerai en récitant l'Oraison dominicale.
 
 
 
Seconde contemplation :
 
 
 
La seconde contemplation est la Nativité de Notre Seigneur.
 
 
 
110 ‹ L'oraison préparatoire ordinaire.
 
 
 
111 ‹ Le premier prélude est l'histoire du mystère. On se rappellera, dans la contemplation
 
présente, comment Notre-Dame, dans le neuvième mois de sa grossesse, partit de Nazareth,
 
assise, comme on peut pieusement le méditer, sur une ânesse, accompagnée de Joseph et
 
d'une servante qui mènent un boeuf. Ils vont à Bethléem payer le tribut imposé par César à
 
tous les habitants de cette province (264).
 
 
 
112 ‹ Le second prélude est la composition de lieu. Dans cette contemplation, je verrai des
 
yeux de l'imagination le chemin de Nazareth à Bethléem, considérant sa longueur, sa
 
largeur. Est-il sur des collines ? Je considérerai de même la grotte où naît le Sauveur.
 
Est-elle grande ou petite ? Est-elle haute ou basse ? Comment est-elle préparée ?
 
 
 
113 ‹ Le troisième prélude est entièrement le même que dans la contemplation précédente
 
(104).
 
 
 
114 ‹ Dans le premier point, je verrai les personnes : Notre-Dame, Joseph, la servante, et
 
l'Enfant Jésus lorsqu'il sera né. Je me tiendrai en leur présence comme un petit mendiant et
 
un petit esclave indigne de paraître devant eux. Je les considérerai, je les contemplerai, je les
 
servirai dans leurs besoins avec tout l'empressement et tout le respect dont je suis capable,
 
comme si je me trouvais présent. Ensuite je réfléchirai en moi-même pour tirer de là
 
quelque profit.
 
 
 
115 ‹ Dans le second point, j'observerai, je remarquerai et je contemplerai ce qu'ils disent ;
 
puis je réfléchirai en moi-même pour tirer quelque profit.
 
 
 
116 ‹ Dans le troisième point, je regarderai et je considérerai ce qu'ils font, comme ils ont
 
voyagé, comme ils souffrent, afin que le Seigneur de toutes choses naisse dans une extrême
 
pauvreté, et qu'après tant de travaux, après avoir enduré la faim, la soif, la chaleur, le froid,
 
les injures et les affronts, il meure sur la croix ; et tout cela pour moi. Et je réfléchirai pour
 
tirer quelque profit spirituel.
 
 
 
117 ‹ Je terminerai par un colloque, comme dans la contemplation précédente, et je réciterai
 
l'Oraison dominicale.
 
 
 
Troisième contemplation :
 
 
 
La troisième contemplation est la répétition du premier et du second exercice.
 
 
 
118 ‹ Après l'oraison préparatoire et les trois préludes, on fera la répétition du premier et du
 
second exercice, insistant toujours sur quelques passages principaux, dans la méditation
 
desquels on aura reçu plus de lumières, senti plus de consolation ou de désolation intérieure
 
; et on terminera de même par un colloque suivi de l'Oraison dominicale.
 
 
 
119 ‹ Dans cette répétition et dans les suivantes, on gardera la même méthode que dans
 
celles de la première Semaine (62), changeant la matière et conservant la forme.
 
quatrième contemplation
 
 
 
120 ‹ La quatrième contemplation sera encore une répétition du premier et du second
 
exercice, et se fera de la même manière que la précédente.
 
 
 
Cinquième contemplation :
 
 
 
La cinquième contemplation sera l'application des cinq sens à la première et à la seconde
 
contemplation.
 
 
 
121 ‹ Après l'oraison préparatoire et les trois préludes, il sera utile d'exercer les cinq sens de
 
l'imagination sur les mystères de la première et de la seconde contemplation, de la manière
 
suivante :
 
 
 
122 ‹ Dans le premier point, je verrai des yeux de l'imagination les personnes, méditant et
 
contemplant, dans le détail, les circonstances dans lesquelles elles se trouvent, et tâchant de
 
tirer de cette vue quelque profit.
 
 
 
123 ‹ Dans le second point, j'entendrai, à l'aide de l'imagination, ce qu'elles disent ou
 
peuvent dire, réfléchissant en moi-même pour en tirer quelque profit.
 
 
 
124 ‹ Dans le troisième, je m'imaginerai sentir, respirer et goûter la suavité et la douceur
 
infinies de la Divinité, de l'âme, de ses vertus et de tout le reste, selon la personne que je
 
contemple, réfléchissant en moi-même et m'efforçant d'en retirer de l'utilité.
 
 
 
125 ‹ Dans le quatrième, j'exercerai le sens du toucher, embrassant, par exemple, et baisant
 
les endroits où marchent, où reposent les personnes que je co
 
 
 
 
 
130 ‹ Quatrième remarque. ‹ Dans cette seconde semaine, on modifiera de la manière
 
suivante la deuxième, la septième et la dixième des additions de la première semaine.
 
 
 
Deuxième addition (74). ‹ Aussitôt que je serai réveillé, je me mettrai devant les yeux la
 
contemplation que je dois faire, excitant en moi un vif désir de connaître davantage le Verbe
 
incarné, pour le suivre de plus près et le servir avec plus de fidélité.
 
 
 
Sixième addition (78). ‹ Je rappellerai fréquemment à ma mémoire la vie et les mystères de
 
Jésus-Christ, Notre Seigneur, depuis son Incarnation jusqu'au mystère que je contemple
 
actuellement.
 
 
 
Septième addition (79). ‹ Je choisirai la lumière ou les ténèbres ; je profiterai de la sérénité
 
ou de l'obscurité du ciel, autant que j'espérerai en retirer de l'utilité pour trouver ce que je
 
désire.
 
 
 
Dixième addition (82-86). ‹ Celui qui fait les Exercices doit s'efforcer de se conformer à la
 
nature des mystères qu'il contemple ; car quelques-uns demandent des sentiments et des
 
oeuvres de pénitence, et d'autres ne les exigent pas. Enfin, on observera les dix additions avec
 
beaucoup de soin.
 
 
 
131 ‹ Cinquième remarque. ‹ Dans les Exercices autres que celui du milieu de la nuit et du
 
matin, on fera l'équivalent de la deuxième addition (74) de la manière qui suit : quelques
 
instants avant l'heure de l'Exercice que je suis sur le point de faire, je me représenterai où je
 
vais et devant qui je dois paraître ; puis, je repasserai brièvement le sujet que je dois méditer
 
ou contempler, et, après avoir fait la troisième addition (75) je commencerai mon exercice.
 
 
 
Second jour :
 
 
 
132 ‹ La première contemplation du second jour sera la Présentation au temple (268) ; la
 
seconde, la Fuite en Egypte comme en un lieu d'exil (269). On fera sur ces deux
 
contemplations deux répétitions et l'application des sens, de la même manière que le jour
 
précédent.
 
 
 
133 ‹ Quoique celui qui fait les Exercices ne manque ni de force corporelle ni de
 
dispositions spirituelles, il lui sera quelquefois utile, pour trouver plus efficacement ce qu'il
 
désire, de diminuer le nombre des Exercices depuis ce second jour jusqu'au quatrième
 
inclusivement. Il pourra donc ne faire qu'une contemplation le matin et une autre à l'heure
 
de la Messe. Il les répétera à l'heure des Vêpres, et appliquera les sens avant le souper.
 
troisième jour
 
 
 
134 ‹ Dans la première contemplation, on considérera comment l'Enfant Jésus était soumis
 
à ses parents dans la maison de Nazareth (271) ; et dans la seconde, comment ils le
 
retrouvèrent dans le Temple (272). On fera également deux répétitions et l'application des
 
sens.
 
 
 
Prélude pour la considération de divers états de vie :
 
 
 
135 ‹ Nous venons de considérer l'exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ dans deux états
 
de vie : dans le premier, qui est celui de l'observation des commandements, lorsqu'il était
 
sous l'obéissance de ses parents ; dans le second, qui est celui de la perfection évangélique,
 
lorsqu'il resta dans le Temple, abandonnant son père adoptif et sa mère selon la nature pour
 
vaquer uniquement au service de son Père éternel.
 
 
 
Nous commencerons donc ici, tout en contemplant sa vie, à rechercher devant Dieu, et à lui
 
demander avec instance la grâce de nous faire connaître en quel état ou genre de vie sa
 
divine Majesté veut se servir de nous.
 
 
 
Pour introduction à cet examen, nous découvrirons dans l'exercice suivant, d'un côté,
 
l'intention de Jésus-Christ, notre Seigneur, et, de l'autre, celle de l'ennemi de la nature
 
humaine, et nous apprendrons ce que nous devons faire pour nous mettre en état de parvenir
 
à la perfection, dans quelque état ou genre de vie que Dieu notre Seigneur nous aura donné
 
de choisir.
 
 
 
Quatrième jour :
 
 
 
Méditation de deux étendards : l'un de Jésus-Christ, notre chef souverain et notre Seigneur ; l'autre de Lucifer, ennemi mortel de la nature humaine.
 
 
 
136 ‹ L'oraison préparatoire est toujours la même.
 
 
 
137 ‹ Le premier prélude consiste à se rappeler le fait historique de la méditation. Ici c'est,
 
d'un côté, Jésus-Christ qui appelle tous les hommes et veut les réunir sous son étendard ; de
 
l'autre, c'est Lucifer qui les appelle sous le sien.
 
 
 
138 ‹ Le second prélude est la composition de lieu. Ici, on se représentera une vaste plaine
 
près de Jérusalem, au milieu de laquelle se trouve Notre Seigneur Jésus-Christ, chef
 
souverain de tous les hommes vertueux, et une autre plaine près de Babylone, où est
 
Lucifer, le chef des ennemis.
 
 
 
139 ‹ Le troisième prélude consiste à demander ce que je veux obtenir. Dans cet exercice ce
 
sera, premièrement, la connaissance des ruses du chef des méchants et le secours dont j'ai
 
besoin pour m'en défendre ; secondement, la connaissance de la véritable vie, qui nous est
 
montrée par le chef souverain et légitime, et la grâce nécessaire pour l'imiter.
 
 
 
Première partie :
 
 
 
140 ‹ Dans le premier point, je me représenterai le chef du parti ennemi dans cette vaste
 
campagne de Babylone, assis dans une chaire élevée, toute de feu et de fumée, sous des
 
traits horribles et d'un aspect épouvantable.
 
 
 
141 ‹ Dans le second point, je considérerai comment il appelle autour de lui des démons
 
innombrables ; comme il les répand, les uns dans une ville, les autres dans une autre, et ainsi
 
dans tout l'univers, n'oubliant aucune province, aucune condition, aucun lieu, aucune
 
personne en particulier.
 
 
 
142 ‹ Dans le troisième point, j'écouterai le discours qu'il leur adresse, comme il leur
 
ordonne avec menaces de jeter des filets et des chaînes. Ils doivent tenter les hommes, en
 
leur inspirant d'abord le désir des richesses, comme il fait le plus souvent lui-même, afin de
 
les conduire plus facilement à l'amour du vain honneur du monde, et de là à un orgueil sans
 
bornes.
 
 
 
De sorte que le premier degré de la tentation, ce sont les richesses ; le second, les honneurs ;
 
le troisième, l'orgueil ; et de ces trois degrés il porte les hommes à tous les autres vices.
 
 
 
Seconde partie :
 
 
 
143 ‹ A l'opposé, on se représentera également le chef souverain et véritable, qui est
 
Jésus-Christ, notre Seigneur.
 
 
 
144 ‹ Dans le premier point, je considérerai comment Jésus-Christ, se tient en un lieu
 
humble, dans une vaste plaine des environs de Jérusalem, beau et plein de grâce.
 
 
 
145 ‹ Dans le second point, je considérerai comment le Seigneur du monde entier choisit un
 
si grand nombre de personnes, les Apôtres, les disciples et tant d'autres, et comment il les
 
envoie dans tout l'univers répandre sa doctrine sacrée parmi les hommes de tous les âges et
 
de toutes les conditions.
 
 
 
146 ‹ Dans le troisième, j'écouterai le discours que Jésus-Christ, notre Seigneur, adresse à
 
tous ses serviteurs et à tous ses amis qu'il envoie à cette expédition. Il leur recommande
 
d'aider tous les hommes, en les attirant premièrement à une entière pauvreté spirituelle, et
 
non moins à la pauvreté réelle, si la divine Majesté l'a pour agréable et veut les appeler à cet
 
état ; secondement, au désir des opprobres et des mépris, parce que de ces deux choses naît
 
l'humilité.
 
 
 
De sorte qu'il y a, comme au troisième point précédent, trois degrés : le premier, la pauvreté
 
opposée aux richesses ; le second, les opprobres et les mépris opposés à l'honneur du monde
 
: le troisième, l'humilité opposée à l'orgueil ; et de ces trois degrés ils porteront les hommes
 
à toutes les autres vertus.
 
 
 
Colloques :
 
 
 
147 ‹ Dans un premier colloque, je demanderai à Notre-Dame qu'elle m'obtienne de son
 
Fils et Seigneur la grâce d'être reçu sous son étendard :
 
 
 
‹ premièrement, par la parfaite pauvreté spirituelle, et même, si la divine Majesté l'a pour
 
agréable, et veut me choisir et m'admettre à cet état, par la pauvreté réelle ;
 
 
 
‹ secondement, en souffrant les opprobres et les injures, afin de l'imiter en cela plus
 
parfaitement, pourvu que je puisse les souffrir sans péché de la part du prochain, et sans
 
déplaisir de sa divine Majesté.
 
 
 
Je terminerai ce colloque par la Salutation angélique.
 
 
 
Dans le second colloque, je m'adresserai à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour qu'il
 
m'obtienne de Dieu le Père la même grâce, et je réciterai la prière Ame de Jésus-Christ .
 
Dans le troisième colloque, je demanderai la même grâce à Dieu le Père, le suppliant de me
 
l'accorder lui-même, et je réciterai l'Oraison dominicale.
 
 
 
148 ‹ Cet exercice se fera une première fois au milieu de la nuit, et une seconde fois le
 
matin. On en fera deux répétitions : l'une à l'heure de la Messe, et l'autre à l'heure de Vêpres,
 
toujours en finissant par les trois colloques à Notre-Dame, au Fils et au Père. L'exercice
 
suivant, appelé des Trois Classes, se fera avant le souper.
 
 
 
149 ‹ Le même jour on fera la méditation des trois classes d'hommes pour se déterminer à suivre la plus parfaite.
 
 
 
L'oraison préparatoire ordinaire.
 
 
 
150 ‹ Le premier prélude est l'histoire qui doit servir de base à la méditation. Nous
 
supposons ici trois classes d'hommes composées chacune de deux personnes. Toutes les
 
trois ont acquis dix mille ducats, sans se proposer purement et uniquement le motif de
 
l'amour de Dieu. Et elles veulent se sauver et trouver Dieu, notre Seigneur, dans la paix, en
 
se déchargeant d'un poids qui les arrête, et en surmontant l'obstacle qu'elles rencontrent à
 
leur dessein dans l'affection au bien qu'elles ont acquis.
 
 
 
151 ‹ Le second prélude est la composition de lieu. Ici, je me considérerai moi-même en
 
présence de Dieu, notre Seigneur, et de tous les Saints, dans la disposition de désirer et de
 
connaître ce qui sera le plus agréable à sa divine volonté.
 
 
 
152 ‹ Le troisième prélude est la demande de ce que l'on veut obtenir. Ici, je demanderai la
 
grâce de choisir ce qui sera en effet le plus glorieux à la divine Majesté, et le plus
 
avantageux au salut de mon âme.
 
 
 
153 ‹ La première classe voudrait se défaire de l'affection qu'elle éprouve pour le bien
 
qu'elle possède, afin de trouver Dieu, notre Seigneur, dans la paix, et de pouvoir opérer son
 
salut ; mais elle n'emploie de fait aucun moyen avant l'heure de la mort.
 
 
 
154 ‹ La seconde classe veut détruire cette affection ; mais elle le veut à la condition de
 
conserver le bien acquis : elle voudrait amener Dieu à son désir, et elle ne peut se
 
déterminer à quitter ce qu'elle possède pour aller à Dieu, quand même ce parti serait le
 
meilleur pour elle.
 
 
 
155 ‹ La troisième classe veut aussi se dégager de cette affection, et elle le veut de telle
 
sorte, qu'elle n'est pas plus portée à conserver la somme acquise qu'à ne la conserver pas.
 
Elle ne consultera, pour la retenir ou pour s'en défaire, que le mouvement intérieur de la
 
grâce, et ce qui lui paraîtra le meilleur pour le service et la louange de la divine majesté. En
 
attendant, elle veut se conduire comme ayant tout abandonné de coeur, et s'efforce de ne
 
désirer ni ce qu'elle possède ni aucun autre bien sur la terre que dans la seule considération
 
du service de la majesté divine ; en sorte que le désir de pouvoir mieux servir Dieu, notre
 
Seigneur, sera son unique règle pour se déterminer à retenir le bien qu'elle a acquis ou à s'en
 
dépouiller.
 
 
 
156 ‹ On terminera cet exercice par les trois colloques de la contemplation des Deux
 
Etendards (147).
 
 
 
157 ‹ Il faut remarquer que, quand nous éprouvons de la répugnance ou une affection
 
contraire à la pauvreté actuelle, quand nous ne sommes pas dans une véritable indifférence
 
entre la pauvreté et les richesses, il est très utile, pour détruire cette affection déréglée, de
 
demander dans les colloques, malgré les mouvements de la nature, que le Seigneur daigne
 
nous appeler à ce genre de pauvreté, en lui protestant que nous le voulons, que nous le lui
 
demandons, que nous l'en supplions, pourvu que ce soit pour la gloire et le service de sa
 
divine Bonté (cf. 16).
 
 
 
Cinquième jour :
 
 
 
158 ‹ Le sujet de la contemplation du cinquième jour est le départ de Jésus-Christ, notre
 
Seigneur, de Nazareth pour le fleuve du Jourdain, et son baptême par saint Jean (273).
 
 
 
159 ‹ Cette contemplation se fera une première fois au milieu de la nuit, et une seconde fois
 
le matin. On en fera deux répétitions, l'une à l'heure de la Messe, l'autre à l'heure de Vêpres ;
 
enfin l'application des sens avant le souper.
 
 
 
Avant chacun des cinq Exercices, on fera toujours l'oraison préparatoire ordinaire et les
 
trois préludes, selon ce qui est expliqué dans la contemplation de l'Incarnation (101) et de la
 
Naissance du Sauveur (110), et on les terminera par les trois colloques des Trois Classes
 
(156), en observant fidèlement la remarque qui suit cet exercice (157).
 
 
 
160 ‹ L'examen particulier, après le dîner et après le souper, se fera sur les fautes et les
 
négligences que l'on aura commises dans les exercices du jour et dans la pratique des
 
additions ; et de même les jours suivants.
 
 
 
Sixième jour :
 
 
 
161‹ Le sujet de la contemplation du sixième jour sera comment Jésus-Christ, notre
 
Seigneur, alla du Jourdain au désert, et ce qui s'y passa (274).
 
On observera, en tout, ce qui est marqué au jour précédent (159).
 
 
 
Septième jour :
 
 
 
Comment saint André et les autres Apôtres suivirent Jésus-Christ, notre Seigneur (275).
 
 
 
Huitième jour :
 
 
 
Le sermon sur la montagne, ou les huit Béatitudes (278).
 
 
 
Neuvième jour :
 
 
 
Comment Notre Seigneur Jésus-Christ apparut à ses disciples, marchant sur les flots (280).
 
 
 
Dixième jour :
 
 
 
Comment le Seigneur prêchait dans le Temple (288).
 
 
 
Onzième jour :
 
 
 
La résurrection de Lazare (285).
 
 
 
Douzième jour :
 
 
 
Du jour des Rameaux (287).
 
 
 
Remarques :
 
 
 
162 ‹ Première remarque. ‹ On peut, dans cette seconde semaine, selon le temps que l'on
 
veut y employer et le profit spirituel que l'on en retire, multiplier ou diminuer le nombre des
 
contemplations. Dans le premier cas, on ajoutera les mystères de la Visitation (263), de
 
l'Adoration des Bergers (265), de la Circoncision (266), de l'Adoration des Mages (267), et
 
ainsi des autres ; dans le second, on en retranchera plusieurs, même de ceux qui sont ici
 
indiqués, puisqu'en les réunissant on ne s'est proposé que de présenter une introduction à la
 
méditation des mystères du Sauveur, afin que l'on puisse les contempler ensuite d'une
 
manière plus complète.
 
 
 
163 ‹ Deuxième remarque. ‹ La matière de l'élection commencera à se traiter à la
 
contemplation du départ de Notre Seigneur de Nazareth pour le Jourdain (158), c'est-à-dire
 
le cinquième jour inclusivement : ce qui doit se faire selon la méthode indiquée plus bas
 
(169-174).
 
 
 
164 ‹ Troisième remarque. ‹ Avant d'entrer dans la matière de l'élection, il sera très utile,
 
pour s'affectionner à la véritable doctrine de Notre Seigneur Jésus-Christ, de considérer
 
attentivement les trois modes ou degrés d'humilité suivants, de s'en occuper souvent
 
pendant le jour, en faisant les trois colloques, comme il est recommandé plus bas (168).
 
les trois degrés d'humilité.
 
 
 
165 ‹ Le premier degré d'humilité est nécessaire pour le salut éternel. Il consiste à
 
m'abaisser et à m'humilier autant qu'il me sera possible et qu'il est nécessaire pour obéir en
 
tout à la loi de Dieu, notre Seigneur : de sorte que, quand on m'offrirait le domaine de
 
l'univers, quand on me menacerait de m'ôter la vie, je ne mette pas même en délibération la
 
possibilité de transgresser un commandement de Dieu ou des hommes, qui m'oblige sous
 
peine de péché mortel.
 
 
 
166 ‹ Le second degré d'humilité est plus parfait que le premier. Il consiste à me trouver
 
dans une entière indifférence de volonté et d'affection entre les richesses et la pauvreté, les
 
honneurs et les mépris, le désir d'une longue vie ou d'une vie courte, pourvu qu'il en
 
revienne à Dieu une gloire égale et un égal avantage au salut de mon âme. De plus, quand il
 
s'agirait de gagner le monde entier, ou de sauver ma propre vie, je ne balancerais pas à
 
rejeter toute pensée de commettre à cette fin un seul péché véniel.
 
 
 
167 ‹ Le troisième degré d'humilité est très parfait. Il renferme les deux premiers, et veut de
 
plus, supposé que la louange et la gloire de la Majesté divine soient égales, que, pour imiter
 
plus parfaitement Jésus-Christ, notre Seigneur, et me rendre de fait plus semblable à lui, je
 
préfère, j'embrasse la pauvreté avec Jésus-Christ pauvre, plutôt que les richesses ; les
 
opprobres avec Jésus-Christ rassasié d'opprobres, plutôt que les honneurs ; le désir d'être
 
regardé comme un homme inutile et insensé, par amour pour Jésus-Christ, qui le premier a
 
été regardé comme tel, plutôt que de passer pour un homme sage et prudent aux yeux du
 
monde.
 
 
 
168 ‹ Il sera donc très utile, pour celui qui désire obtenir ce troisième degré d'humilité, de
 
faire les trois colloques de la méditation des Trois Classes, demandant à Notre Seigneur
 
qu'il veuille l'appeler à cette vertu dans un degré plus élevé et plus précieux que les deux
 
premiers, afin de l'imiter et de le servir plus parfaitement, pourvu que le service et la
 
louange de sa divine Majesté s'y trouvent également, ou davantage.
 
 
 
De l'élection :
 
 
 
I. ‹ Prélude, ou principe fondamental :
 
 
 
169 ‹ La première condition requise pour faire une bonne élection est, de notre part, que l'oeil
 
de notre intention soit simple. Je ne dois considérer qu'une seule chose, la fin pour laquelle
 
je suis créé. Or cette fin est la gloire de Dieu, notre Seigneur, et le salut de mon âme ; donc,
 
quelle que soit la chose que je me décide à choisir, ce doit être pour qu'elle m'aide à obtenir
 
cette fin : me gardant de subordonner et d'attirer la fin au moyen, mais dirigeant le moyen
 
vers la fin.
 
 
 
Un grand nombre de personnes commencent souvent par se déterminer à embrasser l'état
 
conjugal, par exemple, qui n'est qu'un moyen, puis à servir dans cet état Dieu, notre
 
Seigneur, ce qui est notre fin. D'autres commencent également par prendre la résolution
 
d'accepter des bénéfices ecclésiastiques, et elles pensent ensuite aux moyens de servir Dieu
 
en possédant ces bénéfices. Aucune de ces personnes ne va droit à Dieu ; mais toutes
 
veulent que Dieu vienne droit à leurs affections déréglées ; et, par conséquent, elles font de
 
la fin le moyen, et du moyen la fin. Elles mettent en dernier lieu ce qu'elles devraient avoir
 
premièrement en vue.
 
 
 
Car nous devons en premier lieu nous proposer de servir Dieu, ce qui est notre fin ; et, en
 
second lieu, d'accepter un bénéfice ou de choisir l'état de mariage, si cela nous paraît plus
 
convenable, ce qui est le moyen pour arriver à notre fin. Aucun motif ne doit donc me
 
déterminer à choisir ou à rejeter tout ce qui est proprement moyen, que le service et la
 
louange de Dieu, notre Seigneur, et le salut éternel de mon âme.
 
 
 
II. ‹ De la nature des objets qui peuvent être matière de l'élection :
 
 
 
Quatre règles et une remarque.
 
 
 
170 ‹ Première règle. ‹ Il est nécessaire que toutes les choses dont nous voulons faire
 
élection soient indifférentes ou bonnes en elles-mêmes, et admises dans l'Eglise catholique,
 
notre sainte Mère. Elles ne peuvent donc jamais être mauvaises, ni contraires à ce que
 
l'Eglise reçoit.
 
 
 
171 ‹ Deuxième règle ‹ Il est des choses qui rendent l'élection invariable, comme sont le
 
sacerdoce, le mariage, etc. ; il en est d'autres qui la laissent variable, comme sont les
 
bénéfices ecclésiastiques et les biens temporels, que l'on peut accepter et abandonner à
 
volonté.
 
 
 
172 ‹ Troisième règle. ‹ Lorsqu'on a fait une élection qui est, de sa nature, invariable, par
 
exemple, lorsqu'on s'est engagé dans le mariage ou dans les ordres sacrés, il n'y a plus à y
 
revenir, puisque le lien est essentiellement indissoluble.
 
 
 
Si donc on n'a pas fait cette élection avec maturité et sans affection déréglée, comme on le
 
devait, il faut tâcher de s'en repentir, et de mener une vie régulière dans l'état que l'on a
 
choisi, bien que cette élection ne soit pas, ce semble, une vocation divine, puisqu'elle s'est
 
faite avec une intention oblique et avec affection déréglée. Beaucoup de personnes se
 
trompent en prenant une élection semblable pour une vocation divine : car la vocation
 
divine est toujours pure et sans souillure, sans mélange des inclinations de la chair et des
 
sens, ni d'aucune autre affection désordonnée.
 
 
 
173 ‹ Quatrième règle. ‹ Si l'on a fait d'une manière sage et convenable, sans prendre conseil
 
de la chair ni du monde, une élection qui est en elle-même variable, il n'y a pas de raison
 
pour faire de nouveau l'élection. Il suffira de se perfectionner dans l'état que l'on a choisi,
 
autant qu'on le pourra.
 
 
 
174 ‹ Remarque. ‹ Mais si cette élection variable n'a pas été faite avec une intention droite
 
et une affection réglée, il sera utile de la faire de nouveau, si on a le désir de produire des
 
fruits de salut abondants et très agréables à la Majesté divine.
 
 
 
III. ‹ De trois temps ou circonstances dans lesquels on peut faire une bonne
 
et sage élection :
 
 
 
175 ‹ Le premier temps est lorsque Dieu, notre Seigneur, meut et attire tellement la volonté,
 
que, sans douter ni pouvoir douter, l'âme pieuse suit ce qui lui est montré ; comme le firent
 
saint Paul et saint Matthieu, en suivant Jésus-Christ, notre Seigneur.
 
 
 
176 ‹ Le second, lorsque l'âme reçoit beaucoup de lumière et de connaissance au moyen des
 
consolations et des désolations intérieures qu'elle éprouve, et par l'expérience du
 
discernement des esprits.
 
 
 
177 ‹ Le troisième est tranquille. L'homme, considérant d'abord pourquoi il est créé,
 
c'est-à-dire pour louer Dieu, notre Seigneur, et sauver son âme, et touché du désir d'obtenir
 
cette fin, choisit comme moyen un état ou genre de vie parmi ceux que l'Eglise autorise,
 
pour mieux travailler au service de son Seigneur et au salut de son âme.
 
 
 
J'appelle temps tranquille celui où l'âme n'est pas agitée de divers esprits, et fait usage de ses
 
puissances naturelles, librement et tranquillement.
 
 
 
178 ‹ Si l'élection ne se fait pas dans le premier ou dans le second temps, voici deux
 
manières de la faire dans le troisième.
 
 
 
IV. ‹ Premier mode pour faire une bonne et sage élection :
 
 
 
Il renferme six points.
 
 
 
Premier point. ‹ Le premier point consiste à me représenter l'objet qui est la matière de
 
l'élection. C'est un emploi ou un bénéfice que je puis accepter ou refuser, ou toute autre
 
chose qui tombe sous l'élection variable.
 
 
 
179 ‹ Second point. ‹ Dans le second point, je dois me mettre devant les yeux la fin pour
 
laquelle je suis créé, savoir : louer Dieu, notre Seigneur, et sauver mon âme. Je dois en
 
outre me trouver dans une entière indifférence, et sans aucune affection désordonnée ; de
 
sorte que je ne sois pas plus porté ni affectionné à choisir l'objet proposé qu'à le laisser ; ni
 
plus à le laisser qu'à le choisir, gardant l'équilibre de la balance, et prêt à suivre le parti qui
 
me semblera le plus propre à procurer la gloire de Dieu et le salut de mon âme.
 
 
 
180 ‹ Troisième point. ‹ Dans le troisième point, je demanderai à Dieu, notre Seigneur, qu'il
 
daigne toucher ma volonté, et mettre lui-même dans mon âme ce que je dois faire
 
relativement au choix qui m'occupe, à sa plus grande louange et à sa plus grande gloire,
 
réfléchissant de mon côté avec attention et fidélité, au moyen de l'entendement, afin de faire
 
un choix conforme à sa très sainte volonté et à son bon plaisir.
 
 
 
181 ‹ Quatrième point. ‹ Dans le quatrième point, je considérerai avec attention, d'un côté,
 
l'utilité et les avantages qui doivent résulter pour moi de l'acceptation de cet emploi ou de
 
ce bénéfice, sous le rapport unique de la louange de Dieu, notre Seigneur, et du salut de
 
mon âme ; et, de l'autre, je considérerai les inconvénients et les dangers.
 
 
 
Ensuite, j'examinerai avec la même diligence, d'abord l'utilité et les avantages, puis les
 
inconvénients et les dangers du refus.
 
 
 
182 ‹ Cinquième point. ‹ Dans le cinquième point, après avoir ainsi examiné la question
 
sous ses divers points de vue, je considérerai de quel côté la raison incline davantage ; et, ne
 
suivant que sa lumière, sans consulter aucunement les sens, je fixerai mon choix sur la
 
matière que je viens de discuter.
 
 
 
183 ‹ Sixième point. ‹ L'élection ainsi terminée, je m'empresserai de me mettre en prière en
 
la présence de Dieu, notre Seigneur, et de lui offrir le choix que je viens de faire, aÞn que sa
 
divine Majesté daigne le recevoir et le confirmer, s'il est conforme à son plus grand service
 
et à sa plus grande gloire.
 
 
 
V. ‹ Second mode pour faire une bonne et sage élection :
 
 
 
Il renferme quatre règles et une remarque.
 
 
 
184 ‹ Première règle. ‹ L'amour qui me porte et me détermine à choisir tel objet doit venir
 
d'en haut, et descendre de l'amour de Dieu même. Je dois donc, avant d'arrêter mon élection,
 
sentir intérieurement que l'affection plus ou moins grande que j'éprouve pour cet objet est
 
uniquement en considération de mon Créateur et Seigneur.
 
 
 
185 ‹ Seconde règle. ‹ Je me représenterai un homme que je n'ai jamais vu ni connu ; et, lui
 
désirant toute la perfection dont il est capable, j'examinerai ce que je lui dirais de faire et de
 
choisir pour la plus grande gloire de Dieu, notre Seigneur, et pour la plus grande perfection
 
de son âme ; puis, me donnant à moi-même les mêmes conseils, je ferai ce que je lui dirais
 
de faire.
 
 
 
186 ‹ Troisième règle. ‹ Je considérerai, comme si j'étais à l'article de la mort, de quelle
 
manière et avec quel soin je voudrais m'être conduit dans l'élection présente ; et, me réglant
 
sur ce que je voudrais avoir fait alors, je le ferai fidèlement maintenant.
 
 
 
187 ‹ Quatrième règle. ‹ Je considérerai avec attention quelles seront mes pensées au jour
 
du jugement ; je me demanderai comment je voudrais avoir délibéré dans l'élection actuelle
 
; et la règle que je voudrais alors avoir suivie est celle que je suivrai à cette heure, afin de
 
me trouver en ce jour dans un entier contentement et dans une grande joie.
 
 
 
188 ‹ Remarque. ‹ Après avoir exactement observé ces quatre règles, et pourvu ainsi au
 
repos et au salut éternel de mon âme, je ferai mon élection et mon oblation à Dieu, notre
 
Seigneur, comme il a été dit dans le sixième point du premier mode d'élection (183).
 
 
 
VI. ‹ De l'amendement personnel et de la réforme à introduire dans l'état de vie que l'on a
 
embrassé :
 
 
 
189 ‹ Quant aux personnes constituées en dignité dans l'Eglise ou engagées dans le mariage,
 
il faut, abstraction faite de la grandeur ou de la médiocrité de leur fortune, tenir avec elles la
 
conduite suivante. Lorsque le retraitant n'a pas la facilité, et surtout une volonté ferme de
 
faire l'élection sur certains points qui tombent sous l'élection variable, il est très utile, pour
 
y suppléer, de lui suggérer quelques avis, de lui tracer quelques règles, qui l'aideront à
 
réformer sa conduite personnelle, et sa manière d'être dans l'état de vie qu'il a embrassé.
 
Ainsi, après s'être rappelé qu'il a été créé pour la gloire et la louange de Dieu, notre
 
Seigneur, et pour le salut de son âme, il fera en sorte de rapporter toute sa conduite et son
 
état de vie à cette double fin.
 
 
 
Pour arriver à ce but, il réfléchira attentivement, à l'aide des exercices précédents, et d'après
 
les modes d'élection que nous avons exposés, quelle doit être sa maison et le nombre de ses
 
domestiques ; comment il doit les conduire et les gouverner ; comment il est de son devoir
 
de les instruire par ses discours et par ses exemples ; de même, quelle partie de ses revenus
 
il peut employer aux besoins de sa famille et de sa maison, et quelle autre il doit distribuer
 
aux pauvres et consacrer aux bonnes oeuvres.
 
 
 
Et il ne doit en tout et pour tout cela ni vouloir, ni chercher autre chose que la plus grande
 
louange et la plus grande gloire de Dieu, notre Seigneur : car il faut que chacun sache qu'il
 
avancera dans les choses spirituelles à proportion qu'il se dépouillera de son amour-propre,
 
de sa volonté propre, et de son propre intérêt.
 
 
 
TROISIEME SEMAINE
 
 
 
Premier jour :
 
 
 
Première contemplation :
 
 
 
190 ‹ La première contemplation se fera au milieu de la nuit, sur le voyage de Notre Seigneur
 
Jésus-Christ, de Béthanie à Jérusalem, jusqu'à la dernière Cène inclusivement (cf. Mystères,
 
289). Elle renferme l'oraison préparatoire, trois préludes six points et un colloque.
 
L'oraison préparatoire est la même que les Semaines précédentes.
 
 
 
191 ‹ Le premier prélude consiste à se rappeler l'histoire du mystère. Dans la contemplation
 
présente, on se rappellera comment Jésus-Christ, notre Seigneur, envoya de Béthanie à
 
Jérusalem deux de ses disciples pour préparer la Cène ; comment il y alla lui-même ensuite
 
avec les autres disciples ; comment, après la manducation de l'agneau pascal, à la fin du
 
repas dont elle fut suivie, il leur lava les pieds, leur donna son très saint Corps et son
 
précieux Sang ; comment, enfin, il leur adressa le discours de la Cène, lorsque Judas fut
 
sorti pour aller vendre son Seigneur.
 
 
 
192 ‹ Le second est la composition de lieu. Ici, il consistera à considérer le chemin de
 
Béthanie à Jérusalem. Est-il large ou étroit ? uni ou raboteux ? De même, le lieu de la
 
Cène. Est-il vaste ou resserré ? disposé de telle ou de toute autre manière ?
 
 
 
193 ‹ Le troisième est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans cette contemplation, je
 
demanderai la tristesse, la douleur et la confusion, puisque c'est pour mes péchés que le
 
Seigneur va à sa Passion.
 
 
 
194 ‹ Dans le premier point, je verrai les personnes de la Cène ; puis, réfléchissant en
 
moi-même, je m'efforcerai d'en retirer quelque profit.
 
 
 
Dans le second, j'entendrai ce qu'elles disent, et je tâcherai d'en retirer quelque utilité pour
 
mon âme.
 
 
 
Dans le troisième, je regarderai ce qu'elles font, afin d'en retirer quelque fruit.
 
 
 
195 ‹ Dans le quatrième, je considérerai, selon le passage de la Passion que je contemple, ce
 
que Jésus-Christ, notre Seigneur, souffre ou désire souffrir en son Humanité. Ici, je
 
commencerai à réunir toutes les forces de mon âme pour m'exciter à la douleur, à la
 
tristesse et aux larmes ; ce que je ferai avec la même application dans les points suivants.
 
 
 
196 ‹ Dans le cinquième, je considérerai comment la Divinité reste cachée durant toute la
 
Passion du Sauveur. Elle pourrait détruire ses ennemis, et elle ne le fait pas ; et elle
 
abandonne aux plus cruels tourments la très sainte Humanité qui lui est unie.
 
 
 
197 ‹ Dans le sixième, je considérerai que le Sauveur endure toutes ses souffrances pour
 
mes péchés ; et je me demanderai ce que je dois faire et souffrir pour lui.
 
 
 
198 ‹ Je terminerai par un colloque à Jésus-Christ, notre Seigneur, et par l'Oraison
 
dominicale.
 
 
 
199 ‹ Il faut remarquer, comme nous l'avons déjà dit en partie (54,109), que dans les
 
colloques nous devons, soit pour le raisonnement, soit pour les demandes, consulter le sujet
 
de la méditation et nos dispositions présentes. J'éprouve, par exemple, des tentations ou des
 
consolations ; je désire obtenir telle ou telle vertu ; j'ai dessein d'embrasser tel parti ou tel
 
autre ; je veux m'exciter à la tristesse ou à la joie, selon le mystère que je contemple ; dans
 
ces suppositions et dans toutes les autres, mes demandes doivent toujours se rapporter à
 
certains points particuliers que je désire plus vivement obtenir. On peut se contenter d'un
 
seul colloque, que l'on adressera à Jésus-Christ, notre Seigneur, ou en faire trois, si le sujet
 
de la méditation ou la dévotion y porte : l'un à la très sainte Vierge, l'autre à son divin Fils,
 
le troisième à Dieu le Père, comme il est dit dans la Seconde semaine à la fin de la
 
méditation des Deux Etendards, en observant ce qui est marqué dans la note qui suit
 
l'exercice des Trois Classes (147, 157).
 
 
 
Seconde contemplation :
 
 
 
La seconde contemplation, celle du matin, se fera sur les faits qui se sont passés depuis la
 
fin de la Cène jusqu'au jardin inclusivement. (Voir 290).
 
 
 
200 ‹ L'oraison préparatoire ordinaire.
 
 
 
201 ‹ Le premier prélude est un précis de l'histoire. Ici, je me rappellerai comment
 
Jésus-Christ, notre Seigneur, descendit avec ses onze disciples de la montagne de Sion, où il
 
venait de célébrer la Cène, dans la vallée de Josaphat. Il en laisse huit dans un endroit de la
 
vallée, et les trois autres dans une partie du Jardin ; et, se mettant en prière, il répand une
 
sueur comme des gouttes de sang. Il fait par trois fois une prière à son Père ; il réveille ses
 
trois disciples ; ses ennemis tombent à sa voix ; Judas lui donne le baiser de paix ; saint
 
Pierre abat une oreille à Malchus ; Jésus la lui remet en place ; il est pris comme un
 
malfaiteur ; on le conduit, en descendant la vallée, et ensuite en remontant la côte, à la
 
maison d'Anne.
 
 
 
202 ‹ Le second est de voir le lieu de la contemplation. Ici, je considérerai le chemin de la
 
montagne de Sion à la vallée de Josaphat ; de même le Jardin : sa longueur, sa largeur, sa
 
disposition, comme l'imagination me le représentera.
 
 
 
203 ‹ Le troisième est de demander ce que je veux obtenir. Ce qu'il est convenable de
 
demander dans la Passion, c'est la douleur avec Jésus-Christ dans la douleur ; le brisement
 
de l'âme avec Jésus-Christ brisé dans son âme et dans son corps ; des larmes, et le sentiment
 
intérieur de tant de maux que Jésus-Christ a soufferts pour moi.
 
 
 
Remarques :
 
 
 
204 ‹ Première remarque. ‹ Après l'oraison préparatoire et les trois préludes, on suivra, dans
 
cette seconde contemplation, le même ordre pour les points et le colloque que dans la
 
première (194,198). A l'heure de la messe et de vêpres, on fera deux répétitions de l'une et
 
de l'autre, et l'application des sens avant le souper ; commençant par l'oraison préparatoire
 
et les préludes, selon le sujet de la contemplation, suivant ce qui a été recommandé et
 
expliqué dans la seconde Semaine (159).
 
 
 
205 ‹ Deuxième remarque. ‹ Autant que l'âge, les forces et les dispositions de la personne
 
qui fait les Exercices le permettront, elle fera chaque jour les cinq exercices, au moins.
 
 
 
206 ‹ Troisième remarque. ‹ Dans cette troisième Semaine, on modifiera de la manière
 
suivante la deuxième et la sixième additions.
 
 
 
Deuxième addition (74). ‹ Aussitôt que je serai réveillé, je me représenterai où je vais, et
 
pourquoi ; je résumerai brièvement le sujet de ma contemplation ; et, selon le mystère que je
 
vais contempler, je m'efforcerai, en me levant et en m'habillant, de m'exciter intérieurement
 
à la douleur et à la tristesse, à la vue des douleurs sans nombre et des souffrances
 
incompréhensibles de Notre Seigneur Jésus-Christ.
 
 
 
Sixième addition (78). ‹ Je ne chercherai point à m'entretenir de pensées consolantes,
 
quoique bonnes et saintes, comme seraient celles de la Résurrection et du Ciel ; mais je
 
m'exciterai plutôt à la douleur, à la tristesse, à l'affliction de l'âme ; rappelant souvent à ma
 
mémoire les travaux, les fatigues et les douleurs que Notre Seigneur Jésus-Christ endura
 
depuis le moment de sa naissance jusqu'au mystère de la Passion que je médite maintenant.
 
 
 
207 ‹ Quatrième. ‹ L'examen particulier se fera sur les exercices et les additions présentes,
 
comme la Semaine précédente.
 
 
 
Second jour :
 
 
 
208 ‹ La contemplation du milieu de la nuit se fera sur ce qui s'est passé depuis la sortie du
 
Jardin jusqu'à la maison d'Anne inclusivement (291) ; et celle du matin, depuis la maison
 
d'Anne jusqu'à la maison de Caïphe inclusivement (voir 292) ; et ensuite les deux
 
répétitions et l'application des sens, comme il a été dit (204).
 
 
 
Troisième jour :
 
 
 
Au milieu de la nuit, de la maison de Caïphe au Prétoire inclusivement (293) ; le matin, du
 
Prétoire au palais d'Hérode inclusivement (294) ; et ensuite les répétitions et l'application
 
des sens, de la manière déjà dite.
 
 
 
Quatrième jour :
 
 
 
Au milieu de la nuit, sur le renvoi d'Hérode à Pilate jusqu'à la moitié des mystères qui se
 
sont passés dans la maison de Pilate (295) ; dans l'exercice du matin, les autres Mystères qui
 
se sont passés au Prétoire ; puis les répétitions et l'application des sens, comme il est dit.
 
 
 
Cinquième jour :
 
 
 
Au milieu de la nuit, ce qui se passa depuis la maison de Pilate jusqu'au Crucifiement du
 
Sauveur (296) ; et le matin, depuis qu'il fut élevé en Croix jusqu'à ce qu'il rendit le dernier
 
soupir {297) ; ensuite les deux répétitions et l'application des sens.
 
 
 
Sixième jour :
 
 
 
Au milieu de la nuit, depuis la descente de Croix jusqu'au Sépulcre exclusivement (298) ; et
 
le matin, depuis le Sépulcre inclusivement jusqu'à la maison où se retira Notre-Dame,
 
lorsque son Fils fut enseveli.
 
 
 
Septième jour :
 
 
 
La contemplation de toute la Passion dans l'exercice du milieu de la nuit, et dans celui du
 
matin ; et au lieu des deux répétitions et de l'application des sens, on considérera tout le
 
jour, autant qu'on le pourra, comment le très sacré corps de Notre Seigneur Jésus-Christ
 
resta séparé de son âme ; où et comment il fut enseveli. On considérera de même, d'un côté,
 
la solitude de Notre-Dame, plongée dans une grande douleur et dans une grande affliction ;
 
et, de l'autre, l'isolement et la tristesse des disciples.
 
 
 
209 ‹ Remarque. ‹ Supposé que l'on veuille accorder plus de temps aux contemplations sur
 
la Passion, on prendra pour chaque exercice un plus petit nombre de mystères : par exemple,
 
pour la première contemplation, la Cène seulement ; pour la seconde, le Lavement des pieds
 
; pour la troisième, l'Institution du sacrement de l'Eucharistie ; pour la quatrième, le
 
discours du Sauveur après la Cène ; et ainsi des autres contemplations, jusqu'à la fin de la
 
Passion.
 
 
 
Lorsqu'on l'aura terminée on pourra prendre un jour entier pour repasser la première partie ;
 
et un second jour pour la seconde ; et enfin un troisième pour toute la Passion.
 
 
 
Au contraire, si l'on veut abréger, on peut prendre pour Exercice du milieu de la nuit la
 
Cène tout entière ; pour celui du matin, le Jardin ; à l'heure de la messe, la maison d'Anne ; à
 
l'heure des vêpres, la maison de Caïphe ; avant le souper, la maison de Pilate ; omettant les
 
répétitions et les applications des sens ; faisant chaque jour cinq exercices distincts, et
 
prenant pour chaque exercice un nouveau mystère de Notre Seigneur Jésus-Christ.
 
La Passion ainsi méditée, on peut la repasser tout entière dans un seul jour en un ou
 
plusieurs exercices, comme on jugera pouvoir en retirer plus de fruit.
 
 
 
Règles de Tempérance :
 
 
 
210 ‹ Première règle. ‹ C'est moins dans l'usage du pain que dans celui des autres mets, que
 
nous devons pratiquer la tempérance. A l'égard d'une nourriture aussi commune, il y a
 
moins à craindre du côté de la tentation et du dérèglement de l'appétit.
 
 
 
211 ‹ Deuxième règle. ‹ La tempérance doit se pratiquer dans le boire plutôt que dans
 
l'usage du pain. Par conséquent, il faudra considérer avec attention ce qui est utile touchant
 
la boisson, pour le prendre, et ce qui est nuisible pour le retrancher.
 
 
 
212 ‹ Troisième règle. ‹ A l'égard des autres aliments, on doit garder la tempérance la plus
 
exacte et la plus absolue ; parce que l'appétit est plus prompt à se dérégler en ce point,
 
comme la tentation, de son côté, nous porte davantage à rechercher ce qui peut flatter
 
l'appétit. Or, il y a deux manières de pratiquer la tempérance et d'éviter le dérèglement dans
 
la nourriture. La première consiste à se contenter habituellement de mets communs et
 
grossiers ; la seconde, à les prendre en petite quantité, s'ils sont délicats.
 
 
 
213 ‹ Quatrième règle. ‹ Pourvu que l'on ne s'expose pas au danger de tomber dans quelque
 
infirmité, plus on retranchera de ce qu'on pourrait convenablement prendre, plus on
 
parviendra promptement à connaître le milieu ( entre l'excès et le défaut ) que l'on doit
 
garder dans le boire et le manger, pour deux raisons :
 
 
 
la première, parce que cette générosité de notre part nous dispose à recevoir souvent plus de
 
lumières intérieures, de consolations célestes, d'inspirations divines, qui nous montrent
 
clairement ce qui nous convient ;
 
 
 
la seconde, parce que, supposé que cette abstinence volontaire ne nous laisse pas assez de
 
force de corps et d'esprit pour vaquer aux Exercices spirituels, nous pourrons facilement
 
juger la juste mesure d'aliments que notre tempérament exige.
 
 
 
214 ‹ Cinquième règle. ‹ Pendant que nous prenons notre nourriture, considérons, comme si
 
nous le voyions de nos yeux, Notre Seigneur Jésus-Christ prenant lui-même sa nourriture
 
avec ses Apôtres. Voyons comment il mange, comment il boit, comment il regarde,
 
comment il parle ; et efforçons-nous de l'imiter. Que cette considération soit la principale
 
occupation de notre entendement, de sorte que l'attention à la réfection corporelle ne soit
 
que secondaire. Ainsi nous sera-t-il facile de mettre plus d'ordre et de modération dans la
 
manière de nous conduire et de nous gouverner pendant nos repas.
 
 
 
215 ‹ Sixième règle. ‹ D'autres fois, on pourra faire quelques réflexions sur la vie des saints,
 
s'occuper d'une pieuse pensée, ou d'une affaire spirituelle que l'on a en vue. L'esprit attaché
 
à ces différents objets s'arrêtera moins au plaisir sensuel que peut causer la nourriture par le
 
sens du goût.
 
 
 
216 ‹ Septième règle. ‹ Mais il faut par-dessus tout se garder que l'esprit ne soit tout entier à
 
l'action matérielle du repas, modérer la précipitation à laquelle nous porterait l'appétit, être
 
maître de soi-même, relativement à la quantité de la nourriture et à la manière de la prendre.
 
 
 
217 ‹ Huitième règle. ‹ Afin de prévenir tout dérèglement, il est très utile, après le dîner ou
 
après le souper, ou dans tout autre moment dans lequel l'appétit ne se fait pas sentir, de
 
déterminer la quantité que l'on doit prendre au dîner ou au souper suivant. Que cette
 
pratique s'observe tous les jours ; et, quelles que soient les attaques de la sensualité et de la
 
tentation, que l'on se garde de passer la quantité prescrite. Je dis plus : si l'on veut vaincre
 
entièrement tout appétit déréglé et toute tentation, et n'avoir rien à craindre des efforts de
 
l'ennemi, que l'on prenne moins, lorsqu'on est tenté de prendre davantage.
 
 
 
QUATRIEME SEMAINE
 
 
 
Premier jour :
 
 
 
Première contemplation :
 
 
 
Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, apparut à Notre-Dame (cf. Mystères, 299).
 
 
 
218 ‹ L'oraison préparatoire ordinaire.
 
 
 
219 ‹ Le premier prélude est l'histoire de la contemplation. Ici, je me rappellerai comment,
 
Jésus ayant rendu le dernier soupir sur la croix, son corps resta séparé de son âme, sans
 
cesser d'être uni à la Divinité ; comment son âme bienheureuse, unie aussi à la Divinité,
 
descendit aux enfers, délivra les âmes des Justes et revint au sépulcre ; comment, enfin, le
 
Sauveur, étant ressuscité, apparut en corps et en âme à sa Mère bénie.
 
 
 
220 ‹ Le second est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me
 
représenterai la disposition du saint Sépulcre, et la maison où se trouve Notre-Dame ;
 
considérant en particulier les appartements qui la composent et spécialement la chambre et
 
l'oratoire de la Mère du Sauveur.
 
 
 
221 ‹ Le troisième est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans cet exercice, je
 
demanderai la grâce de ressentir une vive allégresse et une joie intense de la gloire et de la
 
joie immense de Jésus-Christ, notre Seigneur.
 
 
 
222 ‹ Le premier, le second et le troisième point seront les mêmes que dans la
 
contemplation de la Cène (194).
 
 
 
223 ‹ Dans le quatrième, je considérerai comment la Divinité, qui semblait se cacher dans la
 
Passion, paraît et se manifeste dans la Résurrection par des effets de puissance et de sainteté
 
qui n'appartiennent qu'à elle.
 
 
 
224 ‹ Dans le cinquième, je considérerai comment Notre Seigneur Jésus-Christ exerce
 
auprès des siens l'office de consolateur, le comparant à un ami qui console ses amis.
 
 
 
225 ‹ Je terminerai par un ou plusieurs colloques conformes au sujet de la contemplation,
 
et je réciterai l'Oraison dominicale.
 
 
 
Remarques :
 
 
 
226 ‹ Première remarque. ‹ Dans les contemplations suivantes, on parcourra tous les
 
mystères glorieux depuis la Résurrection jusqu'à l'Ascension inclusivement, dans l'ordre
 
marqué à la série des mystères (299,312), en gardant la même méthode que dans la Semaine
 
de la Passion.
 
 
 
Cette première contemplation servira de modèle pour les autres ; les préludes seront en
 
rapport avec le sujet de la contemplation ; les cinq points seront toujours les mêmes, ainsi
 
que les additions, telles qu'elles se trouvent dans la quatrième remarque (229).
 
 
 
Quant aux répétitions, aux applications des sens, à la manière d'abréger ou de prolonger le
 
temps que l'on veut consacrer à la contemplation des mystères de cette Semaine, on peut
 
faire tout ce qui a été dit dans la Semaine de la Passion.
 
 
 
227 ‹ Deuxième remarque. ‹ Communément parlant, c'est dans cette quatrième Semaine,
 
plutôt que dans les trois précédentes, que l'on peut se contenter de faire quatre exercices au
 
lieu de cinq ; le premier, immédiatement après le lever ; le second, à l'heure de la messe ou
 
avant le dîner, au lieu de la première répétition ; le troisième à l'heure des vêpres, au lieu de
 
la seconde répétition ; le quatrième, qui sera une application des sens sur les trois exercices
 
du jour, avant le souper. On remarquera toujours les endroits les plus importants, qui
 
auront excité en nous de plus vives émotions intérieures, qui nous auront fait éprouver plus
 
de goût spirituel, et l'on s'y arrêtera davantage.
 
 
 
228 ‹ Troisième remarque. ‹ Quoique dans toutes les contemplations, on ait déterminé le
 
nombre des points, par exemple : trois, cinq, etc., celui qui fait les Exercices n'en a pas
 
moins la liberté de les augmenter ou de les diminuer, selon qu'il le trouvera plus
 
avantageux. Pour cela, il lui sera très utile, avant de commencer une contemplation, de
 
prévoir et de fixer en nombre certain les points qui doivent la partager.
 
 
 
229 ‹ Quatrième remarque. ‹ Dans cette semaine, on modifiera de la manière suivante la
 
deuxième, la sixième, la septième et la dernière des dix additions.
 
 
 
Deuxième addition (74). ‹ Aussitôt que je me réveillerai, je me mettrai devant les yeux le
 
sujet de la contemplation que je vais faire, avec le désir de me réjouir et de me pénétrer de la
 
joie immense et de la vive allégresse que ressent Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité.
 
 
 
Sixième addition (78). ‹ Je rappellerai à ma mémoire des pensées capables de faire naître
 
dans mon coeur le contentement, la joie et l'allégresse spirituelle, comme serait la gloire du
 
Ciel.
 
 
 
Septième addition (79). ‹ Je profiterai de la clarté du jour ou des agréments de la saison,
 
comme de la fraîcheur en été, et en hiver de la chaleur du soleil ou de celle du feu, autant
 
que par ce moyen mon âme pourra s'aider à se réjouir en son Créateur et en son
 
Rédempteur.
 
 
 
Dixième addition (82, 86). ‹ Au lieu de m'adonner à la pénitence, je viserai à garder la
 
tempérance et à tenir le milieu en toutes choses, à moins qu'il ne se rencontre des jeûnes de
 
précepte, des abstinences commandées par l'Eglise ; car ceux-ci doivent toujours s'observer,
 
lorsqu'il n'y a point d'empêchement légitime.
 
 
 
Contemplation pour obtenir l'amour divin :
 
 
 
230 ‹ Commençons par reconnaître deux vérités : la première, que l'on doit faire consister
 
l'amour dans les oeuvres bien plus que dans les paroles.
 
 
 
231 ‹ La seconde, que l'amour réside dans la communication mutuelle des biens. D'un côté,
 
la personne qui aime donne et communique à celle qui est aimée ce qu'elle a, ou de ce
 
qu'elle a, ou ce qu'elle peut donner et communiquer ; de l'autre, la personne qui est aimée
 
agit de même à l'égard de celle qui l'aime. Si l'une a de la science, elle la communique à
 
celle qui n'en a pas ; j'en dis autant des honneurs et des richesses, et réciproquement.
 
 
 
L'oraison préparatoire ordinaire.
 
 
 
232 ‹ Le premier prélude est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me
 
considérerai en la présence de Dieu, notre Seigneur, sous les yeux des anges et des saints qui
 
intercèdent pour moi.
 
 
 
233 ‹ Le second est la demande de la grâce que l'on veut obtenir. Ici, je demanderai la
 
connaissance intime de tant de bienfaits que j'ai reçus de Dieu, afin que dans un vif
 
sentiment de gratitude, je me consacre sans réserve au service et à l'amour de sa divine
 
Majesté.
 
 
 
234 ‹ Dans le premier point, je rappellerai à ma mémoire les bienfaits que j'ai reçus : ceux
 
qui me sont communs avec tous les hommes, la création, la rédemption, et ceux qui me sont
 
particuliers, considérant très affectueusement tout ce que Dieu, notre Seigneur, a fait pour
 
moi, tout ce qu'il m'a donné de ce qu'il a, et combien il désire se donner lui-même à moi,
 
autant qu'il le peut, selon la disposition de sa divine Providence.
 
 
 
Puis, faisant un retour sur moi-même, je me demanderai ce que la raison et la justice
 
m'obligent de mon côté à offrir et à donner à sa divine Majesté, c'est-à-dire toutes les choses
 
qui sont à moi et moi-même avec elles ; et, comme une personne qui veut faire agréer un
 
don, je dirai du fond de l'âme :
 
 
 
« Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon entendement et toute ma
 
volonté, tout ce que j'ai et tout ce que je possède. Vous me l'avez donné, Seigneur, je vous
 
le rends ; tout est à vous, disposez-en selon votre bon plaisir. Donnez-moi votre amour ;
 
donnez-moi votre grâce : elle me suffit. »
 
 
 
235 ‹ Dans le second point, je considérerai Dieu présent dans toutes les créatures. Il est dans
 
les éléments, leur donnant l'être ; dans les plantes, leur donnant la végétation ; dans les
 
animaux, leur donnant le sentiment ; dans les hommes, leur donnant l'intelligence ; il est en
 
moi-même de ces différentes manières, me donnant tout à la fois l'être, la vie, le sentiment
 
et l'intelligence. Il a fait plus : il a fait de moi son temple ; et, dans cette vue, il m'a créé à la
 
ressemblance et à l'image de sa divine Majesté.
 
 
 
Ici encore je ferai un retour sur moi-même, comme il a été dit dans le premier point, ou de
 
toute autre manière qui me paraîtrait plus convenable : ce qui doit s'observer dans les points
 
suivants.
 
 
 
236 ‹ Dans le troisième point, je considérerai Dieu agissant et travaillant pour moi dans
 
tous les objets créés, puisqu'il est effectivement dans les lieux, dans les éléments, dans les
 
plantes, dans les fruits, dans les animaux, etc., comme un agent, leur donnant et leur
 
conservant l'être, la végétation, le sentiment, etc.
 
 
 
Puis je ferai, comme dans les points précédents, un retour sur moi-même.
 
 
 
237 ‹ Dans le quatrième point, je contemplerai que tous les biens et tous les dons
 
descendent d'en haut : ma puissance limitée dérive de la puissance souveraine et infinie qui
 
est au-dessus de moi ; de même la justice, la bonté, la compassion, la miséricorde, etc. ;
 
comme les rayons émanent du soleil, comme les eaux découlent de leur source, etc. Ensuite,
 
je réfléchirai sur moi-même, comme il a été dit, et je terminerai par un colloque suivi de
 
l'Oraison dominicale.
 
 
 
De trois manières de prier :
 
 
 
Première manière :
 
 
 
I. ‹ Sur les commandements de Dieu :
 
 
 
238 ‹ La première manière de prier consiste à réfléchir sur les dix commandements de Dieu,
 
les sept péchés capitaux, les trois puissances de l'âme et les cinq sens corporels.
 
 
 
Aussi, est-ce plutôt un exercice spirituel très utile à l'âme et qui la dispose à offrir à Dieu
 
une prière qui lui soit agréable, qu'une méthode ou manière de faire oraison proprement
 
dite.
 
 
 
239 ‹ Addition ‹ En premier lieu, on fera l'équivalent de la seconde addition de la Seconde
 
semaine (131). Cet exercice préliminaire consiste à se reposer un peu l'esprit avant de
 
commencer à prier, ce que je ferai assis ou en me promenant, comme il me semblera plus
 
avantageux, considérant attentivement où je vais et à quelle fin. Cette addition doit se faire
 
au commencement de toutes les manières de prier.
 
 
 
240 ‹ Dans une prière préparatoire, je demanderai à Dieu, notre Seigneur, la grâce de
 
connaître en quoi j'ai manqué aux dix commandements. Je lui demanderai aussi la grâce et
 
le secours nécessaires pour me corriger à l'avenir et l'intelligence parfaite de ses préceptes,
 
afin de les garder plus fidèlement, à la plus grande gloire et à la plus grande louange de sa
 
divine Majesté.
 
 
 
241 ‹ Puis, venant au premier commandement, je considérerai et j'examinerai comment je
 
l'ai observé et en quoi je l'ai transgressé. Cet examen durera ordinairement le temps de dire
 
trois fois le Pater et trois fois l'Ave Maria. Si dans cet espace de temps je découvre des
 
fautes, j'en demanderai pardon à Dieu et je réciterai l'Oraison dominicale. Je ferai la même
 
chose pour chacun des dix commandements.
 
 
 
242 ‹ Remarque. ‹ Lorsqu'on s'examine sur un commandement que l'on ne transgresse pas
 
ordinairement, il n'est point nécessaire de s'y arrêter aussi longtemps. Mais, en général, on
 
donnera plus ou moins de temps à la considération d'un précepte et à la recherche des fautes
 
commises contre ce précepte, suivant que l'on se trouvera plus ou moins sujet à y manquer.
 
Cette remarque s'applique également aux péchés capitaux.
 
 
 
243 ‹ Après avoir achevé l'examen sur tous les commandements, et m'être accusé
 
moi-même devant Dieu, je lui demanderai la grâce et le secours qui me sont nécessaires
 
pour me corriger à l'avenir, et je terminerai par un colloque à Dieu, notre Seigneur,
 
conformément à l'exercice que je viens de faire.
 
 
 
II. ‹ Sur les péchés capitaux :
 
 
 
244 ‹ Après l'addition (239), on fera l'oraison préparatoire comme dans l'exercice
 
précédent. L'unique différence est qu'il s'agit ici de péchés que l'on doit éviter et que là il
 
s'agissait de commandements que l'on doit observer. On suivra, du reste, l'ordre que nous
 
avons tracé (241) ; on observera pour le temps la règle que nous avons donnée, et on
 
terminera par un colloque.
 
 
 
245 ‹ Pour obtenir une connaissance plus claire des fautes que nous aurons commises, nous
 
considérerons les vertus opposées aux sept péchés capitaux, et, afin que notre résolution de
 
les éviter soit plus efficace, nous nous efforcerons, par de saints exercices, d'acquérir et de
 
posséder les sept vertus contraires à ces vices.
 
 
 
III. ‹ Sur les trois puissances de l'âme :
 
 
 
246 ‹ On suivra le même ordre et on gardera la même règle que pour les commandements,
 
sans omettre l'addition, l'oraison préparatoire et le colloque.
 
 
 
IV. ‹ Sur les cinq sens :
 
 
 
247 ‹ Pour les cinq sens corporels, la méthode est toujours la même ; la matière seule est
 
changée.
 
 
 
248 ‹ Remarque. ‹ Celui qui, dans l'usage de ses sens, veut imiter Jésus-Christ, notre
 
Seigneur, se recommandera dans l'oraison préparatoire à sa divine Majesté ; et, après s'être
 
examiné sur chacun des sens, il récitera la Salutation angélique ou l'Oraison dominicale. Et
 
celui qui, dans l'usage de ses sens, désire imiter Notre-Dame, la priera, dans l'oraison
 
préparatoire, de lui obtenir cette grâce de son Fils et Seigneur ; et, après l'examen de chaque
 
sens, il récitera l'Ave Maria.
 
 
 
Seconde manière de prier :
 
 
 
249 ‹ La seconde manière de prier consiste à peser attentivement la signification de chaque
 
parole d'une prière.
 
 
 
250 ‹ L'addition de la première manière de prier doit se faire également dans la seconde.
 
 
 
251 ‹ L'oraison préparatoire sera relative à la personne à laquelle s'adresse la prière que l'on
 
va méditer.
 
 
 
252 ‹ Après l'addition et l'oraison préparatoire, à genoux ou assis, selon la disposition du
 
corps et l'attrait de l'âme, les yeux fermés ou fixés en un même endroit, sans les laisser errer
 
de côté et d'autre, on dira la première parole du Pater, et on s'arrêtera sur cette parole autant
 
de temps que l'on trouvera de significations, de comparaisons, de goût et de consolation
 
intérieure dans la considération du titre de Père. On fera de même sur chaque parole de
 
l'Oraison dominicale, ou de toute autre prière que l'on voudra méditer selon cette manière
 
de prier.
 
 
 
253 ‹ Première règle. ‹ On emploiera une heure à méditer ainsi toute l'Oraison dominicale,
 
et après l'avoir terminée, on récitera vocalement ou mentalement, de la manière ordinaire,
 
c'est-à-dire sans pause, la Salutation angélique, le Symbole, la prière Anima Christi et le
 
Salve Regina.
 
 
 
254 ‹ Deuxième règle. ‹ S'il arrive qu'une ou deux paroles fournissent, même pendant
 
l'heure entière, une matière suffisante à la réflexion, et que l'on trouve à les méditer, du goût
 
et de la consolation spirituelle, on ne se mettra point en peine de passer outre ; mais, l'heure
 
écoulée, on récitera de la manière ordinaire le reste de l'Oraison dominicale.
 
 
 
255 ‹ Troisième règle. ‹ Supposé que l'on se soit arrêté une heure entière sur une ou deux
 
paroles de l'Oraison dominicale, le jour suivant, quand on voudra reprendre la même prière,
 
on dira de la manière ordinaire la parole, ou les paroles que l'on a déjà méditées ; puis on
 
commencera à réfléchir sur celle qui suit immédiatement, comme il a été dit dans la seconde
 
règle (254).
 
 
 
256 ‹ Première remarque. ‹ Après avoir terminé en un ou plusieurs jours l'Oraison
 
dominicale, on méditera, selon la même méthode, la Salutation angélique, et ensuite les
 
autres prières en sorte que l'on continue pendant quelque temps cet exercice sans
 
interruption.
 
 
 
257 ‹ Seconde remarque. ‹ A la fin de l'oraison, on s'adressera à la personne que l'on a priée,
 
et on lui demandera en peu de paroles les vertus ou les grâces dont on éprouve un plus
 
pressant besoin.
 
 
 
Troisième manière de prier :
 
 
 
258 ‹ La troisième manière de prier est comme en mesure.
 
L'addition sera la même que dans la première et la seconde manière de prier (239, 250).
 
L'oraison préparatoire, comme dans la seconde manière de prier (251).
 
 
 
Cette troisième manière consiste donc à prier de coeur et à dire de bouche, à chaque
 
respiration ou soupir, une parole de l'Oraison dominicale ou d'une autre prière, de manière
 
à ne prononcer qu'une seule parole entre une respiration et l'autre. Et l'espace de temps qui
 
s'écoule d'une respiration à l'autre doit s'employer à considérer spécialement la signification
 
de cette parole, ou l'excellence de la personne à laquelle la prière s'adresse, ou notre propre
 
indignité, ou la différence entre tant de grandeur d'un côté, et de l'autre tant de bassesse.
 
On prononcera de la même manière toutes les paroles du Pater ; puis on récitera les autres
 
prières, c'est-à-dire l'Ave Maria, l'Anima Christi, le Credo et le Salve Regina, selon la
 
manière ordinaire de prier.
 
 
 
259 ‹ Première règle. ‹ Le jour suivant, ou à une autre heure du même jour, où l'on
 
désirerait prier de cette manière, on récitera la Salutation angélique en mesure, et les autres
 
prières selon la manière ordinaire de prier, et ainsi des autres que nous avons indiquées.
 
 
 
260 ‹ Seconde règle. ‹ Celui qui voudrait prier plus longtemps selon cette troisième manière
 
peut réciter de suite plusieurs des prières marquées ou même toutes ; mais toujours en ne
 
proférant qu'une parole d'une respiration à l'autre, comme il a été expliqué (258).
 
 
 
Les mystères de la vie de Jésus-Christ notre Seigneur :
 
 
 
261 ‹ Remarque. ‹ Dans les mystères suivants, les paroles qui sont entre guillemets sont de
 
l'Evangile même, et non pas les autres. ‹ Chaque mystère sera ordinairement divisé en trois
 
points, afin que l'on puisse les méditer et les contempler avec une plus grande facilité.
 
 
 
262 ‹ De l'Annonciation de Notre-Dame. S. Lc, I, 26-38
 
 
 
Premier point. L'archange Gabriel salue Notre-Dame et lui annonce la conception de
 
Jésus-Christ, notre Seigneur : « L'Ange étant entré où était Marie, lui dit : Je vous salue,
 
pleine de grâce ; vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils. »
 
Second point. L'Ange confirme ce qu'il a dit à Notre-Dame, en lui annonçant la conception
 
de saint Jean-Baptiste : « Et voilà qu'Elisabeth, votre parente, a conçu elle-même un fils
 
dans sa vieillesse. »
 
 
 
Troisième point. Notre-Dame répond à l'Ange : « Voici la servante du Seigneur ; qu'il me
 
soit fait selon votre parole. »
 
 
 
263 ‹ De la Visitation de Notre-Dame à Elisabeth S. Lc, I, 39-56
 
Premier point. Notre-Dame visite Elisabeth ; et Jean-Baptiste, dans le sein de sa mère,
 
connaît la présence de la Mère du Sauveur : « Et dès qu'Elisabeth s'entendit saluer par
 
Marie, l'enfant tressaillit dans son sein ; et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit, et elle
 
s'écria à haute voix : Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni.
 
»
 
 
 
Second point. Notre-Dame répond par un cantique d'action de grâces : « Mon âme glorifie
 
le Seigneur. »
 
 
 
Troisième point. « Marie demeura environ trois mois avec Elisabeth ; puis elle s'en retourna
 
dans sa maison. »
 
 
 
264 ‹ De la Naissance de Jésus-Christ, notre Seigneur. S. Lc, II, 1-14
 
Premier point. Notre-Dame et Joseph son époux vont de Nazareth à Bethléem : « Joseph
 
partit de Galilée pour Bethléem, afin de marquer sa soumission à César, avec Marie son
 
épouse, qui était enceinte. »
 
 
 
Second point. « Elle enfanta son fils premier-né, elle l'enveloppa de langes, et le coucha
 
dans une crèche. »
 
 
 
Troisième point. « Aussitôt une troupe nombreuse de la milice céleste se mit à louer Dieu
 
en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux. »
 
 
 
265 ‹ De l'adoration des pasteurs. S. Lc, II, 8-20
 
Premier point. La naissance de Jésus-Christ, notre Seigneur, est manifestée par un ange aux
 
bergers : « Je vous annonce une grande joie : aujourd'hui il vous est né un Sauveur. »
 
 
 
Second point. Les bergers vont à Bethléem : « Ils allèrent en toute hâte, et trouvèrent Marie
 
et Joseph, et l'Enfant couché dans une crèche. »
 
 
 
Troisième point. « Les bergers s'en retournèrent glorifiant et louant le Seigneur. »
 
 
 
266 ‹ De la Circoncision. S. Lc, II, 21
 
Premier point. On circoncit l'Enfant Jésus.
 
 
 
Second point. « On lui donne le nom de Jésus, nom que l'ange avait révélé avant que
 
l'Enfant fût conçu dans le sein de sa Mère. »
 
 
 
Troisième point. On rend l'Enfant à sa Mère, touchée de compassion à la vue du sang que
 
répandait son Fils.
 
 
 
267 ‹ Des trois rois mages S. Mt, II, 1-12
 
Premier point. Les trois Mages, guidés par l'étoile, viennent adorer Jésus, en disant : « Nous
 
avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer. »
 
 
 
Second point. Ils l'adorent et lui offrent des présents : « Et, se prosternant, ils l'adorèrent, et
 
lui offrirent pour présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. »
 
 
 
Troisième point. « Et, ayant été avertis en songe de n'aller point retrouver Hérode, ils
 
retournèrent en leur pays par un autre chemin. »
 
 
 
268 ‹ De la Purification de Notre-Dame et de la Présentation de l'Enfant Jésus. S. Lc, II, 22-39
 
Premier point. Marie et Joseph portent l'Enfant Jésus au Temple pour le présenter au Seigneur en qualité de premier-né, et ils offrent pour lui "deux tourterelles ou deux jeunes colombes".
 
 
 
Second point. Siméon, venant au Temple, "le prit entre se sbras, en disant: C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur".
 
 
 
Troisième point. "Anne étant survenue, elle louait le Seigneur et parlait de cet Enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël".
 
 
 
 
 
 
 
272 ‹ De la venue de Jésus-Christ au Temple, à l'age de douze ans. S. Lc, II, 41-50
 
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, âgé de douze ans, va de Nazareth à Jérusalem.
 
 
 
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, reste à Jérusalem, sans que ses parents s'en
 
aperçoivent.
 
 
 
Troisième point. Trois jours s'étant écoulés, ils le trouvent dans le Temple, assis au milieu
 
des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et sa Mère lui ayant dit : « Mon Fils,
 
pourquoi en avez-vous usé ainsi avec nous ? il répondit : Ne saviez-vous pas qu'il faut que
 
je m'emploie aux choses qui regardent mon Père ? »
 
 
 
273 ‹ Comment Jésus-Christ fut baptisé. S. Mt, III, 13-17
 
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, après avoir dit adieu à sa Mère bénie, va de
 
Nazareth au fleuve du Jourdain, où était saint Jean-Baptiste.
 
 
 
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, est baptisé par saint Jean, qui se reconnaît
 
indigne de ce ministère ; mais Jésus lui dit : « Faites ceci maintenant ; car c'est ainsi qu'il
 
faut que nous accomplissions toute justice. »
 
 
 
Troisième point. L'Esprit Saint descend sur lui ; et au même instant on entend une voix du
 
ciel qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances. »
 
 
 
274 ‹ Comment Jésus-Christ fut tenté. S. Mt, IV, 1-11 ‹ S. Lc, IV, 1-13
 
Premier point. Après avoir été baptisé, Jésus se retira au désert, où il jeûna quarante jours et
 
quarante nuits.
 
 
 
Second point. Il fut tenté trois fois par l'ennemi : « Le tentateur, s'approchant, lui dit : Si
 
vous êtes le Fils de Dieu, commandez que ces pierres se changent en pains. ‹ Jetez-vous en
 
bas. ‹ Je vous donnerai toutes ces choses, si, vous prosternant, vous m'adorez. »
 
 
 
Troisième point. « Les anges s'approchèrent et ils le servaient. »
 
 
 
275 ‹ De la vocation des Apôtres.
 
Premier point. Il paraît que saint Pierre et saint André furent appelés trois fois :
 
premièrement, à une certaine connaissance du Sauveur, ce que nous apprend saint Jean dans
 
le premier chapitre (Jn, I, 35-42 ; secondement, à suivre Jésus-Christ en quelque manière,
 
avec l'intention de retourner à ce qu'ils avaient abandonné, comme dit saint Luc dans le
 
chapitre cinquième (Lc, V, 1-11 ; 27-29) ; troisièmement, à suivre Jésus-Christ, notre
 
Seigneur, pour toujours, comme le rapportent saint Matthieu dans le quatrième chapitre
 
(Mt, IV, 18-22), et saint Marc dans le premier (Mc, I, 16-20).
 
 
 
Second point. Il appela Philippe, comme il est marqué dans le premier chapitre de saint Jean
 
(Jn, Ii, 43-44); et Matthieu, comme le même Apôtre le dit dans le neuvième chapitre (Mt, IX,
 
9).
 
 
 
Troisième point. Il appela les autres Apôtres, de la vocation desquels il n'est pas fait
 
mention spéciale dans l'Evangile.
 
 
 
On fera, de plus, les trois considérations suivantes :
 
 
 
Premièrement, combien les Apôtres étaient ignorants et de basse condition.
 
 
 
Secondement, la dignité à laquelle ils furent appelés avec tant de douceur.
 
Troisièmement, les dons et les grâces dont ils furent comblés, et par lesquels ils furent
 
élevés au-dessus de tous les Pères du Nouveau et de l'Ancien Testament.
 
 
 
276 ‹ Du premier miracle de Notre Seigneur aux noces de Cana, en Galilée. S. Jn, II,1-11
 
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, est invité aux noces de Cana avec ses disciples.
 
 
 
Second point. La Mère de Jésus déclare à son Fils le manque de vin : « Ils n'ont point de
 
vin. » Et elle fait aux serviteurs ce commandement : « Faites tout ce qu'il vous dira. »
 
 
 
Troisième point. Jésus change l'eau en vin : « Et il manifesta sa gloire, et ses disciples
 
crurent en lui. »
 
 
 
277 ‹ Comment Jésus-Christ chassa du Temple ceux qui y vendaient. S. Jn II, 13-22
 
Premier point. Il chassa du Temple, avec un fouet de corde, tous ceux qui y vendaient.
 
 
 
Second point. Il renversa les tables et l'argent des riches banquiers qui étaient dans le
 
Temple.
 
 
 
Troisième point. Il dit aux pauvres qui vendaient des colombes : « Otez cela d'ici et ne faites
 
pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
 
 
 
278 ‹ Du discours que fit Jésus-Christ sur la montagne. S. Mt, V, VI, VII
 
Premier point. Il enseigne à ses bien-aimés disciples, séparés de la foule, les huit Béatitudes
 
: « Bienheureux, leur dit-il, sont les pauvres d'esprit, ceux qui sont doux, ceux qui sont
 
miséricordieux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui ont le
 
coeur pur, ceux qui sont pacifiques et ceux qui souffrent persécution. »
 
 
 
Second point. Il les exhorte à bien user de leurs talents : « Que votre lumière brille devant
 
les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et glorifient votre Père qui est dans le ciel.
 
»
 
 
 
Troisième point. Il se montre, non le transgresseur, mais le consommateur de la loi, en
 
expliquant les préceptes contre l'homicide, la fornication, le parjure et sur l'amour des
 
ennemis. « Et moi je vous le dis, aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous
 
haïssent. »
 
 
 
279 ‹ Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, apaisa une tempête sur la mer de Galilée.
 
S. Mt, VIII, 23-27
 
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, étant endormi, il s'éleva sur la mer une grande
 
tempête.
 
 
 
Second point. Ses disciples, effrayés, le réveillent. Il les reprend de leur peu de foi, en leur
 
disant : « Hommes de peu de foi, pourquoi craignez-vous ? »
 
 
 
Troisième point. Il commande aux vents et à la mer, et aussitôt il se fait un grand calme. Les
 
témoins de cette merveille, frappés d'étonnement, s'écrient : « Quel est celui-ci à qui les
 
vents et la mer obéissent ? »
 
 
 
280 ‹ Comment Jésus-Christ marcha sur les eaux. S. Mt, XIV, 22-23
 
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, étant sur la montagne, ordonne à ses disciples
 
de retourner à leur barque ; et, ayant congédié la foule, il commença à prier seul.
 
 
 
Second point. La barque était battue par les flots ; Jésus s'avance vers elle en marchant sur
 
les eaux, et ses disciples pensent que c'est un fantôme.
 
 
 
Troisième point. Jésus-Christ leur dit : « C'est moi, ne craignez point. » Saint Pierre, par
 
son ordre, s'élance vers lui et marche sur les eaux ; mais, sa foi venant à chanceler, il
 
commença à enfoncer. Jésus-Christ, notre Seigneur, le délivre de ce danger et le reprend de
 
son peu de foi ; ensuite il entra dans la barque, et le vent cessa.
 
 
 
281 ‹ Comment les Apôtres reçoivent la mission de prêcher. S. Mt, X, 1-42
 
Premier point. Jésus-Christ appelle ses bien-aimés disciples, et leur donne le pouvoir de
 
chasser le démon des corps des hommes, et de guérir toutes les infirmités.
 
 
 
Second point. Il leur enseigne la prudence et la patience : « Voici que je vous envoie comme
 
des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents et simples comme
 
les colombes. »
 
 
 
Troisième point. Il leur explique de quelle manière ils doivent faire leurs voyages : « Ne
 
possédez ni or ni argent ; vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » Il leur donne
 
aussi la matière de leurs prédications : « Allez, prêchez en disant que le royaume de Dieu est
 
proche. »
 
 
 
282 ‹ De la conversion de Madeleine. S. Lc, VII, 36-50
 
Premier point. Jésus étant à table chez un Pharisien, nommé Simon, Madeleine entre dans la
 
salle du festin, portant un vase d'albâtre rempli de parfums.
 
 
 
Second point. « Et se tenant derrière Jésus, à ses pieds, elle commença à les arroser de ses
 
larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux, et elle baisait ses pieds, et elle les oignait de
 
parfums. »
 
 
 
Troisième point. Comme le Pharisien accusait Madeleine, Jésus-Christ prend sa défense, en
 
disant : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. ‹ Et il dit à
 
cette femme : Votre foi vous a sauvée ; allez en paix. »
 
 
 
283 ‹ Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, donna à manger à cinq mille hommes.
 
S. Mt, XIV, 13-21
 
Premier point. Le soir étant venu, les disciples prient Jésus-Christ de renvoyer la multitude
 
qui était avec lui.
 
 
 
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, leur ordonne de lui apporter les pains qu'ils ont ;
 
et ayant fait asseoir le peuple, il prend les pains, les bénit, les partage, et les donne à ses
 
disciples qui les distribuent à la multitude.
 
 
 
Troisième point. « Tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers
 
pleins des morceaux qui étaient restés. »
 
 
 
284 ‹ De la Transfiguration de Jésus-Christ. S. Mt, XVII, 1-9
 
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, ayant pris avec lui ses disciples bien-aimés,
 
Pierre, Jacques et Jean, « il se transfigura en leur présence ; et son visage devint
 
resplendissant comme le soleil ; et ses vêtements, blancs comme la neige. »
 
 
 
Second point. Il parlait avec Moïse et Elie.
 
 
 
Troisième point. Saint Pierre veut élever trois tentes ; une voix du ciel se fait entendre : «
 
C'est là mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances : écoutez-le. » Ses
 
disciples ayant entendu cette voix, tombèrent de crainte sur leur visage ; et Jésus-Christ,
 
notre Seigneur, les toucha et leur dit : « Levez-vous, et ne craignez point. Ne dites à
 
personne ce que vous venez de voir, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre
 
les morts. »
 
 
 
285 ‹ De la résurrection de Lazare. S. Jn, XI, 1-45
 
Premier point. Marthe et Marie font savoir à Jésus-Christ, notre Seigneur, la maladie de
 
Lazare. Le Sauveur, l'ayant connue, s'arrêta encore deux jours au lieu où il était, afin de
 
rendre le miracle qu'il voulait opérer plus évident.
 
 
 
Second point. Avant de ressusciter Lazare, il demande à l'une et à l'autre des deux soeurs
 
qu'elles croient en lui : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand
 
même il serait mort, vivra... Croyez-vous cela ? »
 
 
 
Troisième point. Il le ressuscite après avoir pleuré et fait une prière à son Père ; et il se sert,
 
pour opérer ce prodige, d'un commandement : « Lazare, venez dehors. »
 
 
 
286 ‹ Du repas fait à Béthanie. S. Mt, XXVI, 6-10
 
Premier point. Le Seigneur assiste à un repas chez Simon le lépreux, avec Lazare.
 
 
 
Second point. Marie répand sur la tête de Jésus un parfum précieux.
 
 
 
Troisième point. Judas murmure en disant : « Pourquoi la perte de ce parfum ? » Jésus
 
excuse Madeleine de nouveau en disant : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ?
 
C'est une bonne action qu'elle vient de faire à mon égard. »
 
 
 
287 ‹ Le dimanche des Rameaux. S. Mt, XXI, 1-17
 
Premier point. Le Seigneur envoie ses disciples chercher une ânesse et son ânon : «
 
Détachez-les, leur dit-il, et amenez-les moi ; et si quelqu'un vous dit quelque chose,
 
dites-lui que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il vous les laissera emmener. »
 
 
 
Second point. Il monte sur l'ânesse que les Apôtres ont couverte de leurs vêtements.
 
 
 
Troisième point. Les habitants sortent à sa rencontre, étendant sur le chemin leurs vêtements
 
et des rameaux d'arbres, et disant : « Hosanna au Fils de David : béni soit celui qui vient au
 
nom du Seigneur : Hosanna au plus haut des cieux. »
 
 
 
288 ‹ De la prédication dans le Temple. S. Lc, XIX, 47-48
 
Premier point. « Il était chaque jour enseignant dans le Temple. »
 
 
 
Second point. Et, après avoir achevé ses discours, il retournait à Béthanie, parce qu'il n'y
 
avait personne à Jérusalem qui osât le recevoir.
 
 
 
289 ‹ De la cène. S. Mt, XXVI, 17-30 ‹ S. Jn, XIII, 1-30
 
Premier point. Jésus mange l'agneau pascal avec ses douze Apôtres, et leur prédit sa mort :
 
« Je vous dis, en vérité, que l'un de vous doit me trahir. »
 
 
 
Second point. Il lave les pieds à ses disciples, même à Judas, en commençant par saint
 
Pierre. Mais cet apôtre, considérant la majesté du Seigneur et sa propre bassesse, ne peut y
 
consentir, et dit : « Seigneur, vous me lavez les pieds ! » Il ignorait que le Sauveur leur
 
donnait en cela un exemple d'humilité ; c'est pourquoi Jésus leur dit : « Je vous ai donné
 
l'exemple, afin que vous fassiez aux autres ce que je vous ai fait à vous-mêmes. »
 
 
 
Troisième point. Il institue le très saint sacrement de l'Eucharistie, comme la plus grande
 
marque de son amour, en disant : « Prenez et mangez. » La cène étant terminée, Judas sort
 
pour vendre Jésus-Christ, notre Seigneur.
 
 
 
290 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis la cène jusqu'au jardin inclusivement.
 
S. Mt,. XXVI, 30-46 ‹ S. Mc, XIV, 26-42
 
Premier point. Après la cène et l'hymne d'action de grâces, le Seigneur s'avance vers le mont
 
des Oliviers avec ses disciples, remplis de crainte. Il en laisse huit à Gethsémani en leur
 
disant : « Demeurez ici, tandis que je vais là pour prier. »
 
 
 
Second point. Accompagné de saint Pierre, de saint Jacques et de saint Jean, il gagne le
 
jardin, où il prie par trois fois en disant : « Mon Père, s'il est possible, que ce calice passe
 
loin de moi ; qu'il en soit cependant, non comme je le veux, mais comme vous le voulez. Et,
 
étant réduit comme à l'agonie, il priait plus longuement. »
 
 
 
Troisième point. Sa crainte devint si grande, qu'il disait : « Mon âme est triste jusqu'à la
 
mort. »
 
 
 
Et il sua du sang en si grande abondance, que saint Luc dit : « Il eut une sueur comme de
 
gouttes de sang qui coulait jusqu'à terre » (Lc, XXII, 44). Ce qui suppose que ses vêtements
 
en étaient tout imbibés.
 
 
 
291 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis le jardin jusqu'à la maison d'Anne
 
inclusivement. S. Mt, XXVI, 47-57 ‹ S. Mc, XIV, 43-53 ‹ S. Lc, XXII, 47-54 ‹ S. Jn, XVIII, 3-24
 
Premier point. Le Seigneur reçoit le baiser de Judas ; il se laisse prendre comme un voleur
 
par les soldats, et leur dit : « Vous êtes venus à moi comme à un voleur avec des épées et
 
des bâtons pour me prendre. J'étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le
 
Temple, et vous ne m'avez point arrêté. » Et à ces mots : « Qui cherchez-vous ? » ses
 
ennemis tombent renversés.
 
 
 
Second point. Saint Pierre blesse un des serviteurs du Pontife. Le Seigneur, plein de
 
douceur, lui dit : « Remettez votre épée dans le fourreau. » Et il guérit la blessure du
 
serviteur.
 
 
 
Troisième point. Jésus, abandonné de ses disciples, est conduit à Anne où saint Pierre, qui
 
l'avait suivi de loin, le renia une fois. Un valet donne un soufflet à Jésus-Christ, en lui disant
 
: « Est-ce ainsi que vous répondez au grand Prêtre ? »
 
 
 
292 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Anne jusqu'à la maison de Caïphe inclusivement. S. Mt, XXVI, 57-75
 
Premier point. Jésus est garrotté et conduit depuis la maison d'Anne jusqu'à celle de Caïphe,
 
où saint Pierre le renia deux fois : mais le Seigneur l'ayant regardé, l'apôtre « sortit et pleura
 
amèrement. »
 
 
 
Second point. Jésus demeura lié toute la nuit.
 
 
 
Troisième point. Et ceux qui le tenaient captif se moquaient de lui, et le frappaient, et lui
 
voilaient le visage, et lui donnaient des soufflets, et lui disaient : « Christ, prophétise-nous ;
 
qui est celui qui t'a frappé ? » Et ils répétaient contre lui mille autres blasphèmes.
 
 
 
293 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Caïphe jusqu'à celle de Pilate
 
inclusivement. S. Mt, XXVII, 1-23 ‹ S. Mc, XV, 1-14 S. Lc, XXIII, 1-5 ‹ S. Jn, XVIII, 28-40
 
Premier point. Toute la multitude des Juifs le conduit à Pilate et l'accuse devant lui, en
 
disant : « Nous l'avons trouvé pervertissant notre nation et défendant de payer le tribut à
 
César. »
 
 
 
Second point. Pilate, après l'avoir examiné une première et une seconde fois, dit : « Je ne
 
trouve en lui aucun sujet de condamnation. »
 
 
 
Troisième point. Barrabas, voleur insigne, lui est préféré. « Ils s'écrièrent tous ensemble :
 
Ne délivrez point celui-ci, mais Barabbas. »
 
 
 
294 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'à celle d'Hérode.
 
S. Lc, XXIII, 6-11
 
Premier point. Pilate, apprenant que Jésus est Galiléen, l'envoie à Hérode, tétrarque de
 
Galilée.
 
 
 
Second point. Hérode, homme curieux, l'interroge longuement ; mais Jésus ne lui fait
 
aucune réponse, quoique les scribes et les prêtres l'accusent constamment.
 
 
 
Troisième point. Hérode, avec sa cour, le méprise, et le revêt d'une robe blanche.
 
 
 
295 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Hérode jusqu'à celle de Pilate.
 
S. Mt, XXVII, 24-30 ‹ S. Mc, xv, 15-19 S. Lc, XXIII, 11-23 ‹ S. Jn, XIX, 1-6
 
Premier point. Hérode le renvoie à Pilate, et ils deviennent amis ; car auparavant ils étaient
 
ennemis.
 
 
 
Second point. Pilate prend Jésus et le fait flageller ; et les soldats font une couronne
 
d'épines, et ils la posent sur sa tête, et ils le revêtent de pourpre, et ils s'approchent de lui, en
 
disant : « Je vous salue, roi des Juifs ; et ils lui donnaient des soufflets. »
 
 
 
Troisième point. Pilate fait sortir Jésus et le montre au peuple : « Jésus sortit donc, portant
 
une couronne d'épines et un manteau de pourpre, et Pilate leur dit : Voilà l'homme. » Et
 
aussitôt que les pontifes le virent, ils s'écrièrent : « Crucifiez-le ! Crucifiez-le ! »
 
 
 
296 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'au Crucifiement
 
inclusivement. S. Jn, XIX, 13-22
 
Premier point. Pilate, assis comme juge, livre Jésus aux Juifs pour qu'ils le crucifient. Ils
 
l'avaient renié pour leur roi, en disant : « Nous n'avons point d'autre roi que César. »
 
 
 
Second point. Il portait sa croix sur ses épaules ; mais, comme il cédait sous le faix, Simon
 
le Cyrénéen fut contraint de la porter après Jésus.
 
 
 
Troisième point. Ils le crucifièrent entre deux voleurs, plaçant au haut de la croix cette
 
inscription : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. »
 
 
 
297 ‹ Des mystères qui se sont accomplis sur la Croix. S. Jn, XIX, 23-37
 
Premier point. Jésus dit sept paroles sur la croix : il pria pour ceux qui le crucifiaient (Lc,
 
XXIII, 34) ; il pardonna au bon larron (Lc, XXIII, 43) ; il recommanda saint Jean à sa Mère, et sa Mère à saint Jean ; il dit à haute voix : « J'ai soif » et les soldats lui donnèrent du fiel et
 
du vinaigre ; il dit qu'il était abandonné(Mc, XXVII, 46) ; il dit : « Tout est consommé » ; il
 
dit : « Mon Père, je remets mon âme entre vos mains » (Lc, XXIII, 46).
 
 
 
Second point. Le soleil s'obscurcit, les pierres se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent, le voile
 
du Temple se déchira en deux parties depuis le haut jusqu'en bas.
 
 
 
Troisième point. Ses ennemis blasphèment contre lui en disant : « Ah ! toi qui détruis le
 
Temple de Dieu, descends de la croix. » Ses vêtements furent partagés, son côté fut percé
 
d'une lance, et il en coula de l'eau et du sang.
 
 
 
298 ‹ Des mystères qui se sont accomplis depuis la Croix jusqu'au sépulcre inclusivement.
 
S. Jn, XIX, 30-42
 
Premier point. Jésus fut détaché de la croix par Joseph et Nicodème, en présence de sa Mère
 
affligée.
 
 
 
Second point. Son corps fut porté au sépulcre, embaumé, et mis dans le tombeau.
 
 
 
Troisième point. Des gardes y furent placés.
 
 
 
299 ‹ De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa première apparition.
 
Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l'Ecriture n'en fasse pas
 
mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu'il apparut à tant d'autres. Elle
 
suppose que nous avons l'intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le
 
Sauveur fit un jour à ses Apôtres : « Etes-vous encore sans intelligence ? »
 
 
 
300 ‹ De la seconde apparition. S. Mc, XVI, 1-11
 
Premier point. Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, et Marie Salomé, vont de grand
 
matin au sépulcre, en disant : « Qui nous ôtera la pierre de l'entrée du tombeau ? »
 
 
 
Second point. Elles voient la pierre levée, et un Ange leur dit : « Vous cherchez Jésus de
 
Nazareth ; il est ressuscité, il n'est plus ici. »
 
 
 
Troisième point. Il apparaît à Marie-Madeleine, qui, après le départ de ses compagnes, est
 
restée seule auprès du sépulcre.
 
 
 
301 ‹ De la troisième apparition. S. Mt, XXVIII, 8-10
 
Premier point. Les Marie sortent du lieu où était le sépulcre, avec crainte et avec une grande
 
joie, pour annoncer aux disciples la Résurrection du Sauveur.
 
 
 
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, leur apparaît dans le chemin, et leur dit : « Je
 
vous salue. » Et elles s'approchent de lui, se jettent à ses pieds et l'adorent.
 
 
 
Troisième point. Jésus leur dit : « Ne craignez point. Allez, dites à mes frères qu'ils se
 
rendent en Galilée ; c'est là qu'ils me verront. »
 
 
 
302 ‹ De la quatrième apparition. S. Lc, XXIV, 12-34
 
Premier point. Saint Pierre, ayant appris des saintes femmes que Jésus-Christ était
 
ressuscité, se rend en toute hâte au tombeau.
 
 
 
Second point. Il entre dans le tombeau, il n'y voit que les linges dans lesquels a été enseveli
 
le corps de Notre Seigneur, et rien d'autre.
 
 
 
Troisième point. Tandis que saint Pierre réfléchit sur cet événement, Jésus-Christ lui
 
apparaît, ce qui plus tard fit dire aux autres Apôtres : « Le Seigneur est vraiment ressuscité,
 
et il est apparu à Simon. »
 
 
 
303 ‹ De la cinquième apparition. S. Lc, XXIV, 13-35
 
Premier point. Jésus-Christ apparaît aux disciples qui vont à Emmaüs en s'entretenant de
 
lui.
 
 
 
Second point. Il leur adresse des reproches, et leur montre par les Ecritures que le Christ
 
devait mourir et ressusciter : « O hommes de peu de sens, et dont le c¦ur est lent à croire
 
tout ce qu'ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît de la sorte, et
 
qu'il entrât ainsi dans sa gloire ? »
 
 
 
Troisième point. Il cède à leurs prières, et demeure avec eux jusqu'au moment où, les ayant
 
communiés, ils disparut. Ceux-ci retournent à Jérusalem, et racontent aux disciples
 
comment ils l'ont reconnu à la fraction du pain.
 
 
 
304 ‹ De la sixième apparition. S. Jn, XX, 19-23
 
Premier point. Les disciples réunis, excepté saint Thomas, se tenaient renfermés, de peur des
 
Juifs.
 
 
 
Second point. Jésus leur apparaît, les portes étant fermées ; et, debout au milieu d'eux, il
 
leur dit : « La paix soit avec vous. »
 
 
 
Troisième point. Il leur donne l'Esprit Saint, en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit, les
 
péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez. »
 
 
 
305 ‹ De la septième apparition. S. Jn, XX, 24-29
 
Premier point. Saint Thomas, qui était absent lors de l'apparition précédente, demeure
 
incrédule, et dit : « Si je ne vois point, je ne croirai point. »
 
 
 
Second point. Jésus leur apparaît à huit jours de là, les portes étant fermées, et dit à saint
 
Thomas : « Portez ici votre doigt, et voyez, et ne soyez pas incrédule, mais fidèle. »
 
 
 
Troisième point. Saint Thomas croit et dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus-Christ
 
lui dit : « Heureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru. »
 
 
 
306 ‹ De la huitième apparition. S. Jn, XXI, 1-25
 
Premier point. Jésus apparaît à sept de ses disciples qui pêchaient. Ils n'avaient rien pris de
 
toute la nuit ; mais, ayant jeté le filet au commandement de leur Maître, « ils ne pouvaient
 
plus le tirer, tant il y avait de poissons. »
 
 
 
Second point. A ce miracle, saint Jean reconnut le Sauveur et dit à saint Pierre : « C'est le
 
Seigneur. » Et Pierre se jette à la mer et vient vers Jésus.
 
 
 
Troisième point. Il leur donne à manger un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. Il
 
recommande ses brebis à saint Pierre, après lui avoir demandé par trois fois s'il l'aimait, et il
 
lui dit : « Paissez mes brebis. »
 
 
 
307 ‹ De la neuvième apparition. S. Mt, XXVIII, 16-20 ‹ S. Mc, XVI, 14-18
 
Premier point. Les disciples, par ordre du Seigneur, se rendent au mont Thabor.
 
 
 
Second point. Jésus leur apparaît et leur dit : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et
 
sur la terre. »
 
 
 
Troisième point. Il les envoie prêcher dans tout l'univers, en disant : « Allez donc, enseignez
 
toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
 
 
 
308 ‹ De la dixième apparition. I Cor, XV, 6
 
« Ensuite il a été vu de plus de cinq cents frères assemblés. »
 
 
 
309 ‹ De la onzième apparition. I Cor, XV, 7
 
« Ensuite il s'est fait voir à Jacques. »
 
 
 
310 ‹ De la douzième apparition.
 
Il apparut à Joseph d'Arimathie, comme on peut le méditer pieusement, et comme on le lit
 
dans la vie des Saints.
 
 
 
311 ‹ De la treizième apparition. I Cor, XV, 8
 
Il apparut à saint Paul, après l'Ascension. « Enfin, après tous les autres, il s'est fait voir à
 
moi qui ne suis qu'un avorton. »
 
 
 
Il apparut aussi en âme aux saints Pères des Limbes, et après les en avoir retirés, et avoir
 
réuni son âme à son corps, il apparut souvent aux disciples et il conversait avec eux.
 
 
 
312 ‹ De l'Ascension de Jésus-Christ, notre Seigneur. Actes I, 1-12
 
Premier point. Jésus-Christ ayant apparu plusieurs fois à ses Apôtres pendant quarante
 
jours, leur donnant un grand nombre de preuves de sa résurrection, opérant plusieurs
 
miracles et leur parlant du royaume de Dieu, leur recommande d'attendre à Jérusalem
 
l'Esprit Saint promis.
 
 
 
Second point. Il les conduit au mont des Oliviers, où « ils le virent s'élever dans les airs ; et
 
une nuée l'environna et le déroba à leurs yeux. »
 
 
 
Troisième point. Tandis qu'ils regardent vers le ciel, les Anges leur disent : « Hommes de
 
Galilée, pourquoi demeurez-vous ici, regardant le ciel ? Ce Jésus, qui, du milieu de vous,
 
s'est élevé dans le ciel, viendra un jour de la même manière que vous l'y avez vu monter. »
 
 
 
Discernement des esprits :
 
 
 
313 ‹ Règles propres à faire discerner et sentir, en quelque manière, les divers mouvements
 
excités dans l'âme, soit par le bon esprit, afin de les recevoir ; soit par le mauvais, afin de les
 
repousser. Elles conviennent particulièrement à la première Semaine.
 
 
 
314 ‹ Première règle. ‹ A l'égard des personnes qui vont de péché mortel en péché mortel, la
 
conduite ordinaire de l'ennemi est de leur proposer des plaisirs apparents, leur occupant
 
l'imagination de jouissances et de voluptés sensuelles, afin de les retenir et de les plonger
 
plus avant dans leurs vices et dans leurs péchés. ‹ Le bon esprit, au contraire, agit en elles
 
d'une manière opposée : il aiguillonne et mord leur conscience, en leur faisant sentir les
 
reproches de la raison.
 
 
 
315 ‹ Deuxième règle. ‹ Dans les personnes qui travaillent courageusement à se purifier de
 
leurs péchés, et vont de bien en mieux dans le service de Dieu, notre Seigneur, le bon et le
 
mauvais esprit opèrent en sens inverse de la règle précédente. Car c'est le propre du mauvais
 
esprit de leur causer de la tristesse et des tourments de conscience, d'élever devant elles des
 
obstacles, de les troubler par des raisonnements faux, afin d'arrêter leur progrès dans le
 
chemin de la vertu ; au contraire, c'est le propre du bon esprit de leur donner du courage et
 
des forces, de les consoler, de leur faire répandre des larmes, de leur envoyer de bonnes
 
inspirations, et de les établir dans le calme, leur facilitant la voie et levant devant elles tous
 
les obstacles, afin qu'elles avancent de plus en plus dans le bien.
 
 
 
316 ‹ Troisième règle. ‹ De la consolation spirituelle. J'appelle consolation un mouvement
 
intérieur qui est excité dans l'âme, par lequel elle commence à s'enflammer dans l'amour de
 
son Créateur et Seigneur, et en vient à ne savoir plus aimer aucun objet créé sur la terre
 
pour lui-même, mais uniquement dans le Créateur de toutes choses.
 
 
 
La consolation fait encore répandre des larmes, qui portent à l'amour de son Seigneur l'âme
 
touchée du regret de ses péchés, ou de la Passion de Jésus-Christ, notre Seigneur, ou de
 
toute autre considération qui se rapporte directement à son service et à sa louange.
 
 
 
Enfin, j'appelle consolation toute augmentation d'espérance, de foi et de charité, et toute
 
joie intérieure qui appelle et attire l'âme aux choses célestes et au soin de son salut, la
 
tranquillisant et la pacifiant dans son Créateur et Seigneur.
 
 
 
317 ‹ Quatrième règle. ‹ De la désolation spirituelle. J'appelle désolation le contraire de ce
 
qui a été dit dans la troisième règle : les ténèbres et le trouble de l'âme, l'inclination aux
 
choses basses et terrestres, les diverses agitations et tentations qui la portent à la défiance, et
 
la laissent sans espérance et sans amour, triste, tiède, paresseuse, et comme séparée de son
 
Créateur et Seigneur.
 
 
 
Car comme la consolation est opposée à la désolation, les pensées que produit l'une sont
 
nécessairement contraires à celles qui naissent de l'autre.
 
 
 
318 ‹ Cinquième règle. ‹ Il importe, au temps de la désolation, de ne faire aucun
 
changement, mais de demeurer ferme et constant dans ses résolutions, et dans la
 
détermination où l'on était avant la désolation, ou au temps même de la consolation. Car,
 
comme c'est ordinairement le bon esprit qui nous guide et nous conseille dans la
 
consolation, ainsi, dans la désolation, est-ce le mauvais esprit, sous l'inspiration duquel
 
nous ne pouvons prendre un chemin qui nous conduise à une bonne fin.
 
 
 
319 ‹ Sixième règle. ‹ Quoique nous ne devions jamais changer nos résolutions au temps de
 
la désolation, il est cependant très utile de nous changer courageusement nous-mêmes, je
 
veux dire notre manière d'agir, et de la diriger tout entière contre les attaques de la
 
désolation. Ainsi, il convient de donner plus de temps à la prière, de méditer avec plus
 
d'attention, d'examiner plus sérieusement notre conscience, et de nous adonner davantage
 
aux exercices convenables de pénitence.
 
 
 
320 ‹ Septième règle. ‹ Que celui qui est dans la désolation considère comment le Seigneur,
 
pour l'éprouver, le laisse à ses puissances naturelles, afin qu'il résiste, comme de lui-même,
 
aux diverses agitations et tentations de l'ennemi ; car il le peut avec le secours divin qui lui
 
reste toujours, quoiqu'il ne le sente pas, parce que le Seigneur lui a soustrait cette ferveur
 
sensible, cet amour ardent, cette grâce puissante, ne lui laissant que la grâce ordinaire, mais
 
suffisante pour le salut éternel.
 
 
 
321 ‹ Huitième règle. ‹ Que celui qui est dans la désolation travaille à se conserver dans la
 
patience, vertu directement opposée aux attaques qui lui surviennent ; et qu'il espère qu'il
 
sera bientôt consolé, pourvu qu'il emploie comme nous l'avons dit dans la sixième règle, les
 
moyens nécessaires pour vaincre la désolation.
 
 
 
322 ‹ Neuvième règle. ‹ La désolation a trois causes principales.
 
Premièrement, elle peut être un châtiment. Notre tiédeur, notre paresse, notre négligence
 
dans nos exercices de piété, éloignent de nous la consolation spirituelle.
 
 
 
Secondement, elle est une épreuve. Dieu veut éprouver ce que nous pouvons, et jusqu'à
 
quel point nous sommes capables de nous avancer dans son service et de travailler à sa
 
gloire, privés de ces consolations abondantes et de ces faveurs spéciales.
 
 
 
Troisièmement, elle est une leçon. Dieu veut nous donner la connaissance certaine,
 
l'intelligence pratique et le sentiment intime qu'il ne dépend pas de nous de faire naître ou de
 
conserver dans nos coeurs une dévotion tendre, un amour intense accompagné de larmes, ni
 
aucune sorte de consolation spirituelle ; mais que tout est un don et une grâce de sa divine
 
bonté ; il veut nous apprendre à ne point placer trop haut notre demeure, en permettant à
 
notre esprit de s'élever et de se laisser aller à quelque mouvement d'orgueil ou de vaine
 
gloire, nous attribuant à nous-mêmes les sentiments de la dévotion et les autres effets de la
 
consolation spirituelle.
 
 
 
323 ‹ Dixième règle. ‹ Que celui qui est dans la consolation pense comment il se
 
comportera au temps de la désolation, et qu'il fasse dès lors provision de courage pour le
 
moment de l'épreuve.
 
 
 
324 ‹ Onzième règle. ‹ Qu'il s'efforce aussi de s'humilier et de s'abaisser autant qu'il lui est
 
possible, pensant de combien peu de chose il est capable au temps de la désolation, lorsqu'il
 
est privé de la grâce sensible ou de la consolation. Au contraire, celui qui est dans la
 
désolation se rappellera qu'il peut beaucoup avec la grâce, qu'elle lui suffit pour résister à
 
tous ses ennemis, pourvu qu'il s'appuie sur le secours de son Créateur et Seigneur.
 
 
 
325 ‹ Douzième règle. ‹ Notre ennemi ressemble à une femme : il en a la faiblesse et
 
l'opiniâtreté. C'est le propre d'une femme, lorsqu'elle se dispute avec un homme, de perdre
 
courage et de prendre la fuite aussitôt que celui-ci lui montre un visage ferme ; l'homme, au
 
contraire, commence-t-il à craindre et à reculer, la colère, la vengeance et la férocité de cette
 
femme s'accroissent et n'ont plus de mesure.
 
 
 
De même, c'est le propre de l'ennemi de faiblir, de perdre courage et de prendre la fuite avec
 
ses tentations, quand la personne qui s'exerce aux choses spirituelles montre beaucoup de
 
fermeté contre le tentateur, et fait diamétralement le contraire de ce qui lui est suggéré. Au
 
contraire, si la personne qui est tentée commence à craindre et à supporter l'attaque avec
 
moins de courage, il n'est point de bête féroce sur la terre dont la cruauté égale la malice
 
infernale avec laquelle cet ennemi de la nature humaine s'attache à poursuivre ses perfides
 
desseins.
 
 
 
326 ‹ Treizième règle. ‹ Sa conduite est encore celle d'un séducteur : il demande le secret et
 
ne redoute rien tant que d'être découvert. Un séducteur qui sollicite la fille d'un père
 
honnête, ou la femme d'un homme d'honneur, veut que ses discours et ses insinuations
 
restent secrets. Il craint vivement, au contraire, que la fille ne découvre à son père, ou la
 
femme à son mari, ses paroles trompeuses et son intention perverse ; il comprend facilement
 
qu'il ne pourrait alors réussir dans ses coupables desseins.
 
 
 
De même, quand l'ennemi de la nature humaine veut tromper une âme juste par ses ruses et
 
ses artifices, il désire, il veut qu'elle l'écoute et qu'elle garde le secret. Mais si cette âme
 
découvre tout à un confesseur éclairé, ou à une autre personne spirituelle qui connaisse les
 
tromperies et les ruses de l'ennemi, il en reçoit un grand déplaisir ; car il sait que toute sa
 
malice demeurera impuissante, du moment où ses tentatives seront découvertes et mises au
 
grand jour.
 
 
 
327 ‹ Quatorzième règle. ‹ Enfin, il imite un capitaine qui veut emporter une place où il
 
espère faire un riche butin. Il assoit son camp, il considère les forces et la disposition de
 
cette place, et il l'attaque du côté le plus faible. Il en est ainsi de l'ennemi de la nature
 
humaine. Il rôde sans cesse autour de nous ; il examine de toutes parts chacune de nos
 
vertus théologales, cardinales et morales, et, lorsqu'il a découvert en nous l'endroit le plus
 
faible et le moins pourvu des armes du salut, c'est par là qu'il nous attaque et qu'il tâche de
 
remporter sur nous une pleine victoire.
 
 
 
328 ‹ Autres règles qui traitent plus à fond la même matière du discernement des esprits.
 
Elles conviennent surtout à la Seconde semaine.
 
 
 
329 ‹ Première règle. ‹ C'est le propre de Dieu et de ses Anges, lorsqu'ils agissent dans une
 
âme, d'en bannir le trouble et la tristesse que l'ennemi s'efforce d'y introduire et d'y répandre
 
la véritable allégresse et la vraie joie spirituelle. ‹ Au contraire, c'est le propre de l'ennemi
 
de combattre cette joie et cette consolation intérieure par des raisons apparentes, des
 
subtilités et de continuelles illusions.
 
 
 
330 ‹ Deuxième règle. ‹ Il appartient à Dieu seul de donner de la consolation à l'âme sans
 
cause précédente, parce qu'il n'appartient qu'au Créateur d'entrer dans l'âme, d'en sortir, et
 
d'y exciter des mouvements intérieurs qui l'attirent tout entière à l'amour de sa divine
 
Majesté. Je dis sans cause, c'est-à-dire sans aucun sentiment précédent ou connaissance
 
préalable d'aucun objet qui ait pu faire naître cette consolation au moyen des actes de
 
l'entendement et de la volonté.
 
 
 
331 ‹ Troisième règle. ‹ Lorsqu'une cause a précédé la consolation, le bon et le mauvais
 
ange peuvent également en être l'auteur ; mais leur fin est bien différente. Le bon Ange a
 
toujours en vue le profit de l'âme qu'il désire voir croître en grâce et monter de vertu en
 
vertu. Le mauvais ange, au contraire, veut toujours arrêter ses progrès dans le bien pour
 
l'attirer enfin à ses intentions coupables et perverses.
 
 
 
332 ‹ Quatrième règle. ‹ C'est le propre de l'ange mauvais, lorsqu'il se transforme en ange
 
de lumière, d'entrer d'abord dans les sentiments de l'âme pieuse, et de finir par lui inspirer
 
les siens propres. Ainsi, il commence par suggérer à cette âme des pensées bonnes et saintes,
 
conformes à ses dispositions vertueuses ; mais bientôt, peu à peu, il tâche de l'attirer dans
 
ses pièges secrets et de la faire consentir à ses coupables desseins.
 
 
 
333 ‹ Cinquième règle. ‹ Nous devons examiner avec grand soin la suite et la marche de nos
 
pensées. Si le commencement, le milieu et la fin, tout en elles est bon et tendant purement
 
au bien, c'est une preuve qu'elles viennent du bon Ange ; mais si, dans la suite des pensées
 
qui nous sont suggérées, il finit par s'y rencontrer quelque chose de mauvais ou de dissipant,
 
ou de moins bon que ce que nous nous étions proposé de faire, ou si ces pensées
 
affaiblissent notre âme, l'inquiètent, la troublent, en lui ôtant la paix, la tranquillité et le
 
repos dont elle jouissait d'abord, c'est une marque évidente qu'elles procèdent du mauvais
 
esprit, ennemi de notre avancement et de notre salut éternel.
 
 
 
334 ‹ Sixième règle. ‹ Quand l'ennemi de la nature humaine aura été découvert et reconnu à
 
sa queue de serpent, c'est-à-dire par la fin pernicieuse à laquelle il nous porte, il sera utile à
 
la personne qui aura été tentée de reprendre aussitôt la suite des bonnes pensées qu'il lui a
 
suggérées, d'en examiner le principe, et de voir comment, peu à peu, il a tâché de la faire
 
déchoir de la suavité et de la joie spirituelle dans laquelle elle était, jusqu'à l'amener à sa fin
 
dépravée. L'expérience qu'elle acquerra par cette recherche et cette observation lui fournira
 
les moyens de se mettre en garde dans la suite contre les artifices ordinaires de l'ennemi.
 
 
 
335 ‹ Septième règle. ‹ Le bon Ange a coutume de toucher doucement, légèrement et
 
suavement l'âme de ceux qui font chaque jour des progrès dans la vertu ; c'est, pour ainsi
 
dire, une goutte d'eau qui pénètre une éponge. Le mauvais ange, au contraire, la touche
 
durement, avec bruit et agitation, comme l'eau qui tombe sur la pierre. Quant à ceux qui
 
vont de mal en pis, les mêmes esprits agissent sur eux d'une manière tout opposée.
 
La cause de cette diversité est dans la disposition même de l'âme, qui est contraire ou
 
semblable à la leur. Si elle est contraire, ils entrent avec bruit et commotion ; on sent
 
facilement leur présence. Si elle est semblable, ils entrent paisiblement et en silence, comme
 
dans une maison qui leur appartient et dont la porte leur est ouverte.
 
 
 
336 ‹ Huitième règle. ‹ Lorsque la consolation spirituelle est sans cause qui l'ait précédée, il
 
est certain qu'elle est à l'abri de toute illusion, puisque, comme nous l'avons dit dans la
 
seconde de ces règles, elle ne peut venir que de Dieu, notre Seigneur. Cependant la personne
 
qui reçoit cette consolation doit apporter beaucoup d'attention et de vigilance à distinguer le
 
temps même de la consolation du temps qui la suit immédiatement.
 
 
 
Dans ce second temps, où l'âme est encore toute fervente, et comme pénétrée des restes
 
précieux de la consolation passée, elle forme de son propre raisonnement, par une suite de
 
ses habitudes naturelles et en conséquence de ses conceptions et de ses jugements, sous
 
l'inspiration du bon ou du mauvais esprit, des résolutions et des décisions qu'elle n'a pas
 
reçues immédiatement de Dieu, notre Seigneur, et que, par conséquent, il est nécessaire de
 
bien examiner avant de leur accorder une entière créance et de les mettre à exécution.
 
 
 
De la distribution des aumônes :
 
 
 
337 ‹ Règles à observer dans le ministère de la distribution des aumônes.
 
 
 
338 ‹ Première règle. ‹ Si je distribue des aumônes à des parents, à des amis ou à des
 
personnes pour lesquelles je me sens de l'affection, je dois observer quatre points dont il a
 
été fait mention dans la matière de l'Election (184,187).
 
 
 
Le premier est que l'amour qui m'engage à faire l'aumône à ces personnes vienne du Ciel et
 
ait sa source dans l'amour même que j'ai pour Dieu, notre Seigneur. Je dois donc, avant
 
d'agir, sentir intérieurement que l'amour plus ou moins grand que je leur porte est pour
 
Dieu et voir Dieu dans le motif qui me fait les aimer davantage.
 
 
 
339 ‹ Le second consiste à me représenter un homme que je n'ai jamais vu ou connu et à qui
 
je désire toute la perfection à laquelle il peut atteindre dans l'exercice de son emploi ; puis je
 
ferai moi-même, ni plus ni moins, ce que je voudrais qu'il fît dans la distribution de ses
 
aumônes, prenant pour moi la règle que je lui conseillerais de suivre et que je juge être
 
conforme à la plus grande gloire de Dieu et à la plus grande perfection de son âme.
 
 
 
340 ‹ Le troisième, à examiner, comme si je me trouvais à l'article de la mort, comment je
 
voudrais m'être comporté dans l'exercice de mon emploi ; et, me réglant sur ce que je
 
désirerais alors avoir fait, le mettre en pratique maintenant.
 
 
 
341 ‹ Le quatrième, à considérer ce que je penserai au jour du jugement. Comment
 
voudrais-je alors m'être acquitté de ce ministère ? Quelle règle voudrais-je avoir suivie ?
 
C'est celle que je dois suivre à cette heure.
 
 
 
342 ‹ Deuxième règle. ‹ Lors donc que l'on ressent de l'inclination ou de l'affection pour les
 
personnes entre lesquelles on désire répartir les aumônes, il faut d'abord suspendre sa
 
détermination, puis faire sur les quatre points de la règle précédente des réflexions sérieuses,
 
recherchant et examinant la source de l'affection que l'on éprouve, et ne se décider à faire
 
l'aumône qu'après avoir, conformément à cette première règle, ôté entièrement et rejeté de
 
son coeur toute affection déréglée.
 
 
 
343 ‹ Troisième règle. ‹ Bien que l'on puisse légitimement accepter des bénéfices
 
ecclésiastiques pour en distribuer le fruit, quand on se sent appelé de Dieu, notre Seigneur, à
 
cet état, il est cependant certain que dans la détermination de la quantité qu'il est permis de
 
s'appliquer à soi-même et de celle que l'on doit distribuer aux autres, on peut avec raison
 
craindre d'excéder et de blesser sa conscience. Il sera donc bon de réformer sa conduite en
 
consultant les règles présentes.
 
 
 
344 ‹ Quatrième règle. ‹ Pour les raisons que nous avons déjà exposées et pour beaucoup
 
d'autres, le meilleur et le plus sûr, lorsqu'il s'agit de dépenses personnelles et domestiques,
 
est toujours de restreindre et de diminuer de plus en plus, jusqu'à se rapprocher autant que
 
possible du Pontife souverain, notre règle et notre modèle, qui est Jésus-Christ, notre
 
Seigneur. C'est conformément à cette règle que le Concile de Carthage, auquel assista saint
 
Augustin détermine et ordonne que l'ameublement de l'évêque soit commun et pauvre. Ceci
 
doit s'appliquer à tous les états ; ce qui n'empêche pas d'avoir égard et de se conformer à ce
 
que le rang et la condition réclament. Saint Joachim et sainte Anne, pour citer un exemple
 
de personnes engagées dans le mariage, divisaient leurs biens en trois parts. Ils donnaient la
 
première aux pauvres ; ils consacraient la seconde au culte divin et au service du Temple ;
 
ils se servaient de la troisième pour leur entretien et celui de leur maison.
 
 
 
Sur les scrupules :
 
 
 
345 ‹ Règles utiles pour la connaissance et le discernement des scrupules et des insinuations
 
trompeuses de notre ennemi.
 
 
 
346 ‹ Première règle. ‹ On nomme assez communément scrupule un jugement libre et
 
volontaire par lequel nous prononçons qu'une action est péché lorsqu'elle ne l'est pas ; par
 
exemple, lorsqu'il arrive à quelqu'un de juger qu'il a péché en mettant le pied par hasard sur
 
deux brins de paille en forme de croix. Or ceci est plutôt, à proprement parler un jugement
 
erroné qu'un scrupule.
 
 
 
347 ‹ Deuxième règle. ‹ Mais après avoir marché sur cette croix, ou après avoir fait, dit ou
 
pensé une chose quelconque, il me vient du dehors la pensée que j'ai péché ; d'un autre côté,
 
il me semble intérieurement que je n'ai pas péché. J'éprouve en cela du trouble, en tant que
 
je doute et ne doute pas : or c'est là à proprement parler un scrupule et une tentation que
 
l'ennemi fait naître en moi.
 
 
 
348 ‹ Troisième règle. ‹ Il faut abhorrer la première sorte de scrupule, dont il est question
 
dans la première règle, parce qu'elle n'est qu'erreur. Quant à la seconde, indiquée dans la
 
seconde règle, elle est très utile, durant quelque temps, à l'âme qui s'adonne aux Exercices
 
spirituels ; car elle sert grandement à la rendre plus nette et plus pure, en la séparant
 
entièrement de toute apparence de péché, selon cette parole de saint Grégoire : « C'est le
 
propre des bonnes âmes de reconnaître une faute là où il n'y a pas de faute : Bonarum
 
mentium est, ibi culpam agnoscere, ubi culpa nulla est. »
 
 
 
349 ‹ Quatrième règle. ‹ L'ennemi considère attentivement si une âme est peu scrupuleuse,
 
ou si elle est timorée. Si elle est timorée, il tâche de la rendre délicate à l'extrême pour la
 
jeter plus facilement dans le trouble et l'abattre. Il voit, par exemple, qu'elle ne consent ni au
 
péché mortel, ni au péché véniel, ni à rien de ce qui a l'ombre de péché délibéré ; il tâchera,
 
puisqu'il ne peut la faire tomber dans l'apparence même d'une faute, de lui faire juger qu'il y
 
a péché là ou il n'y a point de péché, comme dans une parole ou une pensée sans importance.
 
Au contraire, si l'âme est peu scrupuleuse, l'ennemi s'efforcera de la rendre moins
 
scrupuleuse encore. Par exemple, si jusqu'ici elle ne faisait aucun cas des péchés véniels, il
 
tâchera qu'elle fasse peu de cas des péchés mortels : et si elle faisait encore quelque cas des
 
péchés mortels, il la portera à y faire beaucoup moins d'attention ou à les mépriser
 
entièrement.
 
 
 
350 ‹ Cinquième règle. ‹ L'âme qui désire avancer dans la vie spirituelle doit toujours
 
procéder d'une manière contraire à celle de l'ennemi. S'il veut la rendre peu délicate, qu'elle
 
tâche de se rendre délicate et timorée ; mais si l'ennemi s'efforce de la rendre timorée à
 
l'excès pour la pousser à bout, qu'elle tâche de se consolider dans un sage milieu pour y
 
demeurer entièrement en repos.
 
 
 
351 ‹ Sixième règle. ‹ Lorsqu'une âme pieuse désire dire ou faire quelque chose qui ne
 
s'écarte, ni des usages de l'Eglise, ni des traditions de nos pères, et qu'elle croit propre à
 
procurer la gloire de Dieu, notre Seigneur, s'il lui vient du dehors une pensée ou une
 
tentation de ne point dire ou faire cette chose, sous prétexte de vaine gloire ou d'autre
 
défaut, qu'elle élève son entendement à son Créateur et Seigneur ; et si elle voit que cette
 
parole ou cette action tend au service de Dieu, ou du moins ne lui est pas contraire, qu'elle
 
fasse ce qui est diamétralement opposé à ce que lui suggère la tentation, répondant à
 
l'ennemi avec saint Bernard : « Ce n'est pas pour toi que j'ai commencé, ce n'est pas pour toi
 
que je cesserai : Nec propter te incepi, nec propter te finiam. »
 
 
 
De la soumission à l'Eglise :
 
 
 
352 ‹ Règles à suivre pour ne nous écarter jamais des véritables sentiments que nous devons
 
avoir dans l'Eglise militante.
 
 
 
353 ‹ Première règle. ‹ Renoncer à tout jugement propre et se tenir prêt à obéir
 
promptement à la véritable Epouse de Jésus-Christ, notre Seigneur, c'est-à-dire à la sainte
 
Eglise hiérarchique, notre Mère.
 
 
 
354 ‹ Deuxième règle. ‹ Louer la confession sacramentelle, la réception du très saint
 
sacrement de l'Eucharistie au moins une fois dans l'année, beaucoup plus tous les mois, et
 
plus encore chaque semaine, avec les dispositions requises et convenables.
 
 
 
355 ‹ Troisième règle. ‹ Louer l'usage d'entendre souvent la sainte Messe ; louer de même
 
les chants ecclésiastiques, la psalmodie et les prières, même prolongées, dans l'église ou
 
dans tout autre lieu convenable. Approuver la détermination de certaines heures pour la
 
célébration de l'Office divin, pour la récitation des Heures canoniales et de toute autre
 
prière.
 
 
 
356 ‹ Quatrième règle. ‹ Louer beaucoup les ordres religieux, la virginité et la continence et
 
ne pas louer autant le mariage.
 
 
 
357 ‹ Cinquième règle. ‹ Louer les voeux de religion, d'obéissance, de pauvreté, de chasteté,
 
et les autres par lesquels on s'oblige à des oeuvres de surérogation et de perfection.
 
Or, il est à remarquer que le voeu ayant essentiellement pour matière les choses qui se
 
rapprochent davantage de la perfection évangélique, on ne doit point faire voeu de ce qui s'en
 
éloigne, comme d'entrer dans le commerce ou de s'engager dans le mariage.
 
 
 
358 ‹ Sixième règle. ‹ Louer l'usage de prier les Saints et de vénérer leurs reliques ; louer les
 
stations, les pèlerinages, les indulgences, les jubilés, les faveurs spirituelles accordées par
 
les souverains Pontifes dans l'intention d'obtenir de Dieu le triomphe de l'Eglise sur les
 
infidèles, l'usage de brûler des cierges dans nos temples.
 
 
 
359 ‹ Septième règle. ‹ Louer les lois de l'Eglise relativement aux jeûnes et aux abstinences
 
du Carême, des Quatre-Temps, des Vigiles, du vendredi et du samedi ; louer aussi les
 
pénitences, non seulement intérieures, mais encore extérieures.
 
 
 
360 ‹ Huitième règle. ‹ Louer le zèle pour la construction et l'ornement des églises ; louer
 
de même l'usage des tableaux et des statues et les vénérer en vue des objets qu'ils
 
représentent.
 
 
 
361 ‹ Neuvième règle. ‹ Louer enfin tous les préceptes de l'Eglise, et être toujours prêt à
 
chercher des raisons pour les justifier et les défendre, et jamais pour les condamner ou les
 
blâmer.
 
 
 
362 ‹ Dixième règle. ‹ Nous devons être plus portés à approuver et à louer les règlements,
 
les recommandations et la conduite de nos supérieurs qu'à les blâmer : car, supposé que
 
quelques-unes de leurs dispositions ne soient pas, ou puissent ne pas être dignes d'éloges, il
 
est toujours vrai, à raison des murmures et du scandale, qu'il y a plus d'inconvénients que
 
d'utilité à les condamner, soit en prêchant en public, soit en parlant devant le bas peuple ; ce
 
qui l'irriterait contre ses supérieurs temporels ou spirituels.
 
 
 
Cependant, comme il est dangereux de parler mal des supérieurs en leur absence devant le
 
peuple, ainsi peut-il être utile de manifester l'irrégularité de leur conduite aux personnes
 
mêmes qui ont le pouvoir d'y porter remède.
 
 
 
363 ‹ Onzième règle. ‹ Louer la théologie positive et scolastique ; car, comme c'est
 
particulièrement le propre des Docteurs positifs, tels que saint Jérôme, saint Augustin, saint
 
Grégoire et les autres, d'exciter les affections et de porter les hommes à aimer et à servir de
 
tout leur pouvoir Dieu, notre Seigneur ; ainsi le but principal des Scolastiques, tels que
 
saint Thomas, saint Bonaventure, le Maître des Sentences et ceux qui les ont suivis, est de
 
définir et d'expliquer, selon le besoin des temps modernes, les choses nécessaires au salut
 
éternel, d'attaquer et de manifester clairement toutes les erreurs et les faux raisonnements
 
des ennemis de l'Eglise. En effet, plus récents que les premiers, non seulement ils se servent
 
avantageusement de l'intelligence de la sainte Ecriture et des écrits des saints Docteurs
 
positifs ; mais éclairés et enseignés eux-mêmes par la vertu divine, ils s'aident encore, pour
 
notre instruction, des Conciles, des canons et des constitutions de notre Mère la sainte
 
Eglise.
 
 
 
364 ‹ Douzième règle. ‹ Evitons de faire des comparaisons entre les personnes encore
 
vivantes et les saints qui sont dans le ciel ; car on est grandement exposé à se tromper en ce
 
point. Gardons-nous donc de dire : Cet homme est plus savant que saint Augustin ; celui-ci
 
est un autre saint François, s'il ne le surpasse ; celui-là est un autre saint Paul en vertu, en
 
sainteté, etc…
 
 
 
365 ‹ Treizième règle. ‹ Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons toujours être
 
disposés à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l'Eglise hiérarchique le décide
 
ainsi. Car il faut croire qu'entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l'Epoux, et l'Eglise, qui
 
est son Epouse, il n'y a qu'un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de
 
nos âmes, et que c'est par le même Esprit et le même Seigneur qui donna les dix
 
commandements qu'est dirigée et gouvernée notre Mère la sainte Eglise.
 
 
 
366 ‹ Quatorzième règle. ‹ Quoiqu'il soit très vrai que personne ne puisse se sauver sans
 
être prédestiné et sans avoir la foi et la grâce, il faut s'observer beaucoup dans la manière de
 
parler et de discourir sur ce sujet.
 
 
 
367 ‹ Quinzième règle. ‹ Nous ne devons parler ni beaucoup ni souvent de la prédestination
 
; mais si on en dit parfois quelque chose, que l'on évite de donner au peuple l'occasion de
 
tomber dans quelque erreur et de lui faire dire ce que l'on entend quelquefois : Si je dois
 
être damné ou sauvé, c'est une affaire déjà décidée ; mes actions bonnes ou mauvaises ne
 
feront pas qu'il en arrive autrement. Et, sur ce raisonnement, on tombe dans l'indolence, et
 
on néglige les oeuvres utiles au profit de l'âme et nécessaires au salut.
 
 
 
368 ‹ Seizième règle. ‹ Il faut également prendre garde qu'à force de parler sans explication
 
et sans distinction de l'excellence et de la vertu de la foi, on ne donne occasion au peuple de
 
devenir négligent et paresseux pour les bonnes oeuvres, soit avant la conversion, lorsque la
 
foi n'est pas encore animée par la charité, soit après.
 
 
 
369 ‹ Dix-septième règle. ‹ Ne nous arrêtons pas et n'insistons pas tellement sur l'efficacité
 
de la grâce, que nous fassions naître dans les coeurs le poison de l'erreur qui nie la liberté. Il
 
est permis sans doute de parler de la foi et de la grâce, autant qu'il est possible avec le
 
secours divin, pour la plus grande louange de la divine Majesté ; mais non de telle manière,
 
surtout en des temps si difficiles, que les oeuvres et le libre arbitre en reçoivent quelque
 
préjudice, ou soient regardés, celui-ci comme un vain mot, et celles-là comme inutiles.
 
 
 
370 ‹ Dix-huitième règle. ‹ Bien que nous devions surtout désirer que les hommes servent
 
Dieu, notre Seigneur, par le motif du pur amour, nous devons cependant louer beaucoup la
 
crainte de la divine Majesté ; car, non seulement la crainte filiale est pieuse et très sainte,
 
mais la crainte servile même, lorsque l'homme ne s'élève pas à quelque chose de meilleur et
 
de plus utile, l'aide beaucoup à sortir du péché mortel ; et, lorsqu'il en est sorti, il parvient
 
facilement à la crainte filiale, qui est tout agréable et chère à Dieu, parce qu'elle est inséparablement unie à son amour.
 

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Les Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola (1491 - 1556)


« retiré dans la grotte de Manarèse, Saint Ignace apprit de la Mère de Dieu Elle-même à combattre les combats du Seigneur. Ce fut comme de ses mains qu’il reçut ce Code si parfait (c’est le nom qu’en toute vérité nous pou­vons lui donner) dont tout bon soldat de Jésus-Christ doit faire usage. Nous vou­lons parler des Exercices Spiri­tuels qui, selon la tradition, furent donnés à saint Ignace. ». Pie XI “Meditantibus Nobis[1]





Notes

  1. Sur le site du Vatican, nous n'avons trouvé que la version italienne de cette lettre apostolique, dont voici l'extrait: ritiratosi nella grotta di Manresa, apprese dalla stessa Madre di Dio l’arte di combattere le battaglie del Signore, e ricevette come dalle mani di Lei quel perfetto codice di leggi (che così in verità possiamo chiamarlo) di cui deve far uso ogni buon soldato di Gesù Cristo. Alludiamo agli Esercizi Spirituali che, secondo la tradizione, furono ispirati dal cielo ad Ignazio.