Jacobins

De Christ-Roi
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Membres d'une Société maçonnique qui joua un rôle important pendant la Révolution française de 1789 à la fin de 1794. En janvier 1790, le club prit le nom de Société des amis de la Constitution et tint ses réunions au réfectoire du couvent dominicain des Jacobins situé rue Saint Honoré à Paris. Jusqu’en juin 1791 et avant la fuite du roi, le club rassemblait tous les députés dits "patriotes"... Citons parmi ses membres Barnave, La Fayette, Mirabeau, Sieyès, Talleyrand, Robespierre, Petion...

"Une coalition de Conjurés Sophistes, Francs-Maçons & Illuminés" (A. Barruel)

Une coalition des Sophistes, Maçons & illuminés

"Ainsi tout est le même dans cet antre des Jacobins, & dans les arrières-Loges dont il a pris la place. Identité d'adeptes, identités d'objets, de principes, de complots, de moyens, de sermens; tout montre à l'historien cette coalition des adeptes de l' impiété, des adeptes de la rebellion, & des adeptes de l' anarchie, ne formant désormais qu'une seule & même secte, sous le nom désastreux de Jacobins. Nous connaissons les uns sous le nom de Sophistes, les autres sous celui d' arrières-Maçons, & les autres enfin sous celui d' Illuminés. Ils ont perdu jusqu'à ces noms qui les distinguaient les uns des autres; ils ne sont plus que Jacobins" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 109-110).

Projets de Weishaupt & de Knigge sur la France

Dès les années 1782, Philon-Knigge & Weihsaupt avaient formé le projet d'agréger à leur Illuminisme la Nation française; mais son génie ardent, impatient & difficile à contenir offrait à ces deux Chefs de puissants motifs pour ne pas trop hâter leurs conquêtes au-delà de Strasbourg. L'explosion en France pouvait être prématurée; ce peuple trop actif, bouillant, impétueux pouvait ne pas attendre que les autres fussent par-tout également prêts au grand objet; & Weishaupt sur-tout n'était pas homme à se contenter d'une révolution partielle & locale, qui pouvait ne servir qu'à mettre sur leurs gardes les divers Souverains de l'Europe. Nous l'avons vu au fond de son sanctuaire, préparant ses adeptes, disposant les rangs avec cet artifice, avec cette chaîne de correspondance qui ne lui laissaient plus que le signal à donner, quand le jour propice aux grands complots serait arrivé. Cette chaîne formée, & les légions des Frères averties de sortir à l'heure convenue de leurs clubs, de leurs loges, de leurs académies, de leurs antres, & de tous les repaires souterrains, du Midi au Septentrion, de l'Orient à l'Occident, l'Europe entière devait au même instant se trouver en révolution..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 58-59).

Tous ces projets hâtés par Mirabeau

"Cependant, il existait déjà quelques adeptes dans le centre même de ce royaume (de France). Quelques-uns avaient été admis aux secrets de Knigge lors de l'Assemblée de Wilhelmsbad (1782) [1]. Dès la même année, Dietrich, ce maire de Strasbourg, qui devint en Alsace l'émule de Robespierre, se trouvait déjà sur la liste des Frères. Ils avaient un adepte bien plus important en la personne de ce Marquis de Mirabeau, que la Révolution devait rendre si fameux... Par quelle étrange fatalité les Ministres du plus honnête homme des Rois, avaient-ils cru devoir confier une partie de ses intérêts à cet homme dont toute la vie n'avait été jusqu'alors qu'un tissu de trahisons domestiques, & de la plus monstrueuses immoralité? Ce n'était pas assez que la clémence de Louis XVI l'eût ravi à ses juges & à l'échafaud; il fallait encore que sa scélératesse se crût récompensée par une mission secrète, qui supposait en quelque sorte la confiance de son Prince. Envoyé à Berlin, Mirabeau y traita les affaires du Roi, comme il avait traité celles de son père & de sa mère. Prêt à servir & à trahir tous les partis, prêt sur-tout à se livrer à celui qui achèterait les forfaits au plus haut prix, & qui lui en offrirait le plus à commettre, environné d'Illuminés en Prusse, il en fut bientôt recherché. Nicolaï, Biester, Gedicke, Leuchfenring, devinrent sa société favorite. A Brunswick, il trouva Mauvillon, digne élève de Knigge, & alors professeur au Collège Carolin. Il fut initié par lui aux derniers mystères de l'Illuminisme. (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 60).

"De retour en France, il commença par introduire lui-même les nouveaux mystères dans la loge appelée Philalètes... Mirabeau crut devoir appeler en France des apôtres plus exercés que lui dans tous les artifices du code. Il connaissait les raisons qui avaient jusqu'alors empêché les chefs de l'Illuminisme de travailler encore à la conquête de la France; il sut leur persuader qu'il était temps pour eux de se montrer chez une nation qui n'attendait que leurs moyens pour une révolution à laquelle tant d'autres conjurés la disposaient depuis long-temps, & dont ses nouveaux confrères étaient sans doute les plus propres à fixer les succès. Les secrets échappés au commerce de lettres qui s'établit dès-lors entre lui & Mauvillon, ne suffiront pas à l'historien pour dévoiler tous les détails des conseils & des intrigues qui suivirent cette correspondance; mais au moins est-il sûr que la politique de Mirabeau prévalut dans l'aéropage de Weishaupt" (Augustin Barruel, ibid., t. V, p. 61-62).

Députation des Illuminés Allemands aux Francs-Maçons de Paris

"Les voix se réunirent et il fut décidée que la France serait illuminisée... Amelius Bode, le digne successeur tout à la fois de Knigge & de Weishaupt, s'offrit & fut élu pour député auprès des Loges, par lesquelles cet apostolat devait commencer. On assigna à Bode cet autre élève de Knigge, que la Secte avait nommé Bayard, & dont le vrai nom était Guillaume, Baron de Busche. Capitaine au service de la Hollande, héritier d'une grande fortune, adroit, plein de ruses & de ces artifices que les Frères insinuants appellent prudence & sagesse, ce Baron avait eu pour première commission, celle de propager les complots de la Secte dans ces provinces mêmes qui croyaient n'avoir acquis en lui qu'un officier prêt à donner sa vie pour le maintien des lois... (Ecrits originaux Philos Berichte. 6.) Le zèle avec lequel il avait rempli sa première mission, fut sans doute le titre qui lui valut l'honneur d'accompagner le chef de l'Ordre dans celle de Paris" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 62-63).

Etat de la Maçonnerie parisienne à l'arrivée de ces Députés

"Les circonstances ne pouvaient pas alors être plus favorables pour les députés & plus désastreuses pour la France. Le Philosophisme du siècle avait fait dans les Loges, tout ce qu'on pouvait attendre des disciples de Voltaire & de Jean-Jacques (Rousseau), pour préparer le règne de cette égalité & de cette liberté, dont les derniers mystères devenaient, par Weishaupt, ceux de l'impiété & de l'anarchie la plus absolue. Une ligne de démarcation avait été fixée entre les anciens grades & ceux de la moderne Franc-Maçonnerie. Les premiers, avec tous leurs jeux enfantins & avec toute l'obscurité de leurs symboles, étaient abandonnés aux communs des Frères. Les autres, sous le titre de Grades philosophiques, étaient plus spécialement ceux que j'ai fait connaître sous le titre de Chevaliers du Soleil, de derniers Rose-Croix, & de Chevaliers Kadosch. A la tête de toutes ces Loges bornées aux anciens, ou bien initiées aux nouveaux mystères, se trouvaient dans Paris trois Loges plus spécialement remarquables par l'autorité qu'elles exerçaient sur les autres, ou par leur influence sur l'opinion des Frères" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 63-64).

Grand Orient de Paris

"La première, appelée le grand Orient, était moins une Loge que la réunion de toutes les Loges régulières du royaume, représentées par leurs députés. C'était en quelque sorte le grand Parlement maçonnique, ayant ses quatre chambres, dont la réunion formait la grande Loge du Conseil, où tout ce qui avait rapport aux intérêts de l'Ordre se décidait en dernier ressort. Les quatre chambres étaient appelées d'Administration, de Paris, des Provinces & des Grades. Celle-ci, par essence, la plus secrète de toutes, n'admettait à ses séances aucun Frère visiteur. Mais tous les vénérables pouvaient assister aux travaux ordinaires des autres chambres...

"A ce Parlement maçonniques étaient attachés trois grands Officiers de l'Ordre, appelés le Grand-Maître, l' Administrateur-Général, & le Grand Conservateur. A l'arrivée des Députés illuminés, le premier de ces grands Officiers était le très-Sérénissime Frère Duc d'Orléans, premier Prince du Sang. Les deux autres étaient aussi des Frères de la plus haute distinction. Leur nom seul suffirait pour nous dire qu'il était, jusque dans le dernier Conseil de l'Ordre, des grades purement honorifiques pour ceux de qui le rang servait à protéger des complots, mais à qui on n'avait pas même la pensée de confier les secrets (Voyez le Tableau alphabétique de la correspondance des Loges du G.O. de France).

"Il n'en est pas, à beaucoup près, de même de Philippe d'Orléans. Sa qualité de Grand-Maître, son impiété & ses voeux bien connus de tout sacrifier à la vengeance, disaient hautement aux Députés de l'illuminisme tout ce qu'il était prêt à faire en leur faveur, auprès de cette multitude de Loges qui le reconnaissaient pour Grand-Maître. En France seulement, dès l'année 1787, le tableau de sa correspondance ne nous montre pas moins de deux cents quatre-vingt-deux villes, ayant chacune des Loges régulières sous les ordres de ce Grand-Maître. Dans Paris seulement, il en comptait dès-lors quatre-vingt une. Il en avait seize à Lyon, sept à Bordeaux, cinq à Nantes, six à Marseille, dix à Montpellier, dix à Toulouse, & presque dans chaque ville un nombre proportionné à leur population... Ainsi Philippe d'Orléans, & son Grand Orient, assuraient à la Secte presque autant de conquêtes qu'elle en avait déjà fait en Allemagne sous Knigge & sous Weishaupt" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 64-66).

Loge des Amis-Réunis

"Sous ce Grand Orient, une Loge plus spécialement chargée de la correspondance étrangère était, à Paris, la Loge appelée des Amis-Réunis. Dans celle-ci se distinguait sur-tout le fameaux révolutionnaire Savalette de Lange. Cet adepte chargé de la garde du Trésor Royal, c'est-à-dire honoré de toute la confiance qu'aurait pu mériter le sujet le plus fidèle, était en même temps l'homme de tous les mystères, de toutes les Loges & de tous les complots. Pour les réunir tous, il avait fait de sa Loge le mélange de tous les Systèmes sophistiques, martinistes & maçonniques. Mais, pour en imposer davantage au public, il en avait fait en quelque sorte aussi la Loge des plaisirs & du luxe de l'Aristocratie. Une musique mélodieuse, les concerts & les bals y appelaient les Frères du haut parage: ils y accouraient en pompeux équipages. Les alentours étaient munis de gardes, pour que la multitude des voitures ne causât point de désordre. C'était en quelque sorte sous les auspices du Roi même que ces fêtes se célébraient. La Loge était brillante, les Crésus de la Maçonnerie fournissaient aux dépenses de l'Orchestre, des flambeaux, des rafraîchissements, & de tous les plaisirs qu'ils croyaient être le seul objet de leur réunion; mais, tandis que ces Frères avec leurs adeptes femelles, ou dansaient, ou chantaient dans la salle commune les douceurs de leur égalité & de leur liberté, ils ignoraient qu'au-dessus d'eux était un comité secret, où tout se préparait pour étendre bientôt cette égalité au-delà de la Loge, sur les rangs & les fortunes, sur les châteaux & les chaumières, sur les marquis & les bourgeois" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 66-67).

Loge d'Ermenonville

"On sait que le château d'Ermenonville, appartenant au sieur Girardin, à dix lieues de Paris, était un fameux repaire det Illuminisme. On sait que là, auprès du tombeau de Jean-Jacques (Rousseau), sous prétexte de ramener les hommes à l'âge de la nature, régnait la plus horrible dissolution des moeurs. Le fameux charlatan, appelé Saint-Germain, présidait à ces mystères; il en était le Dieu; & il avait aussi sa liste rouge. Le chevalier de Leseure en fit la tristee xpérience. Il voulait renoncer à cette affreuse association, peut-être même aussi la dévoiler. Un poison mortel fut bientôt versé dans son breuvage, & il n'ignora pas la cause de sa mort. Avant d'expirer, il dit positivement au Marquis de Montroi, Officier Général, qu'il mourait victime de cette infame horde d'Illuminés.

"Rien n'égale la turpitude des moeurs qui régnaient dans cette horde d'Ermenonville. Toute femme admise aux mystères devenait commune aux Frères. Celle qu'avait choisie Saint-Germain était appelée Vierge...

"[...] entre leur secte & celle de Weishaupt, il n'y a de différence que dans le mode. L'athéisme est au fond de leur prétendue théosophie, comme au fond des mystères de Weishaupt. Pour eux comme pour lui, les Souverains ne sont que des tyrans ; tout moyen qui tend à délivrer la terre des Prêtres & des Rois, des autels & des Lois, tout crime atroce commis dans cette intention est une action sublime. Mais bien plus que Weishaupt encore, ils ont l'art d'enflammer l'ardeur dans la carrière des Assassins & des parricides. Ici même, les mystères de Weishaupt ne soutiennent plus la comparaison avec ceux de ces Illuminés théosophes. (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 77-78).


Toutes ces sectes "[...]causes de ces horreurs", devaient "se réunir en une seule, & ne plus former bientôt qu'une même masse de Conjurés, sous le nom désastreux de Jacobins" (Augustin Barruel, ibid., t. V, p. 82).

Loge des Neuf Soeurs

"La Loge des Neuf Soeurs avait pour dupe protecteur des Sophistes, & conspirant comme eux, accueillant tous leurs projets, le malheureux Duc de la Rochefoucauld.

On y voyait "ce Condorcet encore, dont le nom se trouve par-tout où l'on voit celuid e quelques conjurés. Avec lui, c'était toute la liste des Sophistes du jour. C'était Brissot, Garat, le Commandeur Dolomieu, Lacépède, Bailly, Camille des Moulins, Cerutti, Feureroy, Danton, Millin, Lalande, Bonne, Château-Raudon, Chenier, Mercier, Gudin, Lamétherie, & ce Marquis de la Salle qui, ne trouvant pas la Loge du Contrat Social assez philosophique, était venu se joindre à Condorcet; & ce Champfort pour qui la révolution de liberté & de l'égalité n'allait jamais assez vite, jusqu'à ce qu'elle le chargea de chaînes, & que son philosophisme au désespoir ne lui montra plus de liberté que dans le suicide. [...] Dom Gerles vint les joindre au Neuf Soeurs avec Rabaud de Saint Etienne & Phition dans les premiers jours de la Révolution... Quant à Sieyès, de tous les Frères les plus zélés de cette Loge & des autres révolutionnaires, il s'était composé à lui-même une nouvelle Loge au Palais-Royal, appelée le Club des Vingt-Deux: c'étaient les Elus des Elus (Mém. sur les Loges).

"L'opinion révolutionnaire dominante aux Neuf Soeurs, peut s'apprécier plus spécialement par les ouvrages qui sortirent de la plume des Frères, au moment où la Cour eut l'imprudence d'inviter les Sophistes à donner au public leurs lumières sur la manière de composer les Etats-Généraux. On lisait un de ces ouvrages, celui de Lamétherie, chez M. le Duc de la Rochefoucauld: un Seigneur Français de qui je tiens cette anedocte, s'avisa d'observer que le projet était attentatoire à la Religion & au droit du Souverain; eh bien! lui répondit M. le Duc tout plein de ces sophismes, ou bien la Cour admettra nos plans, & nous aurons alors ce que nous voulons; ou bien la Cour n'en voudra pas, & nous en serons quittes pour nous passer de Roi... C'était là en effet l'idée la plus générale des sophistes Maçons, tels que Bailly, Gudin, Lamétherie, Dupont (Voy. leurs ouvrages ou leurs opinions, t. 2 de ces Mémoires). Il leur fallait un Roi soumis à leur égalité & à la liberté du peuple souverain, dictant la loi par eux; ou bien plus de Roi pour ces prétendus sages. Nous verrons cependant que dès-lors il était dans cette même Loge, des Sophistes qui avec Brissot ne voyaient pas même de conditions à faire avec le Trône, & qui ne commençaient par l'avilir que pour l'anéantir" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 83-85).

Loge de la candeur

D'autres Frères, tout pleins d'autres projets, mariaient leur ambition avec la liberté & l'égalité maçonniques dans la Loge de la Candeur, balbutiant déjà les Droits de l'homme, & proclamant d'avance le plus saint des devoirs dans l'insrruection; Lafayette, disciple de Sieyès, y rêvait la gloire de Washington. Les Lameth, surnommés les ingrats, n'y cherchaient qu'à punir la Cour de bienfaits, comme le Marquis de Montesquiou & Moteron de Chabrillant & Custine, à la punir de ses mépris. Mais là étaient aussi des hommes plus spécialement dévoués à Philippe d'Orléans. Son conseiller Laclos, son chancelier La Touche, Sallery, le plus vil de ses esclaves, & d'Aiguillon... Avec eux encore, dans cette même Loge, étaient le Marquis de Lusignan, & ce Prince de Broglie, dont la jeunesse allait flétir un nom peut fait pour cet outrage" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 85-86).

La Loge du Contrat Social

"Je n'y ai reconnu que des hommes tr-s-royalistes, & pas un seul de ceux qui se sont distingués par le zèle de la Révolution (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 87).

Quand l'esprit Français l'emportait sur l'esprit maçonnique

Barruel précise qu'il connaissait "des Maçons qui dans le grade de Kadosch, avaient juré haine à tout culte & à tout Roi; qui peu d'instans après n'en oubliaient pas moins ce serment & n'en étaient pas moins décidés pour la Monarchie. L'esprit Français dans la plupart des Frères, l'emportait sur l'esprit maçonnique. L'opinion comme le coeur restait encore pour le Roi. Il fallait triompher de cette opinion dans l'esprit de ces Frères; il fallait pour cela toute la force des sophismes & toute l'illusion des Hiérophantes. C'était dans son grade d'Epopte que Weishaupt paraissait avoir épuisé son génie, pour faire passer ses élèves du mépris des Autles à la haine du Trône; c'est là qu'il posait les principes, pressait les conséquences, & enflammait les coeurs du feu de cette rage dont il brûlait lui-même contre les Rois: tel fut aussi l'effet de son Epopte maçonnisé" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 96-97).

L'Art des correspondances a fixé & le mode & l'heure de l'insurrection

"L'art des correspondances a fait sortir les Frères de leurs Loges; & la France a offert le spectacle d'un million de furies, au même jour, poussant par-tout les mêmes cris, au nom de la liberté & de l'égalité, exerçant par-tout les mêmes ravages" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 100).

Les hommes qui ont présidé aux premiers ravages

"Quels hommes jusqu'ici ont présidé à ces premeirs désastres? Toute l'histoire nous montre un nouvel antre, où, sous le nom de club Breton, Mirabeau & Sieyès, Barnave, Chapellier, le Marquis de la Coste, Glezen, Rouche, Péthion, c'est-à-dire, où l'élite des adeptes de la Capitale & des Provinces suppléant le Comité central, a fixé par l'art des correspondances, & l'instant & le mode de l'insurrection. Mais ils n'en sont qu'à leurs premiers forfaits; le long cours de tous ceux qu'ils médient, exige encore le concert des moyens & des bras. Pour les diriger tous, il leur tarle de sortir des ténèbres..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 100-101).

Origine du nom de "Jacobins" donné aux conjurés adeptes

C'est dans un temple du Dieu de l'Evangile, c'est dans l'Eglise de ces religieux appelés Jacobins, que Mirabeau appelle tous les adeptes des Loges Parisiennes. C'est là qu'il s'établit avec ces mêmes hommes qui composaient son club Breton. La horde des Frères conjurés se hâte de le suivre. Dès cet instant, le temple n'est plus connu dans l'histoire de la révolution que sous le nom de Club; le nom de ces anciens Religieux, qui jadis faisaient retentir des louanges du Dieu vivant, passe à la horde même qui en fait l'école de ses blasphèmes & le centre de ses complots. Bientôt l'Europe entière ne connaît les chefs & les acteurs, les promoteurs, les admirateurs de la Révolution Française, que sousce même nom de Jacobins. La malédiction une fois prononcée sur cette dénomination, il était juste en quelque sorte qu'elle dît à elle seule, tout ce qui existait de Sophistes de l' impiété, conjurés contre Dieu & son Christ, de sophistes de la rebellion, conjurés contre Dieu & les Rois, de sophistes de l' anarchie, conjurés contre toute société" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 101-102).

Identité des Jacobins & des adeptes des trois conspirations

"Consentons à entrer dans cet antre, le prototype de tous ceux que la Secte établit & multiplie sous le même nom dans toutes les Provinces. C'est là que nous conduit enfin la tâche que nous nous sommes imposée, de suivre tant de sectes conspiratrices depuis leur origine jusqu'à l'instant qui nous les montre toutes coalisées, toutes ne formant plus que ce monstrueux ensemble d'êtres appelés Jacobins. [...] ici tous se montrent à la fois dans cet antre; tous s'unifient par le même serment. Sophistes & adeptes des aarière-Loges, Rose-Croix, Chevaliers du Soleil, Kadosch, disciples de Voltaire & de Jean-Jacques (Rousseau), adeptes des Templiers, enfans de Swedenborg & de Saint-Martin, époptes de Weishaupt; tous ici travaillent de concert aux bouleversements & aux forfaits révolutionnaires.

"Il n'est plus cet impie, qui le premier jura d'écraser le Dieu de l'Evangile (Voltaire); mais ses complots subsistent; ses élèves sont encore pleins de vie. Nous les avons vu naître dans leurs Lycées académiques; [...] leurs conspirations se concertèrent pour un temps chez Holbach. [...] Ne les cherchez plus même à cet Hôtel d'Holbach ou dans leurs Loges; ils ont désertées pour le nouveau repaire. Ils sont là, ils sont tous au club des Jacobins; & là ils ont quitté jusqu'au manteau de leur philosophie. Les voilà tous couverts du bonnet rouge. Tous Condorcet, Brissot, Bailly, Garat, Ceruty, Mercier, Rabaud, Cara, Gorfas, Dupui, Dupont, Lalande, athées, désites, encyclopédistes, économistes, soit-disant philosophes de toutes espèces; ils sont tous sur la liste des Jacobins, sur la première ligne des rebelles, comme ils le furent sur celle des impies. Ils sont avec la balayure des brigands & des Loges, comme les héros des forfaits & des mystères; avec les bandits de Philippe d'Orléans, comme avec Chabroud son plus digne avocat, & son rival La Fayette. Ils y sont avec tous les apostats de l'Aristocratie, comme avec les Judas du Clergé; avec le Duc de Chartres, les Marquis de Montesquiou, de la Salle, les Comtes de Pardieu, de Latouche, & Charles-Theodore Lameth, Victor de Broglie, Alexandre Beauharnais, Saint-Fargeau; comme Sieyès, & Perigord d'Autun, Noel, Chabot, Dom Gerles, Fauchet & les intrus.

"Ce n'est point par hasard que se voient dans cet antre commun, tous ces antiques conjurés des Lycées & des Loges Parisiennes, & que dans ce même antre viennent se réunir tous les Frères qui ont brillé dans celles des Provinces; Barrère, Mendouze, Bonnecarrère & Collot d'Herbois. Ce n'est point par hasard qu'à Paris, comme dans les Provinces, tous les clubs Jacobins se composent en général des adeptes Rose-Croix, ou Chevaliers du Temple, Chevaliers du Soleil, ou Kadosch; de ceux-là plus spécialement encore, qui sous le nom de Philalètes, ont suivi à Paris, à Lyon, à Avignon, ou Bordeaux, ou Grenoble, les mystères de Swedenborg. Qu'on cherche en ce moment des Frères si zélés de Saint-Martin, les Savalette de Lange, les M**** ou bien les W****. Ils avaient renchéri sur les Rose-Croix, leurs antiques devanciers; ils vont encore les surpasser aux Jacobins. Ils se sont tous unis à Weishaupt, & ils sont devenus avec ses adeptes les plus ardens Jacobins (Voy. la liste des principaux Jacobins dans l'ouvrage intitulé, Causes & effets de la Révolution) (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 102-105)

La liste des Jacobins a été publiée

"Nous les avons tous vus (les Jacobins) dans cet antre; leur liste est publiée; elle renferme, à elle seule, toutes les listes des arrières-adeptes dispersés jusqu'alors dans leurs Loges. Et ce n'est pas ici une simple réunion locale, ce n'est pas une simple identité de conjurés; c'est une identité de principes, de formes, de sermens, de moyens; c'est le concours de ces conjurés qui constate la coalition" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 106).

Identité de principes aux Jacobins, aux Lycées & aux Loges

"Leurs Dieux sont Voltaire & Jean-Jacques (Rousseau), comme ils furent les Dieux des Sophistes encore dans leurs Lycées. Là encore retentissent les mêmes sophismes, les mêmes blasphèmes, dont avait retenti l'Hôtel d'Holbach contre le christianisme, & les mêmes transports pour cette égalité & liberté, qui furent les arrières-secrets de toutes les sectes concentrées dans leurs Loges" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 107).

Identité des formes jacobines & maçonniques

"Les délibérations se proposent, les suffrages se prennent tout comme dans la salle des Mystères. les lois des Jacobins & celle des Francs-maçons pour l'admission ou le renvoi des Frères, sont encore les mêmes. Comme au Grand Orient ou bien aux Amis-Réunis & dans toutes les Loges, tout candidat est rejeté, s'il n'est point présenté au club par deux parrains, qui répondent de sa conduite & de sa soumission..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 107).

Identité de sermens

"Ici encore , le gage de cette soumission est le même que celui des Maçons initiés aux derniers Mystères. Pour être Jacobin, tout comme pour devenir ou Rose-Croix illuminé ou Frère de Weishaupt, l'initié jurera soumission aveugle & absolue aux décisions des Frères. Il jurera spécialement d'abord, d'observer & de faire observer tous les décrets rendus en conséquence des décisions du Club par l'Assemblée Nationale. Il jurera ensuite qu' il s'engage à dénoncer au Club, tout homme, dont il aura connu l'opposition à ces décrets inspirés par le Club; qu'il n'exceptera de la dénonciation ni ses amis les plus intimes, ni son père ou sa mère, ou aucun des membres de sa famille" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 108).

Identité de gouvernement & des comices

"Enfin il jurera, comme tous les adeptes de Weishaupt, d'exécuter & de faire exécuter tout ce que les membres intimes de ce Club ordonneront, & même tous les ordres qui pourraient répugner à son jugement & à sa conscience (Mém. sur le Club des Jacobins). Car il est encore pour les Jacobins, comme pour le Grand orient, des Comités & des Frères intimes. Tous ces Frères n'ont point quitté les Loges pour renoncer à leurs moyens de fomenter, de hâter & de propager les révolutions. Il est chez eux, comme au Grand Orient, des Comités de rapports, de finances; de correspondances, & enfin un quatrième Comité, celui par excellence appelé le Comité secret. Et presque tous les membres de ces Comités sont ceux que nous avons déjà vu accourir de leurs Loges au Club (Voyez encore la liste de ces Comités dans les causes & les effets de la Révolution, ou bien Montjoie, Conspiration d'Orléans, liv. 13)" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 108-109).

Identité de proscriptions

"Enfin il est encore pour le Club Jacobin, comme il est pour les arrières-Loges des Francs-Maçons illuminés, des lois d'exclusion & de proscription; il est une liste noire & une liste rouge, & cette liste rouge est aussi une liste de sang; le nom des Frères exclus ne s'y trouve jamais en vain. Paris a lu leurs noms plus d'une fois; il les a vu périr sous la hache ou n'échapper à la mort que par la fuite (Ib. & Brissot à ses Commettans, après son exclusion des Jacobins)" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 109).

"Vrais moyens de se débarrasser de la secte :je veux que vous leur opposiez une guerre de société, d'humanité & de conservation; je veux que vous leur opposiez une guerre de moeurs, de vertus, de conversion" (Abbé Barruel)

"Je vous le dis avec confiance: la secte est écrasée, & tous les désastres de la Révolution disparaissent.

"- Lecteur humain,... souvenez-vous qu'en vous disant: il faut que la secte des Jacobins soit écrasée, ou bien que la société tout entière périsse, j'ai eu soin d'ajouter: écraser une secte n'est pas imiter ses fureurs & l'homicide enthousiasme dont elle anime ses élèves.

"Souvenez-vous qu'en vous disant: la secte est monstrueuse, je me suis hâté d'ajouter: mais ses disciples ne sont pas tous des monstres. Oui, anéantissez le Jacobin, mais laissez vivre l'homme. La secte est toute entière dans ses opinions; elle n'existe plus, elle est doublement écrasée, quand ses disciples l'abandonnent pour se rendre aux principes de la société.

"C'était pour arriver aux moyens d'arracher au Jacobinisme ses victimes & pour les rendre à la société, non pour les immoler, que j'ai consacré tant de soins à vous faire connaître les projets & la marche de la secte; & ce sont ces moyens conservateurs que j'applaudis enfin de voir former le résultat de ces Mémoires.

"Voyez combien les armes que je viens lui opposer diffèrent de celles qu'elle met entre les mains de ses disciples.

"Les Jacobins sont à l'esprit des peuples une guerre d'illusion, d'erreur & de ténèbres; je veux que vous leur opposiez une guerre de sagesse, de vérité & de lumière.

"Les Jacobins sont aux Princes, aux Gouvernemens des peuples, une guerre de haine pour les lois & la société; une guerre de rage & de destruction; je veux que vous leur opposiez une guerre de société, d'humanité & de conservation.

"Les Jacobins sont aux autels, à la Religion des peuples, une guerre d'impiété & de corruption; je veux que vous leur opposiez une guerre de moeurs, de vertus, de conversion" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 285-286).