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De Christ-Roi
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CARACTERES DU PÉCHÉ MORTEL

"Quiconque y réfléchit sérieusement remarquera dans tout péché mortel un double caractère:

  • le premier qui est essentiellement fini, c'est l' acte libre de la volonté qui viole la loi de DIEU et qui pèche ;
  • le second, qui est infini, est l' outrage fait à la sainteté, à la majesté infinie de DIEU. Par ce côté, le péché renferme une malice infinie en quelque sorte; "quamdam infinitatem", dit saint Thomas. Or, la peine éternelle répond dans une mesure exacte à ce caractère fini et infini du péché. Elle est elle-même finie et infinie: finie en intensité; infinie et éternelle en durée. Le péché est puni par une peine plus ou moins considérable, mais toujours finie en intensité; infini par rapport à Celui qui est offensé, est puni par une peine infinie en durée, c'est-à-dire éternelle" (Mgr de Ségur, L'enfer, 1876, p. 111).
  • "L'injure est d'autant plus grande que plus grand est celui à qui elle s'adresse. Or, comme Dieu est infini dans son être et dans ses perfections, il s'ensuit que le péché, considéré du côté de Dieu qu'il outrage, est, selon la doctrine de saint Thomas, une injure en quelque manière infinie (S. Thom., Part. 1.2, quaest. 78, art. 4 - Part. 3, quaest. 1, art. 2, ad. 2, cité in Vénérable Père Louis du Pont, S.J., Méditations sur les Mystères de Notre Sainte Foi, première partie, Presses de l'Imprimerie La Source d'Or, Marsat 1995, p. 87).

"Comme dit l'apôtre saint Jacques, celui qui tombe en un seul péché, en transgressant un précepte, mérite d'être puni éternellement aussi bien que celui qui en viole plusieurs, par la raison qu'il offense l' infinie Majesté qui nous ordonne de les observer tous avec la même fidélité, Quicumque autem totam legem servaverit, offendat autem in uno, factus est omnium reus. Jac., II, 10 (Vénérable Père Louis du Pont, S.J., ibid., p. 75).

CONSÉQUENCES DU PÉCHÉ APRÈS LA MORT

"De la peine des sens extérieurs et des puissances intérieures, et de la peine du Dam" (Père Louis du Pont)

"Comme le pécheur, en offensant Dieu, commet deux grands maux:

  • l'un, d'abandonner son SEIGNEUR, la source des eaux vives et éternelles;
  • l'autre, de s'attacher aux créatures pour jouir des plaisirs (v. Sensualisme) passagers qu'elles lui présentent (Duo enim mala fecit populus meus: Me dereliquerunt, fontem aquae vivae, et foderunt sibi cisternas, cisternas dissipatas, quae continuere non valent aquas. Jerem'., II, 13.);

de même il y a en enfer deux sortes de peines;

  • l'une, que l'on nomme du Dam, qui répond au premier de ces maux;
  • l'autre, que l'on appelle du Sens, qui se rapporte au second.

Nous commencerons par cette dernière parce qu'elle est plus sensible et plus facile à concevoir.

"La peine du sens: ce que souffriront les réprouvés dans leurs sens extérieurs, lorsque leur corps sera réuni à leur âme"

"C'est une loi de la justice divine que chacun soit tourmenté, par où il a péché (Ut scirent, quia per quae peccat quis, per haec et torquetur. Sap., XI, 17.) Puis donc que les sens ont servi de portes au péché pour entrer dans l'âme, il est juste qu'ils en soient punis; et ils le seront en effet.

* Les yeux

"Les yeux du damné seront blessés par la présence de ses ennemis qu'il apercevra près de lui. Il ne verra que des objets d'horreur et d'effroi, des monstres épouvantables, des spectres hideux, des démons cruels sous mille figures horribles, sans qu'il puisse fermer ses yeux si souvent ouverts pour le mal, et se dérober un moment à ce spectacle.

* L'oreille

"L'oreille entendra sans cesse des blasphèmes contre Dieu, des injures, des imprécations, des cris et des hurelements, en punition des péchés dont elle aura été l'organe.

* L'odorat

"L'odorat ne sentira que l'odeur du soufre et l'infection insupportable que répandront les corps des damnés, et le sien propre.

* Le goût

"Le goût savourera une amertume pire que celle du fiel et de l'absinthe, qui causera au réprouvé d'horribles soulèvements de coeur, en même temps que la faim et la soif lui feront désirer une goutte d'eau, qui lui sera refusée, comme au mauvais riche.

* Le toucher

"Le toucher soufrira par tout le corps, des pieds à la tête, toutes les douleurs que l'on redoute le plus en cette vie: les maux d'yeux, d'oreilles, des dents, de côté, de coeur, etc. S'il est pénible en cette vie de souffrir dans un seul de nos sens, que sera-ce dans la vie future lorsque nos cinq sens seront attaqués à la fois des plus violentes douleurs? Malheurs à vous, délices des sens, voluptés trompeuses, qui aboutissez à de si terribles amertumes!

"Ces consédération m'exciteront à pleurer les péchés que j'ai commis par mes cinq sens, et à me repentir de la liberté que je leur ai donnée. Je prendrai la résolution de les mortifier et de les soumettre à la droite raison, de peur que la mort et l'enfer n'entrent dans mon âme par leurs portes"

(Source: Vénérable Père Louis du Pont, S.J., Méditations sur les Mystères de Notre Sainte Foi, première partie, Presses de l'Imprimerie La Source d'Or, Marsat 1995, p. 190-191).

La peine du feu

"Le feu de l'enfer est si pénétrant et si terrible, que le nôtre en comparaison n'est qu'un feu en peinture; car il est l'isntrument de la JUSTICE et de la toute-puissance de Dieu pour châtier et tourmenter, nons eulement les corps, mais aussi les âmes et les purs esprits. Il a trois propriétés.

* Le feu de l'enfer s'incorpore au damné

Premièrement. Il s'incorpore tellement au damné, que celui-ci homme ou démon, en quelque lieu qu'il aille, en est tourmenté; ... il porte partout avec lui le feu de l'enfer, parce qu'il porte avec lui la douleur qu'il en ressent (Saint Thomas, I, quaest. 64, art. 4, ad 3.)

* Le feu de l'enfer discerne les grands pécheurs des moins coupables

Deuxièmement. Quoique ce feu soit le même pour tous, il agit néanmoins différemment sur les damnés. Il sait discerner les grands pécheurs des moins coupables, et proportionner les peines aux crimes. il distingue même en chaque pécheur la partie de son corps la plus criminelle, et c'est à celle-là qu'il s'attache. C'est ainsi que celui-ci souffrira davantage de la langue, parce qu'il aura été calomniateur ou parjure;c elui-là dans la gorge, parce qu'il aura été adonné à la bonne chère et à la boisson; effet sans doute bien surprenant de la toute-puissance et de la justice divine, dont ce feu est l'instrument.

* Le feu de l'enfer ne possède de propriétés que celles qui causent la douleur

Troisièmement. Ce même feu, est privé de toutes les propriétés qui pourrait procurer quelque soulagement, et il ne possède que celles quic ausent de la douleur.

  • Il est ardent mais ne luit pas
  • Il est brûlant, mais il ne consumme pas;
  • Il est dévorant, mais il ne perd riend e son intensité, parce que Dieu le conserve.

Les malheureux damnés sont, selon l'expression du Prophète, comme une paile qui s'allume sans résistance, mais qui n'est jamais réduite en cendres (Et erunt omnes superbi, et omnes facientes impietatem, stipula. Malach., IV, 1.)

La flamme qui s'en échappe répand une épaisse fumée, capable d'aveugler, non de suffoquer; de tourmenter, mais non de donner la mort.

Quel spectacle plus horrible peut-on imaginer que celui d'un damné plongé dans un étang de feu et de flammes, poussant des cris et des gémissements, sans obtenir et sans pouvoir espérer aucun soulagement! Oh! que le péché est donc un mal incompréhensible, puisqu'un Dieu infiniement miséricordieux, voyant sa créature, rachetée au prix du sang de l'Agneau, souffrir ces épouvantables tourments n'en est point ému de compassion, et ne la retire pas de ce feu! Au contraire, il la regarde du haut du ciel, et se réjouit de ce qu'elle endure, selon les décrets de sa JUSTICE.

"Entends, ô mon âme, ce que dit le Seigneur: Qui d'entre vous pourra habiter au milieu 
d'un feu dévorant? Qui d'entre vous pourra supporter l'ardeur des flammes éternelles? 
(Quis poterit habitare de vobis cum igne devorante? Quis habitatit 
ex vobis cum ardoribus sempiternis? Isaïe., XXXIII, 14.)

(Source: Vénérable Père Louis du Pont, S.J., Méditations sur les Mystères de Notre Sainte Foi, première partie, Presses de l'Imprimerie La Source d'Or, Marsat 1995, p. 191-192).

La peine du dam

"Cette peine est infinie, parce qu'elle prive l'âme d'un bien infini, qui est Dieu (Jacq., II, 10.) Les damnés seront pour toujours bannis du Ciel, privés du bonheur souverain et de la fin pour laquelle ils ont été créés, c'est-à-dire la claire vision de Dieu, de l'amour béatifique, et de la joie ineffable qui résulte de l'un et de l'autre."

* La peine suprême est la peine de la privation de la vue de Dieu

"[...] Rappelons-nous d'abord les sentiments des saints à qui une lumière divine fait entrevoir la gloire dont jouissent les bienheureux dans le Ciel et le suprême Bien qu'est Dieu. Ils regardent comme la peine suprême la privation de la vue de Dieu, et ils tremblent rien que d'y penser.

"[...] Les damnés souffrent d'être privés du souverain bien, non pas à raison de son excellence dans l'ordre moral,c ar ils n'aiment ni Dieu, ni aucune chose sainte, mais aprce qu'ils sont privés de ce qui leur donnerait l'éternel et suprême repos, et les délivrerait de si horribles tourments"

"[...] Comme donc l'oeil n'a jaais vu, ni l'oreilleentendu, ni le coeur compris la grandeur des biens que Dieu a préparés dans le Ciel pour ceux qui l'aiment (I Cor., II, 9.); de même, il n'est pas possible d'imaginer ce que la privation de tels biens renferme de maux"

* La peine du dam entraîne après elle la privation de la vue et de la société de Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST, de sa Tr-s Sainte Mère, des neuf choeurs des anges et de tous les bienheureux.

"Les réprouvés sentiront vivement cette privation, car ils auront vu en partie, au jour du jugement, la gloire des habitants du Ciel, dont ils se seront séparés pour ne les revoir jamais, et ils en conserveront un éternel souvenir qui les remplira de jalousie et de fureur.

* Les damnés jugeront de la grandeur des biens dont ils sont privés, par la rigueur extrême des maux qu'ils endurent

"Car ils penseront avec raison que Dieu est aussi magnifique dans les récompenses, que terribles dans ses châtiments, et qu'il n'a pas réuni moins de délices dans cette belle cité du Ciel, que de tourments dans ce misérale séjour de l'enfer. Cette comparaison redoublera à chaque moment leur malheur"

(Vénérable Père Louis du Pont, S.J., Méditations sur les Mystères de Notre Sainte Foi, première partie, Presses de l'Imprimerie La Source d'Or, Marsat 1995, p. 194-196).

CONSÉQUENCES TEMPORELLES DU PÉCHÉ

Les maux temporels causés par le péché (Vénérable Père Louis du Pont)

"Deux sortes de biens extérieurs que le péché nous fait perdre:

  • les biens de la fortune
  • et ceux du corps

"Premièrement. Le péché détruit les richesses."

"Dieu les ôte aux pécheurs, parce qu'ils en font un mauvais usage; comme il dépouilla les Egyptiens de leurs trésors, les Jébuséens et les Cananéens de leurs terres.

"Deuxièmement. Le péché détruit l'honneur;"

"parce que celui qui ravit, autant qu'il est en son pouvoir, l'honneur à Dieu ou à son prochain, mérite de le eprdre lui-même. C'est ce qui fit perdre le sacerdoce et la vie même à Héli et à ses enfants, à qui Dieu dit cette terrible parole: Ceux qui me méprisent seront couverts d'ignominie (Qui autem contemnunt me, erunt ignobiles. I Reg., II, 30).

Troisièmement. Le péché détruit le sceptre et l'empire."

"Pour sa désobéissance, Saül perditle royaume que Dieu lui avait donné (Nequadam regnum tuum ultra consurget. I Reg., XIII, 14).

"Nabuchodonosor, à cause de son orgueil, fut également privé du sien et vécut sept ans parmi les bêtes, Dieu coupant cet arbre florissant qui, à raison de ses péchés, ne méritait pas de rester debout (Regnum tuum transibit a te, et ab hominibus ejicient te. Dan., IV, 28-31). Il est juste, en effet, que celui-là n'ait ni dignité ni autorité sur la terre, qui ne se soumet pas au Roi de la terre et du Ciel, et qu'il n'exerce aucune prééminence sur les autres hommes, celui qui, par le péché, se rend semblable aux animaux privés de raison.

"Quatrièmement. Le péché détruit la santé."

"Dieu châtie les pécheurs par des maladies et de sinfirmités nombreuses, par des plaies qui les couvrent des pieds à la tête (A planta pedis usque ad verticem, non est in eo sanita. Is., I, 6). On ne mérite pas la santé, lorsqu'on l'emploie à offenser le Dieu qui l'a donnée; celui qui laisse son âme malade lorsqu'il peut la guérir, mérite d'être affligé d'infirmités corporelles auxquelles il ne puisse remédier, comme le paralytique qui, pendant trente-huit ans, ne put trouver dans la piscine probatique la santé qui était rendue à tant d'autres (Et qui prior descendisset in piscinam post motionem aquae, sanus fiebat a quacumque detinebatur infirmitate. Joan. V, 4).

"Cinquièmement. Le péché bannit le contentement et la joie; il cause une tristesse mortelle qui dessèche les os et rend la vie plus triste que la mort même."

"Le pécheur peut dire comme Jérusalem livrée à la désolation: Le Seigneur m'a rempli d'amertume, il m'a enivré d'absinthe (Replevit me amaritudinibus, inebriavit me absynthio. Tren., III, 15); ou bien avec le malheureux roi Antiochos IV : Dans quelle tribulation je suis tombé! Dans quels flots de tristesse je suis plongé, moi qui naguère était heureux et aimé de ceux sur lesquels je régnais (Et dixi in corde meo: In quantam tribulationem deveni, et in quos fluctus tristitiae, in qua nunc sum: qui jucundus eram, et dilectus in potestate mea. I Mach., VI, 11).

"Sixièmement. Le péché entraîne à sa suite la perte de la vie et occasionne les morts les plus tragiques."

"Pour les péchés de Pharaon et de son royaume, un ange fit périr en une seule nuit tous les premiers-nés de l'Egypte, et peu après l'innombrable armée des Egyptiens fut engloutie dans la Mer rouge. Un autre ange extermina cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp de Sennechérib. Enfin, une multitude considérable d'Israélites succomba dans le désert à divers genres de mort (Exod., XII, 29; XIV, 28. - IV Reg., XIX, 35.- Numer., XI, 33; XVI, 49.)

"Le péché enfin déchaîne ces trois épouvantables maux entre lesquels David eut à choisir en punition de sa faute: la famine, la guerre et la peste (II Reg., XXIV, 15), maux qui font périr des hommes sans nombre dans d'atroces souffrances.

"Il faut reconnaître aussi comme des châtiments du péché, les tremblements de terre, les tempêtes, les inondations, les feux du ciel, la foudre, la grêle et les autres fléaux.

"Comme le péché est une injure faite au Créateur de toutes choses, toutes les créatures sont des isntruments dont DIEU se sert pour exercer ses vengeances.

"Je me feraià moi-même l'application de ces vérités, et je comprendrai que tous les maux, toutes les misères que j'endure, sont le juste salaire de mes péchés; qu'ils me sont envoyés afin que j'apprenne par expérience combien il est funeste et amer, selon la parole de Jérémie, d'abandonner Dieu et de cesser de le craindre (Scito, et vide quia malum et amarum est reliquisse te Dominum Deum tuum, et non esse timorem mei apud te, dicit Dominus Deus exercituum. Jerem., II, 19.)" (Vénérable Père Louis du Pont, S.J., Méditations sur les Mystères de Notre Sainte Foi, première partie, Presses de l'Imprimerie La Source d'Or, Marsat 1995, p. 94-96).

Passage de Mgr Gaume sur l'action mauvaise des démons sur les eaux (inondations, tempêtes, fontaines, ruisseaux, piscines, bains publics, puits)

"[...] Il est donc vrai, le monde moral et le monde physique sont sortis du même élément générateur, sous l'action du même Esprit. Les cieux et la terre sont de l'eau et vivent dans l'eau, ex aqua et per aquam, dit saint Pierre; et le monde chrétien est de l'eau et ne peut vivre que dans l'eau : In aqua nascimur; nec aliter quam in aqua permanendo salvi sumus. Mieux que tous les discours, ce double fait nous montre l'excellence de l'eau et la place qu'elle occupe dans les œuvres divines.

"Par cela même, elle sera l'objet inévitable de la haine privilégiée du démon. Si donc le grand ennemi du Verbe incarné avait profané l'eau, considérée seulement comme principe de la création matérielle, nous devons le voir redoubler d'acharnement pour la profaner, pour la déshonorer, comme élément de la création spirituelle et instrument spécial des miracles de l'Homme-Dieu.

"Il en est ainsi. Rapporter ce que le prince des ténèbres a fait pour corrompre l'eau; et, de cet élément sanctificateur, faire un instrument de mal moral et physique serait presque impossible. On dirait qu'ayant eu connaissance des destinées sublimes de l'eau pour la régénération du monde, Satan a déchargé sa haine sur cet élément deux fois mystérieux, comme il l'avait déchargée sur la femme.

"Tertullien, qui le voyait à l'œuvre, cite quelques-unes de ses contrefaçons sacrilèges et de ses noires méchancetés. « Il a, dit-il, son baptême pour initier ses adeptes aux mystères d'Isis et de Mithra. De toutes parts on voit ses adorateurs purifier avec de l'eau les campagnes, les maisons, les temples, les cités entières. Aux Jeux d'Apollon et de Péluse, les combattants se plongent dans l'eau, avec la pensée de se régénérer et d'obtenir le pardon de leurs fautes. Chez les anciens, l'homme qui venait de commettre un homicide se purifiait avec de l'eau. Reconnaissons ici Satan, jaloux de Dieu, puisqu'il a aussi son baptême.

"[...] « Indépendamment de toute pratique superstitieuse, le démon est le corrupteur des eaux. Les païens ne l'ignorent pas, eux qui, niant l'action de Dieu sur l'eau, en admettent la caricature. Est-ce que les esprits immondes ne reposent pas sur les eaux, contrefaisant la position du Saint-Esprit sur les eaux primitives ? Toutes les fontaines ombragées savent cela, tous les ruisseaux solitaires, les piscines des bains publics, et, dans les maisons particulières, les euripes, c'est-à-dire les citernes et les puits, appelés euripes, parce qu'ils entraînent, par la puissance de l'esprit mauvais, ceux qui en approchent. Les malheureux que ces eaux ont tués ou rendus fous ou frappés de panique, on les appelle lymphatiques et hydrophobes. » (Tertull., De Baptismo, c. V.)

"Révoquer en doute la réalité de ces phénomènes sataniques serait simplement ridicule. Tertullien ne les a pas inventés. Les auteurs païens en témoignent. Ils citent dans les différentes parties du monde un grand nombre de ces eaux, qui produisent les effets signalés par le grand apologiste. Pline nomme un de ces euripes homicides ou malfaisants en Arcadie, trois en Tauride, d'autres en Lydie, en Éthiopie, en Béotie, dans l'île de Céos, en Phrygie, en Espagne, dans la Thrace et dans la Sicile (Lib. II, c. CVI. – Et Ovid., Metam., XV, 369.)

"Le grand théologien du paganisme, Porphyre, confirme les mêmes faits et rapporte cet oracle d'Apollon à Alexandre : « Fils d'Eacus, garde-toi d'approcher de l'eau d'Achéruse et de Pandosie : une mort inévitable t'y attend. » (Oracul. Veter., orac. Apoll. Ab Obsopaeo, p. 62.) « Il y a, dit Psellus, un genre de démons, appelés démons des eaux, parce qu'ils se plongent dans l'eau, hantent volontiers les lacs et les fleuves, excitent les tempêtes et font périr beaucoup de navires et de personnes par les eaux (De daemonib., cir. Init.)

Ces faits et beaucoup d'autres permettent donc d'affirmer avec assurance que, parmi les créatures animées, l'objet privilégié de la haine de Satan, c'est la femme; et parmi les créatures inanimées, l'eau. La femme, parce que, dans Marie, elle est la mère du Verbe incarné; l'eau, parce que, dans le baptême, elle est la mère du chrétien, frère du Verbe incarné.

[...] Tertullien conclut en disant : « Pourquoi avons-nous rapporté toutes ces choses? C'est afin que personne n'ait peine à croire à l'action des bons anges sur les eaux pour le salut de l'homme, puisque les mauvais anges ont commerce avec le même élément pour la perte de l'homme. » (Tertull. Ubi suprà., cité in Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 270-274.)

Les châtiments divins par Mgr Tissier de Mallerais

Le sida est un châtiment divin

1. "Il est des maladies ou des cataclysmes qui sont de toute évidence des châtiments divins, selon la parole même de Dieu dans la Genèse: "Le Seigneur fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du souffre et du feu d'auprès du Seigneur" (Gen., XIX, 24-25.)

(...) Le sida est un tel châtiment divin, puisqu'il achève dans la dégradation physique la dégradation morale (...)

2. Dieu, Notre Seigneur, ne rejette aucun homme qui fait pénitence de ses péchés même gravissimes, selon la parole même de Dieu par le prophète Isaïe (...) Notre Seigneur Jésus-Christ dit de même: "Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs à la pénitence" (Lc., V, 32.)

3. Le mal absolu, c'est le péché, non le sida. Comme toute maladie, le sida est une pénalité, une punition du péché, du péché originel et des péchés personnels des hommes: "Par un seul (Adam) le péché est entré dans le monde et par le péché la mort..." (Rm., V, 12), enseigne Saint Paul.

Le vrai mal, c'est le péché, c'est la désobéissance volontaire à la loi de Dieu: voilà le mal absolu. Les autres maux sont les conséquences, les fruits de ce mal radical. D'où il suit que l'homme doit préférer plutôt la mort que d'offenser Dieu par un seul péché délibéré. - Quant à la maladie comme le sida, elle devient une source d'expiation, de grâce, de salut pour ceux qui l'acceptent de grand coeur comme expression de la volonté mystérieuse mais toujours sainte de Dieu, en union avec la Croix de Jésus-Christ.

4. "Ne faisons pas le mal pour qu'il en advienne un bien" (Rom., III, 8); on peut tolérer un moindre mal, mais non pas positivement faire un moindre mal. Tel est la doctrine de l'Eglise (...).

6. L'Eglise n'a d'autre remède au sida que la vertu de la chasteté chrétienne, comme le prêche le pape Jean-Paul II, et c'est son honneur, et comme le brouillent les évêques de France, et c'est leur honte. Miséricordieuse envers les pécheurs pénitents, l'Eglise sucite la vertu chez ses enfants convalescents (...). Faute d'oser adopter ce langage clair, l'épiscopat français sombre dans la vulgarité et la confusion, trahit l'Eglise et trompe le monde.

Ce n'est pas en proposant un christianisme édulcoré et un succédané de la vertu que le Christ est venu sauver le monde; aucun artifice de l'humaine malice ne pourra permettre aux hommes de se passer de Lui, parce qu'il est l'unique Sauveur du monde. Pour les individus comme pour la société, "il n'y a de salut en aucun autre" (Ac., IV, 12.)

(Mgr Tissiers de Mallerais, 13 février 1996, in Fideliter, Mars-Avril 1996, n° 110, p. 4.)