Différences entre les versions de « Saint Louis »

De Christ-Roi
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                            Louis IX ou Saint Louis (1214-1270), roi de France (1226-1270).
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                            Louis IX ou Saint Louis (1214-1270), roi de France (1226-1270).
  
 
Voir aussi sur Wikipedia: [http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IX_de_France Louis IX]
 
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Version du 12 décembre 2005 à 12:01

"Le monarque et la nation, pour reprendre encore les termes 
du cardinal Pie, (s'unissaient) dans un sublime concert 
pour le service du Seigneur. 
Ainsi, a pu constater Fustel de Coulanges, la France fit à 
cette époque (sous Saint Louis) cet immense progrès moral qui préparait tous les autres progrès" 
(Michel Fromentoux, Fideliter, Mars-Avril 1996, n° 110, p. 13.)
                           Louis IX, Saint Louis de France.jpg
                           Louis IX ou Saint Louis (1214-1270), roi de France (1226-1270).

Voir aussi sur Wikipedia: Louis IX

Saint Louis est le modèle du "roi chrétien", du "roi justicier", du "roi pacificateur" et du "roi croisé ". L’une des hautes figures de l’histoire de France telle que l’ont vue Joinville et tant d’autres, et une œuvre spectaculaire qu’a retenue l’imagerie.

Mais il y a aussi l’œuvre en profondeur, que les contemporains ont moins nettement perçue et que souligne moins facilement l’anecdote. C’est celle d’un souverain énergique et scrupuleux qui joue dans la construction de la monarchie française un rôle décisif et qui, s’il n’était le vainqueur de Taillebourg et le constructeur de la Sainte-Chapelle, n’en serait pas moins, entre son grand-père Philippe Auguste et son petit-fils Philippe le Bel, l’un des "grands Capétiens", peut-être le plus grand.

Consolidation du pouvoir royal

Le prestige que valent à Louis IX ses vertus s’ajoute à celui qu’il tire d’une succession héréditaire jusque-là sans faille, d’un sacre qui fait de la royauté une sorte de sacerdoce, et d’une puissance solidement établie par l’énergique Philippe Auguste, son grand-père. Il en profite pour placer plus catégoriquement la monarchie hors de la pyramide des droits féodaux – et non plus seulement au sommet de celle-ci – et pour assainir la situation politique du royaume. Les actions les plus spectaculaires sont celles qu’il mena pour mettre un terme aux conflits qui venaient de déchirer la France: conquête du Midi languedocien par les croisés septentrionaux, lutte des Capétiens contre les Plantagenêts.

Après une ultime révolte du comte de Toulouse Raymond VII, ce fut, avec le traité de Lorris (1243), la soumission définitive de la France méridionale et la confirmation de l’organisation nouvelle du Languedoc, dont la reine Blanche de Castille et le cardinal de Saint-Ange avaient jeté les bases en 1229.

La grâce de quelques grands feudataires et l’écrasement des derniers cathares, l’action des sénéchaux royaux et celle des inquisiteurs dominicains assurèrent l’œuvre. Déjà mâtés par la régente, les autres grands barons se le tinrent pour dit. Cependant, une dernière tentative du roi d’Angleterre et de ses fidèles échouait en 1242 à Taillebourg et à Saintes; bien qu’ayant l’avantage, Louis IX préféra une paix qui satisfaisait son sens de la justice et ménageait le pieux Henri III qu’il estimait.

Au traité de Paris (1258-1259), il rendit à ce dernier une partie des terres (du Limousin et du Quercy à la Saintonge) dont il n’était pas assuré que la conquête ait été légitimement fondée. Par de telles concessions, auxquelles les barons de son entourage s’opposèrent en vain, Saint Louis pensait avoir assuré la paix, la fidélité de son royal vassal et l’appartenance définitive à la couronne de France de l’essentiel de l’héritage des Plantagenêts : Normandie, Anjou, Touraine, Maine et Poitou. Le domaine royal était sensiblement amoindri par les apanages qu’avait prévus Louis VIII en faveur de ses fils. Force était donc de clarifier la gestion et d’exploiter au mieux les revenus seigneuriaux et régaliens : ce fut l’objet d’une rationalisation des structures administratives, de l’établissement des baillis dans des circonscriptions fixes, de la spécialisation des membres de la cour royale (une section judiciaire, le Parlement de Paris, et une section financière, les "gens des comptes").

Afin d’assainir les rapports avec les administrés, Saint Louis multiplia les enquêteurs chargés d’entendre sur place les plaintes et de réformer les abus. L’intérêt politique rejoignait là le souci constant du roi de voir les droits de chacun respectés, et en premier lieu par les officiers royaux eux-mêmes. Une certaine tendance à l’unification manifestait déjà l’emprise du souverain sur tout le royaume. Il faisait reconnaître son droit à légiférer – pourvu que ce fût dans l’intérêt commun – et à faire valoir ses ordonnances dans les grands fiefs, hors de son domaine. Il usait d’ailleurs modérément de cette prérogative, et c’est à tort qu’on lui attribua la paternité des Établissements de Saint Louis , qui sont une compilation privée, et celle d’une ordonnance prohibant le duel judiciaire et la guerre entre nobles, qui n’est que de circonstance et d’intérêt local.

Plus efficace dans la pratique fut l’action unificatrice qui résultait de l’application à tout le royaume d’une justice d’appel. C’est encore pour clarifier, unifier et faire reconnaître partout la prééminence royale que Louis IX décréta (1263-1266) que sa monnaie, au contraire de celle des barons, aurait cours dans tout le royaume. La réforme de la monnaie royale, avec la création d’une grosse monnaie d’argent, le "gros tournois" valant douze deniers, assura le succès de l’entreprise. Le roi tenta même, de façon d’ailleurs prématurée, de réintroduire en France le bimétallisme avec un écu d’or, qui circula peu.

Dès le début de son règne personnel, Saint Louis manifesta une fermeté et une sagesse qui le firent respecter en Europe, au point que ses refus et ses échecs eux-mêmes servirent sa réputation. Il refusa pour ses frères la couronne d’Allemagne (1240) et celle de Sicile (1253). Il tenta de mettre fin à l’hostilité de Frédéric II envers Innocent IV. Plus tard, pris comme arbitre par Henri III et ses barons, il prononça en faveur du roi le «dit» d’Amiens (1264), que les barons anglais n’acceptèrent pas; deux fois croisé, il aboutit à deux échecs (par rapport à la reprise de Jérusalem). Et, pourtant, il reste pour la postérité, le modèle du roi croisé, et les barons anglais en appelèrent derechef à l’arbitrage de ses conseillers. Il fit céder plusieurs fois Frédéric II et protégea le pape sans adhérer pour autant à la politique guelfe, il assainit les relations de la France et de l’Aragon sans abandonner l’alliance castillane et il favorisa en définitive les ambitions de Charles d’Anjou. Il avait rapporté de la croisade une véritable auréole. Très sensible aux difficultés de l’Orient latin, il avait, dès 1241, aidé l’empereur byzantin Jean de Brienne en lui achetant fort cher les reliques de la Passion, pour lesquelles il fit construire dans son palais la «Sainte-Chapelle».