Tutoiement de Dieu

De Christ-Roi
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Introduction

Le tutoiement de Dieu a été introduit après Vatican II. Aujourd'hui, le tutoiement a envahi l’ensemble de la liturgie en langue française. Seule Marie est encore habituellement vouvoyée.

Tutoiement/Vouvoiement

Le tutoiement marque l'égalité et la familiarité. Le vouvoiement marque la politesse et le respect. Sous la révolution française (terreur), le vouvoiement était interdit.


Le français vouvoie traditionnellement Dieu. D'autres langues le font aussi, y compris l'anglais. Depuis Guillaume le Conquérant (1066), les anglais ont essayé de reprendre cette pratique, successivement avec les mots : Ye et Thou.


Les premiers, les protestants ont rompu avec cette pratique. Il semble que le tutoiement systématique de Dieu chez les catholiques ait été inspiré des protestants au moment du concile Vatican II.


En faveur du tutoiement

Benoit XVI

Homélie du 18 décembre 2005 : « Dieu est proche de nous, si proche qu'il se fait enfant, et que nous pouvons "tutoyer" ce Dieu ».

Mgr Dozolme

En 1965, Mgr Dozolme explique qu'en « latin, en grec et en araméen c'est la deuxième personne du singulier qui est employée dans les textes bibliques, quand on s'adresse à Dieu. Cette façon de parler à Dieu en grec ou en latin était en usage depuis toujours dans les prières de la messe (Kyrie eleison, Laudamus te...) ». Mais le grec ancien, comme le latin, ne connaissent pas le vouvoiement.


Le même évêque nous dit que « la traduction de Crampon qui date déjà du siècle dernier tutoie Dieu ». Mais chacun pourra vérifier que la prière du Notre-Père use du vouvoiement : Mtt VI, 12-15


En faveur du vouvoiement

Mgr Lefèbvre

Lettre aux catholiques perplexes : Tutoyer Dieu d’une façon systématique n’est pas la marque d’une grande révérence et ne relève pas du génie de notre langue, qui nous offre un registre différent selon que nous nous adressons à un supérieur, à un parent, à un camarade. (...) Le tutoiement a envahi l’ensemble de la liturgie vernaculaire : le Nouveau Missel des dimanches l’emploie d’une façon exclusive et obligatoire, sans que l’on voie les raisons d’un tel changement si contraire aux mœurs et à la culture françaises.


La crainte de Dieu

L'infinie bonté de Dieu peut certes porter au vouvoiement mais la réalité est plus complexe.




De même, on pourra penser qu'une âme qu'un tutoiement ne traduira pas l'égalité

est particulièrement touché

  1. Depuis longtemps, d'ailleurs, nous avons tutoyé Dieu sans éprouver de gêne ou d'étonnement dans certains de nos vieux cantiques populaires comme: « Parle, commande, régne... Je crois en toi, mon Dieu... »
  1. Il n'est d'ailleurs pas juste de ramener à la deuxième personne du pluriel la seule forme de politesse! Comme on en discutait assez vivement au cours d'une assemblée plénière de l'épiscopat français, l'un de nous rappela opportunément, avec un sourire malicieux, l'opinion du cardinal Grente. L'illustre prélat, académicien, affirme que « dans la langue française, quand on s'adresse à Dieu, le tutoiement est la forme supérieure du respect ».

A l'appui de cette affirmation, je pourrais rappeler en effet que Racine, par exemple, tutoie Dieu dans Esther et Athalie. Bossuet dit « vous » à Dieu dans les Oraisons funèbres, mais il adopte le tutoiement quand il écrit en vers:

Je suis à toi Seigneur et mon coeur est rendu,

Répands dans mon esprit ton esprit ineffable (1).


Et dans le Précis de grammaire historique de la langue française, un paragraphe étudie « le tutoiement, marque de suprême respect (2) ».


  1. Il est dès lors important de remarquer que dans la nouvelle traduction du missel, quand les ministres ou l'Assemblée répondent au célébrant, ils emploient le « vous » de la politesse courante: « que le Dieu tout-puissant vous fasse miséricorde... Et avec votre esprit. » De même, quand le confesseur donne l'absolution en français il dit: « Et maintenant je vous pardonne vos péchés... » Ce qui nous fait comprendre l'esprit des textes liturgiques parce qu'ils sont tradiuts de la Bible et qu'ils restent si proches de la poésie, parce qu'ils ont un caractère sacré dans la prière communautaire, le tutoiement qu'ils emploient pour parler à Dieu doit être compris comme une forme de « suprême respect ».
  1. II faut bien convenir par ailleurs que cette question du « tu » ou du « vous » en langue liturgique n'est pas une question fondamentale. On pouvait à son sujet avoir des avis différents. Le « vous » a été conservé dans la formule si traditionnelle du Notre Père. Et si le « tu » a été adopté par l'épiscopat français, c'est qu'il a obtenu au vote la majorité des deux-tiers qui était requise, mais, sans manquer trop à la discrétion je peux dire qu'il n'a pas rallié tous les suffrages. Maintenant la question est tranchée. Notre devoir est simple.