Clovis

De Christ-Roi
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                                       Clovis

Roi des Francs de 481 à 511 après J.-C.

Le nom de Clovis – d'une transcription forgée au XIXe siècle – vient du franc Hlodowig, composé des racines hlod (= renommée) et wig (= combat) : il donne en français Louis, prénom de la majorité des rois de France, et en allemand Ludwig, aussi latinisé en Ludovic). Fréquemment utilisée par les Mérovingiens, la racine hlod est aussi à l'origine de noms tels que Clotaire (et Lothaire), Clodomir ou Clotilde.

Nous connaissons Clovis à travers la longue description de son règne par Grégoire de Tours, un évêque proche du pouvoir, dont l'Histoire, rebaptisée tardivement Histoire des Francs est riche d'enseignements, bien que parfois peu rigoureuse.

Le baptême de Clovis tout sauf un calcul politique!

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                 Le Baptême de Clovis, Paul-Joseph Blanc v. 1881


Notons bien que d'un point de vue politique, le choix du catholicisme (associé à l'empire romain, faible et lointain) plutôt que de l'arianisme (peuplades barbares voisines) ne fut certainement pas le choix le plus facile...

Il y eut une réelle démarche de foi de la part du roi Clovis.

"Tous les peuples vaincus de l'Empire romain étaient catholiques, mais toutes les nations barbares et victorieuses étaient ariennes, en Gaule, en Espagne, en Italie, en Afrique. Il fallait donc au Roi se séparer de tous les peuples amis, issus de la même origine, pour adopter la religion des peuples de race étrangère et ennemie ! C'était la vraie difficulté. Elle était si grande que le prince avait vu s'introduire l'arianisme jusque dans sa propre famille. Sa sœur Alboflède, qu'il aimait beaucoup, et qui sans doute exerçait une grande influence sur son esprit était arienne. Aussi sommes-nous convaincu que Rémi ménagea le mariage de Clotilde et de Clovis pour combattre avec plus de succès auprès du roi l'influence de sa sœur. Car non seulement, Clotilde était catholique, mais elle était de plus l'ennemie personnelle des ariens" qui avaient assassiné ses parents et ses frères... Si Clovis avait été astucieux et rusé (comme certains historiens le prétendent...) il aurait feint la conversion, se réservant de revenir plus tard à ses convictions, quand sa domination eût été assurée; il ne le fit pas: lui aussi préféra rester impuissant, plutôt que de se mentir à lui-même. Dieu pour fonder la France avait préparé deux grandes âmes, nobles toutes deux, dignes de s'entendre, de s'estimer et de s'aimer...

Aussi à partir du baptême du roi, l'intimité devint plus grande (encore), Rémi prit part aux affaires de la nouvelle royauté; tous deux de concert s'appliquèrent à réaliser l'unité religieuse et territoriale des Gaules. Dans toutes les guerres de Bourgogne et d'Aquitaine, Saint Rémi était intervenu, les avait approuvées et pratiquement dirigées, en plein accord avec Clovis. Le pape saint Hormisdas – le zélé défenseur de l'orthodoxie contre les euthychéens fit signer par l'empereur Justin, le formulaire de foi qui proclamait l'infaillibilité de l'Église en matière de foi, institua saint Rémi légat avec pleins pouvoirs pour toute l'ancienne Gaule, toute la France: "nous vous donnons tous nos pouvoirs pour tout le royaume de notre cher Fils spirituel Clovis, que par la grâce de Dieu vous avez converti avec toute sa nation, par un apostalat et des miracles dignes du temps des Apôtres (Hincmar, Vita Sancti Remigii, chap. LIV, cité in Marquis de la Franquerie, ibid., p. 26-27).

C'est qu'au moment du baptême de Clovis, à la fin du Ve s., l'Eglise et les fidèles sont opprimés de tous côtés par des princes hérétiques...

"L'empereur Anastase, en Orient, est livré aux Eutychiens; Theodorick, roi d'Italie, Alaric, roi des Wisigoths en Espagne et en Aquitaine, Gondebald, roi des Burgondes, Trasamond, roi des Vandales en Afrique, professent les erreurs d'Arius"

(Source: C. Guenot, Le Fils aîné de l'Eglise, Épopées de l'histoire de France, Vve H. Casterman, Tournai 1883, p. 77).

Il faut aussi se rappeler que "Clovis croyait aux dieux des anciens Germains: Wotan, dieu des batailles, Thor, le génie de la guerre armé d'un marteau, Thunar, le dieu du tonnerre, Frea, l'épouse de Wotan et la mère de tous les demi-dieux personnifiant les forces de la nature. [...] Il croyait aux devins et aux sorciers. Il croyait aussi à lui-même, puisqu'il avait une origine divine. Pouvait-il concevoir que ce Jésus-Christ qui parlait d'amour, de pardon et de résignation fût un dieu, c'est-à-dire pour Clovis l'équivalent d'un prince ? Un prince se fût-il laissé capturer, fouetter, enchaîner? Eût-il accepté de subir le supplice le plus infamant, celui de la croix ?

En outre, en abjurant les croyances germaniques, Clovis abjurait sa propre identité, anéantissait le prestige que ses origines réputées divines lui valaient. Il perdait le caractère sacré que lui reconnaissaient les Francs. Il courait le risque d'offenser gravement ceux-ci, de se voir abandonné par une partie de ses fidèles... (Georges Bordonove, Les Rois qui ont fait la France, Clovis, J'ai lu, Edition illustrée, Paris 2001, p. 91).

On est donc très loin d'une conversion par calcul politique telle qu'on l'enseigne aujourd'hui dans nos écoles et universités..., puisque cette conversion entrainait mécaniquement un effet contraire au calcul politique: l'hostilité de tous les rois barbares alentour, la probable hostilité même des soldats avec le risque d'une sécession, et, à terme une guerre contre toute l'Europe...! le calcul politique prêté à Clovis est une absurdité!

Pour surmonter ces inconvénients, il fallut donc que se trouve chez Clovis une véritable foi.

Il reste vrai néanmoins que la Gaule des campagnes était, déjà à ce moment, largement acquise au catholicisme. La conversion lui ouvrit probablement des portes dans les provinces et affermit davantage son autorité. Mais, il reste qu'à l'extérieur, voire même tout prêt des frontières du royaume franc (Burgondie, Espagne, Allemagne, Italie), les autres princes ne partageaient pas la même foi...

Un roi aimé de ses peuples

"Le roi des Francs, chose rare en ces temps de redoutable souvenir, possédait l'affection des peuples: Francs et Gaulois soumis à sa domination, proclamaient sans cesse leur amour pour l'illustre guerrier. Cette main si terrible dans les combats, était légère dans l'administration intérieure; tous bénissaient le sceptre étendu comme une protection sur les têtes. Les Gallo-Romains de l'Est et du Sud supplient Chlodowig de les ranger au nombre de ses sujets; il s'empresse de remplir leurs vœux. Les évêques assis au berceau du nouveau peuple, n'élèvent jamais en vain leur voix respectée; leurs ambassadeurs obtiennent la liberté des vaincus de Tolbiac, celle des prisonniers de Voulon; un prêtre sollicite le pardon des révoltés de Verdun, et il est exaucé.

L'Orient s'associe à l'admiration de l'Occident pour le Fils des Sicambres, et l'empereur de Constantinople Anastaser Ier (491-518) lui envoie les insignes de la dignité suprême [510: pour le remercier de sa victoire sur les Barbares, l'empereur d'Orient lui offre les insignes de consul honoraire de Rome, ce qui le fait considérer par les évêques comme le successeur des empereurs romains, avec le titre d’ 'Auguste' ("nouveau Constantin").

Remigius (Rémi), le saint évêque de Reims, vient l'entretenir des devoirs d'un roi chrétien, et il est docilement écouté… Chlodowig a bien compris sa mission, qui est celle de la France; il est le fils aîné de l'Église" (C. Guenot, Le Fils aîné de l'Eglise, Épopées de l'histoire de France, Vve H. Casterman, Tournai 1883, p. 146-147).