La monarchie est le régime catholique par excellence

De Christ-Roi
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L'allocution prononcée par le Souverain Pontife, Pie VI (pape de 1775 à 1799), au Consistoire du 11 juin 1793 [1] est une condamnation formelle de la Révolution, de la République et des principes nouveaux.

Cette allocution est aussi une admirable préface au Syllabus de Pie IX (1864).

En voici le texte :

«Vénérables Frères, comment notre voix n'est-elle point étouffée dans ce moment par nos larmes et par nos sanglots? N'est-ce pas plutôt par nos gémissements que par nos paroles, qu'il convient d'exprimer cette douleur sans bornes que nous sommes obligés de retracer devant vous en vous retraçant le spectacle que l'on vit à Paris le 21 du mois de janvier dernier,

«Le Roi très Chrétien Louis XVI a été condamné au dernier supplice par une conjuration impie et ce jugement s'est exécuté. Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de la sentence. LA CONVENTION NATIONALE N'AVAIT NI DROIT NI AUTORITE POUR LA PRONONCER.

«EN EFFET, APRES AVOIR ABOLI LA MONARCHIE LE MEILLEUR DES GOUVERNEMENTS, ELLE AVAIT TRANSPORTE TOUTE LA PUISSANCE PUBLIQUE AU PEUPLE, QUI NE SE CONDUIT NI PAR RAISON, NI PAR CONSEIL, NE SE FORME SUR AUCUN POINT DES IDEES JUSTES, APPRECIE PEU DE CHOSES PAR LA VERITE ET EN EVALUE UN GRAND NOMBRE D'APRES L'OPINION ; QUI EST TOUJOURS INCONSTANT, FACILE A ETRE TROMPE, ENTRAINE A TOUS LES EXCES, INGRAT, ARROGANT, CRUEL. La portion la plus féroce de ce peuple, peu satisfaite d’avoir dégradé la majesté de son Roi, et déterminée à lui arracher la vie, VOULUT QU'IL FUT JUGE PAR SES PROPRES ACCUSATEURS QUI S’ETAIENT DECLARES HAUTEMENT SES PLUS IMPLACABLES ENNEMIS. Déjà, dès l'ouverture du procès, on avait appelé, tour à tour, parmi les Juges quelques Députés plus particulièrement connus par leurs mauvaises dispositions, pour mieux s'assurer de faire prévaloir l'avis de la condamnation par la pluralité des opinions.

«On ne put cependant pas assez en augmenter le nombre pour obtenir que le Roi fût immolé en vertu d'une majorité légale. A QUOI NE DEVAIT-ON PAS S’ATTENDRE ET QUEL JUGEMENT EXECRABLE A TOUS LES SIECLES NE POUVAIT-ON PAS PRESSENTIR, EN VOYANT LE CONCOURS DE TANT DE JUGES PERVERS, ET DE TANT DE MANŒUVRES EMPLOYEES POUR CAPTER LES SUFFRAGES.

«Toutefois, plusieurs d'entre eux ayant reculé d'horreur au moment de consommer UN SI GRAND FORFAIT, on imagina de revenir aux opinions, et les conjurés ayant ainsi voté de nouveau, prononcèrent que la condamnation était légitimement décrétée. Nous passerons ici sous silence UNE FOULE D’AUTRES INJUSTICES, DE NULLITES ET D’INVALIDITES que l'on peut lire dans les plaidoyers des Avocats et dans les papiers publics. Nous ne relevons pas non plus tout ce que le Roi fut contraint d'endurer avant d'être conduit au supplice : sa longue détention dans diverses prisons d'où il ne sortait jamais que pour être conduit à la barre de la Convention, l’assassinat de son Confesseur, sa séparation de la famille Royale qu'il aimait si tendrement ; enfin cet amas de tribulations rassemblé sur lui pour multiplier ses humiliations et ses souffrances. Il est impossible de ne pas en être pénétré d'horreur quand on n'a point abjuré tout sentiment d'humanité. L'indignation redouble encore de ce que le caractère unanimement reconnu de ce Prince était naturellement doux et bienfaisant; que sa clémence, sa patience, son amour pour son peuple furent toujours inaltérables...

«Mais ce que nous ne saurions pas surtout passer sous silence, c'est l'opinion universelle qu'il a donnée de sa vertu par son testament, écrit de sa main, émané du fond de son âme, imprimé et répandu dans toute l'Europe. QUELLE HAUTE IDEE ON Y CONÇOIT DE SA VERTU ! QUEL ZELE POUR LA RELIGION CATHOLIQUE ! QUEL CARACTERE D'UNE PIETE VERITABLE ENVERS DIEU ! Quelle douleur, quel repentir d'avoir apposé son nom MALGRE LUI à des décrets si contraires à la discipline et à la Foi orthodoxe de l'Eglise. Prêt à succomber sous le poids de tant d'adversités qui s’aggravaient de jour en jour sur sa tête, il pouvait dire comme Jacques Ier, Roi d'Angleterre, qu'on le calomniait dans les Assemblées du peuple, non pour avoir commis un crime, mais parce qu'il était Roi, ce que l'on regardait comme le plus grand de tous les crimes...

«ET QUI POURRA JAMAIS DOUTER QUE CE MONARQUE N'AIT ETE PRINCIPALEMENT IMMOLE EN HAINE DE LA FOI ET PAR UN ESPRIT DE FUREUR CONTRE LES DOGMES CATHOLIQUES ? DEJA DEPUIS LONGTEMPS LES CALVINISTES AVAIENT COMMENCE A CONJURER EN FRANCE LA RUINE DE LA RELIGION CATHOLIQUE. MAIS POUR Y PARVENIR, IL FALLUT PREPARER LES ESPRITS ET ABREUVER LES PEUPLES DE CES PRINCIPES IMPIES QUE LES NOVATEURS N'ONT ENSUITE CESSE DE REPANDRE DANS DES LIVRES QUI NE RESPIRAIENT QUE LA PERFIDIE ET LA SEDITION. C'EST DANS CETTE VUE QU'ILS SE SONT LIGUES AVEC DES PHILOSOPHES PERVERS. L'Assemblée Générale du Clergé de France de 1755 avait découvert et dénoncé les abominables complots de ces artisans d'impiété. Et Nous-même aussi, dès le commencement de notre Pontificat, prévoyant les exécrables manœuvres d'un parti si perfide, nous annonçâmes le péril imminent qui menaçait l'Europe dans notre lettre Encyclique adressée à tous les Évêques de l'Eglise Catholique...

«Si l'on eût écouté nos représentations et nos avis, nous n'aurions pas à gémir maintenant de CETTE VASTE CONJURATION TRAMEE CONTRE LES ROIS ET CONTRE LES EMPIRES.

«Ces hommes dépravés s'aperçurent bientôt qu'ils avançaient rapidement dans leurs projets, ils reconnurent que le moment d'accomplir leurs desseins était enfin arrivé ; ILS COMMENCERENT A PROFESSER HAUTEMENT, DANS UN LIVRE IMPRIME EN 1787, CETTE MAXIME d'Hugues Rosaire ou bien d'un autre Auteur qui a pris ce nom, QUE C'ETAIT UNE ACTION LOUABLE QUE D'ASSASSINER UN SOUVERAIN QUI REFUSAIT D'EMBRASSER LA REFORME ou de se charger de défendre les intérêts des Protestants en faveur de leur religion. «Cette doctrine ayant été publiée peu de temps avant que Louis fût tombé dans le déplorable état auquel il a été réduit, tout le monde a pu voir clairement quelle était la première source de ses malheurs. Il doit donc passer pour constant qu'ils sont tous venus des MAUVAIS LIVRES QUI PARAISSAIENT EN FRANCE, et qu'il faut les regarder comme les fruits naturels de cet arbre empoisonné. «Aussi, a-t-on publié dans la vie imprimée de l'impie Voltaire, que le genre humain lui devait d'éternelles actions de grâces comme au premier auteur de la Révolution Française, «C'est lui, dit-on QUI EN EXCITANT LE PEUPLE A SENTIR ET A EMPLOYER SES FORCES, A FAIT TOMBER LA PREMIERE BARRIERE DU DESPOTISME : LE POUVOIR RELIGIEUX ET SACERDOTAL. SI L'ON N’EUT PAS BRISE CE JOUG, ON N'AURAIT JAMAIS BRISE CELUI DES TYRANS. L’UN ET L’AUTRE SE TENAIENT SI ETROITEMENT UNIS QUE LE PREMIER, UNE FOIS SECOUE, LE SECOND DEVAIT L’ETRE BIENTOT APRES. En célébrant comme le triomphe de Voltaire la chute de l’Autel et du Trône, on exalte la renommée et la gloire de tous les écrivains impies comme d'autant de généraux d'une armée victorieuse. Après avoir ainsi entraîné, par toutes sortes d'artifices, une très grande portion du peuple dans leur parti pour mieux l’attirer encore par leurs œuvres et par leurs promesses, ou plutôt pour en faire leur jouet dans toutes les provinces de la France, les factieux se sont servis du mot spécieux de liberté, ils en ont arboré les trophées et ils ont Invité de tous côtés la multitude à se réunir sous ses drapeaux. C'est bien là, véritablement, cette liberté philosophique qui tend à corrompre les esprits, à dépraver les mœurs, à renverser toutes les lois et toutes les institutions reçues. Aussi fut-ce pour cette raison que l'Assemblée du Clergé de France témoigna tant d'horreur pour une pareille liberté, quand elle commençait à se glisser dans l'esprit du peuple par les maximes les plus fallacieuses. Ce fut encore pour les mêmes motifs que nous crûmes devoir, nous-mêmes, la dénoncer et la caractériser en ces termes :

«Les philosophes effrénés entreprennent de briser les liens qui unissent tous les hommes entre eux, qui les attachent aux Souverains et les contiennent dans le devoir. Ils disent et répètent jusqu'à satiété que l'homme naît libre et qu'il n'est soumis à l'autorité de personne. Ils représentent, en conséquence, la Société comme un amas d'idiots dont la stupidité se prosterne devant les prêtres et devant les rois qui les oppriment, de sorte que l'accord entre le Sacerdoce et l'Empire n'est autre chose qu'une barbare conjuration contre la liberté naturelle de l'homme. Ces avocats tant vantés du genre humain ont ajouté au mot fameux et trompeur de liberté cet autre nom d'égalité qui ne l'est pas moins. Comme si entre des hommes qui sont réunis en société et qui ont des dispositions intellectuelles si différentes, des goûts si opposés et une activité si déréglée, si dépendante de leur cupidité individuelle, il ne devait y avoir personne qui réunît la force et l'autorité nécessaires pour contraindre, réprimer, ramener au devoir ceux qui s'en écartent, afin que la Société, bouleversée par tant de passions diverses et désordonnées, ne soit précipitée dans l'anarchie et ne tombe pas en dissolution.

«... Après s’être établis, selon l'expression de saint Hilaire de Poitiers, Réformateurs des Pouvoirs publics et arbitres de la religion, TANDIS QUE LE PRINCIPAL OBJET EST AU CONTRAIRE DE PROPAGER PARTOUT UN ESPRIT DE SOUMISSION ET D’OBEISSANCE, CES NOVATEURS ONT ENTREPRIS DE DONNER UNE CONSTITUTION A L’EGLISE ELLE-MEME PAR DE NOUVEAUX DECRETS INOUÏS JUSQU’A CE JOUR.

«C'EST DE CE LABORATOIRE QU'EST SORTIE UNE CONSTITUTION SACRILEGE QUE NOUS AVONS REFUTEE DANS NOTRE REPONSE DU 10 MARS 1791 [2] A L'EXPOSITION DES PRINCIPES QUI NOUS AVAIT ETE SOUMISE PAR CENT TRENTE EVEQUES. ON PEUT APPLIQUER CONVENABLEMENT A CE SUJET CES PAROLES DE SAINT CYPRIEN : COMMENT SE FAIT-IL QUE LES CHRETIENS SOIENT JUGES PAR DES HERETIQUES, LES HOMMES SAINS PAR DES MALADES... LES JUGES PAR DES COUPABLES, LES PRETRES PAR DES SACRILEGES. «QUE RESTE-T-IL DONC DE PLUS QUE DE SOUMETTRE L’EGLISE AU CAPITOLE ? TOUS LES FRANÇAIS QUI SE MONTRAIENT ENCORE FIDELES DANS LES DIFFERENTS ORDRES DE L’ETAT ET QUI REFUSAIENT AVEC FERMETE DE SE LIER PAR UN SERMENT A CETTE NOUVELLE CONSTITUTION, ETAIENT AUSSITOT ACCABLES DE REVERS ET VOUES A LA MORT. ON S'EST HATE DE LES MASSACRER INDISTINCTEMENT ; ON A FAIT SUBIR LES TRAITEMENTS LES PLUS BARBARES A UN GRAND NOMBRE D'ECCLESIASTIQUES. ON A EGORGE DES EVEQUES... CEUX QUE L'ON PERSECUTAIT AVEC MOINS DE RIGUEUR SE VOYAIENT ARRACHES DE LEURS FOYERS ET RELEGUES DANS DES PAYS ETRANGERS, SANS AUCUNE DISTINCTION D’AGE, DE SEXE, DE CONDITION. ON AVAIT DECRETE QUE CHACUN ETAIT LIBRE D'EXERCER LA RELIGION QU'IL CHOISIRAIT, COMME SI TOUTES LES RELIGIONS CONDUISAIENT AU SALUT ETERNEL ; ET CEPENDANT LA SEULE RELIGION CATHOLIQUE ETAIT PROSCRITE. «SEULE, ELLE VOYAIT COULER LE SANG DE SES DISCIPLES DANS LES PLACES PUBLIQUES, SUR LES GRANDS CHEMINS ET DANS LEURS PROPRES MAISONS. ON EUT DIT QU'ELLE ETAIT DEVENUE UN CRIME CAPITAL. ILS NE POUVAIENT TROUVER AUCUNE SURETE DANS LES ETATS VOISINS OU ILS ETAIENT VENUS CHERCHER ASILE... TEL EST LE CARACTERE CONSTANT DES HERESIES. TEL A TOUJOURS ETE, DES LES PREMIERS SIECLES DE L’EGLISE, L'ESPRIT DES HERETIQUES, SPECIALEMENT DEVELOPPE DE NOTRE TEMPS PAR LES MANŒUVRES TYRANNIQUES DES CALVINISTES QUI ONT CHERCHE PERSEVERAMMENT A MULTIPLIER LEURS PROSELYTES PAR TOUTES SORTES DE MENACES ET DE VIOLENCES. D'APRES CETTE SUITE ININTERROMPUE D’IMPIETES QUI ONT PRIS LEUR ORIGINE EN FRANCE, AUX YEUX DE QUI N'EST-IL PAS DEMONTRE QU'IL FAUT IMPUTER A LA HAINE DE LA RELIGION LES PREMIERES TRAMES DE CES COMPLOTS QUI TROUBLENT ET EBRANLENT TOUTE L’EUROPE ? PERSONNE NE PEUT NIER QUE LA MEME CAUSE N'AIT AMENE LA MORT FUNESTE DE LOUIS XVI. On s'est efforcé, il est vrai, de charger ce Prince de plusieurs délits d'un ordre purement politique. Mais, LE PRINCIPAL REPROCHE QU'ON AIT ELEVE CONTRE LUI, PORTAIT SUR L'INALTERABLE FERMETE AVEC LAQUELLE IL REFUSA D'APPROUVER ET DE SANCTIONNER LE DECRET DE DEPORTATION DES PRETRES, ET LA LETTRE QU'IL ECRIVIT A L'EVEQUE DE CLERMONT POUR LUI ANNONCER QU'IL ETAIT BIEN RESOLU DE RETABLIR EN FRANCE, DES QU'IL LE POURRAIT, LE CULTE CATHOLIQUE. TOUT CELA NE SUFFIT-IL PAS POUR QU'ON PUISSE CROIRE ET SOUTENIR, SANS TEMERITE, QUE LOUIS FUT UN MARTYR ?

« ...Mais, d'après ce que nous avons entendu, on opposera ici, peut-être, comme un obstacle péremptoire au martyre de Louis, la sanction qu'il a donnée à la Constitution, que nous avons déjà réfutée dans notre susdite réponse aux Évêques de France. Plusieurs personnes nient le fait et affirment que lorsqu'on présenta cette Constitution à la signature du Roi, il hésita, recueilli dans ses pensées, et refusa son seing de peur que l'apposition de son nom ne produisît tous les effets d'une approbation formelle. L'un de ses ministres que l'on nomme, et en qui le Roi avait alors une grande confiance, lui représenta que sa signature ne prouverait autre chose que l'exacte conformité de la copie avec l'original, de manière que nous, à qui cette Constitution allait être adressée, nous ne pouvions sans aucun prétexte élever le moindre soupçon sur son authenticité.

«Il paraît que ce fut cette simple observation qui le détermina aussitôt à donner sa signature. C’est aussi ce qu'il insinue lui-même dans son testament quand il dit que son seing lui fut arraché contre son propre vœu.

«Et, en effet, il n’aurait pas été conséquent et se serait mis en contradiction avec lui-même, si, après avoir approuvé volontairement la Constitution du Clergé de France, il l’eut rejetée ensuite avec la plus inébranlable fermeté, comme il fit lorsqu’il refusa de sanctionner le Décret de déportation des Prêtres non assermentés, et lorsqu'il écrivit à l’Évêque de Clermont qu’il était déterminé à rétablir en France le culte catholique. «Mais quoi qu'il en soit de ce fait, car nous n'en prenons pas sur nous la responsabilité, et QUAND MEME NOUS AVOUERIONS QUE LOUIS, SEDUIT PAR DEFAUT DE REFLEXION OU PAR ERREUR, APPROUVA REELLEMENT LA CONSTITUTION AU MOMENT OU IL LA SOUSCRIVIT SERIONS-NOUS OBLIGES POUR CELA DE CHANGER DE SENTIMENT AU SUJET DE SON MARTYRE ? NON, SANS DOUTE. SI NOUS AVIONS UN PAREIL DESSEIN, NOUS EN SERIONS DETOURNES PAR SA RETRACTATION SUBSEQUENTE AUSSI CERTAINE QUE SOLENNELLE ET PAR SA MORT MEME QUI FUT VOTEE COMME NOUS L’AVONS DEMONTRE CI-DESSUS, EN HAINE DE LA RELIGION CATHOLIQUE, DE SORTE QU'IL PARAIT DIFFICILE QUE L'ON PUISSE RIEN CONTESTER DE LA GLOIRE DE SON MARTYRE. « …Appuyé sur cette raison, celle du Pape Benoît XIV, et voyant que la rétractation de Louis XVI, écrite de sa propre main et constatée encore par l'effusion d'un sang si pur, est certaine et incontestable, Nous ne croyons pas nous éloigner du principe de Benoît XIV, non pas, il est vrai, en prononçant dans ce moment un Décret pareil à celui que nous venons de citer, mais en persistant dans l'opinion que nous nous somme formée du martyre de ce Prince, nonobstant toute approbation qu'il avait donnée à la Constitution Civile du Clergé quelle qu’elle eût été.

«Ah ! France ! Ah ! France ! TOI QUE NOS PREDECESSEURS APPELAIENT LE MIROIR DE LA CHRETIENTE ET L'INEBRANLABLE APPUI DE LA FOI, TOI QUI, PAR TON ZELE POUR LA CROYANCE CHRETIENNE ET PAR TA PIETE FILIALE, ENVERS LE SIEGE APOSTOLIQUE, NE MARCHE PAS A LA SUITE DES AUTRES NATIONS, MAIS LES PRECEDE TOUTES, QUE TU NOUS ES CONTRAIRE AUJOURD'HUI ! DE QUEL ESPRIT D’HOSTILITE, TU PARAIS ANIMEE, CONTRE LA VERITABLE RELIGION !

«COMBIEN LA FUREUR QUE TU LUI TEMOIGNES SURPASSE DEJA LES EXCES DE TOUS CEUX QUI SE SONT MONTRES JUSQU’A PRESENT SES PERSECUTEURS LES PLUS IMPLACABLES ! ET CEPENDANT TU NE PEUX PAS IGNORER, QUAND MEME TU LE VOUDRAIS, QUE LA RELIGION EST LA GARDIENNE LA PLUS SURE ET LE PLUS SOLIDE FONDEMENT DES EMPIRES, PUISQU’ELLE REPRIME EGALEMENT LES ABUS D’AUTORITE DANS LES PUISSANCES QUI GOUVERNENT, ET LES ECARTS DE LA LICENCE DANS LES SUJETS QUI OBEISSENT. ET C’EST POUR CELA QUE LES FACTIEUX ADVERSAIRES DES PREROGATIVES ROYALES CHERCHENT A LES ANEANTIR ET S’EFFORCENT D’AMENER D’ABORD LE RENONCEMENT A LA FOI CATHOLIQUE

«AH ! ENCORE UNE FOIS, FRANCE ! TU DEMANDAIS MEME AUPARAVANT UN ROI CATHOLIQUE. TU DISAIS QUE LES LOIS FONDAMENTALES DU ROYAUME NE PERMETTAIENT POINT DE RECONNAITRE UN ROI QUI NE FUT PAS CATHOLIQUE, ET C'EST PRECISEMENT PARCE QU'IL ETAIT CATHOLIQUE QUE TU VIENS DE L'ASSASSINER ! »

«Ta rage contre ce Monarque s'est montrée telle, que son supplice même n'a pu ni l'assouvir, ni l'apaiser. Tu as voulu encore la signaler après sa mort sur ses tristes dépouilles ; car tu as ordonné, que son cadavre fût transporté et inhumé sans aucun appareil d'une honorable sépulture.

«O jour de triomphe pour Louis XVI à qui Dieu a donné et la patience dans les tribulations, et la victoire au milieu de son supplice ! «NOUS AVONS LA CONFIANCE QU'IL A HEUREUSEMENT ECHANGE UNE COURONNE ROYALE TOUJOURS FRAGILE ET DES LIS QUI SE SERAIENT FLETRIS BIENTOT, CONTRE CET AUTRE DIADEME IMPERISSABLE QUE LES ANGES ONT TISSE DE LIS IMMORTELS.

«Saint Bernard nous apprend dans ses lettres au Pape Eugène, son disciple, ce qu'exige de nous dans ces circonstances notre ministère apostolique, lorsqu’il exhorte à multiplier ses soins afin que les incrédules se convertissent à la Foi, que ceux qui sont convertis ne s'égarent plus et que ceux qui sont égarés rentrent dans le droit chemin. Nous avons, nous aussi, pour modèle la conduite de CLEMENT VI, NOTRE PREDECESSEUR, QUI NE CESSA DE POURSUIVRE LA PUNITION DE L’ASSASSINAT D'ANDRE, ROI DE SICILE, EN INFLIGEANT LES PEINES LES PLUS FORTES A SES MEURTRIERS ET A LEURS COMPLICES, comme on peut le voir dans ses Lettres Apostoliques. Mais que pouvons-nous tenter, que pouvons-nous attendre, quand il s'agit d'un peuple qui, non seulement n'a eu aucun égard pour nos monitions mais qui s'est encore permis, envers Nous, les offenses, les usurpations, les outrages et les calomnies les plus révoltants ; et qui est enfin parvenu à cet excès d'audace et de délire, de composer sous notre nom des lettres supposées et parfaitement assorties à toutes les nouvelles erreurs.

«Laissons-le donc s'endurcir dans sa dépravation puisqu'elle a pour lui tant d'attraits, et espérons que le sang innocent de Louis crie en quelque sorte et intercède pour que la France reconnaisse et déteste son obstination à accumuler sur elle tant de crimes, et qu'elle se souvienne des châtiments effroyables qu'un Dieu juste, Vengeur des forfaits, a souvent infligés à des Peuples qui avaient commis des attentats beaucoup moins énormes. «Telles sont les réflexions que nous avons jugées les plus propres à vous offrir quelques consolations dans un si horrible désastre. «C'est pourquoi pour achever ce qui nous reste à dire, nous vous invitons au Service solennel que nous célébrerons avec vous pour le repos de l'âme du Roi Louis XVI, QUOIQUE LES PRIERES FUNEBRES PUISSENT PARAITRE SUPERFLUES QUAND IL S'AGIT D'UN CHRETIEN QU'ON CROIT AVOIR MERITE LA PALME DU MARTYRE, puisque Saint Augustin dit que l'Église ne prie pas pour les martyrs, mais qu’elle se recommande plutôt à leurs prières... » (Discours du Pape Pie VI prononcé au cours du Consistoire du 11 juin 1793, cité par M. l'Abbé Delassus dans Louis XVI Roi et martyr, sa béatification, cité dans Marquis de la Franquerie, La mission divine de la France, ESR, p. 52-55).