Différences entre les versions de « Le miracle de Bayonne »

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Partie de la bannière de l'association«CROIX BLANCHE, MIRACLE DE BAYONNE»,
 
exécutée selon le rapport fait par DUNOIS et Gaston de FOIX au roi Charles VII
 
  
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==Introduction==
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Le [[miracle|miracle]] de la [[Croix Blanche|Croix Blanche]], est celui de la libération de la Ville de Bayonne en 1451.
 
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Calais ne redevenant français qu’en 1598, Bayonne devint un symbole de la Libération du Pays et du bon droit français puisque '''l’histoire moderne le confirme, se produisit l’événement miraculeux de l’apparition dans le ciel de Bayonne le 20 août 1451, du côté de la Porte d’Espagne, d’une grande [[Croix Blanche|Croix Blanche]] (symbole des français contre la croix rouge des anglais) surmontée d’une couronne d’épines, qui se transformaient respectivement en fleur de lys et couronne blanche, comme énoncé dans la lettre des Comte de FOIX et de DUNOIS au roi CHARLES VII ( voir ci-après) et rapporté par les chroniqueurs de l’époque et l’inscription de pierre apposée au XXème siècle dans la cathédrale de Bayonne'''.
 
Calais ne redevenant français qu’en 1598, Bayonne devint un symbole de la Libération du Pays et du bon droit français puisque '''l’histoire moderne le confirme, se produisit l’événement miraculeux de l’apparition dans le ciel de Bayonne le 20 août 1451, du côté de la Porte d’Espagne, d’une grande [[Croix Blanche|Croix Blanche]] (symbole des français contre la croix rouge des anglais) surmontée d’une couronne d’épines, qui se transformaient respectivement en fleur de lys et couronne blanche, comme énoncé dans la lettre des Comte de FOIX et de DUNOIS au roi CHARLES VII ( voir ci-après) et rapporté par les chroniqueurs de l’époque et l’inscription de pierre apposée au XXème siècle dans la cathédrale de Bayonne'''.
  
LETTRE DES COMTES DE FOIX ET DE DUNOIS AU ROI ( 20 AOÜT 1451)
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Les anglais rendirent donc Bayonne sans combattre, après 3 siècles d’occupation. Cet évènement miraculeux très symbolique avait été annoncé 20 ans avant par Jeanne d’Arc, et rejoint la Patronne de France dans l’aspect miraculeux de son histoire, de ses voix à son cœur qui continuait à battre après sa mort, comme en attestent les chroniqueurs et témoins de l’époque, et par exemple, le Musée de Rouen [http://www.jeanne-darc.com/].
  
  
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==LETTRE DES COMTES DE FOIX ET DE DUNOIS AU ROI ( 20 AOÜT 1451) ==
 
"Nostre souverain et très redoubté seigneur, nous nous recommandons à vostre bonne grâce tant humblement que faire le povons, et vous plaise savoir que ,grâces à Nostre Seigneur, ceste cité de Bayonne est en vostre obeissance du jour d'uy à vostre grant honneur et proffit, ainsi que veoir le pourrés par le double de l'appointement faict par les diz de Bayonne que par ce pourtours vous envoyons.
 
"Nostre souverain et très redoubté seigneur, nous nous recommandons à vostre bonne grâce tant humblement que faire le povons, et vous plaise savoir que ,grâces à Nostre Seigneur, ceste cité de Bayonne est en vostre obeissance du jour d'uy à vostre grant honneur et proffit, ainsi que veoir le pourrés par le double de l'appointement faict par les diz de Bayonne que par ce pourtours vous envoyons.
 
Sire, il est vray que à la proprre heure que voz gens prenoient la possession du chastel de Baionne, estant le ciel très cler et bien escuré, apparut unne nue où apparaît unne grant croix. blanche sur la dicte ville de Bayonne, du costel d'Espaigne; et là s'est arrestée, sans remuer ne bougiez, l'espace d'une heure; et comme dient aucuns qui l'ont vehue au commancement, et estait en forme d'ung crucifix, la couronne sur la teste, laquelle couronne se tourna puis en fleur de lis et a esté vehuy par tous les gens de cest ost, où estoient de mille à douze cens hommes de guerre Espaignoulx qui sont icy avec leurs maignies en vostre service.
 
Sire, il est vray que à la proprre heure que voz gens prenoient la possession du chastel de Baionne, estant le ciel très cler et bien escuré, apparut unne nue où apparaît unne grant croix. blanche sur la dicte ville de Bayonne, du costel d'Espaigne; et là s'est arrestée, sans remuer ne bougiez, l'espace d'une heure; et comme dient aucuns qui l'ont vehue au commancement, et estait en forme d'ung crucifix, la couronne sur la teste, laquelle couronne se tourna puis en fleur de lis et a esté vehuy par tous les gens de cest ost, où estoient de mille à douze cens hommes de guerre Espaignoulx qui sont icy avec leurs maignies en vostre service.
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Les anglais libérèrent donc Bayonne sans combattre, après 3 siècles d’occupation. Cet évènement miraculeux très symbolique avait été annoncé 20 ans avant par Jeanne d’Arc, et rejoint la Patronne de France dans l’aspect miraculeux de son histoire, de ses voix à son cœur qui continuait à battre après sa mort, comme en attestent les chroniqueurs et témoins de l’époque, et par exemple, le Musée de Rouen [http://www.jeanne-darc.com/].
 
  
Au moment où l’on déplore de lâches attentats dans le monde, il est  important de pouvoir transmettre ces valeurs, en particulier de courage et de justice.+
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==Discours de M. le Chanoine V. Dubaral (1928)==
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Extrait du discours prononcé à la Cathédrale de Bayonne, le 8Juillet 1928, par M. le Chanoine V. Dubaral, curé�archiprêtre de Saint�Martin, Président de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau. O Crux, ave, O Croix, salut!
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Les Prophéties de Jeanne d'Arc
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C'était juste 20 ans avant le « Miracle de Bayonne », les premiers mois de l'année 1431. Une jeune fille de 19 ans expiait dans les prisons de Rouen le mérite et la gloire d'avoir libéré la France de l'oppression de ses ennemis. Pénétrée de l'esprit de Dieu et accompagnée de ses Voix inspiratrices, qui lu furent toujours fidèles, Jeanne d'Arc répondait aux questions de ses bourreaux, qui étaient ses juges, le 1er mars 1431 : « Avant qu'il soit sept ans, les Anglais perdront plus grand gage qu'ils ne firent devant Orléans » (2), allusion à la prochaine délivrance de Paris.
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Et le samedi 7 mars 1431, elle ajoute qu'ils « seront boutés hors de France, excepté ceux qui y mourront, et que Dieu enverra victoire aux Français » (1)... «Et de ce je suis messagère de par Dieu, et je dis de TOUT le royaume de France (3) ».
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La Conquête de la France
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Cette conquête commence par un acte de réconciliation, entre Français et Bourguignons. Ces derniers avaient vendu Jeanne aux Anglais, mais celle�ci écrivit au duc de Bourgogne, en faveur de la paix « entre son roi et lui » (4). Elle voulait convertir la haine en amour. Cette réconciliation se fit par la paix d'Arras, en 1435 (5).
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L'année suivante, c'est la prise de Paris par le connétable de Richemond (16�17 avril 1436).
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Et puis, il y a des coups de main ; Montereau est pris en 1437, Meaux en 1440 � sans compter les mille autres incidents de la lutte.
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Ensuite, c'est une longue trêve, incompréhensible pour nous aujourd'hui, et qui s'explique par la mollesse des uns et la lassitude de tous.
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Enfin, tout s'agite en 1449.
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La Normandie est alors aux Français. Rouen se rend en octobre et tout le pays maritime, l'année suivante, au point que le 12 août fut choisi comme jour de fête nationale de la délivrance et célébré pendant longtemps.
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Bientôt, la Guienne est attaquée. Bergerac et Bazas se rendent, dès 1449. Bordeaux ouvre ses portes à Dunois, le 30 juin 1451.
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Siège de Bayonne
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1451 ! Maintenant Bayonne, c'est ton tour : vas�tu te rendre, ou vas�tu résister ?
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Les Bayonnais ne furent jamais ni peureux, ni lâches, ni traîtres. Ils sont honnêtes, loyaux, pleins de franchise et d'honneur.
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Toutes délibérations prises, Bayonne va se défendre, Bayonne va résister. Telle est la vérité, toute la vérité.
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Expliquons cela, et vous comprendrez alors, Mes Frères, pourquoi Bayonne, ville anglaise depuis 300 ans, voulait rester anglaise encore, en 1451.
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Bayonne était ville anglaise depuis 1152. Eléonore d'Aquitaine, répudiée par Louis VII le jeune, épousa Henri Plantagenet, duc de Normandie et plus tard roi d'Angleterre. Elle lui portait en dot tout l'Ouest de la France et changea ainsi, en un instant, de par le droit public de l'époque, la nationalité d'un grand pays.
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Imprévoyante faute politique, dit�on aujourd'hui � c'est vrai � et qu'il fallut réparer par des siècles de luttes sanglantes.
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Mais, à lire les vieux documents, on voit que l'Angleterre traitait ses lointains sujets avec un libéralisme et une largeur de vues vraiment exceptionnelle. Elle faisait alors ce qu'elle fait d'ordinaire aujourd'hui pour ses possessions lointaines et ses colonies. L'Aquitaine était déjà, si vous le voulez, un Canada avant la lettre. Ce sont les faits qui nous l'apprennent, et avec quelle sûreté et quelle évidence
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  Grâce aux secours de cette grande nation, Bayonne acquit une importance commerciale et maritime considérable. Les marins bayonnais étaient réputés les premiers marins du monde. Le commerce de notre ville jouissait d'une activité et d'une faveur extraordinaire. Savez�vous qu'à Séville, il y avait une « rue de Bayonne » et qu'à Londres l'évêque de Bayonne, le maire et les cent pairs, recevaient toujours l'accueil le plus courtois et le plus flatteur ? (6).
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(1) Dans le Missel de Bayonne de 1543 (1901. In�4°, p. XCII).
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(2) P. Champion, Le Procès de condamnation de Jeanne d'Arc. Paris. II. Champion, 1921, in�8", pp. 154 et 158.
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(3) P. Dunand. Les Visions et les Voix. Paris. Poussielgue. 1903. In-8", p. 208.
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(4) Jeanne d'Arc appelait cela « gagner une grande besogne ». Elle requit le duc de Bourgogne d'avoir à se réconcilier « avec son roi ». Ibid.
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(5) Ibid. p. 209.
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(6) Raymond d'Onzac, évêque de Bayonne, va en Angleterre pour rester quelque temps près du roi, qui lui accorde sa protection pendant le voyage et notifie ce fait au peuple de
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Bayonne. � Lettre du roi Henri/Il:,, Réparez à l'évêque de Bayonne tout dégât fait dans sa propriété pendant son absence » (1252). � A l'évêque et à tout le clergé de Bayonne, au
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maire, chapitre, jurais, et citoyens de Bayonne, le roi demande confiance pour équiper des galères (1243). � Plaintes de., armateurs de Bayonne sur la capture de leurs navires pur les
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pillards de l'île de Wigth et des côtes méridionales d'Angleterre. Leur punition (1254). Lettre du roix aux maires et cent pairs « pour faire des galères pour la defense de l 'Eglise » contre les Sarrasins d'Espagne et d'Afrique (/276). � Pierre de S. Jean, évêque de
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Bayonne, est nommé procureur du roi d'Angleterre, auprès du roi de Castille, pour le mariage de Jeanne, fille d'Edouard, avec le fils aîné d'Alfonse de Castille (1346). Ordre de laisser les nouveaux maires, jurais, cent pairs et la communauté de Bayonne, leurs bourgeois et marchands, les sujets de Bayonne et chacun d'eux, quittes du paiement de 3 deniers, par livre, sur tous leurs biens venant aux ports anglais. (22 déc. /376. Edouard /1/). � Pierre de Ville de Bayonne, amiral anglais (1403). Nomination de Pierre du Bernet, évêque de Bayonne, après Menendez (1406,). Envois d'hommes armés et d'archers de Bristol à Bayonne et vaisseaux nécessaires au transport de sir John de Astley, chevalier maire de Bayonne (145/). Chan. J�B. Daranatz. Curiosités du Pays Basque. Bayonne, Lasserre, 2 vol. in�8°, t. 1, pp. 293�195: t. II, pp. 296�317.

Version du 19 février 2006 à 17:09

Croix-blanche.JPG

Introduction

Reproduction selon le rapport fait par DUNOIS et Gaston de FOIX au roi Charles VII

Le miracle de la Croix Blanche, est celui de la libération de la Ville de Bayonne en 1451.

Bayonne est alors une des dernières Ville-symbole et d’importance libérée dans les mois précédant la fin de la Guerre de Cent ans.

Calais ne redevenant français qu’en 1598, Bayonne devint un symbole de la Libération du Pays et du bon droit français puisque l’histoire moderne le confirme, se produisit l’événement miraculeux de l’apparition dans le ciel de Bayonne le 20 août 1451, du côté de la Porte d’Espagne, d’une grande Croix Blanche (symbole des français contre la croix rouge des anglais) surmontée d’une couronne d’épines, qui se transformaient respectivement en fleur de lys et couronne blanche, comme énoncé dans la lettre des Comte de FOIX et de DUNOIS au roi CHARLES VII ( voir ci-après) et rapporté par les chroniqueurs de l’époque et l’inscription de pierre apposée au XXème siècle dans la cathédrale de Bayonne.

Les anglais rendirent donc Bayonne sans combattre, après 3 siècles d’occupation. Cet évènement miraculeux très symbolique avait été annoncé 20 ans avant par Jeanne d’Arc, et rejoint la Patronne de France dans l’aspect miraculeux de son histoire, de ses voix à son cœur qui continuait à battre après sa mort, comme en attestent les chroniqueurs et témoins de l’époque, et par exemple, le Musée de Rouen [1].


LETTRE DES COMTES DE FOIX ET DE DUNOIS AU ROI ( 20 AOÜT 1451)

"Nostre souverain et très redoubté seigneur, nous nous recommandons à vostre bonne grâce tant humblement que faire le povons, et vous plaise savoir que ,grâces à Nostre Seigneur, ceste cité de Bayonne est en vostre obeissance du jour d'uy à vostre grant honneur et proffit, ainsi que veoir le pourrés par le double de l'appointement faict par les diz de Bayonne que par ce pourtours vous envoyons. Sire, il est vray que à la proprre heure que voz gens prenoient la possession du chastel de Baionne, estant le ciel très cler et bien escuré, apparut unne nue où apparaît unne grant croix. blanche sur la dicte ville de Bayonne, du costel d'Espaigne; et là s'est arrestée, sans remuer ne bougiez, l'espace d'une heure; et comme dient aucuns qui l'ont vehue au commancement, et estait en forme d'ung crucifix, la couronne sur la teste, laquelle couronne se tourna puis en fleur de lis et a esté vehuy par tous les gens de cest ost, où estoient de mille à douze cens hommes de guerre Espaignoulx qui sont icy avec leurs maignies en vostre service. Ces choses nous a samblé à tous très merveilleuse et mesmement à ceux de la ville de Baionne, lesquelz, quant ils la choisirent, comme esba ï's, faisans le signe de la croix, incontinent toutes les enseignes estans sur les pourtaulx et tours où estoit la croix rouge, estèrent et mirent jus. Demain avons entencion faire l'entrée de la ville; et mardi partir tenans notre chemin par devers vous en la plus grant diligence que faire pourrons, au bon plaisir de Nostre Seigneur, lequel vous doint, nostre souverain et très redoubté seigneur, bonne vie et longue, et vous, nobles et haulx désirs. Escript en nostre logis de hors Bayonne, le vendredi Xxèmejour d'aot. Ainsi signé: Vos très humbles et obéissons, les comtes de Foix et de Dunoys.GASTON ET JEHAN. De La Loere.

(Fragments d'une chronique du I5ème siècle, Ms. Fr. 6487, f.2). publié par G de Beaucourt parmis les pièces justificative de la Chronique de Mathieu d’Escouchy



Discours de M. le Chanoine V. Dubaral (1928)

Extrait du discours prononcé à la Cathédrale de Bayonne, le 8Juillet 1928, par M. le Chanoine V. Dubaral, curé�archiprêtre de Saint�Martin, Président de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau. O Crux, ave, O Croix, salut!

Les Prophéties de Jeanne d'Arc

C'était juste 20 ans avant le « Miracle de Bayonne », les premiers mois de l'année 1431. Une jeune fille de 19 ans expiait dans les prisons de Rouen le mérite et la gloire d'avoir libéré la France de l'oppression de ses ennemis. Pénétrée de l'esprit de Dieu et accompagnée de ses Voix inspiratrices, qui lu furent toujours fidèles, Jeanne d'Arc répondait aux questions de ses bourreaux, qui étaient ses juges, le 1er mars 1431 : « Avant qu'il soit sept ans, les Anglais perdront plus grand gage qu'ils ne firent devant Orléans » (2), allusion à la prochaine délivrance de Paris.

Et le samedi 7 mars 1431, elle ajoute qu'ils « seront boutés hors de France, excepté ceux qui y mourront, et que Dieu enverra victoire aux Français » (1)... «Et de ce je suis messagère de par Dieu, et je dis de TOUT le royaume de France (3) ».

La Conquête de la France

Cette conquête commence par un acte de réconciliation, entre Français et Bourguignons. Ces derniers avaient vendu Jeanne aux Anglais, mais celle�ci écrivit au duc de Bourgogne, en faveur de la paix « entre son roi et lui » (4). Elle voulait convertir la haine en amour. Cette réconciliation se fit par la paix d'Arras, en 1435 (5).

L'année suivante, c'est la prise de Paris par le connétable de Richemond (16�17 avril 1436).

Et puis, il y a des coups de main ; Montereau est pris en 1437, Meaux en 1440 � sans compter les mille autres incidents de la lutte.

Ensuite, c'est une longue trêve, incompréhensible pour nous aujourd'hui, et qui s'explique par la mollesse des uns et la lassitude de tous.

Enfin, tout s'agite en 1449.

La Normandie est alors aux Français. Rouen se rend en octobre et tout le pays maritime, l'année suivante, au point que le 12 août fut choisi comme jour de fête nationale de la délivrance et célébré pendant longtemps.

Bientôt, la Guienne est attaquée. Bergerac et Bazas se rendent, dès 1449. Bordeaux ouvre ses portes à Dunois, le 30 juin 1451.

Siège de Bayonne

1451 ! Maintenant Bayonne, c'est ton tour : vas�tu te rendre, ou vas�tu résister ?

Les Bayonnais ne furent jamais ni peureux, ni lâches, ni traîtres. Ils sont honnêtes, loyaux, pleins de franchise et d'honneur.

Toutes délibérations prises, Bayonne va se défendre, Bayonne va résister. Telle est la vérité, toute la vérité.

Expliquons cela, et vous comprendrez alors, Mes Frères, pourquoi Bayonne, ville anglaise depuis 300 ans, voulait rester anglaise encore, en 1451.

Bayonne était ville anglaise depuis 1152. Eléonore d'Aquitaine, répudiée par Louis VII le jeune, épousa Henri Plantagenet, duc de Normandie et plus tard roi d'Angleterre. Elle lui portait en dot tout l'Ouest de la France et changea ainsi, en un instant, de par le droit public de l'époque, la nationalité d'un grand pays.

Imprévoyante faute politique, dit�on aujourd'hui � c'est vrai � et qu'il fallut réparer par des siècles de luttes sanglantes.

Mais, à lire les vieux documents, on voit que l'Angleterre traitait ses lointains sujets avec un libéralisme et une largeur de vues vraiment exceptionnelle. Elle faisait alors ce qu'elle fait d'ordinaire aujourd'hui pour ses possessions lointaines et ses colonies. L'Aquitaine était déjà, si vous le voulez, un Canada avant la lettre. Ce sont les faits qui nous l'apprennent, et avec quelle sûreté et quelle évidence

Grâce aux secours de cette grande nation, Bayonne acquit une importance commerciale et maritime considérable. Les marins bayonnais étaient réputés les premiers marins du monde. Le commerce de notre ville jouissait d'une activité et d'une faveur extraordinaire. Savez�vous qu'à Séville, il y avait une « rue de Bayonne » et qu'à Londres l'évêque de Bayonne, le maire et les cent pairs, recevaient toujours l'accueil le plus courtois et le plus flatteur ? (6).

(1) Dans le Missel de Bayonne de 1543 (1901. In�4°, p. XCII).

(2) P. Champion, Le Procès de condamnation de Jeanne d'Arc. Paris. II. Champion, 1921, in�8", pp. 154 et 158.

(3) P. Dunand. Les Visions et les Voix. Paris. Poussielgue. 1903. In-8", p. 208.

(4) Jeanne d'Arc appelait cela « gagner une grande besogne ». Elle requit le duc de Bourgogne d'avoir à se réconcilier « avec son roi ». Ibid.

(5) Ibid. p. 209.

(6) Raymond d'Onzac, évêque de Bayonne, va en Angleterre pour rester quelque temps près du roi, qui lui accorde sa protection pendant le voyage et notifie ce fait au peuple de

Bayonne. � Lettre du roi Henri/Il:,, Réparez à l'évêque de Bayonne tout dégât fait dans sa propriété pendant son absence » (1252). � A l'évêque et à tout le clergé de Bayonne, au

maire, chapitre, jurais, et citoyens de Bayonne, le roi demande confiance pour équiper des galères (1243). � Plaintes de., armateurs de Bayonne sur la capture de leurs navires pur les

pillards de l'île de Wigth et des côtes méridionales d'Angleterre. Leur punition (1254). Lettre du roix aux maires et cent pairs « pour faire des galères pour la defense de l 'Eglise » contre les Sarrasins d'Espagne et d'Afrique (/276). � Pierre de S. Jean, évêque de

Bayonne, est nommé procureur du roi d'Angleterre, auprès du roi de Castille, pour le mariage de Jeanne, fille d'Edouard, avec le fils aîné d'Alfonse de Castille (1346). Ordre de laisser les nouveaux maires, jurais, cent pairs et la communauté de Bayonne, leurs bourgeois et marchands, les sujets de Bayonne et chacun d'eux, quittes du paiement de 3 deniers, par livre, sur tous leurs biens venant aux ports anglais. (22 déc. /376. Edouard /1/). � Pierre de Ville de Bayonne, amiral anglais (1403). Nomination de Pierre du Bernet, évêque de Bayonne, après Menendez (1406,). Envois d'hommes armés et d'archers de Bristol à Bayonne et vaisseaux nécessaires au transport de sir John de Astley, chevalier maire de Bayonne (145/). Chan. J�B. Daranatz. Curiosités du Pays Basque. Bayonne, Lasserre, 2 vol. in�8°, t. 1, pp. 293�195: t. II, pp. 296�317.