Mgr de Ségur

De Christ-Roi
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Abbé Louis-Gaston Adrien de Ségur (1820-1881).

Biographie

Né à Paris le 15 avril 1820, Louis-Gaston Adrien est le fils du comte Eugène de Ségur et de la célèbre comtesse née Sophie Rostopchine, épouse de M. le comte, auteur de romans pour enfants dont le succès ne se dément pas: Les petites filles modèles, Les malheurs de Sophie, L’auberge de l’ange gardien, Le Général Dourakine, Un bon petit diable...


Il fit des études de droit et fut nommé attaché d’ambassade auprès du Saint-Siège. En cette qualité il séjourna un an à Rome (1842 – 1843); il se sentit appelé au sacerdoce et, de retour à Paris, il entra au séminaire Saint-Sulpice et fut ordonné prêtre par Mgr Affre le 17 décembre 1847. Dès lors il consacre son zèle à exercer le ministère auprès des petits et des délaissés. Avec quelques prêtres animés du même esprit de pauvreté que lui et du même amour de Dieu, il forme une communauté de prières et de bonnes oeuvres, et se consacre aux oeuvres de jeunesse (catéchismes et patronage pour enfants pauvres, retraites d’apprentis, cercles catholiques de jeunes ouvriers) et aux prisonniers militaires. Ces œuvres épuisent tellement ses forces, qu’il tombe malade et doit s’arrêter quelques mois. Il emploie ses loisirs à composer Réponses aux principales objections contre la religion, qui obtiennent un succès inouï. Quand il est rétabli, le prince-président Louis-Napoléon lui confère la haute fonction d’auditeur de Rote pour la France: en cette qualité il séjourne à Rome de 1852 à 1856, également apprécié du pape Pie IX et de l’empereur Napoléon III. La communauté qu’il avait constituée à Paris ne survécut pas à son départ. Gaston reçoit le titre de " Monsignor ", c'est à dire qu'il devient prélat de L'Eglise. Il semblait destiné à l’épiscopat, quand il perdit la vue: plus d’une fois il avait souffert des yeux; en 1854, il devient aveugle complètement et pour toujours. Il prend le parti de laisser ses fonctions d’auditeur de Rote ; Pie IX le nomme protonotaire apostolique, et Napoléon, chanoine du chapitre de Saint-Denis. Mgr de Ségur rentre alors à Paris et prend possession de sa maison de la rue du Bac, n° 39, où il passe les vingt-cinq dernières années de sa vie. Il s’adonne de nouveau aux œuvres ouvrières et est l’inspirateur de nombreuses oeuvres de charité, fonde une Conférence de prêtres destinés à donner des missions dans les paroisses pauvres, fonde et organise (1857) l’Œuvre de Saint-François de Sales, et dirige dès sa fondation (1871), il est le président de l’Association de Saint- François de Sales. l’Union des Œuvres ouvrières. Les biographes de Mgr de Ségur font remarquer comme une chose étonnante que, pendant les vingt-cinq ans de son ministère depuis la cécité, il ne lui arriva aucun accident en donnant la sainte communion. C’est aussi pendant ces années que, aidé par les recherches de son secrétaire, il composa et dicta ces brochures, ces volumes, ces instructions, ces traités, tous ces petits livres d’apologétique, de spiritualité ou d’apostolat qui ont fait tant de bien. Il mourut le 9 juin 1881 dans son appartement de la rue du Bac. Ses funérailles furent célébrées au milieu de l’émotion universelle: une foule considérable d’ouvriers et de pauvres accompagna celui qui les avait tant aimés et si efficacement secourus.

Mgr de Ségur fut surtout, et peut-être exclusivement, un directeur d’âmes, et la plupart de ses écrits sont des traités de piété ou de dévotion. Sa doctrine théologique était celle de l’École française, et le but que sa direction poursuivait était de former dans le chrétien la vie de Jésus. Dans cette intention il écrivit La piété et la vie intérieure, en 8 volumes. Comme les maîtres de l’École française, comme Bérulle en particulier, Mgr de Ségur insiste beaucoup sur l’incorporation du chrétien à Jésus. La spiritualité de saint François de Sales a laissé aussi chez lui plus d’une empreinte.

Pour les enfants, il composa La piété enseignée aux enfants.

Sa méthode de direction était:

1. la fréquentation des sacrements:

  • Traité sur la confession,
  • Traité sur la sainte communion dans lequel il recommande la communion fréquente et même quotidienne;

2. la pratique des œuvres de charité envers le prochain;

3. une grande dévotion envers la sainte Vierge;

4. l’amour de l’Église et du pape.


Sur ce dernier sujet, il écrivit plusieurs opuscules, ainsi

  • Le pape,
  • Le souverain pontife,
  • deux autres destinés à défendre la définition du concile du Vatican: Le pape est infaillible et Le dogme de l’infaillibilité.

Signalons un ouvrage de polémique, Les causeries sur le protestantisme, pour réagir contre la propagande protestante du XIXème siècle. Source: DICI.org


Citations

sur la Religion

  • "La religion est la connaissance, l'amour et le service de Dieu. C'est la science et la pratique du bien" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [1], Paris J. Lecoffre, 1851, p. 1)
  • "Non, chacun n'est pas LIBRE de servir Dieu comme il l'entend, mais il DOIT servir Dieu comme Dieu VEUT être servi et pas autrement" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [2], Paris J. Lecoffre, 1851, p. 102).
  • "Vous n'êtes donc pas libre de servir Dieu comme vous l'entendez; surtout vous n'êtes pas libre de ne pas le servir du tout" (ibid., p. 104)

sur la Révolution

  • "Satan est le père de la Révolution. La Révolution est son œuvre, commencée dans le ciel et se per-pétuant dans l’humanité d’âge en âge" (La révolution expliquée aux jeunes gens [3], 1862)

sur la foi

  • "La foi est à la raison ce qu'est le télescope à l'oeil nu. L'oeil, avec le télescope, voit ce qu'il ne peut apercevoir seul. Il pénètre dans des régions qui lui sont inaccessibles sans ce secours. Direz-vous que le télescope est contraire à la vue? Telle est la foi. Elle ne fait que régler et étendre la raison. Elle la laisse s'appliquer à tout ce qui est de son ressort; et là où viennent expirer ses forces naturelles, elle la prend, la relève et la fait pénétrer dans des vérités nouvelles, surnaturelles, divines, jusque dans les secrets de Dieu" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [4], Paris J. Lecoffre, 1851, p. 56)

sur le protestantisme

  • "Le protestantisme n'est pas cette religion catholique de Jésus-Christ; donc il n'est pas la vraie religion; donc il est une religion fausse, une erreur, une corruption du christianisme" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [5], Paris J. Lecoffre, 1851, p. 82).

J'ajouterai que le protestantisme est un "gnosticisme", en ce que, comme les premiers gnostiques, il s'attribue une tradition apostolique qu'il n'a pas (voir catholicisme).

  • ...et les mauvaises passions seules ont accepté leur religion nouvelle. C'était, en effet, fort commode; tout ce qui gêne était supprimé: l'obéissance aux vrais pasteurs de l'Eglise, la nécessité des bonnes oeuvres, les pénitences corporelles, le jeûne, l'abstinence, la confession, la communion, le célibat des prêtres, les voeux de la perfection religieuse, la crainte de perdre la grâce de Dieu, etc; chacun n'avait d'autre règle à suivre que la Bible, entendue suivant son caprice" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [6], Paris J. Lecoffre, 1851, p. 83).
  • Le protestant se fait lui-même sa croyance, sa religion. Comme si on faisait la vérité! Comme si la vérité n'était pas Dieu même; lequel est TOUT FAIT, si je ne me trompe! Aussi y a-t-il autant de religions que de têtes chez les protestants. Et même chaque tête en peut changer tous les jours. Dans ce système, c'est l'homme qui fait et défait à son gré la vérité infinie qui passe l'homme. je connais une famille protestante composée de quatre personnes, où chacune a une religion différente!" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [7], Paris J. Lecoffre, 1851, note 1, p. 87).
  • Il a attaqué le Christianisme jusque dans son essence et dans sa continuation. Il a rejeté la règle fondamentale de la foi, qui est l'enseignement infaillible et l'autorité divine du Pape et des Evêques, seuls pasteurs, seuls docteurs légitimes (V. tradition apostolique). - Et ainsi, tout en parlant bien haut de la foi, il a anéanti la foi, c'est-à-dire la soumission de l'esprit et du coeur à l'enseignement divin. Le protestant, en effet, ne croit qu'à sa propre interprétation de la parole de Dieu; il se fait juge des controverses..., à la place de ceux que Jésus-Christ a établis juges...; il croit à sa raison, non à la parole de Dieu; il n'a plus de croyances, il n'a plus que des opinions, variables comme lui-même, et il ne croit plus qu'à ces opinions. - C'est ce que me disait naguère un savant protestant converti. Pour cette même raison, le protestantisme flotte à tout vent de doctrine, varie chaque année, chaque jour, dans le symbole de sa foi. - Il rejette aujourd'hui ce qu'il enseignait hier; il n'a ni unité, ni antiquité, ni universalité, ni stabilité" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [8], Paris J. Lecoffre, 1851, p. 89).
  • 1° Il y a une Eglise chrétienne, puisque Jésus-Christ dit: Mon Eglise ("Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai MON EGLISE"). 2° Il n'y en a qu' une seule; car Il ne dit pas: Mes Eglises, mais MON EGLISE. 3° Et entre toutes celles qui se disent cette unique Eglise, laquelle est vraie? Celle qui est fondée sur saint Pierre (et la tradition apostolique), gouvernée par saint Pierre,... donc l'Eglise catholique, dont le pape successeur de saint Pierre, est le Pontife et le Chef" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [9], Paris J. Lecoffre, 1851, p. 85).

Pour aller plus loin: Mgr de Ségur, Causeries sur le protestantisme d'aujourd'hui, Libraie Saint-Joseph, Tolra libraire-éditeur, Rennes 1894.

sur la tolérance...

"Jean-Jacques Rousseau, qui, le premier, se posa en apôtre de la tolérance religieuse, a, sur cette manière, comme sur presque toutes celles qu'il a traitées, brouillé les idées du plus simple bon sens à force de sophismes et de rhétoriques.

"[...] Il a confondu deux choses essentiellement distinctes: l'intolérance en fait de doctrine et l'intolérance en fait de personnes; et, après avoir tout mêlé, il s'est mis à faire l'indigné, à crier à la dureté, à la barbarie! ("Hors l'Eglise point de salut! Quelle intolérance! Je ne puis admettre une règle aussi cruelle!")

"Hors l'Eglise, pas de salut, c'est dire: Hors de la lumière, les ténèbres; hors le blanc, le noir; hors le bien, le mal; hors la vie, la mort; hors la vérité, l'erreur, etc... Où est donc le mystère de tout cela? où est donc la difficulté?

"L'intolérance doctrinale est le caractère essentiel de la VRAIE RELIGION. La vérité, en effet, qu'elle est chargée d'enseigner, est ABSOLUE, est immuable. Tout le monde doit s'y adapter; elle ne doit fléchir devant personne. Quiconque ne la possède point, se trompe. Il n'y a point de transactions possibles avec elle; c'est tout ou rien. Hors d'elle, il n'y a que l'erreur.

"L'Eglise catholique seule a toujours eu cette inflexibilité dans son enseignement. C'est LA PREUVE la plus frappante peut-être de sa vérité, de la divine mission de ses Pasteurs.

"La vérité seule parle avec cette puissance.

"Les gens qui, à la suite de Rousseau, accusent l'Eglise de cruauté à propos de l' intolérance qu'ils lui prêtent; ont-ils lu dans le Contrat social de ce doux et tolérant maître cette touchante maxime: "Le souverain peut bannir de l'Etat quiconque ne croit pas les articles de foi de la religion du pays... Si quelqu'un, après avoir reconnu publiquement ces mêmes dogmes (de l'Etat), se conduit comme ne les croyant pas, QU'IL SOIT PUNI DE MORT!" (Contrat social, Livre IV, ch. VIII)... Quelle tolérance!!!" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion, Paris J. Lecoffre, 1851, p. 107-111).

sur le bonheur

"...jamais je pense la France n'a été inondée de doctrines plus mensongères sur ce sujet. - Des hommes coupabes ou égarés répandent de tous côtés, et par mille moyens que fournit la presse, des doctrines qui, flattant toutes les passions, pénètrent aisément dans l'esprit des populations.

"Ils veulent nous persuader que nous ne sommes sur la terre que pour jouir; que le bonheur consiste dans la prospérité matérielle, dans l'argent et dans les jouissances que procure l'argent. - Quelques-uns, plus audacieux... ajoutent que, pour se procurer cet argent et ses jouissances, tous les moyens sont bons, et que, dût périr la société, dût périr la famille, dût périr la Religion, il faut que tout le monde arrive à ce parfait bonheur terrestre. L'Etat actuel de la société humaine est vicieux, disent-ils; il faut tout détruire, tout changer; il faut que la terre change de face; alors tout le monde sera heureux...

"Cette doctrine, vous le la connaissez que trop; c'est le COMMUNISME (On l'appelle encore Fouriérisme, Socialisme, Saint-Simonisme, etc. Le fond de ces sytèmes est le même; quant à la morale, ils ne diffèrent que par des détails d'application peu essentiels. Pour les savants, cette doctrine s'appelle Panthéisme. La morale du Panthéisme est la même que celle du communisme. C'est le Communisme parlant latin et habillé en pédagogue et en pédant).

"Je ne vous ferai pas l'injure de vous prouver que ce bonheur de jouissance est dégradant. Cela saute aux yeux. Ce qui nous distingue des bêtes, le bien, la vertu , le dévouement, l'ordre moral, il l'anéantit. L'homme ne diffère plus de son chien que par la peau et la figure; le bonheur est le même pour l'un comme pour l'autre, la SATISFACTION DE TOUS SES PENCHANTS, LA JOUISSANCE.

"Mais ce dont on n'est point assez convaincu, et ce sur quoi je veux appeler votre attention, c'est l' impossibilité pratique de la doctrine communiste, l' absurdité de son bonheur universel.

"Je voudrai vous faire toucher du doigt son opposition absolue avec la nature des choses, avec les faits existants, que nul ne peut changer; vous convaincre qu'elle n'est qu'un rêve, une dangereuse et ridicule utopie, et que sous des grands mots dont elle se pare, il n'y a rien.

"S'il est un fait avéré, aussi clair que la lumière du soleil, c'est sans contredit la triste nécessité où nous sommes tous ici-bas de souffrir et de mourir (conséquence du péché originel)); c'est la condition (et la nature) humaine dans ce qui lui est essentiel sur la terre; c'est l'état où je suis, où vous êtes, où ont été nos pères, où seront nos enfants, d'où nul effort humain ne nout peut retirer.

"Y a-t-il, je le demande, ici-bas, et n'y aurait-il pas toujours, toujours et toujours, des maladies, des peines, des douleurs? Ya -t-il et n'y aura-t-il pas toujours des veuves et des orphelins? des mères pleurant inconsolables devant le berceu vide de leur enfant?...

"Y a-t-il et n'y aura-t-il pas toujours des conflits de caractères, des chocs de volonté, de déceptions profondes?

"Rien pourra-t- il changer cet état de choses? Une organisaton nouvelle de la société, QUELLE QUE'ELLE SOIT, empêchera-t-elle que nous ayons des maladies, des souffrances, des fluxions de poitrine, la fièvre, la goutte, le choléra? que nous perdions ceux que nous aimons?.... Empêchera-telle les intempéries si désastreuses des saisons; la rigueur du froid d'hiver, l'ardeur brûlante du soleil d'été?... Empêchera--telle que l'homme n'ait des vices? qu'il n'ait de l'orgueil, de l'égoïsme, de la violence, de la haine?

"Empêchera-t-elle surtout de MOURIR?...

"Et que devient en présence de ce fait, que devient, au milieu de tant de maux INEVITABLES, cette jouissance constante, CE BONHEUR TERRESTRE PARFAIT que nous promet le COMMUNISME? - La seule approche de la maldie, du chagrin et de la mort, suffit pour l'anéantir!... Et ces terribles ennemis sont toujours à notre porte.

"Donc, votre Communisme, votre Socialisme (appelez-le comme vous voudrez) est un rêve, une vaine utopie, CONTRAIRE A LA NATURE DES CHOSES [et de l'homme...]

Donc, il se trompe, ou il me trompe, quand il me promet le bonheur sur la terre (l'homme est bon par nature, c'est la faute à la société disait Jean-Jacques Rousseau... Il faut donc la changer... Car c'est elle qui corrompt l'homme!), où il ne peut être, et, quand il le fait consister dans un état impossible de jouissances.

"Donc, il faut que je le cherche autre part; car il est quelque aprt, je le sais; la sagesse, la bonté, la puissance de Dieu m'en sont un sûr garant...

"Où donc? - Là où me le montre le Christianisme: en germe sur la terre, en perfection dans le ciel .

"Le Christianisme, lui, s'accorde parfaitement avec le grand fait de notre condition mortelle. Il nous explique que le redoutable problème de la souffrance et de la mort.

"Il nous fait voir la punition du péché. Il nous montre, dans les peines inévitables de la vie, des afflictions passagères destinées, dans les desseins de notre Père céleste, à éprouver notre fidélité, à nous purifier de nos fautes, à nous rendre plus semblables à notre Sauveur crucifié, à nous faire mériter un plus grand bonheur dans l'éternelle Patrie!...

"Il prend l'homme tout entier et tel qu'il est ; il tient compte des faits qu'oublie le Communisme (la dégradation originelle, la condamnation à la pénitence, la Rédemption de Jésus-Christ, la nécessité d'imiter le Sauveur pour avoir part à sa Rédemption, la vie éternelle qui nous attend, etc.). Il ne raisonne point en l'air, comme le Communisme, et sur des uppositions chimériques.

"[...] La foi nous montre clairement la voie qui nous mène au bonheur, et à quel bonheur!..

"S'il fait tant pour l'âme, le christianisme... n'oublie pas le corps. Il le vénère comme le temple de cette âme immortelle qui est elle-même le temple vivant de Dieu. Il s'ingénie sans cesse à en soulager, à en guérir, à en prévenir même toutes les douleurs par ses institutions charitables, ses hospices, etc.

"Partout où sa voie est écoutée, la misère diminue, le riche devient l'ami, le frère, souvent le serviteur du pauvre. Il verse son superflu dans le sein des malheureux; et la pauvreté, si elle ne peut être détruite, devient du moins supportable.

"Le christianisme s'occupe du corps, non comme du principal et du maître... (ce serait un désordre), mais comme de l'accessoire et du compagnon. Il le conserve par la sobriété et la chasteté; il le sanctifie par le culte extérieur, par la réception des sacrements, et surtout par l'union au corps sacré de Jésus-Christ dans l'Eucharistie.

"Il recueille ses derniers soupirs; il l'accompagne avec honneur jusque dans sa demeure dernière; et, là encore, il ne lui dit point un éternel adieu!... Il sait qu'un jour, ce corps chrétien, purifié par le baptême de la mort, sortira radieux de sa poussière, ressuscitera dans la gloire, sera réuni à son âme, et goûtera avec elle, dans le Paradis, d'ineffables délices...

"Tel est le christianisme, il promet, il donne le bonheur. Il donne sur la terre ce qui est possible. S'il ne donne pas tout, c'est que tout ne doit pas, ne peut pas être donné ici-bas. Il appuie ses promesses des preuves les plus irrégragables. Ce qu'il n'a point, le Chrétien sait, est sûr qu'il l'aura un jour...

"Aussi tout vrai chrétien est HEUREUX. Il a des chagrins, des douleurs... il est impossible de n'en pas avoir; mais son coeur est toujours rempli, toujours calme et content.

"Le communisme traite-t-il ainsi les pauvres égarés qu'il berce de ses chimères? Il promet ce que nulle puissance humaine ne peut donner; il promet l'impossible... Il n'a point d'autres preuves que l'audacieuse affirmation de ses chefs! et ses chefs sont-ils bien propres à inspirer confiance?

""Le monde sera heureux, disent-ils, quand tout y sera changé!" - Oui; mais QUAND tout sera-t-il changé?- Si, comme nous croyons l'avoir prouvé, ce changement est CONTRAIRE A LA NATURE DES CHOSES, le monde court grand risque de ne jamais connaître le bonheur!

"Le communisme fait comme ce perruquier gascon qui mettait sur son enseigne:

"Demain, ici on rase pour rien".

"Demain restait toujours demain; et aujourd'hui n'arrivait jamais!

"Le Communiste veut la récompense sans le travail; le Chrétien veut la récompense après le travail.

"L'un dit comme les mauvais ouvriers, l'autre comme les bons. Aussi tout fainéant, tout paresseux reçoit-il volontiers les doctrines du Communisme, et repousse-t-il instinctivement la voix de la Religion.

"Que notre France se garde donc de ces promesses cruses, mais séduisantes, dont ses ennemis remplissent leurs journaux, leurs romans, leurs pamphlets..... Qu'elle les repousse; qu'elle fasse justice, par son mépris, des hommes qui ne rougissent pas de proposer à leurs frères l'ignoble bonheur des bêtes, la jouissance!

"Relevons la tête! Ranimons notre foi engourdie; soyons, redevenons Chrétiens! là seulement est le remède à nos maux. Instruisons-nous de cette religion catholique qui a créé la France! pénétrons-en notre esprit, notre coeur, nos habitudes, nos isntitutions, nos lois!... Nous aurons le bonheur POSSIBLE en ce monde, et le bonheur PARFAIT dans l'autre!

"Qui veut plus est un insensé. Qui n'aura ni l'un ni l'autre" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion, Paris J. Lecoffre, 1851, p. 33-38).

"Aussi Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est venu en ce monde pour nous rendre heureux en nous rendant bons, ne recommande-t-il rien tant que la prière: " Priez sans cesse , dit-il, et ne vous lassez point . C'est-à-dire, habituez votre âme à penser à Dieu et à l'aimer par dessus toutes choses. La prière est le fond de la vie chrétienne. Priez donc, et de bon coeur; non point seulement de bouche, mais du fond de l'âme. Soyez fidèle, au commencement et à la fin du jour, à rendre au bon Dieu votre hommage filial.

"Priez dans vos peines; priez dans vos dangers; priez dans vos tentations. Priez après vos fautes, pour en obtenir le pardon. Priez dans les principales circonstances de votre vie.

"Mêlez la prière à vos actions journalières. Avec elle rien n'est petit devant Dieu; avec elle rien n'est perdu pour le Paradis. Vous serez pur et bon, si vous pratiquez la prière. Votre coeur sera dans la paix. Au milieu des misères de la vie, vous aurez cette joie intérieure qui en adoucit les amertumes; et quand le temps de votre épreuve sera terminé, vous recueillerez le fruit de votre fidélité.

"Bon et fidèle serviteur, vous dira Jésus-Christ, tu as été fidèle en de petites choses; je vais te récompenser avec de très-grandes... Entre dans la joie de ton Seigneur! (Matthieu XXV)" (Abbé de Ségur, Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion [10], 1851, p. 125-126).


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