Donoso Cortes

De Christ-Roi
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Donoso Cortès (1809-1853), journaliste et homme politique espagnol, doctrinaire de la contre-révolution catholique. Il élu au parlement espagnol en 1837.

En 2003, cela faisait 150 ans que Donoso Cortès s'était éteint. Un anniversaire qui fut peu évoqué par les médias. Pourtant, sa pensée a nourri la réflexion de nombre de politologues et de constitutionnalistes européens, tel l'allemand Carl Schmidtt. Sans compter certaines perspectives aux résonnances très actuelles.

Très jeune, Donoso Cortès choisit le camp des libéraux. Il faut dire qu'étudiant à l'université de Séville, ses professeurs lui enseignent Voltaire et Rousseau. La poussée des forces de la Révolution va amener chez lui une évolution radicale. Ce fut son maître livre l' Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme (1851), publié simultanément à Paris et Madrid la même année. Ce texte suscita l'enthousiasme de Louis Veuillot: Donoso Cortès loin de s'arrêter à une analyse superficielle des évènements propose une véritable théologie de l'histoire.

Une théologie de l'histoire

Un des thèmes essentiels sur lequel se fonde la pensée de Donos Cortès réside dans l'étroite liaison quie xiste entre la religion d'une part, et les coutumes, les moeurs et les institutions d'autre part. La religion est l'institution primaire qui fonde toute civilisation. Cette constatation, on la trouve déjà chez Xénophon: "Les cités et les nations les plus pieuses furent toujours les plus sages, et celles qui eurent une plus longue durée".

Les désordes politiques qui ruinent les sociétés proviennent tous de cette erreur qui a isolé l'homme de Dieu, et qui a fait de cet homme la mesure du vrai et du faux.

Dictature mondiale

Pour Donoso Cortès, les erreurs modernes doivent conduire à l'apparition de l'Etat le plus monstrueux qui soit (voir césarisme); et même l'avènement d'une terrifiante dictature mondiale. Car toutes les volontés particulières sont destinées à se fonde dans une volonté générale, règne effréné de la démagogie. Cet Etat-Moloch offira à tous, en échange d'un renoncement total à toute aspiration personnelle, la participation à l'oeuvre d'un nouvel Être unique. Finalement, c'est la société tout entière qui se divinise.

Réfutation du libéralisme et du socialisme

Il ressort de ses écrits que Donoso Cortès montre beaucoup plus de virulence à l'égard de la médiocrité et de l'étroitesse du libéralisme qu'à l'égard du socialisme.

Le libéralisme s'incarne dans la classe bourgeoise et dans le régime parlementaire pour qui la vérité jaillit de la discussion. Or l'infaillibilité ne peut résulter de la discussion si elle n'est auparavant dans ceux qui discutent.

En vérité, pour Donoso Cortès, la véritable liberté consiste à faire le bien. Ce sont les institutions libérales qui nient la liberté. Et ce sont les institutions autoritaires traditionnelles qui expriment le mieux la liberté.

Contre l'utopie progressiste socialiste, Donoso Cortès présente le socialisme comme la seconde erreur du siècle. Du reste, libéralisme et socialisme ont en réalité la même source. Les socialistes n'ont fait que tirer les conséquences ultimes renfermées dans l'idéologie libérale...

Fondalement, ces deux écoles partagent la même conception de l'homme, et la même vision progressiste de l'historie. En supposant la bonté innée et absolue de l'homme, celui-ci finit par se changer en Dieu...

(Source: Philippe Vilgier, Donoso Cortès, doctrinaire de la contre-révolution catholique, Fideliter, Mars-avril 2003, Mirage de l'Orthodoxie, N° 152, p. 69-73.)