La Salette

De Christ-Roi
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La Salette est un village situé aux confins du département de l’Isère, au dessus du village de Corps (RN 85 entre La Mure et Gap) à 1787 m d’altitude.

Le 19 septembre 1846, dans les alpages au dessus du village de La Salette en Isère, deux enfants bergers, Maximin Giraud et Mélanie Calvat, rencontrent une "Belle Dame" en pleurs, toute de lumière. Elle leur confie un message et un secret à chacun. Après 5 ans d’une enquête rigoureuse, l’évêque de Grenoble, Mgr Philibert de Bruillard, reconnaît par un mandement l’authencité de l’apparition. Le 15 novembre 1879, Mélanie publie, avec l'Imprimatur de Mgr. Zola (Lecce, Italie) le récit de l'apparition et de son secret. Au début du XXe siècle, devant l'effervescence suscitée par le caractère apocalyptique du message, Rome interdit la diffusion et la discussion des secrets[1]. En octobre 1999, le Père Michel Corteville retrouve les originaux des secrets donnés au pape Pie IX en 1851, cachés pendant plus d'un siècle dans les archives du Vatican. Il a écrit deux livres pour prouver l'authenticité du message de Notre-Dame de la Salette.[2]


Premier récit de l'apparition

C’était un samedi, environ vers deux ou trois heures, après avoir fait boire nos vaches au ruisseau qui est sur la montagne, nous avons laissé aller nos vaches dans le pré et nous nous sommes endormis à côté du ruisseau, tout près d’une petite fontaine tarie. Puis, Mélanie s’est réveillée la première, et m’a éveillé pour aller chercher nos vaches qui avaient disparu. Nous sommes allés voir nos vaches, et les avons vues, couchées de l’autre côté. Puis en descendant, Mélanie a vu la première une grande clarté ; et elle me dit : Maximin, viens voir cette clarté ! Je suis allé vers Mélanie, puis nous avons vu disparaître la clarté, et nous avons vu dedans, une Dame assise vers la petite fontaine, la tête dans ses mains ; et nous avons eu peur ! Et Mélanie a laissé tomber son bâton et je lui ai dit : Garde ton bâton ! S’il nous fait quelque chose, je lui donne un coup de bâton ! Et la Dame s’est levée, a croisé ses bras et nous a dit :

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Et nous n’avons plus eu peur. Puis, nous sommes avancés, avons passé le ruisseau et la Dame s’est avancée vers nous autres, environ six pas loin de l’endroit où elle était assise ; et elle nous a dit :

01    Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon fils, il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir.
02    Depuis le temps que je souffre pour vous autres !
03    Si je veux que mon fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse pour vous autres qui n’en faites pas cas.
04    Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l’accorder !
05    C’est ça qui appesantit tant le bras de mon fils.
06    Aussi, ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans y mettre le nom de mon fils. Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon fils.
07    Si la récolte se gâte, c’est rien que pour vous autres.
08    Je vous l’ai fait voir l’année dernière par la récolte des pommes de terre, vous n’en avez pas fait cas, c’est au contraire quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon fils, elles vont continuer de pourrir, et à Noël il n’y en aura plus.

Mélanie ne comprenait pas bien, et elle m’a dit : Qu’est-ce que… ? De suite, la Dame répondit :

09    Ah ! vous ne comprenez pas le français, mes enfants, attendez que je vous le dise autrement.

Et elle nous parla en patois :

10    Si la récolte se gâte, ce n’est rien que pour vous autres. Je vous l’avais fait voir l’an passé par les pommes de terre, vous n’en avez pas fait cas.
11    C’était au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon fils.
12    Elles vont continuer et pour Noël, il n’y en aura plus.
13    Celui qui a du blé ne doit pas le semer, les bêtes le mangeront ; s’il en vient quelques plants, en le battant, il tombera tout en poussière.
14    Il va venir une grande famine. Avant que la famine vienne, les tout petits enfants au-dessous de sept ans prendront un tremble, ils mourront entre les bras des personnes qui les tiendront, et les grands feront leur pénitence par la faim.
15    Les raisins pourriront, les noix deviendront gâtées.

Après cela, la Dame me dit quelque chose en français, en me disant : tu ne diras pas ça, ni ça… ni ça. Puis elle garda un moment de silence, et pendant ce temps je m’amusais. Puis elle continua en patois :

16    S’ils se convertissent, les pierres, les rochers deviendront en blé, les pommes de terre se trouveront ensemencées par la terre.
17    Faites-vous bien vos prières, mes petits ?

— Oh ! non, Madame, pas guère.

18    Ah ! mes petits, il faut bien la faire, soir et matin ; quand vous n’aurez pas le temps, dire seulement un Pater, un Ave Maria, et quand vous aurez le temps, en dire plus.
19    Il ne va que quelques femmes un peu d’âge à la Messe, et les autres travaillent tout l’été.
20    Et puis, ils vont en hiver à la Messe que pour se moquer de la religion ; ils vont à la boucherie comme des chiens.
19    « N’avez-vous jamais vu du blé gâté, mes enfants ?

— Oh ! non, Madame, nous n’en avons jamais vu.

20    Mais toi, mon enfant, tu dois bien en avoir vu une fois vers le Coin avec ton père ; que l’homme de la pièce dit à ton père : viens voir mon blé gâté ? Vous y allâtes, il prit deux, trois épis de blé dans sa main, et puis il les frotta et puis tout tomba en poussière.
21    Et puis en vous retournant, vous n’étiez plus qu’à demi-heure loin de Corps, et que ton père te donna un morceau de pain en te disant : tiens, mon petit, mange ce pain, que je ne sais pas qui va manger l’an qui vient.

— C’est bien vrai, Madame, je ne me le rappelais pas.

Après cela, elle nous dit en français :

22    Eh bien ! mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. Puis elle a passé le ruisseau, et à deux pas du ruisseau, sans se retourner vers nous, elle nous a dit encore : Eh bien ! mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple.


Puis elle est montée une quinzaine de pas, en glissant sur l’herbe comme si elle était suspendue et qu’on la poussât ; ses pieds ne touchaient que le bout de l’herbe. Nous la suivîmes sur la petite hauteur, jusqu’à l’endroit, à peu près, où nous avions été voir nos vaches. Mélanie a passé par-devant la Dame ; et moi, à côté, loin à deux ou trois pas.

Avant de disparaître, cette belle Dame s’éleva comme ça [Maximin désigne avec sa main 1 m 50], elle resta ainsi suspendue en l’air un moment. Puis nous ne vîmes plus sa tête, puis ses bras, puis le reste du corps ; elle semblait se fondre. Et puis, il resta une grande clarté que je voulais attraper avec la main, avec les fleurs qu’elle avait à ses pieds, mais il n’y eut plus rien.

Et Mélanie me dit : Ce doit être une grande Sainte. Et je lui dis Si nous avions su que c’était une grande sainte, nous lui aurions dit de nous mener avec elle. Après nous étions bien contents ; et nous avons parlé de tout ce que nous avons vu. Et puis, nous avons été garder nos vaches.

Le soir, en arrivant chez nos maîtres, j’étais un peu triste Comme ils me demandaient ce que j’avais ?... je leur racontai tout ce que cette Dame nous avait dit. Le lendemain, mon maître me conduisit chez mon papa, et je racontai tout, comme c’était arrivé.


Notes

  1. Références données par l'Abbé Hervé Belmont dans Gloire et larmes de Notre-Dame de La Salette, 2001:
    Acta Apostolicæ Sedis, commentarium officiale, Romæ, Typis Polyglottis Vaticanis, 1915, vol. VII, p. 594;
    Ibid., 1923, vol. XV, pp. 287-288.

  2. La grande nouvelle des bergers de La Salette, Michel Corteville, Téqui, 2001
    Les mystères de la Salette révélés, Michel Corteville & René Laurentin, Fayard, 2002