Matérialisme

De Christ-Roi
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Système philosophique qui n'admet pas d'autre substance que la matière. Le matérialisme complet ne veut pas reconnaître Dieu, cause du monde, ni l'âme dans l'humain; ne nier que l'un ou l'autre seulement, c'est être inconséquent. Le matérialisme attaque donc la croyance (Foi religieuse) en Dieu et à une âme spirituelle et immortelle. En refusant ainsi de reconnaître dans l'univers un être supérieur à la matière, une cause infiniment puissante et intelligente, il est forcé d'attribuer au hasard l'ordre qui règne dans la nature, la coordination harmonique des êtres organisés. Dans l'humain, il doit rapporter au corps, à la matière, toutes les opérations de l'intelligence, les vérités premières données par la raison, et la loi morale qui, dans certains cas, nous ordonne le sacrifice des intérêts matériels, et qui donne naissance à une lutte entre la passion et le devoir.

De là des objections auxquelles le matérialisme a pu donner lieu. Les matérialistes les plus célèbres sont, chez les Anciens, Leucippe, Démocrite, Epicure, Straton et Diagoras de Mélos; chez les Modernes, Hobbes, le baron d'Holbach, Helvétius, Lamettrie, Cabanis, Broussais.

Le panthéisme, en absorbant Dieu dans le monde, peut être regardé comme un système matérialiste. Tous les adeptes de cette doctrine se fondent sur l'impossibilité d'expliquer comment deux substances essentiellement différentes agissent l'une sur l'autre.

La dénomination de « matérialisme » est introduite par Leibniz, qui l’emploie pour la première fois en 1687, mais il ne le définit pas comme une doctrine récusant l’existence de Dieu. Dans le même esprit, Christian Wolf, l’un des fondateurs de la psychologie au sens moderne, écrit dans Psychologia rationalis (1734) : « On appelle matérialistes les philosophes qui affirment qu’il n’existe que des êtres matériels ou corps. »

Au XVIIIe siècle, le matérialisme athée, dont Denis Diderot, Paul-Henri Holbach et Julien Offroy de La Mettrie sont les principaux représentants, manifestait plus ou moins ouvertement une hostilité profonde à l’égard des religions institutionnelles, en particulier le christianisme et le judaïsme, qui avaient condamné le panthéisme de Spinoza. D'Holbach offre la définition la plus complète du matérialisme et de sa dimension épistémologique : « L’univers, ce vaste assemblage de tout ce qui existe, ne nous offre partout que de la matière et du mouvement ; son ensemble ne nous montre qu’une chaîne immense et non interrompue de causes et d’effets » (Système de la nature, 1770).

La philosophie de Marx renouvelle entièrement la notion de matérialisme en se proposant de saisir l’homme concret comme produit de son activité, comme le résultat de son histoire, déterminée par les conditions économiques : « Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et intellectuelle en général » (Critique de l’économie politique, 1859). La mise en place de nouveaux modes de production est l’un des principaux enjeux de la « lutte des classes » que Marx identifie à l’histoire de l’humanité. Le matérialisme ainsi défini est ce qu’il appelle le « matérialisme historique ». À l’instar de Hegel, Marx et Engels utilisent la méthode dialectique dans l’interprétation de l’histoire : tel est le sens du « matérialisme dialectique » qu’ils préconisent et qui est étendu par Engels à tous les processus de la nature (Dialectique de la nature, 1873-1883).