Science
- "Toute la science des philosophes est de l'ignorance à côté des connaissances du dernier des élus." (Imitation du Sacré-Coeur de Jésus, 1865, Librairie H. Mignard, Paris, réédité aux ESR, Cadillac 2000, p. 71.)
- "Or ce qui semble primer tout le reste, c'est qu'ils (les Pasteurs) n'oublient jamais que toute la science du chrétien, ou plutôt comme le dit Notre Seigneur, que toute la vie éternelle elle-même consiste en ce seul point: Vous connaître, Vous, le seul Dieu véritable et Jésus-Christ que Vous avez envoyé (Joann., XVII, 3.) Aussi le vrai Docteur de l'Eglise s'appliquera-t-il avant toutes choses à faire naître dans l'âme des Fidèles le désir sincère (I Cor., II, 12.) de connaître Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. [...] Et... on ne peut être sûr de Le connaître véritablement qu'autant qu'on observe ses commandements" (Catéchisme du Concile de Trente, Préface des auteurs du catéchisme, Éditions Dominique Martin Morin, Niort 1998, p. 9).
Essais de définition catholique de la science
Mgr de Ségur :
"La science, dit saint Thomas, est la connaissance des choses par leurs causes (Scientia est cognitio rerum per causas, Sum. Theol.). Ce n'est pas simplement la connaissance des choses, c'est la connaissance des causes des choses ; c'est la philosophie de toutes les connaissances humaines. Voilà ce que c'est que la science en général" (Mgr de Ségur, La foi devant la science moderne, chapitre II).
"La science, [...] est donnée à l'homme pour le faire monter plus puissamment vers son DIEU. Voilà pourquoi la science, la vraie science, est modeste et instinctivement religieuse, expérimentant de plus en plus, à mesure qu'elle grandit, la vérité de la célèbre parole de Bacon : "La demi-science éloigne de la religion, mais la vraie science en rapproche. La prétention, soi-disant scientifique, de n'admettre que ce que l'on comprend, est donc rationnellement insoutenable" (Mgr de Ségur, La foi devant la science moderne, chapitre XVIII).
"La science, ou plutôt le savoir de la plupart de nos savants modernes, s'arrête aux causes secondes. Il faut avouer que depuis un siècle, on a fait sous ce rapport des progrès merveilleux : grâce au perfectionnement des instruments dont se servent les savants, principalement en astronomie, en physique et en chimie, on a découvert mille et mille causes secondes extrêmement intéressantes. Quelques savants ont même remonté très-haut dans la pénétration des causes secondes, et nous les entendons avec autant de plaisir que d'admiration nous expliquer le pourquoi et le comment immédiat d'une quantité de phénomènes naturels. Ils expliquent la pluie, l'orage, le tonnerre, la grêle, les phénomènes de la lumière et de l'acoustique, le cours des astres, leurs révolutions et leurs lois spéciales ; ils expliquent des phénomènes anatomiques et physiologiques ; ils pénètrent dans l'intime de beaucoup de choses naturelles inconnues on peu connues jusqu'ici. C'est du savoir, du vrai savoir ; et l'Église est la première, à leur rendre hommage.
"Mais, pour avoir soulevé le voile qui couvre les causes secondes, est-on véritablement savant ? Cette connaissance est-elle vraiment de la science ? Oui et non. Oui, si par science on entend simplement une forte dose de savoir et une quantité d'observations intelligentes, bien faites, groupées ensemble comme un beau bouquet. Non, si par science on entend la pénétration, la connaissance des choses jusqu'à leur cause première. La science imparfaite des causes secondes est à la science vivante et proprement dite, ce qu'est un bouquet de fleurs détachées de leurs tiges, aux belles plantes elles-mêmes sur lesquelles on a pris ces fleurs. Le bouquet, tout charmant qu'il est, n'a plus de vie ; la plante, au contraire, est avec ses fleurs, ses feuilles, ses tiges, sa sève, sa racine, l'oeuvre complète, l'oeuvre vivante du Créateur.
"Il y a trois catégories de savants ou d'hommes réputés tels : les matérialistes, les déistes et les chrétiens. Les matérialistes peuvent avoir de la science ; mais ils n'ont jamais la science, la science entière qui atteint le fond des choses, qui s'élève jusqu'à la cause première. Les déistes, qui arrivent jusqu'à DIEU, jusqu'à l'Être suprême et nécessaire, ont une science sans vie, une science essentiellement imparfaite, parce que le dieu qu'ils reconnaissent n'est point le DIEU vivant, le seul vrai DIEU, Créateur et Seigneur du monde : leur dieu est le dieu philosophique, ou, si l'on veut, c'est le vrai DIEU, mais uniquement connu par l'extérieur, d'une manière tout à fait insuffisante. Les chrétiens seuls peuvent être savants, dans toute l'acception du mot, parce que seuls ils atteignent le DIEU vivant, qui est JÉSUS-CHRIST. Le monde de la nature qui est le domaine de la science, existe par JÉSUS-CHRIST et pour JÉSUS-CHRIST ; la foi vient compléter la science, en lui faisant connaître pleinement l'Auteur de la nature, qui est en même temps l'Auteur de la grâce. Dans cette union de la science et de la foi, la distinction du domaine naturel et du domaine surnaturel demeure entière il n'y a ni confusion ni division ; mais distinction dans l'union, et union dans la distinction.
"Sans la foi, nous ne saurions trop le répéter, la science humaine ne peut atteindre la cause première de rien. Sans la foi, elle demeure superficielle, même quand elle semble profonde ; elle reste terre à terre et ne s'élève jamais bien haut.
"La foi seule révèle à l'intelligence humaine la cause première de tout. Cette cause, qu'il faut retrouver sous peine de demeurer étranger à la science complète et vivante, c'est d'abord le mystère universel du Christ, type fondamental de toutes les oeuvres extérieures de DIEU ; puis, plus profondément, ou, si l'on veut, plus haut encore, c'est le mystère de l'unité de DIEU dans la Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
"Toute connaissance qui n'aboutit point au mystère de JÉSUS-CHRIST et au mystère de la vie de DIEU dans l'adorable Trinité, n'est point la science proprement dite.
"Quelle supériorité la foi donne aux savants sur ceux qui ne l'ont point ! Elle leur donne la clef de la science, en leur donnant JESUS-CHRIST. "Cette clef ouvre, dit l'Écriture, et personne ne peut fermer ; elle ferme et personne ne peut ouvrir". Il est beau de voir que, pour garder sa couronne, la science humaine est obligée d'incliner son front devant Celui qui a dit : "Je suis le Principe et la Fin" (Apoc., XX) et que pour pénétrer les mystères de la nature, le génie de l'homme a besoin de la foi. DIEU merci, le nombre des savants chrétiens augmente de jour en jour : ce sera le salut de la science, et c'est son avenir" (Mgr de Ségur, La foi devant la science moderne, chapitre XIX).
Le principe biblique de la sagesse
La crainte du SEIGNEUR
Vulgate, Psaumes CX (110), 10. Le commencement de la sagesse est la crainte du SEIGNEUR. La bonne intelligence est à tous ceux qui agissent conformément à cette crainte. Sa louange demeure dans les siècles de siècles.
Vulgate, Proverbes I, 7. La crainte du SEIGNEUR est le principe de la sagesse. La sagesse et la doctrine, les insensés les méprisent.
Le sage et le sceptique
Vulgate, Proverbes IX, 7 Celui qui instruit un railleur se fait injure à lui-même; et celui qui reprend un impie se crée une tache.
8. Ne reprends pas un railleur, de peur qu'il ne te haïsse. Reprends un sage et il t'aimera.
9. Donne à un sage une occasion, et il recevra un surcroît de sagesse. Enseigne un juste, et il se hâtera de recevoir l' instruction.
10. Le principe de la sagesse est la crainte du Seigneur; et la science des saints est la prudence.
La science de Dieu donne à qui la possède sagacité et force. Celui qui la possède "surpasse les autres ou par l'intelligence et la force de sa raison, ou par la sûreté de son jugement, ou par l'élévation et la force de son esprit" (Donoso Cortès)
« La science de Dieu, continue l'illustre publiciste espagnol, donne à qui la possède sagacité et force, parce que tout à la fois elle aiguise et dilate l'esprit. Ce qu'il y a de plus admirable pour moi dans la vie des saints et particulièrement dans celle des Pères du désert, c'est une circonstance qui, je crois, n'a pas encore été convenablement appréciée. L'homme habitué à converser avec Dieu et à s'exercer dans les contemplations divines, toutes circonstances égales d'ailleurs, surpasse les autres ou par l'intelligence et la force de sa raison, ou par la sûreté de son jugement, ou par l'élévation et la force de son esprit, mais surtout, je n'en sais aucun qui, en circonstances égales, ne l'emporte sur les autres par ce sens pratique et sage qu'on appelle le bon sens. » (Donoso Cortès, Essai sur le Catholicisme, etc., p. 199, cité in Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 433-434.)
Le don de science nous montre que "ce qui est appelé mal par les hommes, la pauvreté, l'humiliation, la souffrance, n'est pas un vrai mal; que ce qui est appelé bien par les hommes, les richesses, les honneurs, les plaisirs, n'est pas un vrai bien, mais souvent un mal et toujours un danger" (Mgr Gaume)
"le don de science nous montre clairement que les biens et les maux de ce monde ne sont ni de vrais biens ni de vrais maux ; que ce qui est appelé mal par les hommes, la pauvreté, l'humiliation, la souffrance, n'est pas un vrai mal; que ce qui est appelé bien par les hommes, les richesses, les honneurs, les plaisirs, n'est pas un vrai bien, mais souvent un mal et toujours un danger.
"Le chrétien qui, grâce au don de science, sait tout cela et dont la volonté est à l'unisson de sa science, a mille raisons de ne pas se mettre en colère. Telles sont, entre autres, sa dignité compromise, le scandale donné, la paix troublée, la haine enfantée, le péché commis par l'usurpation du droit divin de la vengeance. Il ne trouve aucune raison de s'y mettre. Et qui pourrait l'irriter? L'injure? mais elle est pour lui une précieuse semence de mérite. L'injustice, l'ingratitude? mais il connaît toute la misère humaine, et, sachant que lui-même a besoin d'indulgence, il dit : Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. La perte de ses biens? mais il sait qu'en les perdant, il n'a rien perdu du sien; et, avec le calme de Job, il dit : Le Seigneur m'avait donné, le Seigneur m'a ôté; comme il a plu au Seigneur il a été fait, que le nom du Seigneur soit béni. Ainsi des autres accidents que le monde appelle revers, calamités, malheurs. Telle est la sérénité de l'âme éclairée par l'Esprit de science.
"Au contraire, l'âme vide de l'Esprit de science est aussitôt remplie de l'Esprit de colère. La raison en est simple : cette âme se fait une fausse idée des choses. Aveugle dans ses appréciations, elle estime. elle aime, elle craint, sans règle sûre. Pour elle, les maux sont des biens, et réciproquement. Comme il lui est aussi impossible de jouir paisiblement, sans contradiction et sans inquiétude de ce qu'elle appelle bien, que de n'être pas chaque jour exposée à ce qu'elle appelle mal, elle se trouble, elle murmure, elle s'irrite, elle repousse avec violence ce qui porte atteinte à son bonheur; en un mot, elle tombe sous l'empire de la colère ; elle y tombe par une fausse idée de son droit, ou par une appréciation inexacte des biens et des maux" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 436-437.)