Saladin

De Christ-Roi
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Saladin (1137-1193), Sultan d\'Egypte & de Syrie, d\'après une miniature arabe.JPG Saladin (Kingdom of Heaven).JPG

Saladin (Salâh Ad-Dîn), Sultan qui reprit Jérusalem aux Francs en 1187.

Le 25 novembre 1174, Saladin entre à Damas, capitale de la Syrie.

Déjà maître de l'Égypte, le guerrier kurde réunit ainsi sous son autorité les deux principales régions de l'ancien empire arabe.

Il avait succédé cinq ans plus tôt à son oncle comme vizir de l'Égypte (1169).

De plus en plus indépendant, il prit ses distances avec son ancien suzerain Nour el-Dîn, l'atâbeg de Syrie, qui lui demanda de lui remettre le gouvernement de l'Égypte. En désespoir de cause, le vieil atâbeg exigea de son ancien lieutenant qu'il ordonnât de lancer l'appel à la prière dans les mosquées du Caire au nom du calife sunnite de Bagdad et non du calife fatimide d'Égypte, de confession chiite.

Saladin, qui craint une révolte populaire, hésita longuement. Mais la mort du calife "hérétique" devait lui faciliter la tâche.

Saladin abolit le califat fatimide. Il n'y avait plus désormais qu'un seul calife ou chef spirituel pour l'ensemble des musulmans, celui de Bagdad.

Par la même occasion, en septembre 1171, il se donna le titre prestigieux de sultan.

Il n'en reste pas moins prudent. C'est ainsi qu'il envoie l'un de ses frères s'emparer du Yémen, à la pointe de la péninsule arabe, pour s'y replier dans l'éventualité d'un retournement du destin.

Mais celui-ci lui restera favorable. Nour el-Dîn s'apprêtait à marcher contre lui mais il tomba malade et mourut à Damas le 15 mai 1174, ne laissant qu'un enfant pour successeur.

Là-dessus, le 11 juillet de la même année, à Jérusalem, le roi Amaury Ier mourut du typhus. Pour les croisés établis en Palestine depuis trois générations, ce fut une perte immense. À ce vigoureux souverain, qui aurait pu contrarier les projets de l'ambitieux Saladin, succède un enfant de 13 ans, Baudouin IV, courageux jusqu'à l'héroïsme mais atteint d'une terrible maladie qui l'emportera à 24 ans: la lèpre.

Saladin peut ainsi conquérir la Syrie et soumettre les principautés turques de Mésopotamie (l'Irak actuel).

Ses domaines encerclent désormais les États francs de Palestine fondés par les croisés 75 ans auparavant.

Le désastre d'Hâttin

Maître de l'Égypte et de la Syrie, le sultan Saladin remporta une grande victoire sur les chrétiens de Palestine le 3 juillet 1187, au pied des collines de Hattîn, près du lac de Tibériade.

Côté chrétien, l'incompétence du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, et la trahison de Gérard de Ridefort, grand maître de l'ordre du Temple, étaient à l'origine du désastre.

D'autre part, avide de pillages, Renaud de Châtillon enfreint régulièrement les trêves conclues entre Francs et Turcs pour lancer des razzias en terre musulmane. Il lui fut même arrivé de lancer une expédition en direction de La Mecque. Renaud ayant une nouvelle fois attaqué une caravane, Saladin demanda réparation à Lusignan, lequel refusa. Ce fut la guerre. Saladin se mit en marche avec toute son armée en mai 1187. Une dernière tentative de conciliation menée par Raimon III de Tripoli échoua du fait des Templiers, commandés par gérard de Ridefort. 150 de ceux-ci, menés par Ridefort, attaquèrent une colonne pacifique de quelques milliers de soldats musulmans. Tous les Templiers furent tués après l'arrivée de l'arriège garde de Saladin, à l'exception de trois... dont, hélas, Ridefort.

La route jusqu'à Tibériade était désertique, sans point d'eau, et l'armée des croisés serait anéantie avant d'atteindre le lac... Pourtant, la nuit venue, Gérard de Ridefort convainquit le roi de se mettre en route malgré tout. On sonna le rassemblement. Bien que conscients de la folie de cette marche, les croisés se résignèrent.

Après une journée de marche en plein soleil, l'armée franque fit halte sur la colline d'Hattîn, au-dessus des rives rafraichissantes du lac... Le lendemain matin, 3 juillet 1187, la colline se trouvait encerclée & enflammée par les musulmans. Ce fut le massacre. Presque toute la chevalerie franque perdit la vie. Raimon III de Tibériade parvint toutefois à s'enfuir avec quelques chevaliers.

Le sultan s'empara de la relique de la Vraie Croix, une relique qui accompagnait les Francs sur tous les champs de bataille. Le comte Raimon de Tripoli réussit seul à s'enfuir avec sa petite troupe. C'est le descendant du comte Raimon IV de Toulouse qui commanda la première Croisade aux côtés de Godefroi de Bouillon.

Il fit seulement exécuter les 300 moines-soldats du Temple et de l'ordre des Hospitaliers...

Il épargna provisoirement le grand-maître Gérard de Ridefort. Celui-ci fut conduit sous la tente du sultan avec deux autres prisonniers de marque, le roi lui-même et Renaud de Châtillon...

Le sultan tendit une coupe à Lusignan, signifiant par ce geste d'hospitalité qu'il ne saurait tuer un roi, aussi indigne qu'il soit. Lusignan tendit la coupe à son voisin, Renaud de Châtillon. Colère de Saladin qui n'entendit pas étendre son hospitalité au brigand. Le sultan tira son épée et brisa l'épaule du prince d'Antioche. Des soldats entraînèrent le prisonnier hors de la tente et le décapitèrent.

Là-dessus, le sultan gagna la côte avec son armée en vue de s'emparer des ports et de prévenir le débarquement d'une nouvelle croisade. Il échoua devant Tyr, sauvée par l'arrivée providentielle d'un croisé énergique, Conrad de Montferrat.

Le 20 septembre 1187, l'armée musulmane se présente devant les murailles de la Ville sainte...

La prise de Jérusalem

Le sultan vainqueur fit le siège de Jérusalem dès le 20 septembre.

Presque totalement privée de guerriers professionnels, la Ville sainte se défendit avec l'énergie du désespoir. A la surprise du sultan, elle se mit en état de défense, cela grâce à un chevalier qui faisait partie des prisonniers d'Hattîn.

Ce chevalier était l'un des principaux barons palestiniens. Il s'appellait Balian d'Ibelin, du nom d'une localité du sud de la Palestine.


Siège de Jérusalem par Saladin (1187), Kingdom of Heaven (Ridley Scott).JPG

Le siège de Jérusalem par Saladin (1187), film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven, 2005

En arrivant dans la Ville sainte, le baron fut ému par la détresse de la population, grossie par les réfugiés des campagnes environnantes. Les malheureux craignaient d'être massacrés ou au mieux réduits en esclavage par les vainqueurs de Hattîn. Il prit en main la défense de la ville. Comme il manquait de chevaliers et de guerriers professionnels, il adouba collectivement tous les hommes en état de se battre, autrement dit leur confèra la qualité de chevalier avec les obligations qui s'y rattachent. Samadin mit en oeuvre pas moins d'une douzaine de machines de siège. Ses sapeurs arrivèrent à percer une brèche dans la muraille.

Le patriarche Héraclius dissuada les assiégés de tenter une sortie. Balian sollicita alors une entrevue avec Saladin.

Ce dernier, irrité par la résistance des Francs, exigea une reddition à merci et menaça: «Je ne me conduirai pas envers vous autrement que vos pères envers les nôtres, qui ont tous été massacrés ou réduits en esclavage!»

A quoi Balian répondit : «En ce cas, nous égorgerons nos fils et nos femmes, nous mettrons le feu à la ville, nous renverserons le Temple et tous ces sanctuaires qui sont aussi vos sanctuaires. Nous massacrerons les cinq mille captifs musulmans que nous détenons, puis nous sortirons en masse et aucun de nous ne succombera sans avoir abattu l'un des vôtres!»

Saladin, arrêté, accorda la possibilité aux chrétiens de se racheter à raison de dix besants pour les hommes, cinq pour les femmes, un pour les enfants. Balian demanda au Sultan de fixer aussi un prix forfaitaire pour les pauvres.

Saladin se résolut à négocier la vie sauve pour l'ensemble des défenseurs et des habitants, avec le droit pour tous les chrétiens de quitter la ville et de rentrer en terre chrétienne.

Selon les mœurs du temps, il libèra les plus riches habitants contre une rançon appréciable. Il libèra aussi 7.000 pauvres contre une rançon collective de 30.000 écus.

Les cohortes de réfugiés furent conduites sous la protection des soldats de Saladin vers les ports de Tyr et de Tripoli, encore aux mains des croisés. Le patriarche Héraclius eut soin d'emporter avec lui tous les objets précieux des églises.

Entré le 3 octobre dans la Ville sainte, Saladin fit aussitôt abattre la croix dorée érigée 88 ans plus tôt au sommet du dôme de la mosquée d'Omar.

11.000 à 16.000 jeunes gens, furent envoyés en esclavage.

Ridefort fut torturé et exécuté dans sa cellule sur ordre de Saladin.

Dans le film Kingdom of Heaven, Saladin... est montré comme la quintessence du croyant éclairé, alter ego du bon chrétien. On l'oppose facilement dans le film au jeune imam, espèce de maniaque virevoltant et hystérique qui ne pense qu'à 'brûler du chrétien'. Or, l'objectif avoué de Saladin était d'exterminer les chrétiens et de les chasser de Terre sainte. Contrairement à ce que montre ce film, il ne s'est pas montré magnanime lors de la prise de Jéruslam, même s'il a laissé partir les rescapés capables de payer une rançon. les autres, sauf deux vieillards, ont été tués..." (Magazine Histoire du Christianisme, Dossier les Croisés en Terre sainte 1095-1099, N° 28, juin 2005, p. 77).