Vertus morales

De Christ-Roi
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Les quatre grandes vertus morales sont:

  • la prudence,
  • la justice,
  • la force,
  • la tempérance (Voir Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 338.)

"Les quatre vertus morales, étant comme le pivot sur lequel roulent les rapports de l'homme avec tout ce qui n'est pas Dieu, ont reçu le nom de vertus cardinales (St. Th., 1a 2ae, q. 63, art. 3, corp.)" (Mgr Gaume, ibid., p. 339.)

La prudence

Il n'y a pas de vertu morale sans la prudence

"La première est la prudence. Cette mère des vertus morales, qui les dirige, comme une mère dirige ses filles, se définit : Une vertu qui, en toutes choses, nous fait connaître et faire ce qui est honnête, et fuir ce qui ne l'est pas. Cette définition, admise également par la philosophie et par la théologie, montre qu' il n'y a pas de vertu morale sans la prudence.

"En effet, dit saint Thomas, bien vivre, c'est bien agir. Il ne suffit pas de connaître ce qui est à faire, il faut connaître encore la manière de le faire. Ceci suppose le choix judicieux des moyens. A son tour, ce choix, ayant rapport à la fin qu'on veut atteindre, suppose une fin honnête et les moyens convenables d'y parvenir : toutes choses qui appartiennent à la prudence. Si vous les supprimez, il n'y a plus de vertu. La précipitation, l'ignorance, la passion, le caprice, deviennent le mobile des actions : la vertu même sera vice. Donc sans la prudence il n'y a pas de vertu possible. » (S. Bernard., serm. 30 super Cant.)

"Apprenons de là quel royal cadeau le Saint-Esprit fait à l'âme, en lui donnant la prudence par le baptême, et en la développant par la confirmation. Apprenons-le encore du besoin continuel que nous avons de cette vertu elle s applique à tout. Aussi, on distingue

  • la prudence personnelle, qui apprend à chacun la manière de remplir ses devoirs envers lui-même, envers son âme et envers son corps.
  • La prudence domestique, qui enseigne au père à diriger sa famille.
  • La prudence politique, qui apprend aux rois à gouverner les peuples, de manière à les conduire à la fin pour laquelle Dieu les a créés.
  • La prudence législative, à laquelle les législateurs doivent les lois équitables et les règlements salutaires" (Mgr Gaume, ibid., p. 339-340.)

La justice

La justice est "la vertu qui fait rendre à chacun ce qui lui appartient" (Mgr Gaume)

"La seconde vertu morale qui sort de la grâce, comme le fruit sort de l'arbre, et qui mûrit au soleil de la confirmation, c'est la justice. La Justice est une vertu qui fait rendre à chacun ce qui lui appartient (Justitia est constans et perpetua voluntas jus suum unicuique tribuendi. Communis apud Theol.)" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 341.)

La justice respecte avant tout les droits de Dieu

"Éclairée par la prudence, la justice surnaturelle respecte avant tout les droits de Dieu. Propriétaire incommutable de tout, Dieu a droit à tout et sur tout, par conséquent au culte intérieur et extérieur de l'homme et de la société. Ici, la justice se manifeste par la vertu de religion, qui comprend l'adoration, la prière, le sacrifice, le vœu et l'accomplissement fidèle des préceptes, relatifs au culte direct du Créateur" (Mgr Gaume, ibid., p. 341).

Elle respecte les droits du prochain

"Elle respecte les droits du prochain, riche ou pauvre, faible ou fort, inférieur ou supérieur. * À elle le monde doit la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme, du meurtre de l'enfant, de l'esclavage, du despotisme brutal, qui pesa sur tous les peuples avant la rédemption, et qui pèse encore sur toutes les nations étrangères aux bienfaits de l'Évangile.

  • Elle apprend à l'homme à se respecter lui-même, son âme et ses droits, son corps et les siens, sa vie, sa mort et jusqu'à sa tombe.
  • Elle lui apprend, enfin, à respecter les créatures, en les gouvernant avec équité, c'est-à-dire conformément à leur fin; en esprit de dépendance, comme un bien d'autrui ; avec crainte, comme devant rendre compte de l'usage qu'il en aura fait.

Qu'on imagine ce que deviendrait le monde, sous l'empire de la justice surnaturelle! (Mgr Gaume, ibid., p. 341-342).

La force

"La troisième vertu cardinale, c'est la force. Sans elle la prudence et la justice seraient des lettres mortes. Ce n'est pas assez d'avoir la connaissance du bien, ni même la volonté, il faut en avoir le courage. Le courage est fils de la force. La force est une vertu qui tient l'âme en équilibre entre l'audace et la crainte. L'audacieux pèche par excès, le méticuleux par défaut, le fort tient le milieu entre l'un et l'autre (Fortitudo est mediocritas inter audaciam et tiniorem constituta. Apud Ferraris, Biblioth., etc., art. Virtus, n. 120.) La force a un double rôle, actif et passif. Actif, en face du devoir elle brave les dangers; passif, à l'adversité elle oppose la patience.

"La magnanimité ou la grandeur d'âme, la confiance, le sang-froid, la constance, la persévérance, la résignation, l'activité, sont filles de la force. Toute cette famille, surnaturalisée par la grâce, élève le caractère de l'homme à son plus haut degré de noblesse, en même temps qu'elle enfante dans la vie privée, comme dans la vie publique, les actes admirables qu'on cesse d'admirer depuis que le Saint-Esprit, répandu sur le monde, les a rendus si communs. Est-il besoin d'ajouter que, à raison des circonstances présentes, la force doit être la grande vertu des chrétiens ? force pour mettre par le nombre, la grandeur et la sainteté de leurs œuvres, un contrepoids aux iniquités du monde ; force héroïque pour résister aux attaques exceptionnelles dont ils sont l'objet" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 341-342).

La tempérance

"La quatrième vertu cardinale est la tempérance. C'est une vertu qui règle l'usage du boire et du manger, qui réprime la concupiscence, et modère les plaisirs des sens (Temperantia est virtus refraenans ac moderans inordinatos appetitus et concupiscentias, ac voluptates corporis, quibus praesertim gustus et tactus afficitur circa esculenta, poculenta et venerea. Ferraris, ubi suprà, n. 130.)

"Comme ses trois soeurs, la tempérance est mère d'une noble et nombreuse famille.

  • La sobriété,
  • l'abstinence,
  • la chasteté,
  • la continence,
  • la virginité,
  • la pudeur,
  • la modestie,
  • la clémence,
  • l'humilité,
  • l'amabilité, sont ses filles.

"Qu'elles vivent dans un homme, et cet homme devient le type du beau moral, la personnification de l'ordre.

"Éclairée par la prudence, réglée par la justice, soutenue par la force, l'âme commande au corps, et son commandement, exécuté avec exactitude, éloigne tout ce qui dégrade la nature humaine. Loin de l'homme tempérant, la gourmandise, l'ivrognerie, la crapule, l'impureté, la folle prodigalité, le luxe ruineux, les plaisirs séducteurs; en un mot, le honteux esclavage de l'esprit sous le despotisme de la chair.

"Telle est la quatrième vertu à laquelle le Saint-Esprit communique, par la confirmation, une nouvelle énergie. Nous laissons à dire si la tempérance, dans toutes ses applications, est une vertu nécessaire au chrétien moderne, condamné à vivre au milieu d'un monde constitué tout entier sur l'intempérance" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 343).

Différence entre les vertus naturelles et les vertus surnaturelles

"Bien qu'il soit fort difficile, en beaucoup de cas, de distinguer le naturel et le surnaturel, la raison et la grâce, ce double moteur des actes humains, comme parle saint Thomas ; néanmoins la distinction est réelle. Constamment admise par la théologie catholique, elle est fondée sur le principe incontestable d'une double vie dans le chrétien. Vie purement naturelle, comme créature, destinée à une fin naturelle, et pourvue des moyens d'y parvenir. Vie surnaturelle, comme fils adoptif de Dieu, destiné à une fin surnaturelle et pourvu des moyens de l'atteindre ; vie surnaturelle, impérieusement obligatoire, pour tous les hommes dans l'ordre actuel de la Providence.

"Il en résulte que la prudence prudence, la justice, la force, la tempérance, sont aussi des vertus naturelles infuses; mais, entre la prudence, la justice, la force, la tempérance surnaturelles, grande est la différence. Différence dans le principe : les premières procèdent de la raison; les secondes, de la grâce. Différence dans le but: les premières nous mettent en rapports naturels et purement humains avec leur objet; les secondes en rapports surnaturels et divins. Différence dans l'efficacité : les premières sont inutiles au salut; les secondes nous y conduisent. Différence dans leur dignité : les premières se règlent d'après les lumières de la raison, les secondes d'après les lumières du Saint-Esprit. Les premières font l'honnête homme ; les secondes, le chrétien. Or, entre l'honnête homme et le chrétien, est toute la différence qui sépare l'insecte qui rampe, et l'oiseau qui vole.

"Un seul trait nous en fait juger. La tempérance naturelle ou philosophique, par exemple, se borne à réprimer la concupiscence du boire et du manger, de manière à prévenir tout excès capable de nuire à la santé et de troubler la raison; c'est le terre à terre de la vertu. La tempérance surnaturelle va plus loin. Elle conduit l'homme à châtier son corps et à le réduire en servitude par l'abstinence du boire, du manger et de ce qui peut flatter les sens. C'est la vérité de la vertu, l'affermissement de l'ordre, par la subordination complète de la chair à l'esprit, et de l'esprit à Dieu. Il en est de même des autres vertus. (S. Th., 1a 2ae, q. 63, art. 4, corp.)

(Source: Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 343-345).